Resident Evil 4 : Notre avis sur le DLC Separate Ways avec Ada Wong
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Rédigé par Nathan Champion
Dire que Resident Evil 4 Remake était attendu relève du doux euphémisme. Et la bonne nouvelle, c’est que de manière générale, il n’a pas déçu. Alors certes, il lui manquait quelques passages marquants de l’original. Mais cela s’est fait au profit de nouveautés intéressantes, et de prolongation de certaines séquences qui étaient de bon ton. Finalement, le grand absent de ce remake, c’était le contenu tournant autour de Ada Wong, apparu sur la version PlayStation 2 du jeu d’origine. Mais, il fallait se douter que Capcom le gardait sous le coude pour un DLC à venir.
Et ça n’a pas loupé, l’entreprise nippone a profité d’un creux dans l’actualité, juste avant l’ouverture du Tokyo Game Show, pour annoncer et sortir pratiquement dans la foulée Separate Ways. Un DLC payant, tarifé un peu moins de 10 euros, qui nous promet, comme à l’époque, de vivre l’aventure parallèle de Ada Wong, qui donne ponctuellement un coup de main à Léon S. Kennedy, mais est surtout en Espagne pour servir ses propres intérêts. Des intérêts que l’on ne manquera pas de découvrir au fil de cette courte campagne.
Certains espéraient franchement que Resident Evil 4 ne s’offre aucun DLC, et que le Tokyo Game Show soit l’occasion pour Capcom d’annoncer le prochain épisode canonique de la série… voire le prochain remake, pourquoi pas, avec un certain Code Veronica en tête de lice ! Mais loin s’en faut, et il faudra donc se contenter de ce contenu annexe, apparaissant sur le menu principal du jeu, et fonctionnant comme la campagne d’origine. Ainsi, comme cette dernière, on nous encourage à la rejouabilité, avec un système de New Game +. Mais est-ce que ça vaut le coup ?
Conditions de test : Nous avons reçu un code pour la version Xbox Series X du DLC et y avons passé environ six heures. Cinq ont été nécessaires pour en voir le bout une première fois. Cet article est garanti sans spoiler majeur.
Sommaire
ToggleUne femme bien mystérieuse
Au vu du succès extraordinaire de Resident Evil 4, l’original, surclassant de très loin ses prédécesseurs, il est assez évident que nombre de joueurs n’ont découvert Ada Wong qu’avec cet épisode. Léon S. Kennedy aussi, je vous le concède, mais dans le cas de notre héros américain, c’est un peu moins problématique, puisque toute son histoire antérieure peut se résumer à la destruction de Raccoon City, expliquée dans une cinématique en début de jeu. Concernant la belle Ada, par contre, c’est autre chose. Et il en va de même pour ce remake, finalement, qui aura probablement été acheté par nombre de néophytes dans la série, simplement attirés par cet épisode considéré par beaucoup comme le meilleur de sa franchise.
Mais que ceux-ci se rassurent, les amoureux de Resident Evil qui ont poncé chacun de ces épisodes en quête de réponses et de créatures difformes n’en savent pas beaucoup plus sur ce personnage. Pour la simple et bonne raison que Ada Wong a été imaginée et conçue dans le but d’être énigmatique, un point c’est tout. Et c’est un rôle qui lui sied à merveille, entendons-nous bien. Mais qui peut par ailleurs frustrer, lorsque l’on s’attend à des réponses, à un lore plus étendu, et que l’on constate finalement que le DLC lui étant consacré n’est que trop avare en informations. Parce que c’est peut-être là le principal défaut de ce contenu facturé dix euros, son manque de nouveauté, sa rétention d’informations, au profit d’une campagne qui ne nous raconte finalement pas grand-chose.
Ce qui était déjà vrai en 2005 sur PlayStation 2, mais la campagne de Ada n’était, à l’époque, qu’un petit bonbon totalement gratuit, débloqué en terminant une première fois l’aventure de Léon. Ici, il a déjà fallu payer le remake, et il faut repasser à la caisse pour ce DLC. Ce qui mène à des attentes toutes autres. Évidemment, on aurait apprécié que Capcom mette les bouchées doubles sur le contenu scénaristique, et vise une ambition plus poussée. Malheureusement, ces cinq heures sont un brin décevantes en termes de révélations, et de manière générale on constate qu’il ne s’agit que d’une extension de la campagne principale, n’ajoutant que quelques menus détails. Ce qui se révélera trop maigre pour certains joueurs.
Parce que s’il fallait s’attarder sur les nouveautés de ce DLC, qui n’a finalement plus beaucoup à voir avec l’aventure imaginée par les équipes de Capcom en 2005, nous n’aurions guère plus à ajouter qu’un unique boss revenant plusieurs fois au cours de l’aventure… et ne se révélant pas suffisamment intéressant en termes de charisme ou de patterns pour mériter, à lui seul, que l’on s’y penche. L’apparition d’une mécanique tournant autour du grappin de Ada est plutôt sympathique, mais complètement anecdotique, puisque entièrement scriptée. Exception faite pour une séquence de boss, placée dans un décor dans lequel on ne l’attendait pas. Une séquence intelligente, qu’on aurait bien voulu voir se décliner sous d’autres formes.
