Après avoir eu l’occasion de poser les mains sur les premières affaires des deux épisodes contenus dans cette collection lors de notre preview du mois dernier, il nous tardait de parcourir le reste de l’aventure. Pour rappel, Ace Attorney: Investigations Collection reprend les deux aventures centrées sur le procureur Benjamin Hunter, à savoir Ace Attorney Investigations : Benjamin Hunter sorti en 2010 sur Nintendo DS (mais sans localisation française) et Ace Attorney Investigations 2 : Le Pari du Procureur, lui jamais sorti en Occident. L’occasion, donc, pour de nombreux joueurs de pouvoir enfin parcourir ces titres.
Conditions de test : Nous avons terminé l’intégralité des deux épisodes de la collection en un peu moins de quarante heures de jeu. Ce test a été réalisé sur PlayStation 5 à partir d’une version PlayStation 4 fournie par l’éditeur.
De l’autre côté de la barre
Comme nous l’avions déjà mentionné dans notre preview, alors que la série nous avait habitués à endosser le costume de l’avocat de la défense bravant vents et marées pour l’acquittement de son client, ici, on incarne la partie adverse : l’accusation.
On incarne Benjamin Hunter, procureur affronté à de multiples reprises lors des aventures de Phoenix Wright et de premier abord assez froid. Si les aventures de Phoenix permettent petit à petit de le rendre plus humain, cette compilation place la barre plus haut et nous permet de découvrir plus en profondeur ce procureur.
On apprend ainsi à l’aimer et à s’y attacher, ce dernier évoluant au fil des deux jeux allant jusqu’à se questionner sur ses méthodes, le rôle de procureur et la voie qu’il veut suivre pour obtenir la vérité. Mais son évolution ne se fait pas seul, il est toujours accompagné de l’incorrigible inspecteur Dick Dektiv, toujours aussi pataud mais pourtant décisif plus d’une fois. On retrouve également la procureure Franziska Von Karma, fille du mentor de Benjamin et avec qui sa relation a toujours été source de compétition, mais également de grand respect.
Enfin, tout comme Phoenix s’est vu accompagné par Maya Fey et Apollo par Vérité Wright, Benjamin se retrouve lié à Cléa Faradet. Leur relation va évoluer au fil des affaires jusqu’à devenir très importante pour Benjamin. On ne vous dévoilera évidemment pas les péripéties que ce duo va rencontrer et ce qui va renforcer leurs liens, sachez simplement que nous avons pris un grand plaisir à suivre cela.
Au-delà de ce trio, d’autres visages bien connus de la série feront leur apparition tout au long de la compilation (on vous laisse la surprise) ainsi que de nombreux nouveaux visages. Leur chara-design reste toujours aussi efficace notamment pour apporter la touche d’humour propre à la licence que l’on retrouve également dans les paroles des protagonistes et qui vient s’opposer au sérieux et à la dramatique de la situation, à savoir le meurtre.
Côté narration, les premiers épisodes des deux jeux nous avaient tenus en haleine lors de notre preview, ce qui, finalement, n’était rien face aux rebondissements et aux révélations des épisodes suivants. De prime abord, on pourrait penser que les affaires n’ont pas vraiment de lien, cependant une fois arrivé dans les dernières affaires, on se rend compte que celles-ci sont en fait les rouages d’un même ensemble. Avec son lot de flashbacks, révélations et cliffhanger, la narration est parfaitement maîtrisée et on se prend à dévorer les affaires pour savoir la suite.
On regrette cependant l’absence d’affrontement au tribunal comme on le connaissait dans les jeux précédents. Cette absence impacte la mise en scène qui se retrouve alors amputée de la tension que l’on pouvait ressentir où l’on pensait parfois être aux portes du verdict « Coupable », mais où un twist scénaristique retournait la situation sous un jury stupéfait et des musiques endiablées.
Les outils du procureur
Dans notre preview, nous vous avions décrit les nouveautés de ces jeux face au reste de la licence. Malheureusement, si les épisodes suivants nous ont régalé sur leur partie narrative, nous n’avons rien eu de nouveau en termes de possibilités de gameplay. Cette partie sera donc assez similaire à ce qui se trouve dans la preview.
