Stargate : Timekeepers – Premières impression sur ce titre en deux parties
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Rédigé par Nathan Champion
Si vous faites partie de la vaste, pourtant quasi-invisible, masse de fans de Stargate, que ce soit du film et/ou des séries, et que le jeu vidéo tient une place importante dans votre quotidien, alors vous savez. Vous savez que le média ne vous a jamais bien gâté, pour commencer, avec seulement deux softs arrivés au terme de leur développement. Le premier, axé plateforme et action, sortait sur Super Nintendo et Megadrive, et n’était pas franchement mémorable. Plutôt oubliable, même. Quant au second, développé en parallèle d’un ambitieux projet de MMO qui ne verra jamais le jour, exclusivité PC entièrement tournée vers le match à mort, difficile de lui trouver la moindre qualité…
Voilà pourquoi il n’est pas compliqué de comprendre le relatif engouement né de l’annonce de Stargate : Timekeepers. Un titre pourtant loin de ce que l’on peut imaginer, en premier lieu, en pensant à une adaptation de la franchise. Nous ne sommes ni devant un jeu d’aventure, ni devant un jeu de stratégie au sens strict. Pas non plus devant un jeu de gestion à la Anno, ou devant une expérience narrative. Non, ce tout nouveau et inespéré titre dans l’univers de Stargate SG1, prenant d’ailleurs comme point d’appui les derniers instants de la septième saison, s’oriente vers un genre qu’on n’attendait pas, et qui, pourtant, colle plutôt bien à l’esprit initial : l’infiltration.
Une infiltration en vue du dessus, qui fait plus ressembler le jeu de Slitherine à un Shadow Gambit ; The Cursed Crew qu’à un Splinter Cell, le tout avec un gameplay entièrement pensé pour le combo clavier-souris. Pas particulièrement ambitieux sur le plan graphique, Stargate : Timekeepers porte malgré tout de lourds espoirs, ceux de fans désabusés, que l’on a interdit par trop longtemps d’adaptation vidéoludique, et même de produits finis décents. Reste à savoir, une fois aux commandes de nos bidasses au service du Star Gate Command, ce que vaut cette aventure proposée une petite trentaine d’euros seulement sur Steam.
Conditions de test : Nous avons passé environ 15 heures sur le titre, via un ordinateur portable absolument pas pensé pour le gaming, mais nous ayant permis de le faire tourner avec toutes les options au max sans problème. Ce test est garanti sans spoiler majeur.
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Le moins que l’on puisse dire, c’est que la franchise a immensément évolué depuis le film de Roland Emmerich en 1994. Non seulement elle a muté en séries, au pluriel, mais elle s’est aussi offert plusieurs longs métrages, romans, comics, ainsi qu’un dessin animé, des cartes à collectionner, et bien sûr des jeux vidéo. Nul n’aurait pu parier sur le succès intense qu’a connu Stargate entre sa première apparition sur grand écran et la fin d’Atlantis. Une période d’une quinzaine d’années qui fut une sorte d’âge d’or de la science-fiction à la télévision, en bonne partie grâce à la chaîne Sci-Fi qui accorda une quantité raisonnable de temps et d’argent dans des projets de suites à SG1.
Du moins jusqu’à un certain point, puisque Universe, la série la plus ambitieuse qu’ait connu Stargate, et accessoirement la toute meilleure d’un certain point de vue, sera annulée dès sa seconde saison, s’achevant sur un cliffhanger qui ne donnera jamais de suite. Triste nouvelle qui n’empêcha pourtant pas la franchise d’avoir droit, après cela, à une énième série télévisée, sous-titrée Origins, ayant été si mal reçue qu’elle plia bagages définitivement après la diffusion de son dixième épisode. Tout cela pour dire qu’il y avait du choix, parmi l’offre pléthorique de protagonistes, périodes, races, planètes et autres intrigues tarabiscotées, pour offrir un point de départ à Stargate : Timekeepers.
