Les Wholesome Games, autrement dit les jeux bienveillants et souvent bons pour le moral, sont de plus en plus courants ces dernières années. Sans doute à cause d’une actualité qui n’a rien de réjouissant, c’est vrai, ce qui leur permet peut-être de trouver plus facilement leur public. Et ce n’est pas Animal Crossing : New Horizons qui nous fera dire le contraire. Toujours est-il que la proposition de jeux Wholesome s’est récemment agrandie, avec la sortie de Aka, une production française que nous vous présentions à l’occasion d’un AG French Direct.
Résumé en peu de mots, on pourrait vous dire que Aka est un petit jeu d’aventure et de gestion, prenant place sur une île minuscule, et mettant en scène un panda roux prenant sa retraite après une grande guerre. Un postulat qui surprend un brin lorsque l’on observe les images du projet, et qui, pourtant, trouve tout son sens dans sa narration, son concept et son rythme. Aujourd’hui, embarquons pour l’île des Pins, afin de voir si le voyage que propose ce petit jeu développé dans l’hexagone mérite le détour.
Conditions de test : Nous avons joué près de huit heures à la version Nintendo Switch, principalement sur TV, mais aussi en mode portable et sur Switch Lite. Ce test est garanti sans spoiler majeur.
Sommaire
ToggleLa guerre est finie
La première chose qui surprend chez Aka, c’est bien son postulat. Notre protagoniste se réveille dans une plaine visiblement dévastée par une bataille qui semble avoir pris fin il y a un moment. Son sabre ne l’a pas quitté, mais il se fait rapidement le serment de ne plus s’en servir pour tuer. Puis, on embarque sur un radeau qui va nous mener jusqu’à une île insignifiante dans l’océan, sur laquelle nous attend un ancien compagnon de guerre.
C’est vrai qu’en constatant l’aspect visuel très mignon du jeu, sa profusion de couleurs et le fait qu’il mette en scène une belle galerie d’animaux parlants, on ne peut pas s’attendre à ce qu’il traite de sujets aussi matures. Parce que Aka ne parle pas seulement d’un petit panda roux en quête de sérénité, il aborde aussi des thèmes complexes comme le remord, la peine, l’abandon, ou encore la difficulté que l’on peut éprouver à surmonter certains traumas.
Le tout est subtilement amené, et le jeu ne s’attarde jamais vraiment sur les sujets qu’il aborde. D’ailleurs, on peut parfaitement apprécier Aka sans avoir conscience qu’il véhicule un message fort. En vérité, il peut facilement être pris pour un clone de A Short Hike ou Cozy Grove, aux possibilités moindres, mais à l’ambiance tout aussi marquante. D’autant que sa bande son ne démérite pas face à ses homologues, avec différents thèmes très agréables à l’oreille, qui pourraient être écoutés en dehors du jeu.
Le petit bémol de cette version Switch, c’est malheureusement l’aspect visuel. Il n’est pas forcément évident d’accepter la vue isométrique, dans un premier temps, mais on s’y fait. C’est plus difficile en ce qui concerne le véritable downgrade graphique qu’a subi le titre pour rentrer sur la console de Nintendo. Certains décors pixelisent désormais, et on sent que la résolution n’est pas du tout la même que ce que nous avons pu voir sur ordinateur. Par ailleurs, quelques petits ralentissements sont à noter, et s’ils ne sont jamais bien méchants, ils sont toutefois très réguliers.
Heureusement, c’est un moindre mal, qui ne portera préjudice qu’aux plus tatillons. Les autres finiront probablement par passer outre, pour profiter sans retenue d’une direction artistique qui fait mouche, tout en douceur, collant à merveille à l’ambiance musicale que nous évoquions plus haut. Aka possède par ailleurs un character design très sympathique, quoique assez inégal, certains habitants étant, certes, beaucoup moins réussis que d’autres.
