Seule dans L’Espace : Présentation et avis sur le livre de chez Bragelonne
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Rédigé par Nathan Champion
Après avoir parlé de Thin Air récemment, et en attendant d’aborder un autre roman de Richard Morgan, poursuivons sur cette lancée de Science-Fiction avec Seule dans L’Espace. Un récit de S. K. Vaughn fortement inspiré, comme le laisse entendre sa quatrième de couverture, par les gros thrillers spatiaux de ces dix dernières années : Gravity et Seul sur Mars. La comparaison tient-elle la route ? Et est-ce pertinent d’adapter une recette aussi cinématographique sur papier ? Des questions auxquelles nous tenterons de répondre au cours de ces quelques lignes.
Notez que si le nom de l’auteur ne vous dit rien, peut-être est-ce parce qu’il s’agit d’un pseudonyme, emprunté pour une occasion particulière : sa première réalisation SF. En réalité, Shane Kuhn, de son vrai nom, est déjà connu pour deux best-sellers à travers le monde, Un Stagiaire Presque Parfait et Tenue Décontractée Exigée, mais aussi pour sa carrière dans le milieu du cinéma. Quoi qu’il en soit, c’est grâce à Bragelonne que nous pouvons découvrir son dernier ouvrage qui, sur le papier tout du moins, a de quoi faire saliver l’amateur de récits spatiaux.
Sommaire
ToggleUn récit adaptable au cinéma ?
Nous ne nous pencherons pas bien longtemps sur la carrière de S. K. Vaughn, alias Shane Kuhn, qui gagne actuellement sa vie grâce à ses romans, mais dont le domaine d’expertise va bien au delà de cela. En effet, bien que ses deux premiers ouvrages lui aient forgé une solide réputation dans le milieu, avec une tendance certaine pour le comique de situation, le bonhomme était avant cela reconnu pour bien d’autres travaux, notamment en tant que scénariste de longs métrages. On pourra ainsi lui reconnaître une grosse ambition cinématographique, puisqu’il est par ailleurs cofondateur du Slamdance Film Festival. Bref, il a plusieurs casquettes, et celle de romancier n’est que la plus récente.
Ainsi, avec Seule dans L’Espace, Shane Kuhn ne cache nullement ses ambitions et ses inspirations. Et on ne va pas se mentir, elles sautent aux yeux en quelques pages à peine. On passe pêle-mêle d’idées sur lesquelles n’auraient pas crachés les créateurs du très intéressant Observation, ou encore du moins bon Gravity. Ce qui est évident, en tout cas, c’est que le bonhomme a pensé son roman comme un blockbuster cinématographique. Ce qui n’est pas une mauvaise chose, entendons nous bien, surtout avec ses influences diverses, souvent très qualitatives.
Parce que l’on retrouvera autant de Arthur Charles Clarke, avec des références à son incroyable saga 2001, que de Isaac Asimov, avec une description des voyages spatiaux se voulant réaliste. L’auteur remercie d’ailleurs, à la fin du roman, plusieurs contributeurs à son savoir et son écriture, à qui il attribue notamment une direction scientifique dans la création de son univers. On trouvera aussi quelques bribes de Seul sur Mars, de Interstellar, de Pandorum ou encore de Prométhée en Orbite. Mais sans les éventuelles dimensions paranormales, ou extraterrestres, que l’on pouvait dénicher dans certaines de ces œuvres.
Notez que Seule dans L’Espace pourrait facilement être adapté au cinéma, ou que du moins on imagine sans problème ce à quoi cela pourrait ressembler une fois arrivé au bout du roman. Et il semble presque évident que l’auteur l’a écrit dans ce but, ou du moins en excluant le moins possible cette possibilité. Mais dans un autre registre, il n’est pas exclu de lui trouver une manière intéressante de se transposer au jeu vidéo. Certains amateurs de titres spatiaux y retrouveront eux aussi leurs marques.
Dans l’espace, personne ne vous entend crier
Seule dans L’Espace, c’est avant tout l’histoire de Maryam Knox, que tous appellent May, se réveillant salement amochée dans l’infirmerie d’un vaisseau sous-alimenté en énergie, et visiblement mal en point lui aussi. Outre son état de santé inquiétant et les secousses régulières indiquant un danger imminent, c’est avant toute chose son amnésie quasi-totale qui posera problème à la jeune astronaute. Jamais un roman n’a aussi bien porté son nom : May Knox dérive seule dans la nuit infinie, sans aucun point de repère auquel se raccrocher.
