De retour après avoir connu un beau succès avec les jeux Saints Row, les développeurs de Volition reviennent sur le devant de la scène avec Agents of Mayhem, sorte de semi spin-off de leur précédente série. Une nouvelle licence qui apporte un peu de sang neuf mais qui reste bien dans le ton décalé qui faisait la force des Saints Row, en proposant cette fois-ci d’incarner une escouade d’agents remplie de personnages tous aussi loufoques les uns que les autres. Soyez-en assurés, la subtilité n’est toujours pas au programme, et c’est bien à grand coup de guns et d’explosions qu’il vous faudra traverser le jeu. Agents of Mayhem est-il donc un véritable défouloir jouissif ou tout simplement un jeu complètement décérébré ? Retour sur une expérience nuancée, qui ne plaira certainement pas à tout le monde.
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S’il est assez mineur et insignifiant malgré quelques efforts, commençons par poser les bases du scénario d’Agents of Mayhem. Comme le nom du jeu l’indique, vous incarnez une équipe de l’agence Mayhem, sorte de QG d’agents secrets en charge de protéger la ville de Séoul et le monde de la menace du docteur Babylon et de l’organisation de super-vilains Légion. Il ne faut malheureusement pas chercher beaucoup plus loin si l’on s’intéresse à l’histoire, qui reste constamment quelconque. Ceci dit, elle nous est racontés sous forme de séquences animées assez réussies, et on notera tout de même l’effort louable d’avoir développé un court scénario pour chacun des douze personnages. Cela reste néanmoins accessoire, puisque le scénario principal ne s’intéresse jamais vraiment aux agents en eux-mêmes, mais le développement accordé à chacun d’eux permet de vraiment s’attacher à cette équipe hors-norme, dont les membres sont volontairement calqués sur des gros clichés.
A l’aide de ces douze personnages aux caractères bien trempés, vous serez amenés à effectuer diverses missions pour faire tomber un à un les généraux de Légion, qui ne sont pas communs non plus d’ailleurs. Entre une jeune pop star digne d’un Justin Bieber et une IA aux allures de groupe de K-pop, en passant par une sorte d’Harley Quinn encore plus folle que l’originale, les boss du jeu font clairement partie des points forts du soft.
Agents of Mayhem propose une galerie de personnages complètement stéréotypés mais hilarants, certains étant de véritables caricatures.
Pour leur faire face, Mayhem n’est pas en reste et compte parmi ses membres des héros délurés comme Hollywood, un ancien acteur et star de télé-réalité accro à lui-même et aux films d’action, mais aussi Red Star, un hooligan fan de son club de foot ou encore Yéti, un soldat russe ayant volontairement subi des modifications génétiques pour le transformer en véritable homme de glace. Tout ce beau monde se donne la réplique dans Agents of Mayhem, et les singularités de chacun se font bien ressentir à travers quelques dialogues hilarants à défaut d’être véritablement intéressants. Le casting vocal s’en sort d’ailleurs à merveille, notamment avec les doubleurs d’Hollywood et de Daisy, qui nous offrent quelques punchlines délicieuses.
Si l’humour parvient à sauver un scénario banal, on aurait aimé qu’il aille encore plus loin. On ressent une certaine retenue dans Agents of Mayhem, surtout si on le compare aux précédents titres de Volution, comme s’il n’allait jamais vraiment au bout de ses idées. Certes, le rire est fréquent grâce aux personnages complètement décalés, mais il est la plupart du temps contrebalancé par le manque de second degré de l’histoire. Le potentiel était pourtant là, car on arrive à sentir les références caustiques faites à l’égard de certaines choses, comme la télé-réalité, les groupies hystériques, les musiques auto-tunées et autres, mais cela ne reste qu’une provocation timide. C’est bien dommage, car les personnages présentés sont eux vraiment réussis et donnent souvent le sourire.