Apprends à créer
Je vous le disais en début d’article, on pourrait considérer Aka comme un jeu de gestion et d’aventure, au même titre qu’un Animal Crossing finalement. En somme, il comptabilise beaucoup de points communs avec son homologue, puisque outre ses personnages anthropomorphes, il propose de jardiner, de construire différentes choses, de collecter des ressources et de réaliser de petites quêtes remises par les habitants des quatre îles disponibles.
Quatre îles qui auront chacune leur ambiance, leurs habitants, et leurs activités, bien que l’on puisse reprocher à Aka d’être un brin superficiel à ce niveau. On fait très vite le tour de ses possibilités, ce qui fait finalement sens puisque l’on vient à bout de son aventure en cinq à huit heures grand maximum. Il faut dire que ses différentes quêtes ne sont jamais bien compliquées, nous demandant souvent d’aller récupérer un objet spécifique ou d’en crafter un autre. Or, la taille des îles étant réduite, on ne met jamais de temps à mettre a main sur ce qui nous est demandé.
Cela étant, on pourra reprocher à Aka son manque de clarté, puisqu’il explique un peu mal ses mécaniques, et pourra perdre quelques joueurs au bout d’une petite heure seulement. Ceux-ci pourront retomber sur leurs pattes s’ils se creusent un peu la tête et expérimentent les menus du jeu, au nombre de deux. En réalité, une fois qu’on a compris comment fonctionnent le craft et l’inventaire, c’est gagné. Mais le tout n’est pas particulièrement instinctif.
On regrettera par ailleurs que le système de craft ne permette pas de produire plusieurs fois le même objet en une seule action. D’autant que le menu se ferme automatiquement à chaque item créé. On a souvent l’impression de perdre inutilement du temps, quand il faut que l’on réalise un nombre donné de cordes ou autres outils. Encore une fois, c’est un moindre mal, mais couplé aux différentes imprécisions du gameplay, ça peut commencer à faire beaucoup aux yeux de certains.
Parce que le plus gros défaut du jeu, du moins dans cette version Switch, c’est sa maniabilité. Lorsque deux objets sont proches, il n’est jamais facile de pointer celui qui nous intéresse précisément. Il faut souvent s’y reprendre à plusieurs fois, en tâtonnant avec le joystick gauche, ce qui est d’autant plus problématique lorsque l’on se penche sur le jardinage, ou même sur la création d’objets à poser dans le décor (comme une tente ou un coffre). On perd du temps, et c’est parfois irritant.
Club Med
Lorsque vous arrivez sur l’île des Pins, celle-ci semble en piteux état. Personne n’en prend soin, et la végétation a repris ses droits. Les différents autochtones ont des besoins auxquels ils sont incapables de répondre eux-mêmes. Et quelqu’un a laissé traîner des pièges à loup, qui ont d’ailleurs blessé un jeune canidé se cachant derrière des herbes hautes. Bref, vous avez du pain sur la planche. Et c’est plutôt agréable de venir en aide à ses voisins.
D’autant que cela se solde souvent par une petite récompense, la plupart du temps une carte à l’effigie du personnage que l’on a aidé. Aka propose en effet un véritable jeu dans le jeu, pas forcément évident à comprendre au début, puisque rien ne nous est clairement expliqué.
Cela étant, un peu comme chez un Final Fantasy VIII ou un The Witcher 3, cette petite feature a le mérite d’exister, et peut se révéler addictive une fois que l’on a un assez bon deck, et que l’on a bien assimilé les règles. Dommage qu’il ne soit possible de jouer aux cartes qu’à un unique endroit. On aurait aimé qu’il soit possible de défier tous les habitants des différentes îles, comme dans un Yu-Gi-Oh! sur PSP, même si la comparaison n’a pas vraiment de sens, bien entendu.
Enfin, pour sa durée de vie très réduite, Aka propose néanmoins une bonne quantité de petites activités à réaliser. Un jeu de rythme, des combats de cartes, du jardinage, ou encore un exercice d’adresse. Notez aussi qu’il n’est pas vendu très cher, seulement 11,49 euros sur l’eShop de la Nintendo Switch à l’heure où j’écris ces lignes. Or, c’est un prix très correct pour une expérience si agréable, aussi imparfaite et courte soit-elle.
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