Assassin’s Creed Shadows : On y a enfin joué pendant 4h, l’heure de la rédemption pour l’éditeur français ?
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Rédigé par Florian
Cela va sans dire, Ubisoft traverse une période difficile depuis quelques années : reports de jeux, bilans financiers plutôt moyens, crises internes etc. De quoi éroder la confiance des joueurs et joueuses, à l’aube de nouveaux changements structurels à venir si l’on en croit les dernières déclarations officielles. Mais s’il y a un jeu qui cristallise à la fois les attentes des afficionados de la marque mais également les investisseurs, c’est bel et bien Assassin’s Creed Shadows. Déjà reporté deux fois, les équipes ont pris le temps de peaufiner leur dernier bébé, aussi crucial que vital pour l’éditeur, avant de le présenter au public. Pour la première fois depuis son annonce, nous avons pu poser les mains sur le jeu durant de longues heures, histoire de se faire une idée sur la colonne vertébrale de ce projet ambitieux au Japon féodal. Voici nos premières impressions sur ce nouveau coup de poker signé Ubisoft.
Conditions d’aperçu : Nous avons pu jouer à Assassin’s Creed Shadows durant près de 4h sur PC en remote play. Notre session incluait une vidéo de présentation, ainsi que le prologue du jeu et l’exploration d’une des régions disponibles, Harima. Nous avons joué avec une manette DualSense et en version française intégrale. Nous n’étions pas autorisés à capturer le prologue du jeu, c’est pour cela que vous découvrirez dans la suite de cet article des captures d’écran émanant de notre propre aventure dans le monde ouvert, ainsi que des captures fournies par l’éditeur pour la partie prologue.
Sommaire
ToggleUne terre promise
Le Japon. L’une des terres les plus demandées par les joueurs et joueuses de la licence Assassin’s Creed. Et après tant d’années à arpenter les terres mythologiques, qu’elles soient grecques, égyptiennes ou encore vikings, Assassin’s Creed Shadows nous emmène à travers les contrées d’un Japon à l’époque féodale, touché par une vaste rébellion et la barbarie d’armées sanguinaires. Notre épopée a débuté par le prologue du jeu, dont nous ne vous détaillerons pas les ressorts scénaristiques pour vous en garder la surprise, mais il faut avouer qu’il pose extrêmement bien les bases d’un nouvel univers que l’on perçoit vaste, dense et surtout très ouvert pour laisser une part non négligeable d’autonomie aux joueurs et joueuses. Mais ceci, nous en reparlerons.
Après de brèves explications émanant d’une voix mystérieuse au sein de l’Animus qui prend la forme d’un hub recentrant toutes les expériences de la licence (ce qui ressemble trait pour trait au projet Infinity décrit depuis longtemps pour la licence, et qui devrait proposer des récompenses et missions bonus). Après avoir choisi de vivre les mémoires contenues dans Assassin’s Creed Shadows, nous voici aux commandes d’un personnage qui s’avèrera finalement le héros que l’on a rencontré dès la présentation du jeu en mai 2024, Yasuke (prononcé yasské), alors sous l’égide d’une troupe étrangère, afin de comprendre comment il est devenu le samouraï décrit par les équipes d’Ubisoft.
On remarque d’ailleurs ici que le groupe français a décidé de s’écarter volontairement d’une part de la vérité connue sur ce personnage mystérieux et historique, pour lui apporter une histoire, fictive bien que documentée, en plus d’apporter un éclairage certain sur les conditions de vie et de traite des personnes noires durant cette époque révolue. Nous suivons ensuite les traces de Naoe, qui, pour défendre son peuple, ira chercher une boîte toute aussi mystérieuse que précieuse. Les événements étant très forts narrativement, nous ne pouvons vous les présenter ici pour respecter votre découverte qui vaut le détour, tant ce prologue demeure solide et réussi.
Alors bien sûr, nous ne pouvions évoluer librement dans le monde ouvert à cet instant, mais quand il nous a été permis de suivre la quête principale après une ellipse temporelle, nous avons pu nous rendre compte de la diversité des lieux traversés, de la vivacité des environnements représentés avec soin et avec surtout la grande liberté qu’il nous était donnée de vivre. Le monde d’Assassin’s Creed Shadows semble toujours très dense, encore très chargé en points d’intérêts, mais disséminés de telle manière qu’il vous faudra cette fois aller les chercher. Entendez par là qu’il vous faudra guetter votre environnement, observer depuis des points élevés, ou encore marquer les lieux inconnus depuis les points de synchronisation, qui font une fois de plus leur retour.
Un duo de choc pour des claques chics
Nous avons alors débarqué dans la ville de Himeji, en comprenant qu’à présent, Naoe et Yasuke forment une équipe chic et choc : la force ou l’agilité. Vous le savez probablement si vous suivez les actualités autour de Assassin’s Creed Shadows, Naoe est décrite comme une shinobi agile, très rapide et discrète, ce qui en fera probablement l’une des représentations classiques de ce que l’on se fait d’un assassin dans la saga d’Ubisoft.