Map : Welcome to Seoul
Mettons de côté l’écriture du titre pour nous intéresser au cœur du jeu, la ville de Séoul. Le premier contact avec cet open-world est tout d’abord plaisant, grâce à l’originalité et le soin qui sont accordés au design. Si Agents of Mayhem ne brille pas vraiment par sa qualité graphique, qui reste somme toute assez correcte dans l’ensemble, Séoul est assez agréable à voir et à parcourir dans les premières heures. Mélangeant un aspect futuriste, avec des gratte-ciels imposants aux courbes arrondies, et un côté plus traditionnel avec de vieux temples entourés de verdure, cette ville offre un terrain de jeu éclectique qui donne envie d’en découvrir tous les recoins. Malheureusement, ceci n’est que la première impression.
Choisir la ville de Séoul version 2027 aurait pu être un vrai bol d’air frais, mais le terrain de jeu proposé n’est pas des plus intéressants.
Une fois passée la joie de découvrir un monde un peu plus original qu’à l’accoutumé, on finit par retrouver les mêmes tares qui peuplent bon nombre d’open-world récents. Car malgré une construction intéressante, on peut vite se rendre compte que Séoul n’a pas grand chose à offrir au joueur. Le jeu ne pousse jamais vraiment ce dernier à explorer la carte, si ce n’est pour récupérer des ressources qu’il peut trouver facilement en accomplissant des missions. Finalement, la lassitude pointe le bout de son nez après quelques heures passées à arpenter la ville, ce qui est bien dommage étant donné la liberté de mouvement accordée aux personnages. Ces derniers sont en effets dotés d’un triple-saut, combiné pour certains avec un dash aérien, donnant un véritable dynamisme aux déplacements.
Ainsi, Séoul peut jouer sur la verticalité et offrir quelque chose de novateur, mais puisque la ville ne récompense jamais vraiment l’exploration, cet atout finit par être quelque peu caduque et accessoire. Avec le temps, on finira par préférer la conduite de véhicules au déplacement standard, même si là aussi, on ne peut être véritablement conquis par ce que le jeu nous propose. Malgré quelques voitures plutôt agréables à manier, la plupart des engins proposent une conduite approximative, oscillant entre la savonnette et la lourdeur. On savourera tout de même l’entrée délirante de chaque personnage dans la voiture, un ajout assez mineur mais qui illustre bien la personnalité de chacun.
Qui c’est qui a le plus gros calibre ?
La singularité des douze personnages se ressent aussi au sein des combats, qui sont l’attrait principal d’Agents of Mayhem. A mi-chemin entre un Saints Row et un third-person shooter classique, le jeu donne lieu à des affrontements explosifs et totalement démentiels. Pas de vrai système de couverture ici, tout est fait pour que le joueur plonge dans la bataille en shootant à tout-va. Evidemment, si cet aspect direct a une fonction assez libératrice pour le joueur, le jeu ne se contente pas de proposer des joutes décérébrées. Dans Agents of Mayhem, vous ne contrôlez pas un, mais bien trois personnages de votre choix parmi les douze. Autant vous dire que chaque héros a sa propre particularité et que l’équilibrage de votre équipe sera de mise.
Comment bien composer son équipe ?
Prenons par exemple le personnage de Hardtack, qui sera plus efficace contre les ennemis possédant une armure grâce à son fusil à pompe et son harpon, tandis que Shérazade pourra découper ses ennemis aux corps-à-corps avec son katana, en plus de pouvoir se camoufler. Une fois votre équipe constituée, vous pourrez switcher à votre guise entre les trois personnages, sans aucune restriction et à l’aide d’un seul bouton. Cette fonctionnalité s’avère être essentielle dans les combats, pour pouvoir gérer au mieux les forces et les faiblesses de tout le monde, mais elle permet aussi d’apporter un surplus de dynamisme. Il est dommage de constater qu’il n’y a pas à proprement parler de combos entre les capacités des personnages, mais cela ne reste qu’un détail parmi un système de jeu relativement complet.
