Pourquoi on aimerait un retour de la licence de Blob ?
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Rédigé par Nathan Champion
Certains jeux vous marquent à vie, et pas toujours pour des raisons faciles à expliquer. Il arrive qu’ils vous assènent une claque monumentale avec leur scénario ou leur ambiance, comme Alan Wake ou The Evil Within. Ou bien qu’ils vous retournent le cerveau avec leurs mécaniques poussant à réfléchir différemment, comme Portal. Chez d’autres encore, c’est la direction artistique qui fait mouche. Et là, on pourrait en citer un paquet. Ôkami par exemple, Flower et Journey, pourquoi pas The Legend of Zelda : The Wind Waker aussi… Mais, certains jeux parviennent simplement à vous toucher, sans trop que vous compreniez pourquoi, devenant de véritables points de repère dans le vaste et mystérieux paysage vidéoludique. Chez moi, l’un de ces jeux fut de Blob.
Vous l’aurez compris si vous suivez cette chronique depuis son lancement en septembre dernier, elle a principalement pour objectif de nous permettre à nous, rédacteurs passionnés, d’écrire sur des licences qui nous ont touché. Certaines plus que d’autres, c’est évident, et il arrive que l’on vous parle simplement de titres sur lesquels nous avons passé un bon moment mais qui ne nous ont pas transcendé. Il se peut aussi que nous abordions le sujet de jeux ambitieux au potentiel raté (coucou The Order 1886). Mais là n’est pas la question.
Quoi qu’il en soit, cela faisait un long moment que je désirais écrire sur de Blob. Mais aucun format ne s’y prêtait vraiment, et les occasions manquent cruellement de présenter cette licence étrange débutée sur Wii en 2008. C’est comme si, à peine paru sur la console de Big N, le premier épisode avait disparu des radars, malgré son aura si particulière qui faisait couler pas mal d’encre à son annonce. Quant au second, je continue de croire que seuls les fans de la première heure y ont touché, accompagnés de quelques curieux, peut-être. Et cela me fend le cœur de constater qu’en 2022, alors que la nouvelle génération de consoles remplace doucement mais sûrement la précédente, l’espoir de revoir de Blob s’amenuise de jour en jour.
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ToggleUn projet qui ne sort pas de nulle part
Contrairement à beaucoup de jeux que nous vous présentons dans cette chronique, de Blob n’était pas prévu, à l’origine, pour une commercialisation en bonne et due forme. En réalité, aussi étonnant que cela puisse sembler, le concept provient d’un projet amateur. Mais nous sommes alors en 2006, des années avant l’émergence de Minecraft et sa publication officielle sur PC. Autrement dit, le marché du jeu indépendant n’existe pas encore, ou du moins à pas à l’échelle qu’on lui connaît aujourd’hui. Impossible de lancer un financement participatif aussi simplement que de se créer une boîte mail. Et il est impensable de partager son projet avec la terre entière en espérant être débauché par une grosse boite de production.
Mais reprenons depuis le début. Nous sommes donc en 2006, dans l’université des arts de la ville d’Utrecht, aux Pays-Bas. C’est ici que huit jeunes vont se lancer dans le projet ambitieux de réaliser leur propre jeu vidéo, basé sur quelque chose qui les tient alors à cœur : la peinture. Ce projet, vous l’aurez compris, c’est de Blob, ou The Blob dans sa version traduite en anglais. Nous ne rentrerons pas dans les détails du développement initial. D’abord parce que les informations ne sont pas légion sur le net, et ensuite parce que ce n’est clairement pas le but de cette chronique.
Toujours est-il qu’arrive un moment dans cette petite histoire où le groupe THQ remarque de Blob. Impressionnée par le travail accompli par seulement huit étudiants, la firme américaine, désormais enterrée, décide d’en acquérir les droits. Une occasion sur laquelle les jeunes à l’origine du projet sautent visiblement sans trop se poser de question. La suite, vous la devinez certainement. THQ confie le développement d’une version commercialisable du concept à l’un de ses studios, en l’occurrence Blue Tongue Entertainment. Une entreprise dédiée aux jeux de commande, de surcroît rarement mémorables. Notamment Le Pôle Express en 2004 ou encore La Ferme en Folie en 2006. Deux adaptations fumantes. De quoi présager un avenir peu radieux pour de Blob… et pourtant !
Premier essai transformé !
