La promesse de cet Age of Empires Definitive Edition est simple : donner une seconde jeunesse visuelle et sonore à un monument, tout en se permettant quelques ajustements de gameplay pour apprendre de nouvelles grimaces à ce vieux singe. En effet malgré son statut de pilier du genre, d’autres ont continué à parfaire ce qu’il avait entrepris à l’époque et c’est maintenant à lui de se mettre à niveau.
Le BigDaddy du RTS
Les frissons provoqués par les premières notes du logo d’ouverture en sont la preuve, Age of Empires n’est pas n’importe quel jeu. À peine la première partie lancée que les vétérans retrouveront rapidement leurs marques en notant très vite tout ce qui a été ajouté et altéré par rapport à l’œuvre originale. Le plus évident étant la refonte graphique qui fait tout de suite son petit effet. Les personnages sont beaucoup plus détaillés, les animations plus fluides et les bâtiments resplendissent plus que jamais. Alors certes on reste assez éloigné des ténors contemporains du genre (on pense notamment à l’excellent They Are Billions dont on rêverait de voir un Age of Empires IV piquer le moteur) mais le gap avec la version d’origine est bien là. Bien sûr la partie technique suit également avec la possibilité d’afficher le jeu en 4K native et d’accéder à différents niveaux de zoom. Ces derniers posent d’ailleurs quelques soucis car certains sont trop flous alors que d’autres font mal au framerate, en attendant un patch pour corriger cela ?
Les musiques et les effets sonores ont eux aussi été entièrement refaits. La bande-son est presque intégralement réorchestrée (il manque une poignée de morceaux du jeu d’origine) et bénéficie de thèmes inédits tous s’intégrant à merveille à l’ambiance du jeu. Force est de constater que le travail réalisé sur les musiques et de grande qualité, qu’il s’agisse de l’enregistrement ou des réarrangements, l’ost nous régale les oreilles. Pour les effets sonores le constat est un peu différent. Probablement que cela est dû à un attachement très fort à la version originale, mais on a parfois envie de retrouver ces effets avec ce petit grain de l’époque bien que les nouveaux soient très fidèles. Pour mieux se rendre compte du travail réalisé sur les aspects visuels et sonores, les développeurs ont eu la bonne idée d’implémenter un mode « classique » qui n’est autre que le jeu original avec un bon gros dézoom.
Le maître dépassé par ses élèves
Sur le papier, les ajustements promis par les développeurs sont exactement ce qu’il faut à Age of Empires pour rester cohérent en 2018. Le titre ajoute ainsi des points de ralliement, un arbre des technologies consultable en cours de jeu, un indicateur de villageois inactifs ainsi que différents raccourcis pour améliorer l’ergonomie. D’autres ajouts comme l’arrivée du système de fermes de AoE II ou la large augmentation de la population maximale (50 dans le jeu original, jusqu’à 275 ici) changent eux plus profondément les mécaniques de jeu. L’interface aussi est plus claire et moins envahissante qu’à l’époque. Beaucoup de ce qui a été rajouté n’est autre que ce que l’on considère aujourd’hui comme la base d’un RTS, et bien qu’AoE ait largement contribué à faire du genre ce qu’il est aujourd’hui, il a tout de même déjà plus de 20 ans ! Il est donc logique de voir cette version emprunter notamment à AoE II. On retrouve le feeling authentique d’un RTS d’époque avec la rigidité que cela implique et un arbre des technologies bien moins impressionnant qu’avant. Le jeu embarque bien entendu tout le contenu d’origine et de l’extension Rise of Rome.
A cet aspect rugueux viennent s’ajouter un certain nombre de problèmes techniques qui nuisent fortement à l’expérience de jeu. Tout d’abord l’IA peine à offrir un challenge véritablement constant. Tantôt ultra agressive (notamment en mode campagne) ne vous laissant pratiquement rien le temps de faire, tantôt terriblement apathique. Pour l’exemple, lors d’une escarmouche lancée avec 3 autres IA, l’une d’entre elle n’a cessé de me harceler du début à la fin de la partie (avec un taux d’action par seconde ahurissant), alors qu’une autre n’avait toujours pas produit le moindre soldat après 40 minutes de jeu et restait dans son coin avec sa colonie de villageois. Ajoutons à cela des bugs à foison avec des villageois qui cessent leurs activités sans raison, des soldats qui tournent autour de leur cible plutôt que de la frapper, et un pathfinding absolument désastreux qui nécessite un patch au plus vite. On s’arrache les cheveux en voyant des villageois faire le tour complet d’un puits de stockage pour poser leur ressource plutôt, des groupes d’unités incapables de se déplacer en groupe correctement. Ces errances peuvent s’avérer dramatique et mener à la perte pur et simple de dizaines de soldats.
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