Très attendu par un grand nombre de joueurs et de joueuses dans le monde entier, A Plague Tale: Requiem sera disponible dès demain sur PC, PlayStation 5, Xbox Series X|S et en version cloud sur Nintendo Switch. Marquant le retour du célèbre duo De Rune environ trois ans et demi après la sortie de l’excellent A Plague Tale: Innocence, cette suite nous avait laissé sur des aperçus particulièrement prometteurs en juin et septembre dernier.
Alors, avons-nous eu raison de placer autant d’espoirs sur elle ? Les équipes d’Asobo Studio et de Focus Entertainment sont-elles parvenues à nous offrir un titre au moins d’aussi bonne qualité que celui de 2019 ? Autant être transparent dès maintenant, il s’agit là d’un véritable chef-d’œuvre et on vous explique pourquoi dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé sur une PlayStation 5 équipée d’une manette DualSense et d’un téléviseur 4K (HDR désactivé) dans la seule et unique configuration graphique proposée par le titre. Celui-ci a tourné pendant environ 16-17h, temps nécessaire pour le terminer une fois en mode de difficulté Normal. Environ 2/3 des collectibles ont été récupérés (fleurs et plumes de l’herbier de Hugo + souvenirs du périple) et un peu plus de la moitié des capacités et améliorations disponibles pour Amicia ont été déverrouillées. Notez qu’un mode New Game + est présent. Il vous permet de commencer une nouvelle partie tout en conservant les éléments cités précédemment que vous avez obtenus et débloqués durant votre première session de jeu. Cet article est garanti sans spoiler. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le patch day one n’a pas encore été déployé.
Sommaire
ToggleUne narration plus sombre, poignante et toujours aussi captivante
Prenant place environ six mois après les tragiques événements survenus dans Innocence, A Plague Tale: Requiem nous invite à retrouver le tandem composé d’Amicia et de Hugo de Rune. Se dirigeant vers le sud du Royaume de France en compagnie de leur mère et de Lucas, leur ami et apprenti alchimiste, la grande sœur et son petit frère espèrent enfin laisser définitivement la Peste derrière eux en se trouvant un nouveau foyer tout en cherchant un moyen de soigner la maladie dont souffre toujours le garçon, la Macula.
Malheureusement, tout ne va pas se passer comme prévu. Rats, mercenaires, hommes de main du Comte d’Arles… pour espérer obtenir la paix qu’il souhaite tant, le duo devra survivre, se battre et percer les secrets de la Macula en se rendant sur une mystérieuse île dont rêve le jeune homme. Et, autant vous prévenir tout de suite, la route qui l’attend ne sera pas de tout repos. Le groupe va vite se rendre compte que ces derniers mois de tranquillité n’étaient qu’une accalmie avant le retour de la tempête. Plus puissante que jamais, celle-ci incitera notamment les deux protagonistes à franchir encore davantage leurs limites physiques et morales, ce qui aura forcément des conséquences dévastatrices sur le monde médiéval qui les entoure.
Parvenant à être encore plus sombre que celui du premier épisode, le scénario de Requiem atteint un niveau de qualité extrêmement élevé et, même si c’est très subjectif de dire ça, il s’agit peut-être d’un des meilleurs récits qu’on ait pu avoir dans un jeu vidéo à ce jour. Haletant, poignant, captivant et parfaitement rythmé malgré une durée de vie rallongée (entre 18 et 22h pour le 100% contre 10 à 12h pour Innocence), le titre nous prend par la main dès le début de l’aventure et à aucun moment il ne nous est venu en tête de la lâcher jusqu’à son dénouement, brutal et qui marquera sans aucun doute durablement les esprits des joueurs et des joueuses.
Le lien fraternel entre Amicia et Hugo n’a jamais été à la fois aussi fragile et fort. L’écriture des dialogues et les doublages audios français sonnent toujours juste. Les différents personnages sont très bien travaillés et charismatiques. Ils disposent de leur propre personnalité et sont à la place à laquelle ils doivent être en fonction du déroulement de l’histoire. La mise en scène est convaincante en permanence. Quant à la bande-son composée de main de maître par Olivier Derivière dont le talent n’est plus à prouver depuis plusieurs années, elle s’adapte habilement à toutes les situations. Un pur bonheur pour les oreilles !
Une progression qui gagne autant en liberté qu’en brutalité
Côté gameplay, A Plague Tale: Requiem n’a pas vocation à bouleverser la formule initiée par Asobo Studio et Focus Entertainment en 2019 mais simplement à l’améliorer tout en s’assurant qu’elle reste parfaitement huilée. Un choix qui pourrait décevoir les plus exigeant(e)s d’entre vous même si privilégier cette logique aux dépends de mécaniques de jeu révolutionnaires mais trop bancales n’est pas forcément un mal, bien au contraire.
Lors des premiers chapitres de l’aventure, cette suite nous invite surtout à renouer avec les fonctionnalités apprises par Amicia dans le premier épisode, à savoir l’usage de la fronde, des pierres, des pots, des éléments de l’environnement et des ingrédients alchimiques (Ignifer, Exstinguis…) ainsi que l’utilisation des outils et fragments récupérés pour débloquer de nouvelles compétences dans les établis.
