Lorsque le retour de Alex Kidd, mascotte de la Master System, a été annoncé en juin 2020, c’est directement au cœur de toute une génération de joueurs que Merge Games s’est adressé. Et pour cause, il y avait de quoi être optimiste au vu des comebacks réussis d’autres héros iconiques tels que Spyro et Crash Bandicoot, ou de vieilles licences comme Streets of Rage et Ghost’n Goblins.
D’abord pensée comme un fan game par José Sanz et Hector Toro, la refonte s’est finalement transformé en projet visant à être commercialisé, avec l’accord de Sega, ce qui a amené les deux développeurs à former la Jankenteam afin de finaliser le développement. La soif de nostalgie du public, couplée aux moyens actuels que peuvent proposer les studios de développement, même à une échelle indépendante, assurait donc une certaine hype quant à l’arrivée du remake du platformer 2D sorti il y a 35 ans.
Intitulée sobrement Alex Kidd in Miracle World DX, cette version a été conçue pour PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch, PC et sur consoles next gen afin que tout le monde puisse apprécier le coup de pinceau et les changements apportés. Ceux-ci sont-ils pour autant pleinement satisfaisants ?
Conditions de test : Le test a été réalisé sur PlayStation 4 Pro. Nous avons terminé l’histoire de Alex Kidd in Miracle World DX ainsi que le Boss Rush pour un total de 4-5 heures de jeu.
Sommaire
ToggleDe retour au royaume de Radaxian
En tant que remake purement technique, Alex Kidd in Miracle World DX adopte peut-être une allure différente, mais les fondements, eux, restent inchangés. Ainsi, nous revivons l’histoire d’Alex Kidd, parti à la rescousse de la Cité de Radaxian et de son frère Egle, tous deux sous l’emprise du tyrannique Janken le Grand. Tout au long d’une grosse vingtaine de niveaux, dont certains ont été ajoutés à l’occasion du remake, il va falloir vous frayer un chemin au milieu des ennemis, obstacles et autres pièges disposés un peu partout.
Et pour s’en sortir, notre héros dispose d’une palette de mouvements restreinte mais efficace : un saut, la possibilité de se baisser, et surtout, le fameux coup de poing dévastateur peaufiné après des heures d’entraînements au Mont Eternel. Nous pouvons aussi compter sur différents bonus à collecter en frappant des caisses spéciales, tels qu’une vie supplémentaire ou un bracelet magique très utile, qui déclenche une onde de choc au moment du coup de poing, pour détruire ennemis et blocs sur toute une ligne horizontale. Attention toutefois, ces caisses peuvent renfermer un fantôme qui vous traquera jusqu’à ce que vous le distanciez suffisamment. Dans le cas contraire, il vous tuera.
Il est également possible de récupérer ces bonus et bien d’autres encore à l’intérieur de la boutique, présente à plusieurs reprises sur votre parcours. Moyennant suffisamment d’argent, que l’on peut récolter tout au long des niveaux, vous pourrez obtenir moult power-ups exclusivement disponibles dans ces échoppes. On y trouve la moto, le Peti-Copter ou la canne de vol, qui vous font traverser plus rapidement les stages, ou encore des objets qui protègent Alex comme les capsules magiques ou la poudre de téléportation.
Profiter de ces bonus n’est pas du luxe, notamment contre les différents boss du jeu. Gooseka, Chokkina, Parplin et Janken le Grand reviennent, avec de nouveaux mouvements, pour se frotter à Alex à la fin de certains niveaux. La particularité de ces affrontements, assez originale à l’époque et donc logiquement conservée ici, est qu’ils se déroulent dans un premier temps en un match de deux manches gagnantes de Janken (ou Pierre-Papier-Ciseaux) puis, à l’occasion d’une deuxième rencontre, d’une phase de combat classique où il faut faire parler les poings.
Un ravissant coup de peinture sur le rétro…
Vous l’aurez compris, les connaisseurs de l’œuvre originale ne seront absolument pas perdus en se plongeant dans Alex Kidd in Miracle World DX. Encore mieux, ils seront sans doute ravis de voir à quel point la seconde jeunesse vécue par le titre s’avère éclatante. Le remake n’a pour ainsi dire presque rien à voir graphiquement avec l’épisode Master System, et ce pour le meilleur. Les décors gagnent copieusement en détails visuels. On passe d’un simple fond bleu à un arrière-plan pétri de végétation, de montagnes, ou d’habitations.