Si vous connaissez la licence, alors vous pensez très certainement que le premier épisode commercialisé était destiné à la Nintendo Wii. Mais ce serait se méprendre que de croire que THQ n’allait pas profiter de l’émergence du jeu mobile pour développer une application ludique en reprenant le chouette concept imaginé par les étudiants d’Utrecht. Le manque à gagner était énorme ! C’est ainsi que le 8 juillet 2008 sortait de Blob, sur iOS. Un jeu en vue du dessus, dans lequel on incarnait un blob sphérique ayant la surprenante capacité de pouvoir absorber la peinture et la redistribuer. Un peu comme une éponge, en somme…
Cette première version commercialisée est la plus proche du projet initial : pas vraiment de scénario, ni de background d’ailleurs, et des mécaniques simplistes à base de peinture et de mélanges de couleurs. Un basique jeu de scoring dans lequel il faut peindre un grand nombre de bâtiments dans des environnements entièrement gris. On y retrouve néanmoins tout le sound design de la version Wii qui arrivera quelques semaines plus tard, et sa bande son par la même occasion. Et cela tombe bien, il s’agit justement de l’une des plus grosses qualités du titre !
Mais l’édition qui nous intéresse sort bien sur Nintendo Wii le 26 septembre 2008 en Europe. Cette fois-ci, Blue Tongue Entertainment a opté pour un univers entièrement modélisé en 3D, une caméra libre et un gameplay mettant en avant le Motion Control. Enfin pas trop non plus, puisque le seul « mouvement » que l’on aura à faire sera d’agiter la Wii Mote pour faire sauter notre Blob, ou pour remplir des réservoirs de peinture. Ce qui, en soit, a du sens, il est vrai, mais n’apporte pas grand chose de plus au titre qu’un banal bouton. Mais on ne va clairement pas pester contre les choix d’ergonomie du studio, puisque le fonctionnement de la Wii a ses détracteurs, et qu’il est globalement vrai que de nombreux jeux ont simplement abusé du Motion Control au point de le rendre imbuvable.
Pour ce qui est du reste, de Blob fait presque un sans faute. Visuellement il n’est pas ce qui se fait de plus impressionnant sur la machine de Big N, mais jouit néanmoins d’une direction artistique qui fait mouche, assez épurée pour mettre joliment en avant l’explosion de couleurs à venir. Son gameplay est classique mais efficace. Et son univers est plutôt accrocheur, bien qu’il manque cruellement de ficelles narratives le mettant en valeur. Ce coup-ci, nous ne sommes plus seulement sur un jeu de scoring, bien que le compteur de points fasse partie intégrante du système de progression. Il nous faudra sauver les habitants de la ville de Chroma City, pour qui toute utilisation de la couleur a été interdite par le dictateur Enkr. Ce qui nécessitera, vous l’aurez compris, beaucoup de peinture !
Ce qui caractérise de Blob, et en fait une expérience aussi rafraîchissante, ce n’est pas son gameplay très classique, son scénario anecdotique ou sa patte visuelle accrocheuse. Mais c’est son ambiance générale, relaxante à souhait, portée par une excellente bande sonore qui évolue en fonction des couleurs que le joueur utilise. Qu’il est plaisant de simplement se laisser porter dans ses grands niveaux en peinturlurant les immeubles et autres objets du décors, sans jamais regarder le compteur de temps, toujours bien trop large pour être un problème. Parce que le challenge n’est pas au rendez-vous, excepté lors de rares passages nous opposant à un grand nombre d’ennemis. Ce qui rentre là encore en adéquation avec l’impression générale se dégageant du titre. Tout semble pensé pour que l’on passe un bon moment, sans aucune prise de tête, au point qu’il sera même possible de terminer les niveaux sans s’occuper des objectifs de libération des habitants de Chroma City. Juste en coloriant la ville, en engrangeant doucement mais sûrement des points qui débloqueront l’accès à la sortie. Qu’il est rare de tomber sur un jeu qui fait autant de bien au moral !
Une suite du même acabit ?
Petit succès critique, de Blob aura certainement écoulé un bon nombre de copies à travers le monde, assez en tout cas pour que THQ exige un second volet, toujours chez Blue Tongue. Cette suite directe arrive chez nous le 25 février 2011, sur Xbox 360 et PlayStation 3, mais aussi sur Wii, version moins jolie que ses homologues, et sur DS, une édition adaptée qui s’apparente à un simple jeu de plateforme 2D.
