Faisant furieusement penser à un Rime au niveau notamment de son esthétique lorsqu’il a été annoncé pour le première fois en 2015, AER : Memories of Old entend proposer en revanche quelque chose de sensiblement différent, où notre héroïne pourra se transformer en oiseau, et traverser un monde complètement disloqué et mourant à petit feu. Justement, cette idée de fond est-elle bien exploitée, et ce voyage totalement onirique est-il finalement un pur plaisir ou une véritable déception ?
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ToggleAuk pour rétablir l’équilibre du monde !
Pour commencer, notre aventure débute avec notre protagoniste Auk, réveillée dans une grotte. Vous devrez pour le coup traverser cette dernière, jusqu’à tomber sur une lanterne, mais pas n’importe laquelle. Effectivement, celle-ci renferme tout simplement l’esprit d’une prêtresse nommée Karah, et un vieil homme vous expliquera par la suite que le monde, d’ores et déjà disloqué dans les nuages, est tout proche de se faire dévorer par le Néant.
Votre mission sera donc de sauver le monde et de rétablir l’équilibre en récupérant trois fragments dans trois temples différents et ainsi défier le Néant. Première chose par contre qui peut évidemment choquer, AER : Memories of Old ne dispose pas de doublages, juste du texte à lire. Alors bien entendu ce n’est pas une chose véritablement dérangeante car Rime pour reprendre la comparaison n’en avait pas non plus, mais c’est un fait que l’on pourra néanmoins regretter. Et ça ne s’arrête pas là au niveau des soucis, car l’histoire, bien qu’intéressante au premier abord, est finalement peu mise en avant, ne serait-ce que par quelques cinématiques de ci de là.
AER : Memories of Old pouvait avoir une histoire intéressante à la base, mais dommage que ce soit bâclé et maladroit.
D’ailleurs, en sus d’une mise en scène par conséquent pratiquement inexistante, il faut avouer qu’il sera plus que conseillé de farfouiller le monde de AER : Memories of Old afin d’en apprendre un peu plus sur l’histoire et encore, l’écriture globale parait parfois faible. Heureusement que le petit côté totalement onirique et poétique du soft rattrape le tout, mais cela n’excusera pas un dernier point, qui aurait pu mieux faire : la fin du jeu à proprement parler. Sans trop en dire, on a eu clairement l’impression que les p’tits gars de Forgotten Key ont carrément bâclé la fin, ne sachant certainement pas comment conclure le soft. C’est un peu dommage, nous aurions bien vu un petit épilogue pour avoir une fin plus aboutie, à moins que les développeurs aient voulu laisser libre cours à l’imagination des joueurs…
Outre une histoire franchement décevante, sa direction artistique pourra paraître à la fois sublime et redondante. Sublime d’une part car les panoramas totalement chatoyants font plaisir à voir, et le rendu global et complètement fantastique en jette par moment. Mais d’autre part, cette patte artistique sera plombée par des teintes parfois un peu trop répétitives, et nous donnent un peu trop la sensation de visiter à chaque fois les mêmes décors. De plus, la construction du level design, bien que convenable en l’état, est littéralement charcutée par un vide assez regrettable mais également une interactivité passablement limitée.
Prend ton envol petit oiseau !
Ce qui est vraiment intéressant avec AER : Memories of Old pour continuer malgré tout sur une bonne note, c’est sa faculté à varier les plaisirs entre plateformes, exploration et énigmes. Vous avez bien lu, il y a bien quelques petites phases de plateformes, et celles-ci ne sont dans un premier temps pas si déplaisantes que cela. Bien sûr, jusqu’à ce que l’on se rende compte que le tout se dote d’imprécisions assez pénibles, surtout à cause des sauts qui resteront beaucoup trop rigides, ou de quelques bugs qui viendront s’incorporer et vous empêchera d’atterrir en bonne et due forme sur la plateforme en question.
