SPAWN Festival : Retour sur la première édition du festival du jeu vidéo expérimental d’Angoulême
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Rédigé par Florian
Le CNAM-Enjmin d’Angoulême est une fourmillière de développeurs prometteurs grâce à son cursus public d’école du jeu vidéo en alternance. Fort de sa représentation au niveau national et international et avec l’envie de faire rayonner de jeunes productions indépendantes, l’école, en association avec SO.Games, a tenu à organiser son propre festival, le Spawn Festival, qui s’est tenu du 28 au 29 avril dernier. Pour sa première édition, le festival était notamment marrainé par Morgane Falaize, directrice de l’association Women in Games France, tandis que la finale du premier concours Jeunes talents organisé par all4GAMES allait permettre de voir sacrer une équipe remportant ainsi 50 000 €. ActuGaming, partenaire du festival, était sur place durant ces deux journées, et on vous a rapporté quelques informations si vous n’avez pas pu vous y rendre.
Sommaire
ToggleUn florilège de productions plus ou moins inédites
La première journée du festival étant dédiée aux professionnels de l’industrie, à savoir étudiants, exposants, finalistes du concours all4GAMES ou encore partenaires, nous avons pu poser les mains sur de nombreux titres, pour la plupart inconnus du grand public car sortant tout droit de l’imaginaire d’étudiants du master du CNAM-Enjmin (à découvrir sur leur page itch.io) mais aussi d’autres contrées. A noter qu’une partie d’entre eux ne sont que des concepts établis pendant leurs études et ne proposent donc que quelques dizaines de minutes maximum de gameplay, mais certains ont su retenir notre attention.
Par exemple, il a été pour nous possible d’essayer des pépites de narration comme Along the Rift, réalisé par un collectif de 11 étudiants, qui nous narre l’histoire d’une jeune fille de 10 ans et de ses deux papas, Aaron et Nathan, alors qu’une chute entraîne la jeune fille aux confins d’un gouffre. Grâce à l’aide de ses papas dont la relation est des plus houleuses, Maya va devoir se frayer un chemin et affronter ses peurs pour espérer trouver une sortie.
D’autres jeux au concept étonnant étaient également de la partie comme par exemple Jumalien, un Hack’n’slash en multijoueur local développé par Kévin Pedatte et qui possède déjà sa page Steam si vous souhaitez en savoir plus. A vous d’affronter d’autres dieux pour sortir vainqueur à travers de courtes parties et plus de 150 objets pour varier l’expérience.
Deux modes de jeu étaient pour l’instant disponibles, le mode exploration où chaque joueur dispose de 5 minutes pour se préparer à la bataille finale dans un monde procédural, mais aussi le mode brouillon en enchaînant les batailles dans des affrontements jugés intenses.
Une autre production épisodique cette fois, Gone, nous a également permis de nous mesurer à un visual novel d’enquête en point & click au fort potentiel, grâce à l’utilisation d’une sorte de montre permettant de voir à travers divers objets et ainsi révéler davantage d’indices, dans un monde où la cité technologique Technograd règne en maître.
Project: Izaline vous mettra quant à lui aux commandes d’une jeune femme ayant subi une mutation génétique lui conférant des griffes acérées, le tout dans un style de slasher en FPS rapide. Seuls trois niveaux étaient jouables sur le salon mais le jeu promet un contenu d’une dizaine d’heures au total comme le décrit sa page de projet.
Dans une autre zone du salon, nous pouvions nous attarder sur des productions plus connues du grand public car ayant eu leur heure de gloire récemment comme Stray, How to say goodbye, There is no game ou encore Haven, It Takes Two, Baladins ou Blanc, tous ayant expérimenté à leur manière de nouvelles mécaniques de gameplay. Une salle dédiée à la réalité virtuelle était également présente avec la possibilité de s’essayer (tant bien que mal) à Beat Saber ou encore à SuperHot VR.
Enfin, de tout autres expériences en coopération étaient de la partie comme par exemple A Star Waltz (encore un projet étudiant de qualité), qui nous demandait de faire une course d’étoiles en évitant les obstacles tout en fonçant dans son adversaire ou en prenant des boosts de vitesse pour terminer vainqueur. Une autre expérience basée sur une course de rollers en 2D nous a également tapé dans l’œil même si l’un de vos serviteurs s’est littéralement fait roulé dessus pendant nos parties endiablées.