La direction artistique peut alors davantage s’exprimer qu’à l’époque, et la patte cartoon rayonne pour le plus grand plaisir de nos yeux. Les personnages, les ennemis ainsi que le décor destructible ont eux aussi hérité d’un coup de pinceau des plus appréciables. Les musiques réarrangées à l’occasion de ce remake participent également au dépaysement et à rendre la traversée des niveaux agréables, d’autant que, comme nous l’avons mentionné précédemment, cette mouture en a ajouté cinq de plus.
Petite attention sympathique, le titre de la Jankenteam propose l’option « vies illimitées », histoire de vraiment pouvoir traverser le jeu avec le minimum de contraintes. De quoi cueillir les néophytes avec moins de raideur, surtout lorsque l’on remet en perspective la difficulté native du titre original que l’on retrouve ici, avec une maniabilité peu laxiste et dont nous reparlerons un peu plus tard.
Bien que le remake chatoie visuellement, la pure nostalgie n’est pas pour autant mise à l’écart puisqu’il est possible à tout moment, à la pression d’un bouton, de passer de l’affichage moderne à celui en rétro 8-bits remasterisé, et inversement. Les développeurs proposent même le Mode Classique, permettant de jouer à la « véritable » version Master System avec un layout dédié. Toujours au rayon des clins d’œil, pas moins de quinze collectibles sont disséminés et cachés à l’intérieur des niveaux, et représentent des objets relatifs à l’univers d’Alex Kidd, de Sonic, et autres éléments rétro.
… Mais le miracle n’a pas lieu
En apparence, Alex Kidd in Miracle World XD semblait donc contenir les ingrédients nécessaires d’un remake réussi. Hélas, si le lifting graphique enchante, d’autres éléments destinés à être remodelés n’ont pas pu profiter du même soin. Ce qui frappe le plus, c’est sans aucun doute le traitement du game design et du level design. On ne doute évidemment pas de la bonne volonté des développeurs de préserver les sensations d’époque en apportant tout de même un léger fignolage à la maniabilité, mais 35 ans après, la pilule ne passe plus vraiment de la même manière.
Les sauts se révèlent parfois particulièrement hasardeux pour pas grand-chose à cause d’une inertie un peu bancale et désagréable. L’appréciation des coups de poing et de leur portée s’effectue quelque fois avec difficulté. Certaines actions, comme allier saut et coup de poing, nécessitent un timing au poil, et il n’est pas rare de perdre des vies bêtement. Certes, à cause du manque de justesse dont souffre le gameplay, mais aussi en raison d’une conception des niveaux qui n’arrive pas toujours à traverser les âges sans encombre non plus.
Les niveaux aquatiques ne sont pas en reste, puisque Alex, par défaut, remonte automatiquement vers la surface. C’est donc au joueur d’appuyer vers le bas pour stabiliser la nage du héros. De la même manière, les séquences en Peti-Copter nous ramène au bon souvenir (ou pas) de Flappy Bird, où la touche de saut fait s’élever par à-coups un appareil qui chute par défaut. Si on parvient plus ou moins à s’en sortir, un léger changement à ce niveau-là n’aurait pas été de mauvais goût.
On peut mentionner d’autres instants archaïques comme la réalisation des glissades. Alex Kidd peut se baisser, et il existe des secrets ou des bonus qui peuvent être récupérés en passant sous une ligne de blocs. Identique au jeu original, la manipulation consiste à prendre suffisamment d’élan puis de se baisser au dernier moment afin de se retrouver plus ou moins sous les blocs. A ce moment-là, en se déplaçant sur la droite ou la gauche, Alex va glisser si lentement que l’on a l’impression qu’un tel mouvement n’a simplement pas été prévu par les développeurs.
Autre bizarrerie conservée de l’époque : un passage dans le château de Janken, et accessoirement en apparence le plus ardu, nécessite de se faufiler, tout en nageant, au beau milieu d’une grande quantité de pics. Si vous découvrez le titre, vous risquez de perdre beaucoup de vies avant d’arriver au bout, à moins que vous ayez compris par vous-même que laisser Alex remonter vers les pics au-dessus sa tête ne lui fera aucun mal et vous permettra d’évoluer tranquillement.
En bref, Alex Kidd in Miracle World DX est une star qui s’est fait un lifting pour continuer à plaire mais qui est quasiment restée la même qu’il y a 35 ans, et les divers ajouts relatifs à ce remake de Merge Games n’y changent rien. L’implémentation de PNJ n’apporte pas véritablement de corps à l’histoire, et un mode tel que le Boss Rush n’amène rien d’intéressant, d’autant plus que le choix du signe de la part des boss, lors du Janken, répond éternellement au même pattern.
Cet article peut contenir des liens affiliés