Yasuke, lui, prendra plutôt le rôle du gros balourd, de l’éléphant dans un magasin de porcelaine en quelque sorte, aussi puissant qu’impressionnant, mais aussi bruyant que lent. Deux personnages, deux histoires, et donc deux gameplay pour deux manières d’aborder la quasi-totalité des situations rencontrées.
Vous aurez effectivement, à de très nombreuses reprises, l’occasion de choisir quel personnage vous souhaitez incarner. Tout dépendra finalement de si cela nécessite plutôt une phase d’infiltration et de fouille, ou plutôt d’aller défourailler de l’ennemi. Mais pas seulement, puisqu’il vous sera préférable également de vérifier l’heure de la journée, pour profiter de la pénombre occultant Naoe au regard des soldats qui, parfois, avouons-le, semblent encore et toujours à la ramasse niveau intelligence artificielle.
Il nous est arrivé de nous trouver au sol, à quatre mètres d’un soldat qui ne nous détectait pas alors qu’il était face à nous, sous prétexte que nous nous tenions dans la pénombre, à quelques mètres d’une zone éclairée. Pour la liberté d’action et la partie ludique de la chose, c’est parfait, mais pour la crédibilité, on repassera. Heureusement pour nous, cela ne s’est pas généralisé durant notre session et a eu plutôt tendance à confirmer que le moindre faux pas pourrait engendrer des situations compliquées, mais il faut avouer que cela nous a parfois sorti de l’immersion pourtant intacte le reste du temps.
Une immersion à nulle autre pareille, renforcée par une gestion de l’environnement, une météo dynamique et une incroyable cohésion d’ensemble, qu’il nous faudra également tester avec la variation des saisons, indisponible pour cette session. Nous avons cependant pu affronter les éléments, comme une pluie torrentielle, ou bien de grosses bourrasques de vent, qui viennent saisir une exploration organique en laissant la part belle à la nature, sa vie, qu’elle soit animale ou végétale, le tout sublimé par de petites pastilles annexes nous demandant de peindre ces scènes souvent uniques, que vous connaissez sûrement sous le nom de Sumi-e. Nous regretterons cependant avoir eu affaire à pas mal de ces pastilles, loin d’être désagréables, mais en espérant que ce ne soit pas l’overdose dans la version finale d’Assassin’s Creed Shadows.
L’immersion avant tout
Puisque l’on parle du monde ouvert, de sa générosité et du contenu annexe, nous avons pu constater que l’on pourra de nouveau fouiller des camps, sanctuaires ou temples pour y dénicher des trésors (toujours avec le personnage que l’on souhaite). Mais il nous sera aussi possible de rendre hommage à une divinité auprès d’autels, de prier dans des sanctuaires pour accroître nos points de compétences, ou encore de chercher coffres légendaires et autres surprises que le monde, semblant assez grand, nous réserve. Nous attendons cependant d’en voir plus pour être catégorique, notamment dans des espaces plus chargés, plus urbains, mais aussi moins éclairés et plus exigus, clairement pas la panacée avec Yasuke.
Mais il reste sûrement l’une des choses que vous souhaitez savoir par dessus tout, le feeling en combat, en déplacement et notre avis concernant le charisme et l’interprétation des personnages. Si l’on devait démarrer par ce dernier point, nous pourrions dire que le soin a été particulièrement apporté sur les deux personnages principaux, Naoe et Yasuke, qui nous ont semblé convaincants, avec un avantage pour Yasuke, dont le doublage français nous a davantage plu, certaines lignes de dialogue de Naoe sonnant parfois peu naturelles. Nous n’en dirons pas autant de certains personnages secondaires qui, en plus de bénéficier d’animations encore imparfaites sur cette version en cours de développement, proposaient parfois une interprétation ou une profondeur assez pauvre en réalité.
En ce qui concerne l’aspect technique, nous avons été ébahis par la beauté de certains environnements traversés, notamment en pleine campagne ou en forêt, le tout magnifié par la météo dynamique, les effets lumineux et les musiques, tout simplement magistrales. L’immersion est là, l’immersion est grande et devrait faire mouche auprès des joueurs et joueuses. Les écrans de chargement nous ont semblé assez rapides, sauf quand il s’agissait de changer de personnage, un switch que nous pensions plus vif (presque à la volée) alors qu’il vous ramènera quelques secondes dans l’Animus bien connu. Il faut toutefois signaler plusieurs bugs de collision, de musique, ou encore d’animation ou d’enchaînement entre cinématique et gameplay, mais nous rappelons qu’il s’agissait d’une version en cours de développement et que cela restait à la marge.
Durant notre session, nous avons pu suivre pas moins de cinq quêtes principales (représentées comme dans Assassin’s Creed Mirage), toutes menant à débusquer un grand ponte de la région, évidemment corrompu par le pouvoir dénommé Le Noble. Nous avions pu apercevoir la ville ainsi qu’une partie de ces quêtes durant l’une des présentations du jeu, et bien qu’elles ne se sont pas toutes révélées autant dignes d’intérêt les unes que les autres, le dynamisme et la diversité de chacune d’entre elles nous a permis de ne pas voir les un peu plus de deux heures passées à les terminer, reprenant une phase plutôt classique des jeux récents de la licence, à savoir recherche d’indices, interrogatoires de suspects, localisation de la cible puis assassinat final.
