Borderlands 3 a su ménager le suspense jusqu’au bout, que ce soit autour de son annonce ou d’autres problèmes dont nous ne tiendrons pas compte ici. Ses chiffres récents ont montré que Borderlands 2 était toujours un jeu culte. Pourtant, Gearbox n’a pas la meilleure des réputations et la série elle-même n’a pas vraiment brillé avec son dernier épisode classique Pre-Sequel. La question est donc aujourd’hui de savoir si le miracle de 2012 s’est reproduit ou si cet épisode est plus dans la norme du studio.
Conditions de test : Nous avons terminé la campagne avec la Sirène sur PlayStation 4 classique. En y ajoutant du contenu secondaire, du post-game et l’essai d’autres personnages, le temps de jeu total du testeur est d’environ 50 heures. Des joueurs PC et PS4 Pro ont également été consultés pour leurs ressentis sur la technique et les personnages.
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ToggleBorderlands 3: Far From Home
Borderlands 3 reprend l’histoire plusieurs années après chaque épisode mais évidemment, il répond surtout à la promesse finale du 2. Pandore n’est pas la seule planète qui abrite une Arche, ce légendaire moyen d’accéder à des trésors laissés par une civilisation extraterrestre disparue. Si l’on commence bien de manière classique, accueillis par le robot Claptrap dans des décors désertiques, on va plus ou moins rapidement partir explorer la galaxie.
On ne dévoilera pas le nombre exact de planètes à visiter mais il se situe sous la demie-douzaine. On passe donc enfin du gris-marron typique de la série à la mégalopole futuriste, aux marécages ou aux endroits un peu plus étranges mais toujours très colorés. Cette variation est principalement visuelle et n’a aucun impact sur le gameplay sauf à un moment très précis. Tant mieux, ceux qui ont essayé Pre-Sequel préfèreront sûrement qu’on évite de jouer avec la gravité et l’oxygène. Le découpage en zones reste présent mais ces dernières sont beaucoup plus vastes qu’avant.
Le petit souci vient plus de l’équilibrage du temps passé dans chaque zone. Certaines d’entre elles (Eden-6 au hasard) donnent l’impression d’avoir deux ou trois fois trop de chapitres sur place. Quand d’autres (Athenas par exemple) semblent se terminer en un clin d’œil. Les décors changent entre les différentes zones d’une même planète donc c’est surtout de la frustration de ne pas passer à quelque chose de totalement différent dans un jeu basé sur le voyage.
Autant aborder dès maintenant la question de la musique vu son lien avec les planètes. En effet, pour marquer davantage les différences d’ambiance, chaque planète a son propre compositeur. Il faut avouer que si Gearbox n’avait pas communiqué à ce sujet, peu de gens auraient compris l’attention particulière. Cela reste de la musique de fond acceptable mais oubliable. Et toujours noyée parmi les explosions, les cris des personnages, les dialogues et les joueurs qui tentent de communiquer.
Encore des streamers que Twitch devrait bannir
La raison de ces voyages, ce sont les Descendants de l’Arche, une secte au service des Jumeaux Calypso. Tyreen et Troy Calypso ont bien compris comment se servir de la bêtise des bandits de Pandore en devenant des influenceurs. Pas d’allégorie là dedans, ils streament, font attention à leurs abonnés, ils reprennent mot pour mot chaque code habituel des YouTubers et autres célébrités du net. Le but de tout cela : s’emparer de chaque Arche pour obtenir le pouvoir de dominer l’univers.
Le jeu démarre quand une nouvelle génération de Chasseurs de l’Arche rejoint les Pillards Écarlates menés par Lilith, l’héroïne du premier jeu. Avec de nombreuses têtes connues, ils vont tenter de mettre la main sur les Arches avant que les Calypso ne le fassent. Comme avant, l’intrigue est simple et repose surtout sur les retournements de situation que l’on voit souvent arriver. Les antagonistes sont d’ailleurs le point faible du jeu puisqu’ils souffrent toujours de la comparaison avec Beau Jack.
Impossible de parler de Borderlands et de son univers sans dire un mot sur son humour. Si le côté régressif et vulgaire vous repoussait dans le 2, ce n’est même pas la peine de laisser sa chance à Borderlands 3. C’est pareil mais en pire. Cela fonctionne moins bien car la grossièreté est beaucoup plus gratuite et au premier degré. Et surtout, plus aucun personnage n’est à l’abri de ça. La version française s’en donne d’ailleurs à cœur-joie même si l’on aurait bien aimé qu’on nous épargne quelques références.
Les doubleurs semblent donc s’éclater avec les dialogues qu’on leur a donnés, en version anglaise comme en français. Là aussi, c’est un peu l’absence de Beau Jack qui fait revoir le doublage à la baisse. La présence de Christophe Lemoine (Cartman en VF) en grand méchant apportait forcément une saveur particulière que l’on ne retrouve pas ici. Certains regretteront les différences pour le personnage de BALEX interprété par un Ice-T qui se donne à fond en anglais quand la version française la joue blasée.
