Si l’on excepte Alien: Fireteam Elite, un jeu d’action coopératif oubliable, et Dark Descent, sympathique mais finalement peu mémorable, il faut bien se rendre compte que plus de dix ans se sont écoulés depuis le dernier jeu marquant dans l’univers de la franchise, Alien : Isolation. Cette année, Alien: Rogue Incursion, disponible depuis le 19 décembre dernier sur PlatyStation VR2 et PCVR (avec une sortie sur Quest 3 l’année prochaine), est tout simplement le premier jeu de la licence adapté à la réalité virtuelle.
Le soft est développé par un studio ayant l’habitude de faire des jeux VR de qualité, à savoir Survios. Les bougres s’étaient déjà fait remarquer avec deux adaptations de licences connues : The Walking Dead: Onslaught et Westworld : Awakening, deux jeux plutôt sympathiques. Survios a maintenant la lourde tâche de faire d’Alien: Rogue Incursion un titre incontournable de la VR. Si le résultat est flatteur, le jeu est beaucoup trop imparfait pour se hisser à la cheville des mastodontes de cette fin d’année, Batman: Arkham Shadow et Metro Awakening.
Conditions de test : Nous avons terminé l’histoire de cette première partie d’Alien: Rogue Incursion en 6h de jeu dans son mode normal. Le titre a été testé sur le PlayStation VR2.
Sommaire
ToggleUne planète pas très accueillante
Alien: Rogue Incursion (dont seule la première partie est disponible à l’heure où nous écrivons ces lignes), nous met dans la peau d’Hula Hendricks, pour une histoire qui s’avère satisfaisante. En compagnie de son synthétique Davis One, elle se rend sur la planète Purdan après réception d’un message de détresse de Benjamin Carver, un de ses anciens frère d’armes des Colonial Marines. Seulement voilà tout ne se passe pas comme prévu, et le vaisseau de nos héros se crashe. Sortis indemnes, nos protagonistes vont devoir visiter cette mystérieuse planète, où rôdent évidemment des xénomorphes pour ne pas changer.
Dans l’ensemble, l’histoire de cette première partie de Alien: Rogue Incursion se laisse suivre sans réel déplaisir et convainc. Il est d’ailleurs plutôt grisant d’endosser le rôle d’un personnage introduit dans les comics Alien: Defiance, et sa relation avec le synthétique Davis One est plaisante à suivre. Qui plus est, le soft surprend avec quelques rebondissements, tout en nous frustrant en revanche avec sa fin, annonçant avec une porte grande ouverte sa seconde partie d’ores et déjà confirmée par les petits gars de Survios. Cela dit, il faut bien avouer que la fin du jeu nous donne clairement envie de voir la suite des événements, qui ont de quoi être particulièrement excitants, notamment au niveau des pratiques douteuses de la corporation qui travaillait sur Purdan.
Le titre tire évidemment son épingle du jeu avec une fidélité religieuse à la licence Alien. Incontestablement, le sentiment d’oppression y est parfaitement retranscrit en VR, et on retrouve les fameuses armes et gadgets iconiques de la franchise. Du chalumeau plasma, en passant par le fusil à impulsion électromagnétique et le mythique scanner à forme de vie, indiquant quand un xénomorphe se trouve à proximité, autant dire que le studio Survios a fait fort pour retranscrire avec brio l’atmosphère oppressante des films. C’est une réussite concrète, et le soft nous forcera toujours à rester aux aguets aux moindres sons provenant des conduits, d’où un xéno peut toujours arriver sur votre tronche pour vous chercher des noises.
Flippant, stressant ô possible, avec des écueils évidents
Le gameplay quant à lui, même s’il est dans les standards des jeux VR actuels, s’avère prenant sans non plus émerveiller. Concrètement, que ce soit sur vos avants bras ou derrière votre dos, vous pourrez respectivement vous soigner avec une seringue que vous trouverez en fouillant divers casiers, ainsi que prendre vos armes si c’est nécessaire. L’ergonomie est, dans un premier temps, bien pensée, quoique générique. D’autre part, le système de rechargement manuel offre des moments de tension palpables, bien qu’il subsiste des imprécisions sur certains mouvements à effectuer, parfois saccadés et partant dans tous les sens.
Les premiers problèmes sont dans ces imprécisions, qui persistent au niveau du level-design. Si certains objectifs de mission sont relativement clairs, avec la map que l’on peut zieuter via notre journal électronique, il faut bien avouer que l’on peut vite se perdre sur les niveaux, qui disposent d’une indication bien moindre voire beaucoup trop floue. Pour ne rien arranger, il n’est pas rare que des bugs de scripts, notamment sur un passage en particulier, vous bloquent carrément, obligeant à relancer la partie si l’on ne suit pas le cheminement imaginé par les développeurs. Malgré ces couacs, force est de constater que la progression dans le jeu n’en reste pas moins excitante, avec pas mal de passages sympathiques.
