Avec des titres tels que Muramasa, Odin Sphere et Dragon’s Crown (entre autres), Vanillaware s’est forgé une réputation plus que positive auprès des connaisseurs. Malheureusement cantonnées aujourd’hui encore à un public de niche, leurs productions sont souvent atypiques mais d’excellente facture. Avec 13 Sentinels : Aegis Rim, le studio compte bien continuer sur sa lancée en proposant une aventure sans pareille qui ne parlera pas à tout le monde.
Conditions de test : Test réalisé sur PlayStation 4 standard sur une partie de 31 heures de jeu. Les batailles ont toutes été complétées en difficulté intense. Les captures d’écran proposées ne concernent que les prologues pour éviter de spoiler tout élément de scénario. Certains éléments de ce test sont basés sur notre aperçu publié à la fin du mois d’août.
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Toggle13 Sentinels ou les 13 histoires
L’un des partis pris de la narration du jeu est celui de vous faire vivre l’histoire à travers les yeux de plusieurs protagonistes. Si le prologue ne vous permet pas d’incarner les 13 membres du casting complet, il vous forcera tout de même à jouer plusieurs d’entre eux tour à tour, vous offrant de nouveaux éléments scénaristiques à la fois sur l’intrigue générale mais également sur les différents personnages, apportant un œil nouveau sur leur personnalité et leur background.
Ce prologue, assez linéaire (forcément puisqu’il est là pour poser les bases du titre), va vous dévoiler beaucoup d’éléments scénaristiques dans un laps de temps assez court, ce qui risquera fortement de vous apporter confusion et interrogations, et c’est bien là le but.
L’histoire de 13 Sentinels se veut, dès les premiers instants, très énigmatique voire même cryptique, avec des éléments semblant en contredire d’autres (volontairement) et apportant plus de questions que de réponses. Si cela peut sembler rébarbatif dit comme ça, force est de constater que le tout fonctionne en réalité très bien.
La mise en scène, la qualité des dialogues et l’ambiance sonore nous immergent assez rapidement dans l’univers et on s’y retrouve happé en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Répartie sur plusieurs époques, l’intrigue semble centrée sur les voyages dans le temps avec pour but d’interrompre une invasion extraterrestre en combattant à bord d’immenses machines nommées Sentinelles. Si le pitch de départ fera sourire les amateurs de séries B, sachez que le scénario ne cessera de se réinventer au fil de la progression, dévoilant des éléments scénaristiques qui feront basculer du tout au tout votre vision de l’histoire et des personnages. Dans 13 Sentinels, les apparences sont souvent trompeuses.
Depuis le début nous restons très vague sur cette fameuse intrigue, mais comprenez-nous, cette dernière représente sans nul doute la plus grande force du titre et il est très difficile de lui rendre honneur sans en révéler des morceaux importants.
Les relations entre les personnages occupent également une place prépondérante dans ce récit. Tous sont plus ou moins liés d’une façon ou d’une autre et leurs interactions peuvent aller de la simple amitié à l’amour pur et sincère. Traitées avec beaucoup de justesse, ces relations représentent elles aussi l’une des nombreuses qualités scénaristiques du soft.
Nous évoquions tout à l’heure une certaine linéarité dans le prologue. Sachez qu’elle n’est qu’éphémère car une fois l’histoire réellement lancée, vous allez pouvoir alterner à votre guise entre les différents personnages. Le jeu va même plus loin puisqu’il vous laisse l’opportunité de vous focaliser uniquement sur les phases de batailles (sur lesquelles nous reviendront) ou, au contraire, seulement sur celles de scénario (même s’il sera forcément nécessaire de passer par les deux pour compléter le jeu).
Bien que certains pré-requis puissent pointer le bout de leur nez de temps à autre afin d’éviter à l’intrigue de se spoiler elle-même (certaines scènes impliquant plusieurs personnages ne sont accessibles qu’en ayant suffisamment progressé avec chacun des personnages concernés, par exemple), la liberté offerte ici est un vrai plus qui permet de profiter du contenu à son rythme et dans l’ordre qu’on souhaite.
Sachez aussi que la progression en elle-même se veut assez particulière. Concrètement, contrôler un personnage vous fera progresser dans son histoire propre. Jusque-là, rien de bien original. La subtilité, c’est que vous allez souvent être amené à prendre des décisions. Vous rendre à tel endroit plutôt qu’un autre, espionner une conversation avant de sortir de la classe, rester assez longtemps dans un lieu pour y rencontrer un personnage en plus, etc. tout cela a un impact sur les scènes que vous allez vivre. Si, à terme, vous devrez toutes les visionner (ce qui se fait très naturellement), cela ajoute encore un petit plus à la liberté offerte au joueur puisqu’on vous donne un semblant de maîtrise sur les événements vécus.
Enfin, il est bon de rappeler que le jeu est livré avec des sous-titres français (directement basés sur la version originale) dès le lancement ainsi que des doublages en japonais et en anglais.
Un gameplay jouissif mal enrobé
Le titre vous propose deux gameplay distincts selon que vous vous trouviez dans la partie histoire ou batailles. Dans la première, vous vous déplacez dans des environnements en 2D en scrolling horizontal (avec possibilité de se déplacer entre l’avant et l’arrière-plan) et vous êtes limités à des actions basiques telles que discuter avec un personnage ou interagir avec un objet.