Borderlands façon 2019
Au bout du compte, le principal atout de ce Borderlands 3, c’est son gameplay. Rien de révolutionnaire, mais Gearbox a su faire sa veille sur la concurrence. Le FPS-RPG n’est pas soudainement devenu un Fast FPS-RPG mais il faut reconnaître que le tout bouge bien mieux qu’avant. Rien que les déplacements de base semblent plus nerveux et si on ajoute la désormais glissade classique du genre et la possibilité de franchir les obstacles, il y a de quoi se prendre pour un John Wick du dimanche.
L’interactivité avec les décors a également été poussée. Frapper dans les bidons élémentaux permet de les envoyer exploser sur les ennemis. On peut activer des pièges, électriser l’eau, mettre le feu au pétrole… Ce n’est clairement pas Breath of the Wild mais il y a une petite satisfaction à réussir une belle action plus ou moins prévue de temps en temps. Que les joueurs qui viennent surtout pour l’univers et la dimension RPG se rassurent, la formule ne change pas, elle devient plus flexible.
Les armes participent également à cet effort. Chaque fabricant a droit à son effet spécial qui va bien au delà d’une différence de stats. Bouclier supplémentaire, balle qui ricoche en cas de coup critique et on ne parle même pas encore des modes de tirs secondaires. On a par exemple les balles qui se collent à l’ennemi avant d’exploser plus tard ou les balles qui vont atteindre exactement le même endroit que la première peu importe où l’on vise.
La série a toujours été connue pour ses armes originales mais un cap a clairement été franchi avec cet épisode avec des effets de plus en plus fous. Même sans être fan de FPS, on trouvera forcément quelque chose de jouissif dans ce Borderlands 3. Puis on sera triste au moment de changer avant de comprendre que le remplaçant est encore plus fun. Là aussi, comme pour les planètes, cela vient de l’effort de varier. Mais c’est aussi dû au travail sur les impacts. Un fusil à pompe à bout portant fera réellement décoller l’adversaire.
C’est avec classes
Les deux axes de Borderlands 3 sont variété et amélioration. Cela s’applique également aux personnages. On retrouve les archétypes habituels mais cela ne veut pas dire qu’on joue de la même manière. En dehors de l’artilleuse Moze, chacun a droit de choisir entre plusieurs compétences d’actions aux effets bien différents, avant de pouvoir choisir entre plusieurs versions de sa compétence. Et ne plaignez pas trop Moze, puisque si elle a uniquement droit à son mécha, elle peut choisir les armes équipées.
Progresser dans un arbre de compétences permet de débloquer des passifs mais aussi différents effets à équiper sur la compétence d’action. Les différences entre les personnages sautent aux yeux dès le premier regard sur cet équipement. Le chasseur FL4K doit choisir son familier en plus de tout le reste, Zane a le droit d’équiper deux compétences d’action à la fois et la Sirène Amara décide du type élémentaire des dégâts de sa technique.
Avec autant de possibilités qui changent radicalement le gameplay, on trouve forcément une façon de jouer qui nous convient. Et mieux encore, vu le potentiel de chaque personnage, il est largement possible de le réinventer pour éviter la lassitude avant de devoir passer à quelqu’un d’autre. D’autant plus que même si on a trouvé une façon de jouer qui nous convient, on peut ensuite s’amuser à tenter de l’optimiser en allant piocher dans les autres arbres.
Cette flexibilité permet aussi de s’adapter plus simplement à la composition de l’équipe en multi. Car oui bien entendu, certains éléments des arbres sont dédiés aux coéquipiers. La recherche de synergie entre les personnages sera une couche de plus à travailler. Entre les armes, les personnages, leurs potentiels et le travail d’équipe, on imagine aisément certains groupes d’amis passer des centaines d’heures sur Borderlands 3 à la recherche de la formule la plus efficace.
Un peu plus que du pan pan boum boum ?
Mais l’aspect FPS de Borderlands 3 n’est pas le seul à avoir été retravaillé. Toujours dans cet effort de variation, on retrouve d’autres petites phases de gameplay. Les épisodes classiques de la série ont toujours eu une petite dimension exploration avec des petits secrets dans les différentes zones pour trouver des coffres et des easter eggs. Cette fois-ci, la construction des zones semble être pensée dans ce sens, au lieu de simplement les rajouter à la fin. On remercie d’ailleurs la possibilité de se téléporter n’importe quand pour éviter les longs retours à pied ou la recherche d’un nouveau véhicule.
En indiquant leur nombre et en prévenant le joueur quand il est à proximité, Gearbox indique clairement que c’est désormais une part entière de l’expérience. Et le studio fait également en sorte de récompenser grassement ceux qui font l’effort pour que l’expérience soit d’autant plus satisfaisante. Cela augmente d’ailleurs la part des énigmes dans le jeu. Il y a toujours eu des coffres qui demandaient un minimum de réflexion mais là aussi, on sent la volonté d’en faire plus.