Casus Ludi était également de la partie pour nous présenter un projet en cours d’élaboration. L’éditeur déjà aux commandes pour le récent jeu vidéo Blanc s’attèle désormais à un jeu de société, un jeu de cartes collaboratif pour être plus précis. Nommé Deya au Royaume des Dieux, ce projet est en test depuis deux ans afin de peaufiner son expérience. Avec plus de 120 cartes le composant, son but est multiple et propose de sensibiliser les joueurs et joueuses au sexisme et au patriarcat, deux thèmes sensibles afin de stimuler des échanges constructifs sur le sujet, dans des mécaniques inspirées des escapes games.
Deux autres expériences permettaient de se rapprocher du côté expérimental promis par le salon, à savoir Moi, Ezio ou Moi, Arno, deux histoires parallèles nous permettant de visualiser des panoramas de monuments du monde entier à travers deux visions : l’une actuelle, avec sa vie moderne et sa mondialisation, et l’autre issue tout droit de jeux Assassin’s Creed, permettant de voir l’évolution des paysages au fil des siècles via un écran tactile fascinant.
Une ultime expérience, étonnante, allait nous demander un peu de vigueur pour pouvoir progresser puisqu’il s’agissait d’utiliser une corde montée sur une poulie afin de faire progresser une narration verticale, sans manette ou autre contrôleur donc. For Want of a Sunset when the Sky if Gone nous transporte ainsi dans une histoire basée sur un poème inspiré du Petit Prince dans une expérience d’une dizaine de minutes.
Un concours de jeunes talents avec 50 000 € à la clé
Mais le clou du spectacle demeurait évidemment dans la conclusion d’un concours initié il y a quelques mois, le « Prix jeunes talents 2023 » du concours all4GAMES organisé par le CNAM-Enjmin, un prix décerné par Epic Games en collaboration avec Ubisoft Bordeaux et le Pôle Image Magelis d’Angoulême, avec à la clé la somme de 50 000€ à gagner pour soutenir l’élaboration de jeunes équipes engagées. Un prix ouvert à tous et toutes, et non nécessairement aux étudiants issus de l’école de la ville.
Pour cette phase finale, seuls trois jeux étaient encore en compétition sur les 25 présentés initialement : Sea of Minds de CHEPER, Domus de Quasi Quasi et Where Do Dead Malls Go ? de Medulla Studio. Les critères d’éligibilité étaient les suivants : une équipe de 50 personnes maximum, développant un jeu au stade de prototype et imaginant un concept original respectant l’inclusivité chère à l’école.
Le salon étant l’opportunité de tester ces trois jeux ainsi que d’échanger avec leurs développeurs, nous vous consacrerons bientôt un article dédié à ces trois finalistes ainsi qu’un article dédié aux grands gagnants de cette première édition du concours, élus grâce aux votes du public par SMS.
Pour rappel, all4GAMES est une initiative du CNAM-Enjmin créée en 2014 après que l’école a élu domicile dans ses nouveaux locaux du Nil à Angoulême. L’objectif étant de créer une réelle alchimie d’incubation en promettant le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine, du Pôle Image Magelis, d’Eurekatech et de la Compagnie des Martingales, grâce à un suivi personnalisé de mentorat par des experts du milieu.
Des tables rondes de qualité et au contenu éclectique
Alors que la journée du vendredi nous a permis d’approcher ces jeux et développeurs d’un peu plus près de manière plus intimiste et d’assister à une présentation du fonds d’aide au jeu vidéo du CNC, la journée du samedi, elle ouverte au grand public cette fois, était l’occasion d’assister à pas moins de 8 tables rondes, toutes organisées dans un grand amphithéâtre, et retransmises en direct sur la chaîne YouTube de l’école. Le replay intégral de ces conférences est d’ailleurs disponible au même endroit.