Puis la jeune fille étoffera légèrement mais assez rapidement son panel d’actions quitte à nous pousser à prendre le risque d’agir de façon beaucoup plus violente dans le seul but de progresser. Cela va notamment passer par l’acquisition de couteaux pour poignarder des ennemis casqués au corps-à-corps et impossible à étrangler mais aussi d’une petite arbalète dont un seul carreau s’avérera fatal pour vos assaillants la plupart du temps. Notez également que la pyrite vous sauvera la mise dans les situations critiques face aux rats.
Autre ajout qui contribue au sentiment de montée en puissance de l’héroïne tout en étant complémentaire au level design plus ouvert proposé dans cet opus, c’est le menu des capacités. Au cours de la partie, Amicia déverrouillera automatiquement diverses aptitudes. Réparties dans trois arbres distinctifs (Prudence, Agressivité et Opportunisme), celles-ci l’aideront dans sa quête en fonction de la manière dont vous jouez.
Par exemple, privilégier l’infiltration et la discrétion lui donnera l’occasion d’apprendre à moins attirer l’attention en marchant ou de se déplacer plus rapidement tout en restant accroupie. Dans le cas contraire, se montrer agressif lui permettra de pousser purement et simplement un adversaire directement dans le feu ou les rats via une attaque de mêlée quand toutes les conditions seront réunies.
A Plague Tale Requiem : Notre interview avec Kévin Choteau à propos de cette suite très attendue
Rassurez-vous, l’aînée des De Rune n’est pas la seule à bénéficier d’un upgrade dans cet épisode. Si certains personnages secondaires se montreront plus utiles que par le passé, allant jusqu’à parfois se battre pour vous, Hugo sera aussi amené à devoir repousser ses limites en se servant de son lien avec la Macula. Grâce aux pouvoirs de l’Echo et de l’Imperium, le frangin va pouvoir se servir des rongeurs pour connaître la position des soldats situés près de lui ou prendre carrément le contrôle d’une horde entière pour déchaîner l’enfer sur eux. Veillez toutefois à ne pas trop lui en demander non plus car, si sa jauge de stress atteint un seuil critique, c’est game over.
Sachez également que le titre intègre comme son prédécesseur des phases d’énigmes très simples mais plutôt sympathiques à résoudre ainsi qu’une intelligence artificielle un peu plus maligne et dangereuse dans son comportement. Ça reste évidemment une IA très scriptée et typique de ce qu’on trouve dans les jeux orientés action-aventure mais c’est toujours plaisant de la voir capable de venir nous chercher jusque sous un meuble ou une charrette, voire de s’interposer in-extremis entre nous et la porte qui mène à la prochaine zone, juste pour nous mettre des bâtons dans les roues.
Enfin, il serait dommage d’oublier de mentionner que la production bordelaise exploite avec justesse les fonctionnalités de la DualSense. Grâce aux gâchettes adaptatives, un retour de force se fait sentir lorsqu’on court ou qu’on charge un tir avec la fronde. Quant au retour haptique, il se manifeste de façon plus ou moins intense en fonction de notre vitesse de déplacement ou de la présence de rats à proximité, y compris lors des cinématiques. Un petite plus-value agréable pour renforcer les sensations manette en mains.
Une claque graphique constante
Lors de sa sortie en 2019, A Plague Tale: Innocence était un exemple de réussite sur le plan technique, notamment dans sa façon de gérer efficacement la balance lumière/contraste en jeu. Pour le plus grand plaisir de nos pupilles, Requiem le surpasse largement dans ce domaine au point d’être une véritable claque graphique de tous les instants comme on en a encore trop peu vu sur les dernières consoles de salon commercialisées depuis fin 2020.
Le travail réalisé par les développeurs sur le moteur est tout simplement bluffant. De jour comme de nuit, sous le soleil ou la pluie, en ville comme en forêt, dans une prairie, près de l’eau ou sur les plages de sable de la côte méditerranéenne, on en prend plein la vue en permanence. Franchement, à aucun moment on imagine voir ce titre tourner correctement sur la génération PlayStation 4/Xbox One.
Couplé à la dimension narrative dont nous avons déjà parlé plus tôt, à une direction artistique toujours aussi soignée et à une modélisation des visages plus réaliste que jamais, le rendu visuel retranscrit à la perfection toute la beauté, la lugubrité et la violence du Moyen-Âge français en période de Peste. Le sentiment d’immersion est total.
Alors, certes, les puristes regretteront sans doute un framerate pouvant se montrer un peu capricieux de temps à autre ainsi que la présence de rares bugs et textures de hautes herbes peut-être moins agréables à l’œil mais, honnêtement, si ce genre de « défauts », qu’on oublie aussi vite qu’ils sont apparus, sont suffisants pour vous couper de cette immersion, dans ce cas, vous n’avez pris de plaisir sur aucun jeu vidéo dans votre vie et vous n’en prendrez jamais.
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