A cela s’ajoute un système de mots-clés qui consiste en la récupération de… mots-clés accessibles à tout moment en appuyant sur une touche afin d’entendre les pensées du personnage à leur propos. Les informations se mettant à jour au fur et à mesure de la progression, il sera nécessaire de consulter ces pensées régulièrement pour bien intégrer tous les tenants et aboutissants de chaque discussions.
Ce système permet aussi de petits « puzzles », dans le sens où, une fois un mot-clé récupéré, vous pouvez l’utiliser sur un personnage ou un objet spécifique pour les relier et ainsi déclencher une discussion ou interaction spéciale. C’est en général ces liens qui feront progresser l’histoire, mais ne vous attendez pas à quelque chose de bien compliqué puisque le jeu vous indique lui-même avec qui ou quoi lier quel mot, le défi étant finalement de choisir vers quelle embranchement scénaristique on désire se diriger. Ces phases sont finalement très point and click dans l’âme et réussissent parfaitement leur objectif : nous raconter une histoire tout en nous laissant en être acteur.
A côté de cela, 13 Sentinels propose des batailles stratégiques en semi-temps réel. On trouve un peu de scénarisation aussi dans ces phases, mais cela ne passe que par quelques dialogues entre les personnages afin de laisser la place à l’action. Dans les faits, des vagues plus ou moins nombreuses et puissantes vont arriver à tour de rôle. Vous allez alors devoir répliquer en sélectionnant méticuleusement vos actions (vous déplacer, utiliser telle compétence, réparer votre Sentinelle, etc.). Chaque fois que vous devez choisir comment agir, le temps s’arrête, mais une fois la commande entrée, la scène reprend son cours et il faudra rester attentif pour bien gérer ses unités.
La première chose qui frappe quand on lance notre premier affrontement, c’est l’aspect graphique. En effet, on passe ici sur une carte en 3D avec un rendu « holographique » très simpliste et austère. Déstabilisant durant les première minutes, on finit par s’y habituer et les différents retours visuels des attaques finissent par procurer de bonnes sensations manette en mains.
A notre grande surprise, si les bandes-annonces pouvaient laisser présager le contraire, le tout est en fait très lisible. Il faut néanmoins souligner que tous les champs de bataille se ressemblent et on ne peut que trouver cela dommage quand on voit la direction artistique léchée du mode histoire.
Qu’à cela ne tienne, comme nous l’avons dit, les sensations manette en main sont bonnes. Exploser des hordes d’ennemis après avoir envoyé une nuée de 50 missiles au milieu de la carte est réellement jouissif mais, là aussi, une lassitude viendra vite s’installer, la faute à des objectifs et un bestiaire qui se renouvelle assez peu, ce qui fait que beaucoup de joutes se ressemblent énormément. A cela il faut ajouter une difficulté peu élevée la plupart du temps, même en difficulté maximale, ce qui réduit encore l’intérêt de ces phases.
On comprend alors mieux le choix de Vanillaware de laisser le joueur choisir quand passer des phases d’histoire aux phases de combat puisqu’en ne les imposant pas à des moments précis, les chances de frustrer sont moindres. Nous vous conseillons donc fortement d’alterner aussi souvent que possible entre ces deux aspects du jeu afin de ne pas trop ressentir ce côté répétitif.
Un aspect RPG solide
Le titre vous propose également de gérer votre équipe de pilotes de Sentinelles. Les 13 personnages de l’histoire sont tous utilisables durant les batailles, mais il faudra choisir lesquels seront au front et lesquels seront en défense. En effet, chaque bataille vous demande de protéger un terminal, il faut donc monter son équipe en prenant en compte la menace à laquelle vous allez devoir faire face.
Chaque pilote possède sa propre Sentinelle, sentinelles qui sont réparties en 4 générations correspondant à des archétypes (corps-à-corps, distance, soutien, polyvalent). Chaque archétype possède ses propres capacités et statistiques (voire type de déplacements) et il est nécessaire de bien choisir ses unités pour s’en sortir.
Outre ces capacités propres aux Sentinelles, chaque pilote peut apprendre 5 compétences passives qui sont liées à son vécu ou à sa personnalité. Pour les apprendre, il suffira de monter de niveau, ce qui ne pose pas de souci puisqu’il est possible de rejouer chaque mission à l’infini afin d’en accomplir les objectifs bonus par exemple. En plus de ça, vos Sentinelles peuvent aussi être améliorées en dépensant des ressources. Cela permet de booster toutes les statistiques, la distance ou la vitesse de déplacement par exemple.
L’aspect RPG est donc vraiment très complet et, bien que la plupart du temps le challenge ne nous pousse pas à en tirer profit, de rares missions nous forceront à booster nos pilotes et nos robots autant que possible car la stratégie seule ne fonctionnera pas forcément.
Vanillaware au sommet de son art
Venons-en maintenant au dernier point de ce test : la direction artistique. Vanillaware a ici atteint une maturité hallucinante. Chaque environnement a visiblement bénéficié d’un soin tout particulier tant les dessins sont magnifiques (avec, comme d’habitude dans les productions Vanillaware, un souci du détail au niveau de la nourriture). Les personnages et leurs animations ne sont pas en reste et les effets de lumières sont simplement somptueux. Une image parle mieux que mille mots, nous vous laissons donc le soin de regarder la galerie de captures d’écran ci-dessous (malheureusement limitée pour éviter tout spoiler).
La musique marque également avec une bande-son d’excellente facture contenant plus de 80 pistes. Si les compositions se montrent moins percutantes en combat, le constat est globalement extrêmement positif. Même constat du côté des bruitages et autres effets sonores, souvent percutants, transcendant ainsi les scènes les plus importantes de cette œuvre.
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