Ce que Silent Hill : The Short Message nous apprend sur l’avenir de la franchise
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Rédigé par Nathan Champion
Sorti complètement par surprise après la parution d’un trailer du tant attendu remake de Silent Hill 2, The Short Message est une expérience qui aura divisé sur la toile. D’un côté, sa gratuité l’honore, et l’univers semble respecté. De l’autre, le gameplay est quasiment absent, et nombre de joueurs se plaignent que le titre ne raconte finalement rien. Ce qui est, nous allons le voir, une part non négligeable de la vérité, certes. Mais on peut malgré tout tirer quelques intéressants enseignements de cette expérience imparfaite.
Note : les images que vous trouverez dans cet article ont été capturées sur PS5 au cours de notre partie qui aura duré environ 1h30.
Expérience oubliable ?
Silent Hill a toujours été connu et reconnu pour sa propension à faire naître un certain malaise chez les joueurs. Avec ce que ses épisodes racontent, bien sûr, puisqu’il est souvent question de deuil, par exemple, mais pas seulement. C’est avant tout l’imagerie de la série, initialement empruntée au génial film L’échelle de Jacob, qui frappe et gêne à la fois. Le premier jeu n’hésite pas, dans sa version originale, à mettre en scène des monstres un peu trop ressemblants à des enfants, par exemple. Silent Hill 2 a quant à lui marqué les esprits avec sa scène complètement inattendue et absurde de sexe brutal entre monstres humanoïdes.
Silent Hill : The Short Message, lui, fait le choix d’une esthétique moins marquée. On retrouve bien entendu la brume, qui est devenue le véritable emblème de la franchise, au point que même le regretté Silent Hills de Hideo Kojima et Guillermo del Toro semblait ne pas y couper. Mais on est finalement assez loin de ce que les épisodes numérotés véhiculaient comme ambiance et comme idées visuelles, et encore plus de ce que proposaient les spin-offs ambitieux qu’étaient Homecoming, Shattered Memories et Downpour. En vérité, si le nom n’avait pas été affiché sur l’écran d’accueil, on aurait pu s’imaginer jouer à n’importe quelle expérience pseudo-horrifique.
Ce que le gameplay du titre ne viendra que corroborer, puisque l’on fait face à un véritable simulateur de marche de 90 à 120 minutes, sans once de rejouabilité à l’horizon, se cantonnant au strict minimum en termes d’interactions. La majeure partie de l’aventure se composera donc de déplacements entre des pièces qui affichent souvent des peintures murales, mais aussi de lecture, avec des pages de presse, de livres et de journaux intimes disséminées çà et là, nécessaires à la progression. Entre deux séquences d’un calme presque soporifique, le titre nous place tout de même face à l’unique monstre du jeu, une figure humanoïde recouverte de fleurs.
Le parallèle avec le très intrigant Silent Hill f peut sembler vite fait, pourtant on ne retrouve rien de ce que l’unique trailer de ce futur jeu nous montre. Là encore, l’imagerie n’a rien à voir, et l’aspect très rural que laisse entrevoir la vidéo est à des années-lumière du contexte de Silent Hill : The Short Message, qui prend quand à lui place au cœur d’une ville européenne, et plus précisément dans une tour massive désertée depuis longtemps. Est-il canonique pour autant ? Difficile à dire, d’autant que les épisodes sont tellement éloignés les uns des autres que la question semble presque vide de sens posée telle quelle.
Des thématiques à l’essai
Ce qui est sûr, c’est que Silent Hill : The Short Message ne fera pas date. Pas que l’expérience soit profondément mauvaise, loin s’en faut. Mais comme sous-entendu plus tôt, elle ne propose rien d’emballant sur le plan du gameplay, et sa progression fait preuve d’un classicisme remarquable. Seules ses courtes séquences de course poursuite sortent véritablement du lot, mais ne se révèlent malheureusement pas beaucoup plus palpitantes, dans la mesure où elles sont entièrement scriptées, et donc dénuées de tout sentiment de stress, pourtant vital à ce genre d’expérience. Alors, que lui reste-t-il ?
Eh bien, d’un certain point de vue, presque rien. Puisque d’un œil critique, il apparaît assez évident que The Short Message ne raconte finalement pas grand-chose, ce qui n’arrange rien à son cas. Néanmoins, ce « pas grand-chose » est tout de même plutôt intéressant, dans la mesure où il se permet de s’engager sur des voies peu communes, avec des thématiques que l’on trouve trop peu représentées au sein de l’industrie. Si l’on retrouve bien la question du deuil, dans un premier temps, c’est finalement la culpabilité, la jalousie, les pulsions suicidaires, l’automutilation et la maltraitance infantile qui prennent le relais assez rapidement.
Une panoplie qui confère au jeu de HexaDrive une certaine identité, malgré tout, et lui permet de véhiculer des émotions assez fortes, en y allant par touches de rebondissements scénaristiques bien amenés. Il se permet même de mettre en garde contre les pulsions suicidaires ou d’automutilation, et conseille aux joueurs témoins d’une situation de souffrance psychologique d’en discuter pour le bien des intéressés. Un jusqu’au-boutisme qui fait vraiment plaisir à voir.
Bien sûr, on aurait quand même aimé plus, et d’une certaine manière, malgré sa gratuité, Silent Hill : The Short Message est décevant. Les fans attendent quelque chose de concret, de consistant, et n’ont eu aucun véritable jeu à se mettre sous la dent depuis le détestable Book of Memories de la PS Vita… C’est dire ! Cela étant, on peut déduire plusieurs choses intéressantes concernant l’avenir de la série en jouant à ce court simulateur de marche.
D’abord, Konami a visiblement à cœur de relancer la franchise, et tout semble bon pour élargir le champ des expériences liées à Silent Hill. Après l’étrange Silent Hill : Ascension, auquel personne ne semble avoir rien compris, à commencer par son concept, la licence embraye sur The Short Message, qui s’essaye à un propos moderne, à base de réseaux sociaux et de popularité virtuelle, ainsi que délicat, touchant sans prendre de gants au suicide et la maltraitance infantile. Ceci en attendant Silent Hill : Townfall, expérience énigmatique qui semble, là encore, partir sur quelque chose de peu commun.
Le champ des possibles est donc complètement renouvelé pour la franchise qui, après avoir connu un âge d’or de près de dix ans, a aussi sombré dans quelques dérives, notamment avec des épisode reçus froidement sur PS3 et 360, avant une traversée du désert interminable. Par ailleurs, avec ses sujets singuliers, The Short Message nous apprend que la firme nippone est prête à renouveler le propos de Silent Hill, peut-être pour partir sur quelque chose de plus moderne, ou bien simplement pour différencier encore plus les épisodes les uns des autres. Ce que cela signifie, c’est que nous ne sommes pas à l’abri de voir débarquer des expériences complètement à part, et pourtant parfaitement canoniques. En espérant que Konami ne rate pas le coche.
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Date de sortie : 08/10/2024