REMATCH : nos premières impressions sur le jeu de foot arcade signé Sloclap
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Rédigé par Quentin
Même si EA Sports FC (anciennement FIFA) règne en maître sur le football vidéoludique, certains titres réussissent à capturer l’essence du sport avec une approche bien plus arcade. Avec REMATCH, le studio français Sloclap suit les traces de Rocket League ou Inazuma Eleven pour proposer une vision résolument différente du ballon rond. À mi-chemin entre FIFA Street et Rocket League, ce nouveau jeu multijoueur affiche déjà un potentiel certain. Nous avons pu y jouer longuement lors de la bêta fermée qui s’est tenue du 11 au 13 avril dernier. Voici ce que nous en retenons.

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Si passer de Sifu – un jeu d’action dans lequel on incarne un pratiquant de kung-fu en quête de vengeance – à un jeu de football arcade peut sembler assez improbable, tout cela fait sens lorsque l’on prend le jeu manette en main. En effet, le studio Sloclap a eu l’idée ingénieuse de reprendre toute l’expérience acquise avec ce titre pour l’appliquer dans son nouveau jeu multijoueur où le contrôle des déplacements est essentielle.
Pour rappel, REMATCH est une réinvention du football en jeu vidéo qui propose une approche plus dynamique et arcade. Dans des matchs à 5vs5 ou 4vs4, chaque joueur contrôle un unique personnage à la troisième personne. Oubliez les fautes, les hors-jeu, les touches ou les corners. Ici, le rythme est roi avec un accent fort mis sur les interactions rapides et le jeu d’équipe.
Les déplacements sont fluides, précis et réactifs, et les dribbles offrent de vrais moments de tension. C’est là que l’héritage de Sifu se fait sentir, notamment avec ses animations léchées, la gestion de l’inertie, les changements de direction vifs, tout est pensé pour que l’on s’exprime par le mouvement. On retrouve aussi des influences d’Absolver, notamment dans le timing des passes et des interceptions, qui exigent un bon sens de l’anticipation.
A l’image de Rocket League, REMATCH parvient à rendre le football fun même pour ceux qui n’ont jamais trouvé aucun intérêt avec les EA Sports FC, PES & co (ce qui est mon cas). Même si contrôler des voitures très aériennes et des humains est un énorme différence, Sloclap reprend énormément de qualité qui font de Rocket League un « jeu de foot que même les non-amateurs de foot peuvent apprécier« . En dehors de son approche arcade, REMATCH propose également des parties très courtes avec six minutes par match et des effectifs réduits.
Le projet Green Lock
Encore à l’image de Rocket League, Rematch mise sur des environnements variés, colorés, un brin futuristes, et surtout visuellement très lisibles. Là où Sloclap se distingue particulièrement, c’est par sa direction artistique assumée, qui prend à contrepied le réalisme habituel des jeux de football. Les développeurs décrivent leur style comme un mélange entre l’impressionnisme français et l’univers de Breath of the Wild. Il y a même tout un lore derrière avec un avenir assez utopique. Le jeu est situé en 2065 dans une société égalitaire et respectueuse de l’environnement. Les stades sont intégrés dans des environnements naturels, comme des barrages hydroélectriques ou des collines avec des éoliennes.
On retrouve tout de même un style assez cartoon, mais pas absurde dans la mesure où les avatars conservent des proportions athlétiques et donnent cette crédibilité à l’action et au gameplay. L’ambiance générale est assez plaisante, avec des effets visuels stylisés. Le décor évolue après chaque but, et certains éléments évoquent directement l’esthétique des animes japonais : des lignes de vitesse, des éclairs sur les jambes lors des sprints, ou encore des animations un poil exagérées qui renforcent l’impact des actions.
Par ailleurs, Rematch propose de nombreuses options de personnalisation pour votre joueur, allant de la morphologie à la tenue vestimentaire, en passant par les célébrations de but. Autant d’éléments purement cosmétiques, qui soulignent que le titre s’inscrit aussi dans la logique du jeu-service, avec microtransactions et battle pass à la clé. On précise également le jeu ne sera pas free to play et sera vendu entre 20€ et 30€. Un tarif relativement attractif, surtout compte tenu de la proposition atypique du jeu, qui ne marche pas sur les plates-bandes des autres blockbusters multijoueurs. Néanmoins, il est toujours risqué d’adopter un modèle économique qui donne ce sentiment de « Pourquoi ce n’est pas free-to-play » à une partie du grand public.
