D’abord attendu pour le dernier trimestre 2022, c’est finalement en cette fin mars qu’est apparu 9 Years of Shadow, Metroidvania édité par Freedom Games et développé par les équipes mexicaines de Halberd Studios. Un projet aux influences old school assumées, Castlevania post Symphony of The Night et Metroid pour les plus évidents, mais disposant également d’un chara design, pour l’héroïne, qui fait furieusement penser au manga Saint Seiya de Masami Kurumada. Précisément vis-à-vis des armures qui seront ici au centre du gameplay.
Financé sur Kickstarter après avoir obtenu pas loin de 2 millions de dollars mexicains, 9 Years of Shadow s’affuble d’un pixel-art en 2D et d’une OST sur laquelle apparaissent les compositeurs Michiru Yamane (Castlevania), Manami Matsumae (Mega Man) ainsi que Norihiko Hibino (Metal Gear Solid). De quoi marquer le coup, d’autant que le titre compte bien piocher des idées de game design à droite à gauche, jusque dans des œuvres insoupçonnées. Une version sur Nintendo Switch est d’ores et déjà prévue pour le dernier trimestre 2023.
Condition de test : Nous avons joué à la version PC via Steam. Le jeu ne demande pas une grosse configuration pour tourner correctement. Pour atteindre la fin de l’aventure, comme pour le 100%, il ne faudra qu’entre 6 et 7 heures de jeu tout au plus. Sachez que nous avons subi plusieurs crash nous renvoyant à l’écran Steam lors de notre test.
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ToggleLa Nébuleuse de la Colère
Nous débutons l’aventure avec Europa, une jeune femme qui se lance à la conquête de lieux peuplés de créatures diverses qui pullulent dans les ombres enveloppant le monde de 9 Years of Shadow. L’héroïne espère réussir à redonner la couleur qui manque à son monde depuis presque une décennie, et ainsi y insuffler de la vie à nouveau. On arpente alors rapidement des lieux en noir et blanc, avant de faire la rencontre d’une mystérieuse peluche magique en lévitation.
Un compagnon de route non négligeable qui va nous aider à redécouvrir les couleurs et enfin entamer réellement notre quête. Affublé d’une première armure élémentaire, il y en aura quatre au total, nous allons arpenter divers environnements clairement segmentés en zone distincte et à la colorimétrie dominante variant d’un lieu à l’autre. L’occasion d’immédiatement apprécier le travail fait par les développeurs sur la direction artistique et les visuels.
Le pixel-art de 9 Years of Shadow est simplement excellent et fait honneur aux ténors du genre dont il s’inspire, sans prendre le risque de perdre en caractère et impact visuel avec l’irruption de 3D malvenue. La 2D propose des environnements travaillés et fournis en détail pour un résultat ne laissant pas indifférent. Le soft se permet également de nous transporter grâce à sa bande-son à la hauteur des artistes ayant œuvrés dessus.
Toutes les musiques entendues sont tout simplement excellentes, voire incroyables par moments. Nous n’irons pas jusqu’à dire que le travail opéré surpasse Symphony of the Night, mais il va sans dire que l’OST de 9 Years of Shadow se hisse aux côtés des meilleures du genre. Forcément, avec de telles qualités, le titre ressort avec une ambiance qui colle à la peau et reste en tête. L’art musical, et en général, prend d’ailleurs une place importante dans l’univers du jeu.
La Procession Funèbre de Roses
On va ainsi croiser des PNJ artistes, de théâtre, de musique ou graphique, lesquels pourront nous offrir des quêtes basiques à accomplir, quand d’autres vous donneront l’opportunité d’augmenter votre vie ou votre énergie, moyennant des ressources laissées par les ennemis et/ou des partitions musicales à trouver sur la map. La musique va aussi matérialiser les points de sauvegarde qui sont en fait des pianos sur lesquels Europa joue une courte mélodie.
C’est ancré dans la diégèse et reste cohérent avec ce que l’univers de 9 Years of Shadow veut nous proposer. Dès lors, le voyage fonctionne, nous sommes immédiatement happés par le jeu et son aventure. D’autant que les environnements parviennent à se diversifier d’une bonne manière, tout en maintenant une cohérence certaine avec la totalité de la carte. Et si l’on peut voir les lieux arpenter comme l’intérieur d’un immense château, celui-ci n’a rien à voir avec les représentations dans Castlevania.
Les studios ont su imposer une patte significative à leur jeu, ce qui le démarque immédiatement de la concurrence. Concernant sa structure, nous sommes entre les Castlevania post Symphony of the Night et du Metroid Fusion. On retrouve ainsi la recette tant reprise du Metroidvania classique, à la différence que 9 Years of Shadow ne s’encombre pas d’expériences et de montées de niveau. Europa va débloquer de nouvelles capacités en explorant la map et/ou en terrassant des boss importants.