Heureusement pour elle, l’intelligence artificielle du vaisseau se réveille elle aussi, et l’aide à se repérer dans ces couloirs sombres, ces pièces désordonnées, et cette infirmerie dont elle a clairement besoin. L’ennui, c’est qu’un black out électronique, probablement à l’origine des différentes avaries du vaisseau, a fait perdre la mémoire à cette même IA, qui ne saura pas répondre aux interrogations évidentes de May. Pour couronner le tout, l’équipage du vaisseau semble avoir quitté les lieux…
Sur Terre, son mari, Stephen Knox, est à la limite du burn out à force de chercher des échos de ce vaisseau disparu. Parti pour une mission sans précédent sur Europe, une lune prometteuse de Jupiter que les scientifiques soupçonnent d’accueillir la vie depuis des décennies, il cesse d’émettre peu après être reparti en direction de la planète mère. Et à cette distance, impossible de le distinguer dans la nuit éternelle, ni d’envoyer de mission de sauvetage rapidement. Bref, la NASA semble bien embêtée, mais pas autant que les proches de May, ni que l’astronaute elle-même.
Peu original dans son concept ou dans ses interactions sociales, Seule dans L’Espace manque peut-être un peu d’ambition en tant que simple roman. Thriller psychologique en huis clos, avec des apartés sur Terre où Stephen et d’autres peinent à trouver des solutions pour récupérer le Hawking II (vaisseau dont May est la commandante), il ne décolle jamais vraiment, n’offrant que peu de suspens à se mettre sous la dent. Ce que l’on pourra avant tout lui reprocher, c’est un dernier tiers un peu longuet, mais surtout une prévisibilité à toute épreuve.
Malgré tout, on pourra reconnaître quelques belles qualités à ce roman d’un peu plus de 500 pages, avec pour commencer un rythme assez soutenu. Par ailleurs, malgré des interactions sociales bateaux, on s’attache facilement au personnage de May, qui prend les choses avec un relatif humour, ainsi qu’à l’IA, qui acquiert une importance toute particulière à mesure que le roman avance. Aussi, d’une certaine façon, ce roman est une sorte de petit fantasme du fanatique de 2001 : L’Odyssée de L’Espace, à plusieurs égards que nous n’évoquerons pas.
Tout amoureux de Science-Fiction ne trouvera pas forcément son compte dans Seule dans L’espace. Les amateurs de Space Opéra peuvent passer leur chemin, pour commencer, et ceux qui ont détesté Gravity pour sa platitude évidente auront peut-être bien du mal eux aussi. Cela étant, il peut être vu comme une très bonne porte d’entrée dans la Science-Fiction, un genre qui n’est pas forcément très abordable habituellement. Ainsi, si nous ne le conseillerons pas vivement aux puristes, les lecteurs occasionnels peuvent quant à eux foncer les yeux fermés : ils tiennent là un divertissement de qualité, certes prévisible, mais leur offrant une percée intéressante dans le milieu fermé de la SF.
Faut-il craquer pour Seule dans L’Espace ?
Avec son style de blockbuster cinématographique assumé, Seule dans L’Espace a de quoi plaire aux lecteurs occasionnels, qui y trouveront un bon moyen de débuter dans le milieu pas toujours très abordable de la Science-Fiction. Les puristes auront, quant à eux, bien plus de mal avec sa trame particulièrement prévisible, mais aussi ses personnages et interactions sociales pas toujours décrits avec la plus grande justesse. Si ses différentes et qualitatives inspirations lui confèrent une petite aura, c’est indéniable, elles ne parviennent pas, malgré tout, à lui offrir plus de profondeur.
Acheter Seule dans l'Espace sur AmazonEntendons nous bien, Seule dans L’Espace n’est pas un mauvais roman, loin de là. Mais il ne brille pas par sa qualité d’écriture, ni par la profondeur de sa trame, et encore moins par ses retournements de situations beaucoup trop prévisibles. En cela, il est difficile de le conseiller à un grand amateur de SF, qui trouvera plus son compte dans les classiques du genre, ou dans des romans plus élaborés. Mais il semble évident qu’il plaira à des lecteurs moins chevronnés, qui chercheraient avant tout à passer un bon moment, sans trop avoir à réfléchir.
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