Le jeu profite aussi de la possibilité de s’agripper aux rebords pour proposer des énigmes de plateformes/escalade. Certes, dans les faits, cela ressemble beaucoup plus aux épreuves horribles des MMO qu’à du Mario. On a également des vraies phases consacrées à la conduite. La collecte de pièces pour pouvoir personnaliser son véhicule devient d’ailleurs une activité à part entière. Pas de miracle par contre, le gameplay des véhicules n’évolue pas, même avec l’espèce de moto ajoutée dans cet épisode. Il est tout de même possible de voler le véhicule d’un ennemi comme dans un GTA-like.
Rien de transcendant donc dans ces moments alternatifs mais qui restent bienvenus entre les nombreux gunfights. Encore une fois, on ressent totalement l’intention derrière tout cela : Borderlands 3 est là pour durer. Et en refusant de s’inscrire dans le jeu service, il fallait bien trouver un moyen de repousser au maximum la lassitude des joueurs. C’est la même idée derrière la chambre personnalisable dans le vaisseau Sanctuary-3, anecdotique mais présente au cas où.
Quand il n’y en a plus, il y en a encore plus
Puisque nous avons parlé de centaines d’heures et conserver l’attention des joueurs, évoquons la durée de vie de Borderlands 3. La campagne en ligne droite occupe pendant une grosse trentaine d’heures, que l’on peut doubler si l’on vise le 100%. Tout le côté optionnel se fait avec plaisir. En dehors des énigmes déjà citées, il n’apporte rien niveau gameplay mais compense par de bons dialogues, de la construction d’univers et même, très rarement, des moments poignants.
Mais le jeu ne commence réellement qu’après le générique de fin. On débloque l’habituel mode Chasseur Ultime qui sert de New Game Plus en reprenant son personnage dans une campagne plus difficile. Mais on obtient aussi le mode Chaos pour ajuster la difficulté et améliorer les récompenses mais sans avoir à passer en Chasseur Ultime. Cela permet en plus de réajuster le niveau du contenu secondaire ignoré jusqu’à présent pour le rendre plus lucratif.
Il y a également le niveau de Gardien qui vient remplacer le niveau de Brutasse. Finir le jeu fait apparaître une jauge d’expérience supplémentaire quelque soit le personnage. Remplir cette jauge permet de remporter des jetons qui permettent d’améliorer les statistiques globales, là aussi peu importe le personnage utilisé. Ainsi, plus on joue, plus on est puissant, même en repartant de zéro. Encore une fois, le but est clairement de pousser les joueurs à rester après les crédits.
Mais cette fois, Borderlands 3 ne se limite pas à la campagne. On retrouve également le mode Cercle de Massacre qui demande d’affronter des vagues d’ennemis dans une arène. Classique, on préférera donc le mode Terrain d’Entraînement. Le jeu vous laisse 30 minutes pour nettoyer trois salles pleines d’ennemis puis terrasser le boss. Avec une récompense qui dépend de la réussite d’objectifs secondaire. On espère que le manque d’ennemis différents ne viendra pas gâcher l’expérience sur la longueur. Gearbox a eu la bonne idée de permettre les parties rapides grâce à l’ajout d’un matchmaking pour chacun des trois modes.
On parle d’orgie à partir de combien de personnes ?
Borderlands 3, c’est aussi de gros efforts pour rendre l’expérience confortable. Le multijoueur est disponible en deux versions, la classique devient la Coopétition. Le jeu s’ajuste sur le niveau de l’hôte et on peut voler le butin sous le nez des autres. Le mode Coopération instancie le tout. Chaque joueur voit les ennemis à son propre niveau et fait donc des dégâts proportionnels. On peut donc rejoindre n’importe qui avec n’importe quel personnage sans être à la traîne niveau XP et équipement.
D’ailleurs, le jeu continue la tradition du multijoueur jusqu’à quatre en ligne avec la possibilité de jouer à deux en écran partagé sur les versions consoles. On peut mélanger les deux pour avoir deux personnes sur la même machine lors de sessions à quatre. Vu la réduction de l’écran, on ne le recommande pas forcément mais au moins, vous serez plus gêné par ça que par les éventuels ralentissements dus à la coopération locale.
Le jeu tourne d’ailleurs relativement bien sur PlayStation 4 classique grâce à la limitation aux 30 images par seconde. On a tout de même droit à quelques rares baisses de framerate quand l’action est vraiment intense. En version Pro, on a le choix entre la résolution et le framerate. Ironiquement, comme sur Xbox One X, il y a moins de baisses quand on privilégie la résolution. Le problème vient plutôt de la version PC qui n’est pas optimisée. On retrouve d’ailleurs quelques bugs comme des ennemis qui n’apparaissent pas et obligent à quitter la zone pour recommencer la mission.
On espère que tout cela sera corrigé via des mises à jour surtout qu’on ne peut pas vraiment parler d’incroyable révolution graphique pour Borderlands 3. Le pire vient lorsque l’on souhaite ouvrir le menu. Quelque soit le support, le jeu a vraiment du mal à ce moment-là. Et on ne parle que du solo quand le menu met le jeu en pause… En multijoueur, comme les autres continuent de jouer même en local, le menu deviendrait presque impraticable.
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