Suicide Squad Kill the Justice League : Changements de direction, retards constants… Une enquête lève le voile sur les coulisses de ce flop
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Rédigé par Jordan
On peut dire que l’on attendait de pied ferme, ce post-mortem. D’accord, Suicide Squad Kill the Justice League n’est pas encore tout à fait mort (même si certains diront qu’il l’est depuis sa sortie), mais pas besoin d’attendre la fermeture des serveurs pourquoi un studio aussi renommé que Rocksteady a pu se planter à ce point. Comme d’habitude, c’est Jason Schreier qui s’est chargé d’enquêter sur cette histoire en interrogeant plus d’une vingtaine d’employés, afin de tout nous dire sur les raisons qui ont fait de Suicide Squad Kill the Justice League l’un des gros échecs de la division jeu vidéo Warner Bros.
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ToggleL’idée d’un jeu multi chez Rocksteady était déjà là
On pense souvent que c’est Warner Bros, séduit par l’attractivité du modèle jeu service, qui est forcé Rocksteady a changé son ADN, mais les choses sont un peu plus nuancées que cela.
Dans l’enquête publiée par le journaliste sur Bloomberg, on nous rappelle d’abord qu’avant que le projet soit confié à Rocksteady, l’idée d’un jeu Suicide Squad était déjà présente chez l’éditeur. Mais en 2016, le succès (incompréhensible) du film Suicide Squad avec Margot Robbie, Jared Leto et Will Smith a tout changé. Pour surfer sur la marque, l’éditeur voulait s’assurer qu’un studio de talent s’occupe du projet, et c’est Rocksteady qui a été choisi.
Le studio était cependant en train de travailler sur un autre projet, répondant au nom de code « Stones ». Il s’agissait là d’un titre décrit comme un jeu de puzzles en multijoueur, soit très éloigné des Batman Arkham. Le projet avait été lancé sous l’impulsion de Jamie Walker et Sefton Hill, co-fondateurs de Rocksteady, mais il a été abandonné très vite au profit du jeu Suicide Squad. Sefton Hill aurait d’abord vu cela d’un bon œil, puisqu’il s’agissait d’un pari moins risqué et qui, au départ, collait plus à l’identité du studio. Avec cette idée en tête, le jeu devait sortir au plus tard en 2020.
C’était sans compter un manque de vision évident. Car la mode du jeu service est venue bousculer les plans. Certes, c’est d’abord Warner Bros qui est venu parler de son envie d’investir dans ce domaine, via plusieurs présentations qui avaient pour but de convaincre les studios que ce business était fleurissant. Mais ce sont bien les co-fondateurs qui ont pris la décision de transformer Suicide Squad en un jeu service, notamment pour suivre l’enthousiasme à ce sujet des représentants de Warner Bros (qui ne sont décidément pas connu pour avoir le nez creux).
Des dirigeants qui ne savaient pas où ils allaient
Le premier problème qui s’est posé à Walker et Hill était le manque de compétences de leur équipe dans ce domaine. Il a donc fallu recruter, et massivement. Le studio est ainsi passé de 160 à 250 personnes, avec une phase de recrutement qui ne s’est pas toujours bien passée. Le studio voulant garder complétement secret le projet, les nouveaux venus ne savaient pas qu’ils avaient été embauchés pour travailler sur un jeu multijoueur, ce qui a valu au studio plusieurs départs immédiats.
Les années sont passées mais les progrès ne sont pas allés aussi rapidement que prévu à cause du manque de vision des exécutifs du studio. L’enquête pointe du doigt le fait que le jeu est passé d’un système de combat de mêlée à un shooter sans que l’équipe ne comprenne vraiment pourquoi, en citant par exemple le fait que de voir Captain Boomerang se battre avec autre chose que ses boomerangs était absurde.
Il était aussi question d’un système de véhicules à un moment donné, ce qui a demandé plusieurs mois de réflexion, malgré l’incompréhension de l’équipe qui venait de développer des systèmes des traversées uniques pour chaque personnage (rendant donc les véhicules obsolètes). Les combats de boss ont aussi généré de nombreux débats étant donné que le studio est plus habitué à les construire de sorte à ce qu’ils ne puissent être vécus qu’une seule fois, contrairement à un jeu service qui demande de les répéter en boucle.
Les dirigeants du studio ne semblaient plus vraiment savoir quoi faire du jeu et aurait ainsi mis énormément de temps à valider certains travaux des équipes, ce qui a occasionné des retards en plus de frustrer les employés. Schreier mentionne le fait que le climat au sein de Rocksteady pouvait être décrit comme de la « positivité toxique », où malgré les retards et les incompréhensions, il n’était pas question de formuler des critiques ou des remises en question. Pour les dirigeants, le puzzle allait bel et bien finir par se mettre en place.
Jusqu’à ce que Walker et Hill décident de s’en aller à la fin de l’année 2022 pour créer leur propre studio. Une décision qui a choqué les équipes, alors que le jeu se dirigeait vers sa sortie. Comme si le duo avait enfin senti le vent tourner, et qu’il était prêt à quitter le navire en feu.
Rocksteady est-il en danger ?
Puisque Suicide Squad Kill the Justice League est aujourd’hui considéré comme un échec majeur faisant partie d’une perte globale à hauteur de 200 millions de dollars pour Warner Bros, difficile de ne pas estimer que Rocksteady pourrait être victime d’une grande vague de licenciements. Après tout, on a vu des éditeurs licencier pour moins que cela.
Pour autant, l’article de Bloomberg se veut rassurant. Il est dit que Warner Bros ne compte certainement pas freiner ses envies de développer ses licences en jeu vidéo, et qu’il n’était pas question d’effectuer des coupes dans la mesure où Warner Bros Games ne dispose pas assez de monde aujourd’hui.
Il est même précisé que les nouveaux leaders du studio, Nathan Burlow et Darius Sadeghian, seraient en train de pitcher un nouveau jeu solo qui reviendrait aux racines de Rocksteady. C’est tout le mal que l’on peut souhaiter à cette équipe, en espérant que le chapitre Suicide Squad Kill the Justice League soit vite terminé.
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Date de sortie : 02/02/2024