Le studio Umeshu Lovers (Danghost) attaqué en justice et accusé de harcèlements moral et sexuel
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Rédigé par Jordan
La scène indépendante française avait accueilli la sortie de Danghost il y a de cela quelques semaines, mais en coulisses, l’esprit était loin de fêter ce lancement. Le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo nous apprend aujourd’hui qu’il est en relation depuis plusieurs mois avec des personnes ayant travaillé pour le studio toulousain dans le cadre de harcèlements moral et sexuel signalés au sein de cette équipe.
Plusieurs plaintes déjà déposées
Comme on le découvre sur le site du syndicat français, le STJV déclare que trois plaintes ont été déposées auprès du Procureur de la République, qui visent à la fois le studio et l’un de ses directeurs :
« À ce jour, trois plaintes ont été déposées entre les mains du Procureur de la République, à l’encontre de l’entreprise et de l’un de ses dirigeants, notamment des chefs de harcèlements moral et sexuel. Le conseil de prud’hommes a également été saisi de deux affaires relatives à l’exécution et à la rupture de contrats de travail, portant, entre autres, sur les mêmes griefs que les plaintes pénales. Le STJV va intervenir volontairement dans ces procédures pour défendre l’intérêt collectif de la profession. »
On ignore encore les détails de cette affaire et les personnes touchées par cette dernière. La procédure est maintenant entre les mains de la justice, tandis que le syndicat dit vouloir apporter tout son soutien aux victimes durant tout ce processus, en espérant que ces dernières obtiennent gain de cause.
Mise à jour du 13 février 2024 : Afin d’en savoir plus sur cette affaire, nous nous sommes rapprochés du dossier. Nos recherches ont bien confirmé qu’une procédure était en cours. Les demandes devant le Conseil de prud’hommes de Toulouse portent, en premier lieu, sur la condamnation de la société à des dommages et intérêts au titre d’un harcèlement sexuel et d’un harcèlement moral subi, mais également au titre du non-respect de l’obligation de sécurité de l’employeur. Dans un second temps, il serait aussi question d’une revalorisation salariale suite à un rappel sur le minimum conventionnel.
Nous avons contacté le STJV, qui nous a confirmé qu’une action était bien en cours et qu’ils accompagnaient et soutenaient plusieurs anciennes personnes salariées au sein de l’entreprise. Nous sommes également entrés en contact avec l’avocate de la partie plaignante, qui nous a affirmé qu’une procédure était en cours contre le studio Umeshu Lovers, pour une demande de revalorisation mais également pour des accusations de harcèlements moral et sexuel. Actuellement, le pénal n’est pas engagé et la procédure suit son cours. Selon nos recherches, l’affaire passera au cours des Prud’hommes de Toulouse cet été.
De son côté, le studio Umeshu Lovers a voulu faire valoir son droit de réponse. Voici son communiqué officiel qui nous a été parvenu :
Umeshu Lovers dément toute accusation de harcèlement d’ordre moral ou sexuel. Le studio a été fondé il y a 6 ans de cela, par deux vétérans qui étaient fatigués de l’industrie du jeu vidéo, et qui voulaient travailler selon leurs règles et en accord avec leurs principes. Le studio entend offrir un cadre de travail sain et respectueux de chacun, indifféremment du genre, des origines ou d’une quelconque appartenance religieuse. C’est précisément parce que le studio réussit à concrétiser cette vision qu’il a su s’attirer, au fil des ans, des hommes et des femmes plein·e·s de talent ; et ainsi devenir l’un des studios indépendants les plus en vue de Toulouse. Loin des clichés de la « start-up nation », Umeshu Lovers a vu naître de nombreuses amitiés, réelles et fortes, qui ont souvent conduits les membres du studio à se fréquenter en dehors du travail, à l’occasion de repas, de week-ends ou même de semaines de vacances organisées conjointement.
C’est précisément ce pourquoi les procédures prud’homales qui ont été entreprises contre Umeshu Lovers nous sont si douloureuses, et qu’il nous est si pénible de devoir nous défendre. En cela, nous sommes heureux de pouvoir compter sur le soutien d’ancien·ne·s employé·e·s, ainsi que celui des équipes actuelles, après que toutes et tous aient découvert avec effarement ce qui était reproché à Umeshu Lovers et à l’un de ses fondateurs.
Si le travail effectué par le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo est nécessaire, en particulier à l’heure où notre industrie connaît des vagues de licenciement qui touchent d’abord celles et ceux qui font le jeu vidéo, nous ne pouvons que regretter le fait que le STJV ait pu être manipulé de la sorte, dans ce qui nous paraît être une querelle de clocher, au sein du petit milieu « indé » toulousain. A cet égard, il est d’ailleurs malheureux que le Syndicat ne nous ait jamais contacté ; de même que nous regrettons que des personnes qui ont partagé tant de précieux moments en notre compagnie aient pu se retourner contre nous, pour des motifs obscurs. C’est probablement ce qu’il y a de plus dur, et de plus blessant.
Umeshu Lovers apporte tout son soutien aux personnes victimes de harcèlement, dans notre industrie et au-delà, mais nous entendons également protéger celles et ceux, au sein de nos équipes, qui pâtissent aujourd’hui de ces accusations diffamatoires.
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Date de sortie : 27/09/2023