Annapurna Interactive est sans conteste un des éditeurs de jeux indépendants différents les plus en vogue et les plus productifs de ces dernières années depuis sa création il y a 5 ans avec près de 30 jeux déjà édités. Après les précédents Outer Wilds, Solar Ash, Twelve minutes, The Artful Escape, ou encore The Pathless fin 2020 notamment, vous avez déjà certainement touché à l’un de leurs jeux.
Le dernier sorti en date n’est autre que A Memoir Blue, un jeu sorti le 24 mars dernier sur Xbox One, Xbox Series X|S, PlayStation 4, PlayStation 5, PC et Nintendo Switch et développé par le studio Cloisters Interactive (basé initialement à New York mais qui a eu vocation à s’internationaliser ces derniers mois). Décrit comme un poème en 3D, que vaut réellement cette expérience assurément singulière ?
Conditions de test : Nous avons fini 2 fois l’expérience proposée par A Memoir Blue sur Xbox Series X, via le Xbox Game Pass, en obtenant le 100% en un peu plus de 2h30 de temps de jeu au total.
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ToggleMédaille d’or de l’absence parentale
Sans vous divulguer trop de pans scénaristiques, A Memoir Blue nous conte le songe d’une jeune femme, Miriam, nostalgique d’une époque passée, celle où elle devient jeune fille au fort potentiel sportif à véritable athlète olympique aquatique. A travers de multiples saynètes colorées et dynamiques, vous en apprendrez davantage sur la destinée de cette héroïne bien trop souvent laissée seule, élevée par une maman trop absente, et qui pour tenter d’exister auprès d’elle, se plie à ces séances de sport et performances compétitives.
Durant la grosse heure que dure cette aventure atypique, vous revivez donc le passage à la vie d’ado puis à la vie d’adulte de cette jeune femme perdue, chaque scène de quelques minutes racontant un moment ou un souvenir précis. Miriam adulte alors dessinée en 3D dans son environnement se remémore des moments mère-fille apparaissant en 2D rendant l’ensemble très efficace et la plupart du temps très bien exécuté.
Médaille d’argent du discours poétique
Visuellement assez abouti, le jeu jouit d’une direction artistique simpliste mais toujours singulière et engagée. Les modélisations de personnage font quant à elles partie des moins sophistiquées de ce qui se fait aujourd’hui, faisant par ailleurs penser aux personnages dans Last Stop du même éditeur. Le point fort du jeu réside bien entendu dans le message fort qu’il cherche à nous faire comprendre.
Avec son ton mélancolique et ses bribes d’indices, c’est aux joueurs et joueuses de découvrir et d’assembler le sens caché de ces mises en scène interactives dénuées de propos oraux. Finalement, A Memoir Blue conte ici l’importance de la construction de la personnalité lors de l’enfance et de l’adolescence, ayant énormément d’incidences dans la vie d’adulte. Alors que le discours est compris et savamment déposé par les développeurs, on ne peut que déplorer l’absence d’ambition au niveau du gameplay pur.
Médaille de bronze de la proposition ludique
Il est vrai que A Memoir Blue ne propose que peu de choses ludiquement parlant. Pas vraiment un « jeu » à proprement parler, le terme de « poème interactif » indiqué dans la promotion du jeu s’accorde plus facilement à ce qui se trame devant nos yeux. Les quelques interactions demandées par le jeu seront d’allumer une ampoule, essuyer une vitre humide, déplacer un glaçon, fabriquer un pont de bois etc.
Tout un ensemble de mouvements et actions qui pour la plupart n’ont pas forcément de rapport avec l’histoire même de Miriam et de sa mère. Aussi petite soit cette histoire, sans que cela soit péjoratif, nous sommes en droit d’attendre d’un jeu vidéo, que l’on puisse y « jouer » un minimum. Malheureusement, nous sommes plus proches de la vidéo jouable ici, avec un très très faible potentiel de rejouabilité si ce n’est pour obtenir le 100% très simple à obtenir donc.
Au niveau technique, pas de problème particulier à déclarer si ce n’est que le jeu serait plus aisément jouable sur écran tactile qu’avec une manette, notamment pour diriger le curseur sur l’écran, ce qui peut rapidement devenir laborieux du fait d’une certaine imprécision.
Reste la bande-son qui est une véritable réussite. Orchestrée par Joël Corelitz avec des morceaux d’Imogen et d’e.hillman., les musiques ponctuent les interludes entre les scènes qui se mettent en place habillement à l’écran telle une pièce de théâtre. Composées de notes douces et d’une voix féminine nostalgique, les morceaux servent le récit pour habillement faire passer émotions et messages subliminaux.
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