Pourtant, et c’est la première grosse déception qu’il nous assène (après un menu principal cheap pourvu d’une musique absolument pas raccord), le titre de Slitherine ne reprend pas le moindre personnage connu. Bien sûr, l’équipe SG1 est bien mentionnée dans la première mission, ce qui laisse à penser que l’on pourra rencontrer ces soldats de légende… mais non. Au cœur d’une bataille prenant directement place à la fin de la septième saison de la série éponyme, au moment de l’arrivée des troupes d’Anubis sur Terre, nous incarnons deux bidasses sortis de nulle part, doublés au pied levé, sauvant apparemment les vrais héros de l’histoire d’une manière un brin absurde…
Le tout est dénué de la moindre mise en scène, l’histoire étant racontée via des dialogues plats, sur fond d’effets de caméra simplistes. Dommage, parce qu’en dépit d’une technique dépassée, la cinématique d’introduction avait de solides arguments de vente : des chasseurs d’Anubis dans tous les sens, se battant contre ceux du SGC, et une action teasée comme si nous allions directement y prendre part. Pourtant, les intentions du studio étaient claires dès le départ, puisque Stargate : Timekeepers est un jeu d’infiltration. Un détail qu’il était pourtant difficile de ne pas remarquer, puisque les trailers de gameplay étaient assez éloquents à ce sujet.
Alors tout ça pour dire quoi, finalement ? Pour commencer, que le titre ne manque pas de décevoir, au premier contact. Pas de protagoniste connu, une histoire prenant place en parallèle des événements de la série, mais n’apportant pas de lore supplémentaire, au-delà d’un fil rouge ténu. Pas la moindre musique de la franchise, alors que le trailer d’annonce, paru en 2021, reprenait le thème d’intro de Stargate SG1. Une technique profondément datée, au service d’une direction artistique qu’il est difficile de raccrocher à la série, tant elle est générique. Et pour finir, un genre pas particulièrement populaire. Reste-t-il quelque chose à sauver ?
Saison 1, partie 1
Malgré les premières déceptions, il faut reconnaître que Stargate : Timekeepers respecte son matériau d’origine, au-delà de son aspect visuel et sonore assez impersonnel. Il reprend des concepts connus de la franchise, avec en tête d’affiche le pseudo rôle de sauveur auto-attribué du Star Gate Command, qui vient en aide à différentes races à travers la galaxie et déjoue les plans des vilains Goa’uld. L’ambiance est légère, les personnages auraient gagné à avoir plus de charisme, et le fait que le titre manque d’une véritable mise en scène ne les aide pas à se démarquer. Mais on suit malgré tout avec un certain plaisir ces aventures jusqu’à leur achèvement.
Un achèvement qui n’en est pas vraiment un, puisque le titre est prévu pour une sortie en deux parties. Chose que nous n’avions pas vraiment remarquée sur la page Steam, puisque pas particulièrement indiquée clairement. Nous l’avons donc appris à la dure, en venant à bout d’une campagne d’une petite dizaine d’heures de jeu, que nous avons parcourue en prenant notre temps. Jusqu’à une séquence de fin qui ne manque pas de suspens, il est vrai, et parvient, malgré une idée générale un brin bateau, déjà vue et revue, à attiser la curiosité. Difficile de savoir où va aller le titre maintenant, ce qu’il va essayer de nous raconter. À ce niveau, c’est une vraie réussite.
Néanmoins, il est bon de noter que cette réussite ne touchera pas tous les joueurs de la même manière. Seuls les plus gros fans de la franchise sont finalement concernés, à condition évidemment qu’ils soient par ailleurs dotés d’une certaine indulgence, qui leur servira à passer au-dessus des lourdeurs du titre, et de son scénario étrangement découpé, raconté d’une manière peu digeste. Il y avait assurément mieux à faire avec cet univers, mais le résultat, bien que profondément perfectible, a des qualités. Espérons maintenant que la seconde moitié du jeu, arrivant à une date encore indéterminée, saura aller plus loin, en proposant un récit peut-être plus construit.
