Les jeux vidéo ont bien évolué ces dernières années. Les jeux solo et en coopération ont quelque peu été mis de côté pour laisser place aux jeux multi-joueurs en ligne. La plupart des titres qui sortent aujourd’hui sur les consoles de salon et PC n’offrent pas la possibilité de brancher une deuxième manette et faire toute l’aventure à deux joueurs sur le même écran. Eh bien si vous êtes friands de ce genre, vous allez pouvoir rajouter A Way Out à votre catalogue.
En effet, A Way Out, développé par Hazelight Studios et édité par Electronic Arts, est un jeu d’action-aventure à faire entièrement en coopération avec un autre joueur depuis votre canapé ou en ligne. Annoncé à l’E3 2017, le studio avait marqué les esprits en proposant cette expérience de jeu unique. En mode écran splitté, les deux joueurs, incarnant chacun le personnage de Leo ou Vincent, devront s’entraider pour s’évader de prison et mener à bien leur mission à l’extérieur. Le jeu mise donc sur la communication entre les deux participants pour résoudre les énigmes et avancer dans l’histoire. Sous forme de film interactif, vous passez de cutscene à session de gameplay sans temps de chargement. Autant vous dire que l’immersion est totale.
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ToggleLe split screen du futur
A l’époque des premières consoles de salon, le split screen était souvent synonyme de parties compétitives à plusieurs joueurs sur le même écran. Regarder la petite case de notre voisin, c’était de la triche. Dans A Way Out, on vous encourage à regarder ce qu’il se passe de l’autre côté, bien que vous serez presque toujours occupé avec votre personnage respectif. Chacun des personnages pourra bouger comme il le souhaite dans l’environnement, interagir avec les objets et les PNJ pendant que votre partenaire fait autre chose. Quand un dialogue se déclenche des deux côtés, le volume se baisse pour le joueur qui a déclenché le dialogue en dernier. Vous aurez donc besoin des sous-titres pour suivre ce qu’il se dit, à moins d’avoir l’oreille fine. Lorsqu’un joueur passe en mode cutscene, son écran se voit élargi. Il vous faudra sûrement un petit temps d’adaptation au début pour digérer les différentes informations qui s’offrent à vous. Vous aurez envie de tout voir et tout suivre en même temps; il faudra apprendre à ne gérer que votre personnage.
D’ailleurs, Leo et Vincent sont bien différents l’un de l’autre. Vincent, 43 ans et bientôt père de famille, est plutôt du genre réservé et posé . Il ne fonce pas dans le tas sans réfléchir et mise sur la discrétion. Leo, 36 ans et papa d’un jeune garçon, aime la castagne et le franc parler. A chaque début de partie, vous pourrez choisir quel personnage incarner. Sachez que ce choix n’est pas crucial puisque les deux personnages peuvent intervertir leur rôle en jeu, sauf pour les sessions de gameplay scriptées. On ressent réellement la différence de caractère quand il y a des choix à faire pour accomplir certaines tâches. Par exemple dans l’un des chapitres, vous devrez traverser un pont jonché de voitures de police et hommes armés. Vincent proposera de passer sous le pont, tandis que Leo pense qu’il est préférable de voler la voiture de police se trouvant devant vous. Non seulement vous devrez vous mettre d’accord avec l’autre joueur, mais votre choix influencera aussi la cutscene suivante. Vous serez donc confronté à des choix qui joueront avec votre âme et conscience mais sachez tout de même que vos décisions influencent seulement le gameplay et non pas l’histoire.
Bien que le jeu soit en split screen, la vue à la troisième personne vous laisse observer votre environnement et vous pousse à trouver les détails qui feront la différence. Malgré tout, le jeu reste très linéaire et l’exploration des lieux est limitée. Vous n’aurez pas d’objet à collectionner et ne possédez pas d’inventaire. L’interface est minimaliste ; l’objectif s’affiche pour chaque joueur ainsi que les objets de mission que possèdent les protagonistes (une clé ou une arme par exemple). L’histoire de ce monde virtuel et de nos héros passe par les dialogues entre eux et les PNJ. Ces derniers vous donneront d’ailleurs des quêtes annexes qui vous montreront quelques passages insolites de la vie de ces personnages. Le split screen n’enlève en rien à l’immersion et la beauté du jeu.
Une mise en scène au top
Le scénario est simple : deux hommes condamnés pour leurs crimes tentent de s’échapper de prison et se venger de leurs bourreaux une fois libre. Les premières heures de jeu rappellent d’ailleurs fortement le film “L’Évadé d’Alcatraz” avec Clint Eastwood… Mais A Way Out est bien plus qu’un simple scénario que l’on regarde et écoute. Ici, on participe, on s’investit, et on évolue avec l’histoire. Les décors sont particulièrement bien modélisés et les environnements sont beaux et variés. La superbe bande son qui colle parfaitement à chaque instant contribuera grandement à déclencher toutes sortes d’émotions. Vous allez très vite vous sentir investis dans l’histoire de Leo et Vincent. Vous apprendrez à les connaître au fur et à mesure de votre aventure. Les dialogues sont bien écrits et vous vous surprendrez même à compléter les phrases des protagonistes ou devancer leurs idées pour accomplir une tâche. On regrette juste que les yeux des deux comparses soient fixes : ils manquent d’expression.
