A la base, Innerspace VR est un studio français qui n’avait jusqu’à présent développé que des expériences musicales en VR, avec notamment Firebird. Voulant pousser certainement le concept de la réalité virtuelle beaucoup plus loin, c’est à partir de là que A Fisherman’s Tale est né. Développé d’ailleurs en coproduction avec Arte, mais aussi avec le soutien du CNC, la ville de Paris, New Media et BPI France, que vaut ce jeu d’aventure en VR, saupoudré d’énigmes et de narration ?
Bob, la marionnette pêcheur
En commençant le prologue de A Fisherman’s Tale, on est directement dans l’ambiance. Le narrateur nous raconte l’histoire d’une marionnette d’un pêcheur nommé Bob. Notre protagoniste effectue les mêmes tâches dans sa cabane chaque jour. Mais un beau matin, après avoir entendu un avis de tempête qui menace la côte, un événement étrange se produit lorsque ce dernier ouvre sa fenêtre… En effet, la mer semble avoir disparue pour laisser place à un tout autre décor très énigmatique. Outre des personnages plutôt marrants que l’on croise au cours de notre épopée fantastique et rêveuse et doté de dialogues bien écrits dans l’ensemble, la fin est plutôt décevante. Tout au long de notre aventure, nous arrivons beaucoup trop facilement à deviner la finalité de ce conte mélancolique, à notre grande déception. L’expérience narrative est donc certes plaisante, mais laissant un furieux goût amer en bouche à cause de sa fin, et surtout au fait d’avoir de surcroît des difficultés à avoir de l’empathie pour les personnages qui sont rigolos certes, mais fades.
En parallèle, Innerspace VR semble avoir un talent certain quand il s’agit de créer une direction artistique. L’esthétique de A Fisherman’s Tale est complètement déroutante, avec un style qui ferait presque penser au film Inception dans son approche, et notre subconscient qui nous joue des tours. Concrètement, cela donne un véritable cachet au titre, et ses différents jeux d’échelle qui sont diablement maîtrisés de bout en tout. De plus, on appréciera tout particulièrement l’aspect graphique du soft, étant un mix entre des graphismes réalistes mais surtout très colorés et un peu enfantins. Le jeu d’Innerspace VR s’offre une fluidité et une propreté à toute épreuve dans les textures, avec une bonne distance d’affichage qui plus est. En revanche, le soft sera bourré de pas mal de bugs de collisions, et d’une modélisation de l’eau pas forcément des plus impressionnantes qu’on se le dise. Mais dans l’ensemble, pour un titre s’apparentant à une expérience narrative en VR, force est de constater que les textures sont vraiment propres et sans gros aliasing sur PS4 standard. Bon boulot du studio en somme, mais si le titre aurait dû être peaufiné sur les quelques bugs qui viennent entacher l’expérience de jeu.
Le gameplay, pas vraiment une bonne prise
Dans son gameplay, A Fisherman’s Tale prend la forme d’un jeu d’aventure narratif, avec un bon paquet de puzzles à résoudre pour pouvoir avancer dans l’histoire. Pour jouer au titre par ailleurs, notez qu’il ne sera compatible qu’avec les PlayStation Move, soit d’avoir une manette qui contrôle chaque main. Pour vous déplacer, il n’y aura qu’un seul mode de déplacement qui sera sous forme de téléportation, comme bon nombre de jeux VR désormais. Au passage, une petite feature intéressante a été ajoutée dans le jeu, qui sont les mains télescopiques. Pour pouvoir par exemple prendre des objets beaucoup trop éloignés par rapport au calibrage de la PlayStation Camera, vous aurez à appuyer sur la touche triangle, et l’une de vos mains s’éloignera de vous afin de récupérer des objets trop hauts ou trop bas. Il faut avouer que cette fonctionnalité est très utile, et vous évitera de pester systématiquement contre le calibrage de la PlayStation Camera, relativement énervante sur le titre d’Innerspace VR.
En ce qui concerne les divers puzzles qui s’offrent à vous, certains sont recherchés, d’autres d’une facilité déconcertante. La plupart des puzzles s’apparenteront à de la recherche d’objets, afin de les poser aux endroits indiqués, et ainsi continuer notre progression à travers les quatre chapitres du soft, mais aussi le prologue et l’épilogue. Cela sera accompagné de quelques puzzles qui vous demanderont d’utiliser certaines maquettes, qui changeront plus ou moins la taille desdits objets, afin de résoudre le casse tête en question. Qu’on se le dise, le gameplay tente bien de varier les plaisirs avec ce jeu d’échelle plaisant, et tout le décor est pratiquement interactif. Cela dit, on sent qu’en jouant, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une bête expérience narrative en VR assez courte, puisqu’elle se termine en à peine deux petites heures, douche comprise. C’est vraiment frustrant, car il y avait vraiment matière à prolonger l’expérience en rajoutant par exemple des énigmes plus corsées, qui nous auraient fait encore plus réfléchir, mais il n’en est rien. Du coup, vous aurez là un soft relativement facile, et que vous pouvez même plier en une heure en rushant. En somme, on trouve là un jeu terriblement bridé dans son concept et beaucoup trop générique, qui aurait mérité bien mieux. Et ce n’est pas les divers bulles de souvenirs à récolter qui vous forceront à revenir sur le soft, c’est une certitude.
Il y a de l’idée dans A Fisherman’s Tale, mais le titre est finalement, facile, prévisible, classique, et trop court. Dommage, la direction artistique a un certain cachet plutôt charmeur.
Bienheureusement, l’immersion est bien là en réalité virtuelle, mais le sound design est sur une autre planète par contre. Le titre nous immerge bien sur la plupart des cinématiques, surtout que le soft est logiquement dénué de motion sickness, pour notre plus grand plaisir. Très franchement, heureusement que l’immersion en VR est bien présente, et tente de nous faire oublier un petit moment la faiblesse du gameplay de A Fisherman’s Tale. Par contre, on se réveille en sursaut quant à la bande-sonore de A Fisherman’s Tale. Les musiques sont en accord avec l’ambiance marine du soft, mais elles sont beaucoup trop plates pour nous immerger comme il faut dans le jeu. Heureusement que les doublages en français font le café, avec un acting franchement honorable. Il faut au moins ça pour sauver le sound design d’une noyade certaine.
Cet article peut contenir des liens affiliés