Derrière Shattered – Tale of the Forgotten King, il y a dix ans de scénarios et d’univers interconnectés créés lors de parties de jeu rôle sur table entre plusieurs adolescents qui ont eu le désir de donner vie à ces légendes mêlant dark fantasy, science-fiction et univers lovecraftiens à travers le jeu vidéo. Des mondes divers et variés accouchés d’une imagination collective mais contenant un lieu commun dans chacun d’eux, un pub londonien nommé le Redlock qui donnera le nom du studio.
Avec Shattered , nous assistons donc au résultat de plusieurs années de travail qui ont pris notamment deux tournants : Un en 2016 avec un financement Kickstarter réussi, et une autre pour la sortie en accès anticipé sur Steam en juin 2019. Avec l’aide d’une communauté de fans et de nombreux peaufinages, ce noyau dur composé de 5 lyonnais et grenoblois sort leur premier jeu ce 17 février 2021.
Conditions de test : Nous avons joué une quinzaine d’heures au titre sur PC via Steam sur une machine faisant tourner le tout en Ultra (GTX 1660Ti, Ryzen 5 2600, 16Go DDR4). Il s’agissait d’une version bêta du jeu définitif fournie par les développeurs avant la sortie.
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ToggleLe calme pendant la tempête
Le moins que l’on puisse dire c’est que Shattered Tale of the Forgotten King est projet très ambitieux pour un jeu indépendant développé par une petite équipe. Offrir un action-RPG frisant avec Dark Souls, le tout en 3D, est un pari audacieux semé d’embuches et surtout de bugs si l’on se réfère à ses tout premiers pas. Heureusement, cette période d’accès anticipé a permis d’offrir un rendu, certes contrasté, mais qui fonctionne plutôt bien dans l’ensemble.
Dans cette aventure, nous incarnons un personnage muet et amnésique appelé « Le Voyageur » qui se réveille dans les limbes du monde détruit et fragmenté d’Hypnos. Pour retrouver son nom, il va partir en quête d’un étrange roi disparu. Ce qui frappe de prime abord, c’est l’ambiance que dégage cette production qui pose d’emblée une atmosphère mélancolique et onirique. Supporté par une bande son discrète mais efficace, et une direction artistique soignée, ce périple exigeant contraste avec le calme et la sérénité qui nous submerge, un peu comme ce que l’on expérimente avec un Hollow Knight ou un Limbo.
Il ne manque toutefois pas d’espace et de couleurs puisque ce semi-open world offre de belles surprises notamment lorsque l’on atteint les « terres anciennes », une énorme zone ouverte que l’on peut parcourir plus facilement sur une sorte d’overboard. On savoure d’autant plus ces moments de Shattered alterne entre phases d’exploration et de combats corsés à base d’esquives et de parades, toutefois il ajoute une dose non négligeable de plateforme en 2.5D façon Nier Automata. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces moments demandant de la précision dans les sauts, et des dash aériens exécutés au bon timing, offrent une bouffée d’air frais entres les joutes.
Des combats en demi-teinte
Même si les environnements sont parfois un peu vides, avec seulement quelques coffres et collectibles lumineux, on prend plaisir à découvrir les contours de cet intrigue énigmatique et même nébuleuse avec certains aspects. Les codex ou encore les nombreux personnages que l’on croise sur notre route sont autant source d’informations que de mystères.
On ne pourra malheureusement pas être aussi élogieux en ce qui concerne les combats qui sont sans doute son plus gros point faible. Rien de catastrophique car cela reste parfaitement jouable et l’on note même quelques fulgurances comme lorsque l’on effectue un contre ou une attaque chargée. Malgré tout, le système reste assez rigide et imprécis. La garde n’est, par exemple, pas très intuitive et les animations manquent de fluidité. Si cela passe parfaitement en 1 contre 1, on ressent particulièrement ces défauts lorsque que l’on affronte 2 ou 3 ennemis en même temps.
A côté de ça, les influences empruntées à Dark Souls font le reste avec des boss coriaces dont certains qui sortent vraiment du lot, un système de progression avec des stèles à activer reprenant celui du feu de camp, de même que celui des âmes appelé ici essences. Ces derniers peuvent être dépensés pour gagner des niveaux et ainsi augmenter une des 5 caractéristiques pour chacun d’eux : Vitalité, Endurance, Force, Mysticisme, et onnaissance.
Une belle surprise malgré tout
Les deux derniers évoqués influent sur la mécanique d’éther. En plus de votre épée, vous pouvez récupérer différents artefacts qui vous octroient des pouvoirs variés pour vous rendre invisible, augmenter vos dégât pendant un temps ou encore balancer des projectiles d’éther entre autres. Couplée à d’autre matériaux, cette monnaie peut aussi améliorer vos armes ou plutôt vos épées. Cette unique arme blanche déclinée en de multiples versions, mais pratiquement similaire, limite les approches. On peut ainsi opter pour un style plus puissant, plus vif ou encore équilibré, cependant il s’agit de clairement miser l’utilisation des artefacts si vous voulez accroître votre marge de manœuvre.
Mis à part les défauts évoqués, on remarque quelques petits soucis ici et là. Précisons que nous avons eu accès à une version finale en avant-première, les développeurs sont sur le pied de guerre pour faire les dernières modifications. Malgré tout nous n’avons remarqué aucun gros soucis ou bug lors de notre progression. Quelques chutes de FPS sur les terres anciennes et des portails parfois handicapants (comme l’un des premiers où notre personnage met un certain temps à apparaître et se fait attaquer avant que l’on puisse bouger) mais rien qui ne peut être réglé via un patch par la suite.
Les faiblesses de Shattered n’empêchent heureusement pas d’être happé par cet univers obscur qui titille ce désir d’en savoir plus sur ce qui nous entoure. On en remet une couche sur l’exploration qui est l’une des plus denses et mieux maîtrisées en matière de jeu indépendant. De notre point de vue, Shattered n’essaye pas de se mettre au niveau des AAA. Les terres anciennes en sont la meilleure preuve. Il n’est pas sans défaut mais reste à la hauteur de ses moyens et de ses ambitions.
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