Aperçu Infinity – Le meilleur RPG de la Game Boy Color avec 20 ans de retard ?
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Rédigé par Nathan Champion
Il n’est pas rare que des projets vidéoludiques inspirés de près ou de loin par des productions old school voient le jour. Il l’est un peu plus que de véritables jeux destinés aux consoles rétro soient mis en branle. C’est pourtant ce que propose Retro Modding et sa nouvelle filiale nommée Incube8 Games, avec un certain Infinity. Un titre qui ne vous dit peut-être rien, pourtant il a bien failli être l’un des softs les plus ambitieux de la Game Boy Color il y a de cela vingt longues années, rien de moins. Il revient dans une édition cartouche, ce qui est déjà un bel accomplissement, mais s’offre aussi une sortie sur Steam et sur Nintendo Switch. Que demander de plus ?
Conditions de l’aperçu : A l’occasion de l’AG French Direct, nous avons eu l’occasion de jouer à une démo du titre sur emulateur, et ce pendant environ deux heures, correspondant au commencement de l’aventure. Soucieux de vous proposer des images de bonne qualité pour cet article, nous avons demandé des screenshots maison au développeur.
Un projet de passionnés
Si comme moi vous êtes nés dans les années 90 et avez grandi avec les Tortues Ninja, Buffy Contre les Vampires et bien sûr Pokémon, alors il y a de fortes chances pour que votre toute première console de jeu portable ait été une Game Boy Color. Machine mythique, succédant à la Game Boy classique et lui apportant la couleur, outre un regain d’ergonomie. Bref, un support que nous sommes beaucoup à avoir fait chauffer avec Pokémon Version Bleue / Rouge / Jaune, et bien sûr Or / Argent / Cristal. Mais tellement d’autres jeux merveilleux y ont vu le jour, dont certains véritablement ambitieux.
Cela aurait pu être le cas de Infinity. Un RPG qui, contrairement à la coutume de l’époque, n’était pas développé sur le sol japonais, mais au Canada. Initialement prévu pour 2001, le titre ne sort finalement pas, ce que l’on attribuera à l’ambition démesurée de Affinix Software. Quinze ans plus tard, en 2016, les membres du studio publient un message sur Reddit pour inviter les intéressés à s’essayer à une rom du jeu terminé à 90%. Mais, vous l’aurez compris, l’histoire ne s’arrête pas là. Cette année, un Kickstarter a vu le jour, avec pour projet d’offrir une sortie en bonne et due forme à ce RPG old school.
Et ne mâchons pas nos mots, la campagne Kickstarter est une incroyable réussite. Avec plus de 370 000 dollars récoltés et près de 3500 donneurs, Infinity est financé à hauteur de 2300% et atteint tous les objectifs fixés par Incube8 Games. Le titre va donc s’offrir une véritable parution sous forme de cartouche, à utiliser sur une Game Boy Color originale, mais va aussi bénéficier d’un portage amélioré sur Steam et Nintendo Switch ainsi que diverses localisations linguistiques (notamment dans la langue de Molière).
Nous avons eu droit, pour cet aperçu, à une rom destinée à une session de jeu d’environ deux heures, que nous avons fait tourner sous emulateur sur un ordinateur, n’ayant pas de linker GBC pour jouer dans les meilleures conditions. Quoi qu’il en soit, le résultat est sans appel, Infinity est effectivement l’un des projets les plus ambitieux de la machine de Nintendo, et on comprend pourquoi le développement ne put aboutir à l’époque. Parce que, non contents de vouloir faire du RPG sur une machine 8-bits, ce qui est déjà compliqué, le titre se veut très élaboré pour son support !
Première approche
Pour commencer, le scénario ne s’annonce pas renversant, mais jouit toutefois d’une qualité à laquelle on ne s’attendait pas : une narration bien ficelée. Du moins, au point où nous en sommes dans l’histoire, bien entendu. Mais nous ne rentrerons pas dans les détails. Le jeu est bavard, fait quelques efforts de mise en scène plutôt bienvenus pour nous mettre dans le bain lorsqu’on lance une partie, et il prend le temps de construire ses personnages. Bref, on a le sentiment de jouer à un jeu indépendant conçu pour les machines actuelles, avec des moyens récents, mais on est bien sur un projet GBC dont le développement a commencé il y a plus de vingt ans.
Visuellement, nous ne sommes pas devant le plus beau jeu de la machine (qui serait probablement Metal Gear Solid : Ghost Babel ou bien The Fish Files), mais le résultat est plus que satisfaisant. Bien évidemment, Infinity est très coloré, ce qu’il doit à son support. Les personnages sont plutôt bien détaillés, et les décors tantôt convenables, tantôt très jolis. Mention spéciale à la carte du monde, sur laquelle on voyage de lieu en lieu à la manière d’un Tales of Vesperia ou d’un Golden Sun, qui est une franche réussite ! Quant à la bande son, de ce que nous avons pu en entendre elle s’annonce plutôt chouette elle aussi.
Mais c’est surtout coté gameplay que le titre surprend finalement. On est sur du RPG classique en vue du dessus, à la manière d’un Harry Potter à l’école des sorciers ou d’un Pokémon sur le même support. Toutefois, le système de combat est plutôt élaboré. Il s’agit en effet d’un mélange de tactique et de jeu de rôle au tour par tour, dans lequel le joueur peut au choix déplacer ses personnages ou utiliser objet, magie ou attaque. Le résultat est très satisfaisant pour le support, bien que l’on craigne une certaine redondance sur la durée. Ce que l’on ne pourra évidemment vérifier que sur la version finale.
Niveau contenu, le titre promet par ailleurs du très bon, puisque nous avons déjà eu l’occasion de voir le bestiaire se renouveler en à peine deux heures de jeu. On notera toutefois que l’interface n’est pas toujours très claire, notamment lorsque l’on achète de l’équipement. On aurait aimé un système, ne serait-ce qu’une petite flèche, pour nous indiquer si l’arme ou le plastron que l’on désire acheter est de meilleure qualité que celui dont on est équipé. Pas de texte explicatif pour les objets non plus, il va falloir les essayer un à un pour connaître leurs effets. Et cela risque d’en dérouter certains de ne pas trouver la moindre carte pour aider à se repérer dans le monde s’annonçant plutôt vaste !
En somme, les quelques problèmes que nous avons soulevés sont inhérents au support sur lequel sort Infinity. La Game Boy Color compte parmi les consoles portables les moins puissantes de l’histoire. Et même si certains sont parvenus à de véritables prouesses, notamment Konami avec Azure Dreams, Natsume avec Lufia : The Legend Returns, et bien sûr Game Freak avec Pokémon, il n’est pas rare que l’ergonomie y soit défaillante. Et en toute transparence, ces deux petites heures passées sur Infinity m’ont personnellement fait amèrement regretter d’être passé à coté de son Kickstarter, sans quoi j’aurais moi aussi eu droit à ma cartouche GBC… Nul doute que certains d’entre vous sont dans ce cas à leur tour !
Difficile de ne pas être enthousiaste face à ce que propose Infinity lorsque l’on est un amoureux du rétrogaming. Le cahier des charges semble parfaitement respecté, avec un monde s’annonçant déjà gigantesque, un système de combat intéressant et une narration plutôt bien fichue. S’il subsiste quelques problèmes, ils sont finalement inhérents à son statut de jeu Game Boy Color. Cela étant dit, que ce soit bien clair, le titre ne va s’adresser qu’aux fans de RPG old school, voire aux collectionneurs curieux, qui représentent l’unique cible du développeur.
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Date de sortie : N/C