Mais là aussi, le jeu arrive à apporter un twist bienvenu en vous mettant des bâtons dans les roues et en proposant des ressorts scénaristiques parfois non prévisibles. Vous devrez régulièrement choisir quel personnage incarner, mais sachez que vous pourrez switcher à tout moment, tant que vous ne vous trouvez pas en combat, que vous n’êtes pas repéré, ou que votre barre de vigilance n’est pas dans le rouge (c’est à dire à l’extérieur des camps, grosso modo).
Un feeling renouvelé mais encore imparfait
Et pour terminer avec le plus gros de notre preview, le ressenti manette en mains s’est avéré surprenant et même assez perturbant. Naoe est comme promis très agile, très rapide et se déplace comme jamais dans la licence. Une multitude de mouvements ont été ajoutés, vous permettant de virevolter tel un yamakasi dans les airs et par terre, utilisant son grappin pour se hisser ou se balancer, ou la pénombre pour se dissimuler et frapper là où ça fait mal. Et il faut le dire : ça marche vraiment bien ! L’utilisation de la lumière et des ombres est un moyen encore plus viscéral de progresser, tout cela étant permis grâce à la nouvelle évolution du moteur Anvil d’Ubisoft. Une utilisation accrue des objets létaux ou dispersifs permettra aussi de vous en sortir plus facilement, tout comme la Lame secrète qui fait son retour ici. A vous également l’esquive, la parade et la contre-attaque, toujours aussi bien timées.
Dans Assassin’s Creed Shadows, vous aurez la possibilité d’utiliser le sens de l’assassin pour repérer les ennemis aux alentours tandis que votre observation vous permettra de repérer les trésors, marquer les ennemis et localiser les objectifs. Pas d’oiseau cette fois, ce qui peut paraître perturbant, mais on s’y fait néanmoins, toujours dans une optique de chercher soi-même sa solution aux problèmes. Enfin pas exactement, puisque vous aurez la possibilité de recruter des fidèles pour vous aider à localiser les objectifs, par l’usage de votre réseau marquant sur la carte les zones qu’ils ont pu identifier comme probables pour la suite de votre mission. Vous pourrez tout aussi bien chercher par vous-même, renforçant une fois de plus la possibilité de choisir plutôt que de subir. Ce réseau, vous pourrez le choyer en créant votre camp de base et en l’aménageant à votre guise, une feature que nous n’avons pas vu ici.
Yasuke quand à lui ne fera donc pas dans la dentelle et proposera plusieurs armes comme un arc, un fusil ou une épée, parmi l’arsenal qui nous était ouvert, et bénéficiera d’une parade efficace (ce qui ne sera pas le cas de l’esquive, du fait de son lourd équipement). Vous pourrez alors parer une attaque bleue et tenter d’esquiver une attaque rouge, avant de répliquer, mais ne songez pas à vous cacher, ce n’est pas dans ses habitudes. Des postures seront également disponibles pour foncer dans le tas (tout comme Yasuke le fait naturellement dans les portes) en changeant parfois même la tonalité de l’image à l’écran, comme aperçu lors des différents trailers.
Deux façons d’aborder le jeu, qui nous ont surpris durant notre session. Effectivement, nous pensions de prime abord ne pas apprécier le gameplay de Yasuke, moins adapté à la licence Assassin’s Creed de par son aspect brutal et « pas dans la finesse ». Mais nous avons trouvé que les deux personnages s’équivalaient en fonction des situations, Yasuke n’étant absolument pas fait pour le parkour, la rapidité et les sauts de la foi (avec un gimmick très bien trouvé de la part des équipes de développement), tandis que Naoe devra se contenter de fuir sitôt son objectif atteint pour ne pas avoir à affronter les hordes de soldats qui font très mal par moments. Un équilibre que vous trouverez par vous-même, mais il nous semble difficile d’être catégorique sur l’utilisation d’un seul et unique personnage (quand cela sera possible), mais plutôt sur un usage équilibré des deux, ce qui n’est finalement pas si mal que cela. A noter que les points de synchronisation ne seront pas forcément placés dans des endroits sécures, tel que nous avons pu le constater durant notre preview.
Au sortir de ces premières heures de jeu, nous sommes particulièrement rassurés sur le fond du soft. Bien que la forme mériterait encore quelques ajustements (nous rappelons qu’il s’agissait d’une version en cours de développement), l’immersion, la liberté d’action laissée aux joueurs et joueuses, ainsi que la finesse du monde ouvert amènent la plupart des voyants vers le vert pour la sortie d’Assassin’s Creed Shadows, toujours prévue le 20 mars prochain sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series X/S.
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Date de sortie : 20/03/2025