En plus de leurs armes respectives, chacun des héros et héroïne possède une attaque spéciale permettant d’infliger plus de dégâts aux ennemis, mais surtout des changements d’état comme Faiblesse ou Aveuglement, qui les rendent plus vulnérables. Cette capacité peut aussi être modifiée puisque chaque personnage possède son propre arbre de compétences – qu’il développe en progressant jusqu’au niveau 20, mais aussi trois « atouts » qui modifient certains bonus ou effets appliqués aux ennemis. Avec tout cela, les agents possèdent une capacité Mayhem, une sorte de bouquet final. Là encore, ces attaques ont toutes leurs spécificités et correspondent bien aux personnalités des personnages. La palme de la capacité Mayhem la plus originale reviendra certainement à Kingpin, qui fait surgir une gigantesque radio pour faire danser tous les opposants, qui se déhanchent malgré eux au rythme de la musique tandis que notre héros les terrasse un par un.
Les capacités Mayhem ponctuent le combat de façon explosive, chaque personnage y ajoutant sa propre touche.
Les combats apparaissent donc comme un véritable exécutoire particulièrement intense, et on ne peut que louer le fait qu’ils soient aussi un brin stratégiques et travaillés. C’est d’ailleurs dans l’action que la fluidité de mouvement prend tout son sens, car il est impossible de rester immobile sous le feu de l’ennemi. Avec la grande mouvance des personnages, parcourir le champ de bataille est un plaisir et donne une sensation de puissance que peu de TPS arrivent à offrir. La mobilité est une part essentielle du combat, et il vous faudra l’utiliser à sa juste mesure pour venir à bout des adversaires les plus coriaces. D’autant plus que pour les amateurs de difficultés bien corsées, Agents of Mayhem propose pas moins de seize niveaux de difficulté, ce qui est tout de même assez impressionnant.
Le plus gros défaut du jeu fait son apparition
Avant de partir en mission défourailler des dizaines d’agents de Légion, il vous faudra passer par l’Ark, base centrale de Mayhem faisant office de HUB du jeu. Dans celle-ci, vous pourrez débloquer divers bonus pour votre équipe à l’aide de l’argent collecté au fil des missions, ou encore personnaliser votre véhicule selon les différents skins proposés. Il en est de même pour vos agents, qui possèdent chacun plusieurs costumes et skins d’armes, faisant parfois référence à des personnages bien connus comme le costume du yakuza Oni, à l’effigie du Joker de Batman.
Outre les missions traditionnelles, l’Ark vous propose aussi d’envoyer vos agents à travers le monde pour enrayer la menace Légion. La plupart du temps, il faudra vous priver d’un personnage pendant quelques minutes pour l’envoyer effectuer des tâches de reconnaissance, ce qui vous rapportera alors de l’argent et divers objets. Lors de ces missions, un de vos agents trouvera parfois une base appartenant à Légion, qu’il faudra détruire avant de passer à une autre région du monde. Le choix de vouloir apporter beaucoup de missions annexes dans ce genre est plaisant, mais cela montre les limites du jeu et son plus gros défaut : la répétitivité.
Le recyclage évident de certaines maps gâche tout le plaisir qu’auraient pu apporter les missions annexes.
Il ne faut pas plus de deux ou trois missions de ce genre pour se rendre compte que chaque base se ressemble, et qu’on est en face d’un cas de recyclage pur et dur des mêmes cartes. Bien entendu, l’itinéraire au sein de ces bases change parfois, mais l’illusion ne prend pas, et ce n’est pas une salle différente en plus qui atténuera cette impression de refaire tout le temps la même chose. Les missions annexes disponibles à Séoul sont du même acabit, même si elles se déclinent sous différentes formes. Entre les missions de reconnaissances, les prises d’avant-postes, les véhicules à protéger, tout finit par se ressembler et provoquer une lassitude chez le joueur.
Ce recyclage est assez contradictoire avec la générosité apparente du jeu, qui offre tout de même une durée de vie plus que correcte. En effet, il faut compter une quinzaine d’heures pour finir l’histoire en ligne droite, et bien plus pour tout boucler, mais rien ne pousse le joueur à s’orienter vers le contenu annexe si ce n’est l’obtention de skins et de ressources. Cette répétitivité reste cependant relative, car il faut rappeler qu’avec douze personnages très différents, il est possible de changer cette routine. Malgré tout, on regrette quelque peu qu’un concept aussi bon que celui-là soit entaché par des situations trop souvent similaires.
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