Seulement voilà, Separate Ways n’est finalement qu’un contenu sans grande ambition, autant sur le plan du gameplay que du scénario, et ne comblera pas toutes les attentes, c’est évident. Encore plus linéaire que l’aventure de Léon, celle de Ada ne rabibochera par ailleurs pas ses détracteurs à la peinture jaune pétante utilisée pour indiquer par quel chemin passer, quelle échelle utiliser, ou quelle caisse est destructible. C’est dommage, parce qu’on sent que Capcom n’a vraiment pas tenu compte des différents retours des fans à travers le monde pour développer ce DLC, qui aurait pu corriger certaines des errances de l’aventure principale. Au final, il laisse un petit goût de redite en bouche, dû à la réutilisation de décors et bestiaire du jeu de base. Mais faut-il le bouder pour autant ?
La suite logique
En vérité, s’il est un peu décevant, ce DLC demeure finalement assez proche de la campagne de Léon sur le plan de la construction et du rythme. Certes, Separate Ways est plus linéaire que jamais, ce qui confine à des passages presque éclairs dans chacune des zones visitées, en sachant que Ada repasse dans une grosse partie des environnements marquants de Resident Evil 4 Remake. Et les quelques lieux nouveaux ne sont finalement que des couloirs peu inspirés, ajoutés à la va-vite pour relier d’autres couloirs déjà connus. Cela étant, il faut reconnaître qu’on ne s’ennuie jamais sur ce contenu, qui donne l’impression d’aller à une vitesse folle. D’ailleurs, nous concernant, notre partie aura commencé à 13h, et se sera terminée à 18h, le même après-midi, sans la moindre pause.
Une preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que le rythme de ce DLC est particulièrement bien géré. Plus concrètement, il n’y a aucun véritable temps mort, si ce n’est pour introduire une courte cinématique mettant en scène Ada, Léon ou Albert Wesker, qui fait son grand retour. Les ennemis sont nombreux, ça tire dans tous les sens, et le challenge est suffisamment corsé pour engager le joueur durablement. Bref, malgré les reproches que l’on peut lui asséner, et qui demeurent parfaitement légitimes, entendons-nous bien, Separate Ways n’est pas mauvais. Décevant, sur le plan de l’ambition, notamment scénaristique, c’est évident. Mais pas mauvais, et même plutôt bon dans l’ensemble, même si l’on aurait apprécié un peu plus de nouveautés.
Il n’est pas déplaisant de se confronter à une aventure plus difficile que l’originale, et les maigres ajouts, comme le grappin qui permet aussi de se propulser vers les adversaires mal en point pour leur envoyer un coup de pied, apportent un brin de fraîcheur suffisant pour donner envie de se relancer dans Resident Evil 4. D’autant que c’est toujours aussi joli, le RE Engine faisant toujours des merveilles et ce malgré les quelques problèmes de textures s’affichant tardivement, ou autres petits bugs de physique, qui demeurent minoritaires. Et puis si l’on repasse effectivement par des environnements déjà connus, la plupart du temps ceux-ci ont un petit quelque chose de neuf sur le plan météo, ce qui n’est pas déplaisant quand on constate les jolis effets visuels associés.
Quant à l’aspect scénaristique, puisqu’il faut bien que l’on développe un peu notre propos, certes nous n’apprenons que trop peu de choses concernant Wesker, Ada, ou même Léon. Néanmoins, à grand renfort de documents textuels disséminés de manière régulière, on peut agrandir nos connaissances sur l’ambre, cette substance étrange d’où Osmund Saddler tire ses pouvoirs. Un bon complément, qui ajoute un peu de matière à se mettre sous la dent, pour peu que l’on soit assez curieux pour tout lire. Et pour finir, si les doublages en français sont toujours perfectibles, malgré une bonne volonté qui se ressent, la version originale, en anglais, demeure d’excellente facture, ne commettant aucun véritable faux pas.
En conclusion
Que ceux qui attendaient des révélations scénaristiques importantes passent leur chemin, puisque l’intérêt de Separate Ways ne se situe absolument pas là. Simple complément à l’aventure principale de Resident Evil 4 Remake, ce DLC facturé un peu moins de 10 euros n’apporte que peu de neuf. Trop peu pour une catégorie de joueurs, ceux qui n’avaient pas particulièrement envie de retourner sur le titre, ou qui l’ont terminé récemment. Mais nettement suffisant pour tous ceux qui n’ont pas remis les mains sur ce remake ambitieux depuis sa sortie, en mars dernier, et qui n’attendaient qu’un signe pour se relancer corps et âme dans son aventure effrénée.
Ainsi, si l’on pourra reprocher à Capcom d’avoir manqué d’ambition, tant sur le plan scénaristique que ludique, les nouveautés étant un brin anecdotiques et l’histoire n’apportant pas grand-chose de plus que ce que l’on connaissait déjà en venant à bout de Resident Evil 4, il demeure que ce DLC est fidèle à l’esprit du jeu de base. Son rythme est parfaitement géré, on ne s’y ennuie jamais, et ce malgré le fait que, de manière générale, on ne fasse qu’y enchaîner les exécutions dans des environnements déjà visités. Bref, pour ce prix plutôt raisonnable, vous avez droit à une aventure annexe qui, à défaut de rebondissements marquants, vous offrira cinq heures d’action, et un New Game + pas déplaisant.
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Date de sortie : 24/03/2023