Cependant, le jeu ne vous laissera pas vraiment le temps de vous attarder sur ce détail puisque vous serez constamment en mouvement. Les cutscenes et les phases de gameplay s’enchaînent à un très bon rythme et proposent même de varier les plaisirs. Entre sessions d’infiltration, de courses-poursuites, ou encore de fusillades, le jeu accapare toute notre attention sans forcer la main. Tout est fait pour que vous puissiez profiter pleinement de l’histoire et avancer à un certain rythme. De ce fait, il n’y a aucune difficulté à résoudre les énigmes ou trouver comment passer incognito devant un garde puisque le jeu vous donnera des indices visuels ou via les dialogues. La mort n’est pas non plus punitive. Vous reprendrez tout simplement au dernier checkpoint et pourrez continuer l’aventure comme si de rien n’était.
Il est difficile d’allier à la perfection le scénario au gameplay et bien que A Way Out réussisse à mixer le tout brillamment, quelques moments de l’histoire se retrouvent en suspens. En effet, le joueur a accès à des mini-jeux pendant les phases de gameplay qui vous permettent de ralentir un peu le rythme, explorer les environnements, et tout simplement affronter votre comparse. Seulement voilà, quand vous rentrez par effraction chez des gens qui risquent de revenir à tout moment, vous ne prenez pas vraiment le temps de faire une partie de fer à cheval à la vue de tout le monde. Ces mini-jeux nous sortent parfois de l’histoire en cours mais, encore une fois, ce n’est qu’un léger détail qui ne viendra en rien entacher votre expérience et vous amusera même pendant quelques minutes.
La technique
Nous avons pu tester le jeu dans son intégralité sur PC via Origin. Visuellement, le titre a beaucoup de charme. Le jeu de lumière, les contrastes, la végétation, et les bâtiments sont fidèlement représentés et nous n’avons pas remarqué de clipping. Par contre, il y a pas mal d’aliasing sur les cheveux des personnages. Il y a aussi quelques ralentissements quand on passe d’une cinématique en plein écran aux phases de gameplay en écran splitté. Les quelques crashs occasionnels nous ont obligés à relancer le jeu, mais le système de sauvegarde automatique nous a permis de reprendre sur la scène en cours.
Quant au gameplay à proprement parler, il n’y a vraiment pas grand-chose à redire. Les déplacements sont parfois un peu rigides en mode accroupie et les personnages refusent d’en sortir de temps à autre. Les déplacements en véhicule sont fluides mais dirigistes car la plupart de ces phases sont scriptées. Le plus gros problème rencontré lors du test n’est autre que l’impossibilité de jouer en plein écran sur PC. Lorsque le jeu se lance en plein écran, les couleurs oscillent entre le vert et le rose, suivi de flash intempestif sur l’écran. On espère que ce bug est temporaire ou lié à un autre problème. En tout cas pour l’instant, il n’y a pas de patch Day One de prévu.
Un jeu, deux joueurs
A Way Out c’est un peu le retour aux origines du jeu vidéo. C’est très agréable de pouvoir jouer avec quelqu’un chez soi, en écran scindé, et échanger les manettes quand notre partenaire bloque sur un passage. Le titre est d’excellente qualité et se vend au petit prix de 29.99 euros sur toutes les plateformes. Vous pourrez aussi jouer en ligne avec un autre joueur. Cerise sur le gâteau, un seul des deux joueurs doit posséder le jeu pour pouvoir en profiter. En effet, grâce au Passe Ami, vous pourrez inviter quelqu’un d’autre pour qu’il/elle joue gratuitement avec vous. Autre point important à souligner : EA a financé le titre mais Hazelight Studios a gardé le contrôle sur le développement du jeu du début à la fin. D’ailleurs, EA ne recevra pas d’argent des ventes du jeu.
Le style de film interactif n’est pas fait pour tout le monde. Il y a beaucoup de cinématiques et des phases de gameplay bien précises à suivre malgré la liberté d’utiliser les personnages comme bon vous semble. A Way Out arrive à nous transporter sans aucun mal dans les années 70 au milieu de la Californie. Les joueurs sont investis et s’attachent à leur partenaire. Vous apprenez à travailler ensemble et communiquer pour mener à bien votre mission. On ne peut que saluer l’excellent travail de mise en scène de la part du studio. Les transitions entre le gameplay et les cinématiques sont dignes des plus grands films. Les phases de gameplay mélangent les genres et vous ne ferez jamais deux fois la même chose. A Way Out vous occupera entre 5 et 7 heures de temps en ligne droite mais vous serez sûrement tenté d’y retourner pour faire des choix différents, jouer avec l’autre personnage, et compléter les petites quêtes annexes. C’est une très belle aventure qui vous attend.
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