La première chose qui surprend dans ces deux jeux par rapport à ce que l’on connaissait avant, c’est la possibilité de se déplacer directement avec Benjamin Hunter et non un simple curseur. Le fonctionnement reste cependant le même, à savoir la possibilité d’interagir avec le décor et les personnages présents pour rassembler des preuves, mais de manière plus vivante. Notez cependant que contrairement aux autres jeux de la licence, il n’est pas possible de choisir quel lieu explorer. Ici, tant que l’on n’a pas trouvé tous les indices, fait les déductions nécessaires ou discuté de tous les sujets avec chacun, l’histoire n’avance pas. Ce sont seulement une fois les conditions réunies que le scénario progresse et si besoin nous emmène sur un autre lieu à visiter.
Sachez également qu’il est possible de jouer avec les visuels d’origine (donc assez pixelisés) ou les visuels HD réalisés pour cette compilation. Dommage par contre que la bascule ne puisse pas se faire directement en jeu, ce qui aurait permis de comparer les scènes à la volée, mais qu’il soit nécessaire de retourner au menu principal puis dans les options pour effectuer le changement.
Comme dans les autres épisodes de la série, il est possible de présenter les preuves obtenues aux différents personnages pour parfois apprendre des informations supplémentaires. Omniprésente dans les enquêtes de Phoenix ou Apollo, cette mécanique nous a semblé plus en retrait ici, tout comme l’inspection en 3D de certaines pièces à conviction.
À la place, on retrouve une nouvelle mécanique bien plus présente : les déductions logiques. En plus des preuves qu’il collecte, Hunter va également mémoriser certaines questions ou affirmations. Charge à nous ensuite d’associer deux de ces idées logiques pour en tirer une déduction et faire progresser l’enquête. La mécanique fonctionne plutôt bien, quoique un peu trop facilement. Nous n’avons en effet jamais eu trop de mal à déduire les bonnes réponses malgré le risque de game over puisque chaque erreur fait descendre la jauge de vie.
D’autres mécaniques déjà vues reviennent également le temps d’un instant dans cette compilation comme le test au luminol, la recherche d’empreintes, les outils de Tektiv (le chien Missile, le détecteur de métaux) ou l’analyse de vidéo, et permettent tout de même de varier le gameplay au fil des affaires.
Cléa apporte elle aussi un ajout intéressant, à savoir son “Mini-Faussaire”. Bijou de technologie, cet outil lui permet, sous réserve de disposer des informations nécessaires, de reproduire une scène passée sous forme d’hologramme. Ainsi, on peut par exemple utiliser les preuves obtenues pour contredire certains éléments illogiques de ce décor nouvellement généré et déduire des contradictions pour s’approcher un peu plus de la vérité.
Présentes également dans le second épisode, ces mécaniques de gameplay sont rejointes par une autre nouveauté : l’échiquier mental. Dans ces phases, Hunter doit parvenir à trouver des réponses en posant les bonnes questions au bon moment afin de briser la garde de son interlocuteur. Pour cela, il faut bien regarder la gestuelle, les tics de parole ou tout autre élément qui pourrait indiquer la vulnérabilité de la personne pour parvenir à l’interroger. L’ordre des sujets a son importance puisque pour obtenir la réponse à certains, il faut au préalable parvenir à obtenir une information précise sur un autre sujet. Le tout est soumis à un chronomètre, lequel se retrouve fortement impacté en cas d’erreur, et si ce dernier arrive à zéro une pénalité est infligée à notre jauge de vie, risquant alors le game over.
Et que serait la série sans ses contre-interrogatoires ? Si ces derniers n’ont pas lieu au tribunal, ils restent tout de même présents tout au long de nos enquêtes et reposent sur le même principe déjà bien éprouvé dans la licence. Le témoin fait part de sa déclaration, on peut ensuite attaquer chaque partie de sa déclaration pour obtenir plus de détails puis lever une objection sur la partie de son témoignage en contradiction avec une preuve que l’on détient. Les objections sont le plus souvent logiques, même si dans certains cas la solution nécessite quelques pirouettes moins évidentes. Ces affrontements restent un plaisir à exécuter, notamment pour les expressions des témoins une fois mis en difficulté, mais également pour les musiques épiques qui s’y déclenchent.
Ces musiques sont d’ailleurs à retrouver dans le musée proposé dans cette collection. Il regroupe ainsi toutes les pistes audio des deux jeux, à écouter à loisir, mais également l’ensemble des illustrations et modèles de personnages rencontrés dans les titres ainsi que des concept-art à découvrir. Un petit ajout sans impact sur le plaisir de jeu, mais qui fera plaisir aux fans.
Cet article peut contenir des liens affiliés