Mais là où Rematch se démarque vraiment, c’est par son gameplay 100 % basé sur la performance, autrement dit sur le skill pur. Chaque joueur dispose exactement des mêmes capacités, sans système de classe ni bonus passifs. Il n’y a aucune assistance automatisée : tout repose sur la maîtrise individuelle, que ce soit pour les passes, les tirs, les contrôles, les interceptions… L’entrée en matière peut paraître abrupte, notamment parce que le jeu en équipe est primordial, mais à terme, c’est le niveau personnel qui fait la différence. Le jeu reprend toute l’essence fun du football, notamment des passes rapides, un bon positionnement, une vision de jeu, et une exécution technique.
Un teamplay qui met du temps à se mettre en place
Pour cela, REMATCH met à disposition un ensemble d’outils simples à comprendre mais exigeants à maîtriser. Par exemple, les tirs se font via une visée centrée à l’écran, tandis que la direction des passes est contrôlée avec le stick gauche. Le système permet une vraie finesse de jeu. Autre exemple, charger la puissance d’un tir tout en orientant le stick donne un effet à la balle, rendant les frappes plus imprévisibles. Bien qu’il soit possible de briller en solo avec quelques dribbles bien sentis dignes de Zizou, le jeu encourage très fortement les passes enchaînées. Et pour cause, dans REMATCH, le joueur en possession du ballon est aussi le plus vulnérable.
Les adversaires les plus réactifs n’hésiteront pas à tacler ou bloquer immédiatement, rendant toute tentative solo risquée si elle n’est pas parfaitement exécutée. Autre bonne idée, n’importe quel joueur peut endosser automatiquement le rôle de gardien en entrant dans une surface vide. Une mécanique fluide qui évite de forcer un joueur à rester en cage pendant tout le match, tout en conservant un équilibre défensif intéressant. Mais malgré toutes ces bases solides et des mécaniques de jeu franchement addictives, le principal défi de REMATCH… ce sont les autres joueurs. Contrairement à Rocket League, où un joueur très talentueux peut souvent briller en solo avec un jauge de boost pleine (d’autant qu’il existe un mode 1vs1), le jeu de Sloclap est bien plus dépendant des coéquipiers.
Si l’un d’eux refuse de lâcher le ballon ou casse sans cesse un bon rythme de passes, l’expérience peut rapidement devenir frustrante. En 5v5 ou en 4v4, un ou deux « moutons noirs » peuvent suffire à déséquilibrer totalement une partie, transformant un match prometteur en un véritable chaos. Et c’est là l’un des rares écueils de REMATCH, tout du moins pour les joueurs solo. Une fois les bases du gameplay assimilées, on comprend vite qu’il ne suffit pas de foncer vers la surface et de frapper dans les cages pour espérer marquer. Bien au contraire, les tirs directs sont souvent inefficaces, car les gardiens sont facilement alertés. Il faut donc ruser, enchaîner rapidement les passes, et forcer le gardien à la faute par des actions imprévisibles et dynamiques. Une des tactiques les plus satisfaisantes consiste d’ailleurs à frapper le ballon contre un mur pour enchaîner sur une reprise de volée grâce au rebond.
Après plus d’une trentaine de matchs, dont plusieurs en mode classé, REMATCH s’est révélé à la fois exigeant et extrêmement gratifiant. Lorsque l’on tout le monde joue son rôle, même si ce n’est pas à la perfection, cela donne des phases de jeu très amusantes à base d’attaques bien calibrées ponctués par des passes en profondeur, des reprises de volée, des blocages, des marquages stricts, et des contre-attaques fulgurantes. Marquer un but ou simplement participer à une action bien construite procure une satisfaction rare et donne tout le sel au jeu compétitif. Le potentiel e-sportif est bien là, indéniablement. Côté technique, le jeu est déjà très stable pour une bêta. Nous avons tout de même rencontré quelques problèmes de serveurs, notamment de rollback, mais rien d’alarmant.
Sloclap frappe fort avec REMATCH, le jeu de foot arcade casse les codes du genre pour tout miser sur la maîtrise, le collectif et le style. S’il parvient à fédérer une communauté engagée et à équilibrer son gameplay avec soin, il a toutes les cartes en main pour devenir une référence du genre, voire un futur pilier de la scène e-sport. Le coup d’envoi officiel sera donné le 19 juin prochain sur PS5, Xbox Series et PC.