Spiders (Greedfall) réagit suite à la grève de son équipe et promet des changements
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Rédigé par Julien Blary
Il y a quelques jours, un peu moins de la moitié du studio parisien s’était mise en grève en portant plusieurs revendications justifiées quant à leurs conditions de travail et rémunération. Si la direction de Spiders avait plutôt emprunté la défensive dans leur droit de réponse suite à la publication de la lettre ouverte, plusieurs arrangements ont tout de même été trouvés cette semaine.
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ToggleUn dialogue réengagé ?
Si la rentrée devait être sous le signe d’un lancement jovial pour Greedfall 2, l’ambiance n’était pas tout à fait la même en interne chez Spiders. Surtout chez une bonne partie des employées et employés, qui ont pointé du doigt de nombreuses conditions de travail jugées mauvaises ou qui pouvaient être améliorées. 43 personnes sur les 95 de l’entreprise avaient signé une lettre appelant à réengager le dialogue social avec les dirigeants.
Plusieurs choses étaient pointées du doigt, comme une inégalité salariale entre les femmes et les hommes, une rémunération jugée en-dessous du secteur et des problèmes de gestion, mettant en exergue une absence de vision claire sur l’avenir des projets. Epaulée par le STJV, cette démarche mettait aussi en évidence une non-volonté d’échange de la part de la direction, ce qui a incité les salariées et salariés à faire grève la semaine dernière. De son côté, Spiders avait fait valoir son droit de réponse en réfutant « ces accusations mensongères voire diffamatoires » et expliquait être pourtant ouvert au dialogue, ce qui n’avait pas été fait suite à des « tentatives infructueuses au cours des derniers jours pour une rencontre avec une délégation de salarié(e).s ».
Cette grève a tout de même pu faire bouger les choses puisqu’un nouveau communiqué a été publié par la direction de Spiders hier soir. Dans celui-ci, on apprend qu’il y a eu « des discussions approfondies avec une délégation volontaire de salariés » qui ont a priori permis une discussion « constructive partageant son ambition de trouver un terrain d’entente équilibré dans l’intérêt de Spiders et le bien-être et la juste reconnaissance de ses salariés ».
Plusieurs négociations abouties
Spiders remet tout de même la faute sur le STJV (Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo) qui aurait participé à cette lenteur d’action : « La direction de Spiders mène depuis plusieurs mois avec les représentants du personnel des discussions visant à aboutir à des accords structurants pour l’avenir du studio. Ce dialogue social s’est trouvé dans une situation de blocage en raison des positions radicales exprimées par le STJV. »
En premier lieu, c’est la rémunération qui a été renégociée pour être désormais à un taux plus acceptable. Le salaire plancher est relevé de 11% tandis que l’augmentation moyenne est de 3%, avec un effet rétroactif au 1er avril 2024. Le télétravail, autre point de discorde évoqué dans la lettre, semble désormais mieux considéré. Initialement souligné comme réfractaire dans la lettre, Spiders ne remettra plus en question la pratique chez les personnes concernées : « il n’est en aucun cas prévu de modifier les modes de travail des salariés de Spiders qui sont aujourd’hui en télétravail à temps plein. Pour les salariés travaillant sur site ou sur une base hybride présentiel/distanciel, la direction s’est engagée à améliorer sa proposition initiale. »
Et des sujets remis sous le tapis ?
Si Spiders a annoncé « le lancement d’un audit sur les conditions et environnement de travail, qui inclura un volet « évaluation des risques psychosociaux (RPS) » suite aux « burnout et autres risques psycho-sociaux » liées à une production toujours plus intense et un cahier des charges qui évolue sans cesse, on apprend que plusieurs revendications ont été repoussées par les dirigeants au prochain NAO (Négociations Annuelles Obligatoires) de 2025.
Les travailleurs et travailleuses en lutte veulent surtout se faire entendre et se sentir davantage considérés au sein de l’entreprise, où la communication semble rompue et le dialogue toujours en retrait. On notera d’ailleurs que les deux communiqués de Spiders (le droit de réponse puis celui envoyé hier, que nous avons reçu) n’ont pas été rédigés en interne mais via une une agence de conseil en communication stratégique, qui n’hésite pas à souligner que « la totalité des salariés de Spiders bénéficie d’un contrat à durée indéterminée et que le studio a connu en 2023 une croissance de ses effectifs, démontrant son attractivité auprès du secteur. Pour 2023, Spiders affiche un score de 94/100 sur l’index de l’égalité professionnelle femmes-hommes et la direction veille à ce que chaque salarié ou candidat reçoive un traitement égal, sans discrimination, et s’engage à continuer d’améliorer la diversité au sein du studio. »
Une agence externe et inconnue des employées et employés donc, ce qui ne ne semble pas faciliter la reprise de contact avec les dirigeants. Un contact pourtant pris par nos confrères et consœurs de chez Origami, qui sont allés sur le terrain il y a quelques jours pour rencontrer les développeurs et développeuses en grève devant les locaux de Spiders. KT Racing, pourtant sur le lancement compliqué de Test Drive Unlimited Solar Crown (également chez Nacon), avait également rejoint ce mouvement social. On vous laisse donc sur ce mini-reportage en vidéo.
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Date de sortie : 24/09/2024