Une programmation de qualité avec divers intervenants spécialistes dans des domaines précis comme des auteurs, un narrative director, des médecins, professeurs d’université, psychologues etc.. Une composition variée et équilibrée, faisant la part belle à des personnes connaissant leur sujet et pour la plupart, gamers ou anciens gamers. Ces tables ronds étaient par ailleurs animées par Héloïse Linossier, journaliste chez le magazine JV Culture Jeu Vidéo et Camille Alexandre (Quineapple), notamment connue pour animer l’émission Jour de Play sur Arte. La moitié de ces tables rondes étaient par ailleurs retransmises en langue des signes pour toujours plus d’inclusivité, une initiative que l’on salue.
Les thèmes abordés tout au long de la journée furent les suivants :
- Bande dessinée et jeu vidéo
- L’e-sport de demain
- Metavers : le futur du gaming ?
- Jeux vidéo : un avenir dégenré
- Parlons handicap et jeu vidéo
- Les enjeux de la décarbonation
- Impact psychologique des jeux vidéo
- Santé et jeu vidéo
Des échanges passionnants et passionnés, où le public avait également la parole durant des séances de questions/réponses. Tables rondes que nous avons grandement appréciées, à savourer entre deux sessions de jeux. Félicitations aux équipes, animatrices et intervenants pour l’organisation et la tenue de ces échanges.
Un festival qui ne cache pas ses ambitions
A l’heure du bilan et après deux journées au contenu et à la programmation intéressante, surtout concernant la mise en abyme de travaux indépendants, ou étudiants de surcroît, où la parole était principalement donnée aux acteurs du jeu vidéo tout en célébrant la création française et expérimentale, les organisateurs du festival ne nous ont pas caché leurs ambitions quant à la tenue de prochaines éditions dans les années à venir avec notamment davantage de publicité sur les réseaux par exemple.
En effet, même si la fréquentation a été quelque peu timide à certains moments de la journée, nous avons pu apercevoir des jeunes, des moins jeunes, des vraiment moins jeunes, mais aussi des familles ou des personnes voulant se renseigner sur les métiers du jeu vidéo, tandis qu’une présentation de ces métiers se tenait au fil de la journée dans une salle dédiée. L’occasion de rappeler que l’industrie possède de nombreuses portes d’entrées, quelque soit par ailleurs le genre ou le handicap de la personne souhaitant l’intégrer, la bienveillance et l’inclusivité étant au coeur des valeurs véhiculées pendant le festival organisé au sein même de l’école d’Angoulême.
Avec l’envie de développer divers partenariats pour les prochaines éditions (on nous a notamment soufflé le cas d’un grand fabricant d’accessoires qui pourrait participer en montrant ses périphériques alternatifs notamment), mais aussi afin de donner davantage la parole et de visibilité aux étudiants du campus, afin que leurs projets rayonnent un peu plus qu’entre les murs de l’école.
Les organisateurs et notamment la direction de l’école souhaiteraient avec la plus grande des envies renouveler la délivrance d’un Prix all4GAMES, afin de donner des coups de pouce aux développeurs de demain afin que leurs idées soient poussées à leur paroxysme, mais pour cela, il faudra mettre les bouchées doubles pour trouver d’éventuels financeurs et partenaires pour que cela prenne vie à nouveau. Des pistes également concernant les prochaines éditions, fureter et exposer davantage de productions expérimentales avec plus de contrôleurs alternatifs ou de mécaniques de gameplay innovantes comme seuls savent le faire les indépendants.
Merci aux organisateurs de l’événement, le CNAM-Enjmin et également SO.Games, mais aussi eux développeurs de nous avoir accordé du temps précieux pour échanger sur leurs productions. Des remerciements personnels à Axel Buendia, directeur de l’école du CNAM-Enjmin, mais aussi Stéphanie Bocquillon et Indira Clanet pour leur accueil et leur disponibilité tout au long de ces deux journées de festival. ActuGaming est particulièrement fier de mettre en lumière le jeu vidéo français et expérimental, en accord avec les valeurs que le site a toujours défendues, dans sa ligne éditoriale ou encore pendant ses conférences maison, l’AG French Direct, qui revient pour sa cinquième édition dès ce 17 mai à 17h.
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