State of Decay 3 : Le jeu bloqué en pré-production, Undead Labs sous le feu d’accusations de sexisme et de harcèlement
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Rédigé par Jordan
Malheureusement, les affaires de mauvais management, de harcèlement et de discrimination ne manquent pas dans le monde du jeu vidéo. Après Activision, c’est au tour de Microsoft d’être au cœur des polémiques, avec l’un de ses Microsoft Studios, Undead Labs, qui planche actuellement sur State of Decay 3, annoncé depuis pas mal de temps maintenant. Et si l’on a aucune nouvelle du jeu, c’est parce que la situation serait très compliquée au sein du studio, comme le révèle une nouvelle enquête de Kotaku.
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ToggleUn troisième épisode qui peine à trouver sa voie
Selon cet article, qui a recueilli les témoignages d’anciens et d’actuels employés du studio, tout aurait commencé à mal tourner dès l’intégration d’Undead Labs au sein des studios Microsoft, car les effectifs ont doublé de taille, et les objectifs n’étaient plus les mêmes. Et si la crainte initiale des employés était de voir Microsoft agir au sein des affaires du studio, c’est en fait la trop grande autonomie accordée par le constructeur qui a laissé le problème se propager.
Le souci, il venait bien de l’intérieur. Et il concernait surtout l’équipe de managers, avec des tendances au racisme, au sexisme, et au harcèlement, comme le déclare un témoignage :
« La culture d’entreprise que le studio avait jusqu’à récemment n’était pas la plus hospitalière pour quiconque n’était pas un homme cishet blanc. Cela s’est amélioré au cours des six derniers mois environ. Mais le studio a embauché beaucoup de talents divers qu’il n’a pas suffisamment soutenus dans le passé. »
Tout cela aurait donc débuté après le rachat du studio, lorsqu’une partie des équipes l’a appris en même temps que le reste du monde, alors que le fondateur d’Undead Labs, Jeff Strain, qui était fortement apprécié par ses employés, avait longtemps été contre le fait de se faire racheter (bien qu’il affirme le contraire). Cette vente aurait été motivé par le besoin de budget pour créer State of Decay 3, un épisode bien plus ambitieux que les deux premiers. Strain aurait alors quitté le studio en 2019, remplacé ensuite par un ancien d’ArenaNet, Philip Holt.
Et il fallait aussi recruter, car étant donné la nature de jeu service de State of Decay 2, le travail sur ce dernier a continué des années après sa sortie, divisant le studio en deux. Cependant, au début du projet, personne au studio n’avait une définition claire de ce que devait être State of Decay 3, et c’était là le point de départ de nombreux soucis en interne.
Plusieurs équipes ont été formées afin de fournir des prototypes, mais le lien entre elles n’existait presque pas, avec même des frictions entre les équipes. Tous les deux mois, les employés étaient redispatchés au sein des équipes. De quoi causer beaucoup de confusion. D’un côté, on parlait de parkour, de l’autre d’apparition d’animaux selon la météo dynamique, sans arriver à déterminer réellement ce que serait le coeur du gameplay. Les tests effectués en interne pour corriger les bugs étaient sabordés par la direction, qui souhaitait voir des progrès rapidement sur l’avancement du projet, même de manière artificielle.
Le sexisme, un problème présent jusque dans la direction
L’origine de certaines mésententes au sein des équipes venait en réalité de plusieurs comportements et paroles discriminatoires envers les femmes, les personnes non-binaires et d’autres employés marginalisés.
Un témoignage raconte alors que la direction faisait tout pour bien apparaitre aux yeux de Microsoft, tandis qu’en coulisses, les femmes « étaient constamment ignorées, rejetées, interrompues, coupées dans leur parole, et blâmées. »
Et cela concernait même les femmes de haut rang, où leurs opinions n’étaient jamais entendues, leurs connaissances sur le jeu vidéo toujours minimisées, et toujours mises en porte-à-faux lors des soucis.