Esquive à la Alucard, double-saut, transformation en Sirène pour nager dans l’eau, etc.. Les habilités se renouvellent intelligemment et à un rythme plutôt soutenu, ne laissant aucunement le temps de s’ennuyer ou se sentir perdu. En effet, si vous avez l’habitude du genre vous n’aurez aucun mal à vous orienter et à optimiser votre backtracking, jamais redondant. 9 Years of Shadow réussit très bien les choses sur son aventure et son exploration.
Le Triste Requiem d’Orphée
Quand bien même une durée de vie un peu faible pour le genre, un déficit de secrets à trouver et une absence de rejouabilité, le jeu maîtrise son rythme et ne tombe pas dans l’artificialité, n’installant jamais de moments vraiment désagréables non plus. On se rapproche de certains titres Castlevania de la GBA capable de proposer une expérience aussi courte qu’intense. C’est plutôt dans ce cas de figure que se trouve le soft de Halberd Studios.
La satisfaction procurée par l’aventure découle notamment du renouvellement des séquences de jeu, avec des situations de plateforme qui sauront jouer sur vos compétences débloquées, ainsi que les armures. Quand l’une permet d’aller dans l’eau, l’autre permet de résister au poison. Bien entendu, au fil de votre quête les situations vont se complexifier et vous obliger à habillement jongler entre des armures. Rien de bien corsé cela dit, le titre reste abordable et correctement équilibré.
On se sent gentiment monter en puissance, notamment sur la fin de jeu, ce qui n’est pas désagréable. D’autant plus quand les feedbacks sont réussis comme lors des affrontements. Certes, ça manque de variété dans les coups, surtout que d’une armure à l’autre c’est très similaire, si ce n’est la portée qui va varier. Cependant, au moins, les sensations sont bonnes et c’est suffisamment dynamique avec des touches qui répondent bien et un personnage relativement maniable.
Le faux pas est plutôt sur le bestiaire, trop limité et répétitif, ainsi que l’usage des faiblesses élémentaires qui ne sont pas suffisamment exploitées. Vous remarquerez bien vite que l’armure électrique vous sera bien vite inutile. Certaines mécaniques sont aussi oubliées de la sorte, comme l’esquive au final peu utile dans la pratique, hormis pour des ennemis précis. La force des armures réside avant tout dans les pouvoirs qui leur sont propres et qui permettent au gameplay et au level design d’évoluer en conséquence.
Vers un monde baigné de lumière
Le level design va ainsi être construit en suivant les standards d’un Castlevania et d’un Metroid, on retrouve même des zones reprenant la mécanique de morph ball propre à Samus. Dans l’ensemble c’est du connu, avec même des portraits à visiter à l’instar de Castlevania : Portrait of Ruin, mais le mix fonctionne vraiment bien dans 9 Years of Shadow. Qui plus est, les boss vont aussi correctement vous faire jouer sur vos skills, surtout au vu de la mécanique la plus importante, intéressante du jeu.
La barre d’énergie. On se doute que le titre met l’accent sur le corps-à-corps, néanmoins avec notre peluche magique nous pouvons tirer des projectiles dans la direction souhaitée via le stick analogique droit. Le principe c’est qu’un tir consomme la barre d’énergie. Or, c’est aussi votre armure, sans quoi il ne faudra que quelques dommages reçues pour succomber. Pour récupérer de la jauge, il faut donc frapper des ennemis, ou alors attendre d’être à court d’énergie.
Ce faisant, vous aurez un timing serré pour parvenir à exécuter un rechargement éclair, exactement comme dans Gears of War. Réussir octroie 100 % de barre, échouer oblige à perdre des secondes pour un rechargement manuel qui n’excèdera pas une moitié de barre et pourra vous mettre en mauvaise posture, le plus souvent face aux boss. Inutile de dire que si vous parvenez à correctement user de cette mécanique vous pourrez survivre bien plus longtemps que prévu.
C’est aussi un moyen pour 9 Years of Shadow de jouer sur les skills des joueurs et joueuses qui n’auront que ça pour venir à bout de l’aventure. Pas d’expériences, et améliorer ses armures n’ajoute qu’un petit plus de dégâts, plutôt négligeable, en plus de n’avoir que deux paliers d’amélioration possibles. On sent que le jeu aurait pu aller plus loin avec plus de moyens. Quant à la narration, sans être flamboyante, force est d’avouer que les questions autour des arts et de la couleur sont intéressantes, amenant ce qu’il faut pour rendre l’entreprise d’Europa engageante.
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