Nous ne nous attarderons pas sur de Blob 2. En premier lieu parce qu’il fait globalement la même chose que le précédent, sur des consoles HD, et en améliorant quelques détails. En somme, on est face au même concept, bien que quelques nouveautés viennent pimenter la recette initiale. Mais les joueurs du premier volet ne seront pas dépaysés, et il faut bien avouer que malgré ses nombreuses qualités, le second n’est pas particulièrement mémorable. Moins que l’opus Wii en tout cas, malgré ses ambitions clairement plus vastes.
On remarquera simplement sa bande sonore, là encore, qui fonctionne toujours sur le mêle principe que dans le précédent volet. À savoir que peindre fait évoluer la musique en temps réel, et l’instrument entrant en jeu dépend entièrement de la couleur utilisée. Quelle riche idée, pas assez exploitée dans le jeu vidéo !
Pourquoi un retour ?
Vous l’aurez compris, j’adore de Blob. Et je suis certain de ne pas être le seul. Parce que le jeu est rafraîchissant, autant dans son concept que par sa bande sonore évolutive. Que son absence de challenge et son ambiance très relaxante ont un petit quelque chose que peu de jeux parviennent à restituer, contemporains ou non. On pourrait vous citer un certain Cozy Groove, dans un registre très différent cela dit. Mais ne nous égarons pas.
Si un retour était à envisager, on aimerait que cela se fasse sous forme de reboot. Une suite ne serait pas de refus, entendons nous bien. Mais de Blob 2 date peut-être un peu trop, est sûrement un peu trop lointain dans l’esprit collectif pour qu’un troisième soit pertinent. Il faudrait véritablement relancer la licence, réexpliquer le concept aux plus jeunes, développer l’univers peut-être aussi. Parce qu’il y a clairement de quoi faire une expérience transmédia d’ailleurs, on imagine sans problème une série animée de Blob, ou encore une bande dessinée utilisant l’humour un brin simpliste du premier jeu.
Mais sans aller jusqu’à extrapoler autant, parlons juste d’un nouveau jeu, de préférence sur Nintendo Switch, une console qui s’emmène partout et qui peut permettre quelques interactions en Motion Control grâce à ses Joy Con. Enfin surtout une console familiale, parce que c’est ça qui compte face à un jeu comme celui-ci. On aimerait alors une version qui reprenne de zéro, nous montrant le blob dans son habitat naturel, avant que celui-ci ne débarque dans une ville aux murs grisâtres, dont la joie a été aspirée par un ennemi quelconque. Le dictateur Enkr pourquoi pas, puisqu’il s’agissait d’un personnage assez amusant, caricature assumée d’un certain allemand que nous ne citerons guère.
Bien sûr, le concept n’a pas besoin de changer, du moins pas en profondeur. Rouler sur le coin d’un immeuble pour le colorier entièrement, ça n’est certes pas réaliste, et tant mieux quelque part. Ce n’est pas l’objectif. Au contraire même, partir plus loin dans le loufoque pourrait permettre à l’univers d’être un peu plus accrocheur aux yeux des nouveaux venus. Un peu moins lisse en somme. À ce niveau, s’inspirer des jeux LEGO serait une riche idée. Pas dans le design, évidemment, quoiqu’on aimerait bien sur qu’un reboot de de Blob revoie sa copie à ce niveau pour proposer quelque chose de sublime, surtout coté direction artistique ; mais plutôt au niveau de l’humour et de la narration.
Parce que la série ne brille pas pour son histoire et ses personnages. Or l’univers est là, il fonctionne, il a juste besoin de ficelles pour relier les quelques îlots narratifs. Pas besoin de partir dans une scénarisation à la The Last of Us II, évidemment, juste de cadrer l’histoire à laquelle on prend part d’une manière compréhensible, le tout en y ajoutant une touche humoristique qui fonctionne bien.
Enfin, coté gameplay, il n’y a pas grand chose que l’on aimerait voir évoluer. On aimerait que la plateforme soit plus présente peut-être, mais aussi plus précise. Qu’il soit possible de cibler les ennemis simplement. On aimerait ressentir le poids de notre personnage lorsqu’il se gorge à ras bord de peinture. L’apparition d’un monde ouvert, ou semi-ouvert ferait sens par ailleurs. Et puis pourquoi pas un mode coopératif dans lequel le second joueur incarne un camarade du blob. Un personnage avec un gameplay différent, qui utiliserait pourquoi pas un canon à peinture, comme dans un Splatoon en somme. D’ailleurs, c’est vrai que le rapprochement entre les deux licences aurait beaucoup de sens, et pourrait leur faire du bien à toutes les deux…
Pour toutes ces raisons, on aimerait énormément voir un retour de cette licence.
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Date de sortie : 08/07/2008