L’un des témoignages se rappelle alors d’un échange où un homme aurait demandé à une femme de prendre des notes lors de la réunion, ignorant son niveau d’expertise, tout en osant déclarer « Tu n’es pas aussi jolie que d’habitude aujourd’hui » ou encore « Je suis surpris qu’une fille comme toi soit à ce poste ».
Philip Holt est également pointé du doigt, accusé de « népotisme », faisant passer son bien avant celui de l’équipe, et cherchant à employer de nombreux amis qu’il avait dans l’industrie pour asseoir son pouvoir, ce que Microsoft dément, rappelant que le processus de recrutement était très contrôlé.
Toujours est-il que Holt est accusé par certains employés d’avoir poussé vers la sortie deux femmes travaillant à un haut grade, en ne leur donnant pas le soutien et le support nécessaires, tout en employant des hommes à leur place.
Anne Schlosser avait été recruté avant le départ de Strain pour s’assurer des bonnes relations dans les équipes, mais cette dernière n’aurait en fait que très peu soutenu les plaignants, en se rangeant presque systématiquement avec les accusés. Et même lorsque que quelqu’un a publiquement pointé du doigt Holt, ce dernier et Schlosser auraient promis une enquête, qui n’est évidemment jamais arrivée.
L’un des employés encore présents au studio déclare alors :
« On est arrivé au point où presque chaque semaine, quelqu’un sanglotait lors d’un appel vidéo avec moi, parce que j’étais le seul à les écouter. »
Un futur plus serein ?
C’est en août 2021 que les choses auraient commencé à bouger, suite à une série de meetings permettant aux employés de comprendre qu’ils n’étaient pas seuls à avoir ces opinions envers la direction. Comme l’indique Kotaku, ce qui se serait passé ensuite ne serait pas clair, mais il est possible que Microsoft et Xbox aient eu vent des affaires, jusqu’à ce que des entretiens soient organisés. Suite à cela, Schlosser quittait le studio en septembre.
Au lieu de promettre un nouveau départ, Holt aurait alors loué les qualités de Schlosser à la surprise de tous, déclarant qu’elle « laissait Undead Labs dans un meilleur état que lorsqu’elle était arrivé ». Le studio a ensuite assisté à des départs à la chaîne, malgré des mesures prises.
Matt Booty, directeur des Xbox Games Studio a néanmoins répondu à Kotaku en déclarant que de grands changements ont eu lieu au sein des dirigeants d’Undead Labs en 2021, avec un recrutement plus diversifié avec 42 employées ou personnes non-binaires en plus, et 29% de personnes recrutés qui sont issues de minorités raciales.
Il faut souligner que les témoignages ne sont pas tous négatifs, et bien que le studio doive faire des efforts, il restait un endroit agréable pour travailler, pour certains, et surtout depuis peu (un sondage effectué en mars en interne louait le fait de travailler au sein du studio). Mais d’autres mentionnent bien que cette période post-acquisition était une période de crise, avec des dirigeants « qui n’auraient pas retenu les bonnes leçons ».
Après tout, si le jeu a été annoncé trop tôt, ça serait la faute de Holt selon les témoignages recueillis, qui voulait présenter le jeu en même temps que les autres studios Xbox. A l’été 2021, Holt aurait alors voulu montrer du gameplay en interne pour la fin de l’année, ce qui a mis beaucoup de pressions aux équipes, tout ça dans le but de montrer qu’il était un vrai leader devant Xbox :
« Il utilisait cela comme un levier pour faire avancer sa propre carrière et son image, au détriment des développeurs ».
Si une démo a bien eu lieu en septembre, plus courte que prévu, l’équipe aura eu droit à beaucoup de pression, alors que le jeu est toujours en préproduction. Et si l’esprit commence à changer au sein du studio, il faudra encore ne pas répéter les erreurs du passé, d’autant plus que Holt, et même Microsoft, n’ont pas droit à une confiance absolue de la part de l’équipe.
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Date de sortie : N/C