Il y a parfois des jeux qui sortent de l’ordinaire, dont on entend pas beaucoup parler, mais une fois qu’ils vous ont ferré, vous livrent une aventure extraordinaire et ne vous lâchent plus jusqu’à atteindre leur apogée. Si vous êtes amateur ou amatrice de petites histoires bien ficelées, vous devriez peut-être vous attarder sur A Juggler’s Tale, ce petit conte indé.
Développée par les Allemands de Kaléidoscube et éditée par Mixtvision, l’histoire d’Abby la marionnette remplie de rébellion, vous mènera par de larges contrées en quête d’une liberté tant méritée. Pour information, le jeu sort ce 29 septembre sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5, Xbox One, Xbox Series X|S et Nintendo Switch pour la modique somme de 14,99€.
Conditions de test : L’aventure sur PlayStation 5 nous a offert son épilogue après 3 heures de jeu dans un long monologue.
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ToggleMonsieur Loyal vous ouvre les portes du carnaval
Qui n’a jamais assisté à un spectacle de marionnettes lorsqu’il était enfant ? L’Allemagne regorgeant de contes et de légendes, les développeurs de A Juggler’s Tale voulurent s’en inspirer pour créer un conte enchanté mettant en scène une marionnette agitée, voulant à tout prix sa liberté, au détriment d’une vie triste mais bien posée. Appartenant à la troupe d’un cirque itinérant et étant enfermée le soleil couché, Abby se révèle aventurière quand elle s’enfuit de son camp de misère, seule, laissant son compagnon Urs, un ours, aux prises d’une bande pas très accueillante.
Quand elle découvre la dure réalité derrière son désir extériorisé, elle se rend compte qu’il sera compliqué pour une petite poupée de vivre dans un monde où l’attendent pièges et dangers. Seule et acculée par ses geôliers, Abby tentera de leur échapper dans une succession de tableaux tous aussi bien animés et magnifiquement orchestrés. Grâce aux panoramas profonds et aux décors enchanteurs, difficile de ne pas avoir de véritable coup de coeur.
Alors même que Jack, le narrateur, dirige d’une main de maitre l’épopée de notre petite poupée, on ne peut s’empêcher de se prendre au jeu et de prendre les manettes de l’évolution de notre marionnette, d’abord petite fille seule et emprisonnée puis jeune femme émancipée et libérée. Jack contant cette histoire qu’il connait sur le bout des doigts, sera contraint d’improviser quand sera venue l’heure de s’envoler. Mais l’ennemi tant redouté, était-il réellement celui que tout le monde croyait ?
Abby en quête d’une liberté qu’elle n’est pas la seule à rechercher
Si vous cherchez le gameplay de A Juggler’s Tale, commencez par imaginer que tout se passe en défilement horizontal. Grâce à des mécaniques déjà éprouvées dans Little Nightmares ou Limbo, Abby se démène dans des énigmes et puzzles tous aussi imaginatifs et géniaux. La particularité du titre se trouve dans la gestion des fils de votre marionnette, pouvant lui bloquer la voie ou la faire tomber dans les pâquerettes.
Il se pourrait même que certaines énigmes vous donnent du fil à retordre et pourraient vous laisser là, pendant de longues minutes, les neurones en désordre. Rassurez-vous, que vous vous trompiez ou que vous tombiez de haut, le narrateur saura toujours vous rattraper pour vous éviter de repartir de zéro. La condition pour une aventure fidèle à la vision des développeurs, mais qui prive sans équivoque d’une liberté d’action dans notre dur labeur.
On pourra également reprocher des déplacements un peu lents pour notre marionnette et le manque de touches utilisées sur notre manette, autres que marcher, sauter, pousser, tirer ou viser. Cela au profit d’une très grande accessibilité, même à des personnes aux moindres habilités. Rassurez-vous, dans A Juggler’s Tale, nuls combats à l’épée ici rencontrés, simplement des casse-têtes et des phases de plateformes bien dosées.
Entrez et écoutez la finalité de cette épopée qui vous sera contée
Grâce à ses panoramas d’une extrême beauté, et d’un jeu sans bug retrouvé, A Juggler’s Tale se place là, sans grande prétention et parvient à faire son petit bonhomme de chemin dans nos maisons. Que vous traversiez une mer déchainée ou un camp de bandits peu scrupuleux, vous serez constamment émerveillés par la justesse des décors imaginés.
Par ailleurs, la forte présence du narrateur ne gêne guère, bien que celui-ci ne parle pas dans la langue de Molière. Heureusement, des sous-titres de qualité sont présents, pour nous faire vivre l’aventure d’Abby mais sans être omniprésents. On en vient à savourer les rimes du narrateur, qui de tout son long montrera ses grands talents d’orateur. Que dire de la bande-son, discrète mais parfaite, avec en tête un thème principal rythmé et adapté à ce type d’aventure médiévale à souhait.
Il serait difficile de vous en dire plus sur l’épopée de notre Abby toute de bois fabriquée sans divulguer une grande partie des péripéties rencontrées. Alors, nous vous conseillons de profiter, car l’aventure de A Juggler’s Tale sera très ramassée. Comptez 3 heures environ pour les 5 actes de l’histoire en tout, sans pour autant espérer pouvoir y rejouer un bout, d’autant plus que l’épilogue arrive un peu vite à notre goût. Certains pourront reprocher son prix un poil élevé pour l’aventure proposée (15€), d’autres trouveront le prix justement approprié pour une aventure maintes fois primée lors de festivals spécialisés.
Car il s’agit là de la première proposition en la matière pour ces jeunes développeurs d’une région proche de la Bavière, plus habitués aux courtes productions animées qu’aux aventures à jouer. Pour conclure ce texte tout en rimes, couper le cordon n’est jamais chose aisée mais peut-être saurez-vous vous pencher sur cette pépite indé contemplative et narrative, à un fil d’une perfection mesurée, si tant est que l’on soit dans le public visé.
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