Avant d’aborder les combats contre les xénos qui sont légion, il faut bien avouer que Survios a fait tout son possible pour varier les plaisirs dans Alien: Rogue Incursion, mais cela se révèle malheureusement bien maladroit. En effet, il faudra de manière générale progresser dans ce grand niveau découpé en zones en trouvant, au choix, des autorisations spécifiques avec un badge que vous obtenez au début du jeu, dessouder des portes via votre chalumeau, ou encore réparer des panneaux électriques afin d’ouvrir des portes. Après quoi, le titre vous embourbera dans des phases où il faudra trouver quelques objets comme des disques durs à scanner, ou encore des terminaux à allumer avec votre journal électronique, afin d’activer des mécanismes. Grisant au début avec ce côté bien immersif, ces séquences, bien que sympathiques dans le fond, s’enlisent dans une spirale répétitive pas super agréable.
Concernant ensuite les combats contre les xénos, ils oscillent concrètement entre fun et renouvellement insuffisant. Sachez que vous n’aurez au cours de votre périple que trois armes à feu avec le fusil à pompe, à impulsion et votre révolver pour vous défendre. Concrètement, les gunfights semblent organiquement liés à la progression. Effectivement, les xénos peuvent débarquer à tout moment et venir se frotter à votre calibre. Vous les détecterez assez facilement au cours de votre périple avec votre scanner, qui fera une sonnerie de plus en plus pressante si les aliens s’approchent un peu trop de vous.
D’ailleurs, un peu comme dans Metro Awakening, l’aspect survie primera. Il faudra porter une attention toute particulière aux munitions de vos armes qu’il faudra utiliser avec parcimonie, afin d’éviter de se retrouver dans la panade, les aliens pouvant arriver sans prévenir. D’où le fait que son côté exploration sera plus que recommandé, afin de trouver çà et là des cartouches, seringues, voire des journaux audio afin d’en apprendre plus sur le lore du jeu. Cette pression constante entre action, exploration et survie reste diablement efficace, et nous force à accomplir nos objectifs à chaque fois le plus vite possible, au risque de se retrouver dans la panade.
Dans le feu de l’action, les combats sont appréciables et même intimidants, dans la mesure où un xénomorphe peut vous vaporiser en deux voire trois coups, forçant à redoubler de vigilance. Même si tout cela est bien agréable en soi, nous regrettons que ces gunfights se répètent un peu trop, dans la mesure où ces phases ont du mal à se renouveler, notamment à cause d’une IA qui n’en fait pas assez pour nous surprendre de manière créative. Heureusement, le recul des armes et le feeling est fortement appréciable. Egalement, il faut souligner des gadgets chouettes à utiliser, et un système de sauvegarde prenant la forme de pièce sécurisée permettant de souffler et de récupérer des seringues ou munitions afin de refaire le plein.
Ambiance graphique et sonore, aussi transcendant qu’un fusil à impulsion
Sur l’aspect graphique, le studio Survios propose réellement quelque chose de bon avec Alien: Rogue Incursion. En plus d’avoir réussi à recapturer toute l’essence de la licence cinématographique créée à l’origine par Ridley Scott, force est de constater que le soft est franchement beau. Sans non plus nous mettre une belle claque comme il faut, le visuel, sur les textures comme sur les modèles 3D, rende bien, et le titre semble soigné dans les moindres détails. C’est quasiment un sans faute, même si nous regrettons les quelques bugs de scripts et de collisions, à cause notamment d’un moteur physique très hasardeux.
Il n’y a pas à dire, Alien: Rogue Incursion est loin d’être hideux, et bénéficie tout de même d’une attention toute particulière sur l’optimisation, aux petits oignons. Très peu voire pas du tout de ralentissements sont à signaler, et l’expérience globale est fluide, si l’on excepte les nombreux bugs énumérés un peu plus haut. Pour une première production de la franchise en VR, autant dire que le résultat a été fignolé d’une bien belle manière, avec quelques petits effets qui ne laissent pas indifférent. On aurait aimé un peu plus de variété dans la direction artistique et en matière d’environnement, mais force est d’admettre que l’on peut passer outre ce défaut avec une ambiance ultra fidèle qui plaira aux fans d’Alien.
Pour la bande-son enfin, il n’y a pas grand chose à dire sur sa qualité, de haute volée. En dehors d’un acting et de doublages anglais impeccables, c’est Sara Barone qui est à la composition musicale. Reconnue principalement pour avoir composé quelques bandes-son de films, ou d’avoir été assistante de composition sur la musique de Death Stranding: Director’s Cut, force est de constater que la compositrice a su bien s’imprégner de l’univers d’Alien, et ainsi réaliser une atmosphère sonore excellente rendant un vibrant hommage au premier film de Ridley Scott, mais aussi ses suites produites par différents réalisateurs. Qui plus est, quel plaisir de retrouver les bruitages mythiques du scanner, ou encore du légendaire fusil à impulsion qui donne des frissons positifs de nostalgie. Indéniablement, c’est un sans faute, malgré des sous-titres trop petits pour pouvoir suivre ce qu’il se dit.
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