Néanmoins elles ont au moins le mérite d’être là et pour le coup, vous avez aussi la possibilité d’explorer le monde de AER : Memories of Old en parcourant la carte plutôt grande qui vous est proposée. Globalement que pouvez-vous faire ? Vous pouvez vous déplacer tantôt sur une terre ferme, ou bien vous transformer en oiseau en appuyant deux fois sur la touche X si vous êtes sur PlayStation 4 afin de parcourir le monde par la voie des airs et atterrir sur une prochaine terre ferme et l’explorer un peu. Seul problème, et nous l’avons notifié précédemment, le nombre d’interactions est affreusement limité, et vous ne pourrez seulement activer des interrupteurs quand il y en a dans le coin – et encore, vous devrez le faire obligatoirement pour avancer dans le jeu donc pas de secrets cachés -, ou bien lire librement quelques parchemins par ci par là. Egalement, vous aurez aussi la faculté d’utiliser votre fameuse lanterne, qui vous permettra qui plus est de relever quelques bribes de souvenirs, vous montrant ce qu’il s’est passé auparavant. Au-delà de ça, pas d’objets ni rien à ramasser, si ce n’est avoir le « plaisir » de découvrir tous les lieux de la map en la parcourant, rien de plus.
Des idées de fond il y en a, mais elles sont exploitées de façon trop maladroites, et sans inspirations.
Il y a enfin le côté énigmes enfin, si on peut appeler ça des énigmes finalement. D’ores et déjà, avant d’accéder à l’un des trois temples que vous devrez obligatoirement visiter pour y récupérer les fragments à réunir, vous serez dans l’obligation de trouver les clés pour ouvrir lesdits temples. Pour ce faire, avec les indications plus ou moins précises que vous donneront le peu de PNJs présents dans le jeu, vous devrez vous rendre à l’endroit indiqué plus ou moins – rien ne vous est indiqué sur la map sur où vous devez vous rendre, à vous de trouver en fait -, et résoudre des pseudo-énigmes pour récupérer la clé, et ensuite pénétrer dans le temple. Ce sera globalement le cheminement répétitif à faire pour accéder à chaque fois à un seul temple, et il faut bien avouer que pour récupérer la clé, ou parvenir au sommet du temple, le tout est franchement beaucoup trop facile. En effet, les énigmes sont finalement peu inspirées et seront faites en général à base de mécanismes à activer avec votre lanterne, d’interrupteurs à activer dans un certain ordre, et j’en passe. Niveau variété il y en a, c’est juste que ces fameuses énigmes seront finalement que très peu inspirées, et totalement inutiles. On se demandera aussi pourquoi la même touche est utilisée pour le saut mais aussi pour l’activation d’interrupteurs, ce qui est totalement absurde.
On pourra donc ressortir un peu déçu de cette expérience qui avait pourtant une bonne idée de fond car voyager en mode oiseau est un pur plaisir et nous donne un sentiment de liberté incontestable. C’est dommage car sur le mélange d’exploration, d’énigmes et de plateformes, il y avait de quoi faire un truc cool. Mais bon, le point positif, c’est que l’expérience se termine assez rapidement si vous allez en ligne droite. Effectivement, il vous faudra environ trois heures de jeu pour en voir le bout, et vous pouvez éventuellement rallonger la durée de vie légèrement si vous souhaitez compléter les trophées sur les actions qui vous sont demandé. Mais sincèrement, on pense qu’une fois le titre terminé, vous n’aurez pas forcément l’envie d’y revenir dessus, définitivement.
La technique, entre style graphique agréable et faiblard
On en arrive à l’aspect technique du jeu, qui s’offre un style graphique un peu cel-shading. Cela donne lieu comme nous avons pu le dire plus haut, à un aspect graphique diablement coloré, et franchement agréable pour la rétine. Mais bien évidemment et on s’en doute logiquement, adopter ce genre de style graphique cache forcément un aspect technique assez faiblard, que ce soit au niveau des textures, ou des effets qu’essaie de donner le moteur graphique. On sent que le studio n’avait pas forcément beaucoup de moyens et ça se ressent malheureusement. Et puis d’ailleurs, il arrive même que vous puissiez vous coincer dans les décors, en sus de quelques autres bugs pas gênants en soi certes, mais ternissant un peu l’expérience de jeu. On aura donc à boire et à manger au niveau des graphismes de AER : Memories of Old, qui passe de l’émerveillement à la stupeur graphiquement parlant. D’ailleurs, sur PS4 standard, le jeu souffre parfois de quelques saccades un peu dérangeantes mais n’ayez craintes, le titre reste la plupart du temps fluide.
Dernière chose la bande-son. Même si nous avons déjà dit que le jeu n’avait pas de doublages, le titre de Forgotten Key a en revanche des musiques, plutôt agréables qu’on se le dise. En effet, les thèmes musicaux collent à l’univers, qui est en soi plutôt zen et relaxant, et autant dire que cela marche du feu de dieu indéniablement. C’est l’un des rares bons points que nous avons pu noter, et dommage que tout le jeu n’ait hélas pas été de cette qualité par contre.
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