Dans l’ombre de l’action
Mais il ne vous aura pas échappé que nous n’avons toujours pas abordé le sujet du gameplay. Stargate : Timekeepers est un jeu d’infiltration en vue du dessus, comme dit précédemment, ce qui implique plusieurs choses. D’abord, un rythme assez lent, calqué sur les routines d’ennemis nombreux, disséminés sur des cartes de plus en plus grandes et complexes à mesure que l’on progresse dans l’aventure. Ensuite, des actions finement commanditées, coordonnées, entre les personnages que l’on contrôle, et qui seront toujours au nombre de deux au cours de l’aventure. Ce qui permet à Timekeepers de demeurer assez abordable dans son genre.
Et c’est une excellente chose, d’autant qu’il n’est pas particulièrement accueillant avec les néophytes. Ses contrôles ne sont pas évidents à prendre en main, entièrement pensés pour le clavier-souris (aucune manette ne pourra être branchée pour les réfractaires à cette façon de jouer), et certains détails peuvent rebuter. Par exemple, la première chose qui nous a frappés, c’est le fait que la caméra soit exclusivement modulable en se servant des touches du clavier. Impossible de paramétrer le jeu pour que l’angle de vue suive les mouvements de notre souris, comme dans une très large majorité des titres du genre.
Ce qui va évidemment de pair avec une lourdeur de tous les instants, du moins jusqu’à ce que l’on soit parvenu à prendre bien en main ce mode de contrôle qui n’est absolument pas intuitif. Heureusement, si le reste n’est pas idéal dans sa manière d’être présenté, il demeure bien plus facile d’accès. Par ailleurs, le jeu propose de régulières séquences de tutoriel, qui sont plutôt bien implémentées dans les premiers niveaux. De quoi permettre à tout le monde de se familiariser, à son rythme, avec des mécaniques somme toute assez simples à appréhender, puisque trouvables dans la plupart des jeux du genre.
Ainsi, il vous sera possible de jeter une douille près de vos ennemis pour les pousser à regarder dans une autre direction, les étourdir collectivement avec une grenade incapacitante, ou encore d’affaiblir les plus puissants à l’aide de technologies nullement expliquées. Le tout s’accompagne de nombreux buissons, murets, tonneaux et autres débris vous permettant de vous dissimuler à la vue des très nombreux Goa’uld que le jeu a soigneusement dispersés sur votre route. Mais aussi d’interactions avec le décor, certes un peu trop rares, permettant de mettre fin rapidement à une confrontation qui, sans cela, n’aurait probablement pas tourné à votre avantage.
Dommage que cela s’accompagne de quelques petits problèmes, comme des bugs visuels qui nous font un peu sortir de l’expérience. Ou encore un véritable défaut de précision au pointeur de la souris, dès lors que plusieurs objets se superposent, ou qu’un ennemi est trop proche de l’un de vos personnages. Par ailleurs, on ne comprend toujours pas comment un simple regard dans une paire de jumelles permet de rendre certains ennemis, plus costauds que les autres, sensibles aux attaques physiques et grenades incapacitantes… mais peut-être qu’il nous faut simplement regarder une nouvelle fois les dix saisons de Stargate SG1 pour trouver cette réponse.
En conclusion
Pas évident de porter un constat réfléchi sur Stargate : Timekeepers. D’un côté, il est évident que le jeu manque de charme sur le plan visuel et sonore, qu’il fait des choix discutables en termes de scénario et de protagonistes, ou qu’il manque encore un peu de polish dans toutes les strates le composant. De l’autre, difficile de bouder son plaisir devant cette adaptation issue d’un studio méritant, qui semble sincèrement donner tout ce qu’il a pour rendre cette expérience intéressante et fidèle au matériau d’origine.
On se retrouve avec un produit qui n’est pas totalement fini, et pas seulement parce que sa seconde partie n’arrivera que plus tard en 2024, mais proposant malgré tout une aventure agréable à suivre, et des mécaniques efficaces. Difficile de conseiller Stargate : Timekeepers à quiconque n’est pas profondément fan de la franchise, tout spécialement de SG1. Mais si vous rentrez dans cette catégorie, alors vous avez des chances de trouver quelque intérêt à cette aventure, qui a le mérite d’essayer d’offrir, avec beaucoup de retard, une expérience vidéoludique digne de ce nom aux amoureux de cette licence délaissée par le média.
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Date de sortie : 23/01/2024