Along the Edge a été développé par Nova-box, un petit studio français composé de trois personnes. Pour les épauler, ils ont également fait appel à deux artistes freelances : Charles Henry Martin pour la musique, et Nicolas Fouqué pour l’aspect graphique.
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ToggleAlong The Edge, la French Touch
Along the Edge est une sorte de roman interactif, un genre peu étendu en occident, mais que certains connaissent sûrement sous le nom de Visual Novel. C’est surtout au Japon que la pratique fait un carton avec des productions bien connues comme ceux du studio Key (Clannad, Air…), toutefois cela n’empêche pas certains d’arriver chez nous (souvent en anglais certes) comme les Stein;Gate que l’on a pu apprécier récemment. (N’hésitez pas à jeter un coup d’œil aux Tests là ou là). Nova-box se réapproprie donc le Visual Novel tout en y apportant une touche bien française. Oubliez les sprites kawai et le fan service pour otakus, Along the Edge ressemble beaucoup plus à un roman ou une nouvelle classique. Il ne reprend pas la majorité des codes de nos amis nippons. Bien évidemment, il faut s’intéresser un minimum au genre, et plus généralement à la lecture pour apprécier ce titre.
N’ayez pas peur toutefois, il ne s’agit pas d’une succession de pavés avec un contenu aussi conséquent qu’un Guerre et Paix de Tolstoï, le tout reste très léger. Toute l’histoire se déroule d’ailleurs sur plusieurs mois, un axe temporel assez court à première vue, mais qui permet de ne pas en faire des caisses d’autant qu’il ne s’agit ni d’un livre, ni d’un jeu vidéo à proprement parler. Il est question d’une expérience particulière qui joue à fond la rejouabilité au détriment de la longueur. Nous suivons Daphné Delatour, une jeune femme aux alentours de la trentaine, qui est à un tournant de sa vie. Voulant changer d’air pour des raisons que l’on vous laisse découvrir, elle accepte l’héritage que lui a laissé sa grand-mère décédée récemment, à savoir un énorme manoir dans une campagne isolée. C’est en tant que professeur de maths remplaçante qu’elle va s’installer dans le village. Très vite, elle se rend compte qu’un malaise plane autour d’elle et sa famille dont elle ne sait presque rien. Elle se retrouve confrontée à son héritage familiale entouré de mystères, mais aussi à la famille Malterre qui dirige la bourgade en utilisant des méthodes discutables.
Nous n’en dirons pas plus car le titre est extrêmement court. Pour faire, « humblement », une pseudo critique littéraire globale, nous dirons que Along the edge propose une intrigue mature sous couvert d’une petite part de fantastique. En effet, sans être dans une histoire de magie à la Harry Potter, nous avons droit à du Folklore qui se rapproche des légendes celtiques. Bien que cette dernière chose soit importante, elle n’est pas au cœur de la production de Nova-box. Le plus important, et le plus appréciable accessoirement, est de suivre l’épopée de Daphné ainsi que son évolution par rapport à ce qui lui arrive. Ces relations avec les autres personnages, ses découvertes, ses croyances, ses pensées…, sont ce qui importe le plus puisque ce sont également ceux du joueur qui doit, par ses choix, déterminer sa destinée. C’est donc du point de vue de Daphné, et uniquement du sien que l’on vit cette aventure. Le seul bémol à ce niveau-là, c’est que l’on peut avoir du mal à s’identifier au personnage si l’on est un homme du fait du caractère très féminin de l’intrigue. N’y voyez là aucune misogynie quelconque, nous pensons seulement que l’expérience vous touchera beaucoup plus si vous faites partie de la gente féminine.
Le long du fil
Pourquoi insister sur ce petit détail alors que l’on n’a pas forcément ce problème dans un roman par exemple ? Tout simplement parce que l’on doit véritablement se mettre à la place de Daphné pour faire les choix qui nous correspondent. Comme on vous le disait, Along The Edge se termine très vite, au bout de 3 ou 4 heures environ. Tout au long du fil de l’histoire comme l’indique le titre du jeu, vos décisions sont représentées par des choix de dialogues ou d’actions. Là où le titre se démarque, c’est que ces choix influent non seulement sur le scénario, mais aussi sur d’autres paramètres. A commencer par les relations entre personnages : certains seront délaissés tandis que d’autres seront vos alliés et amis sans oublier les relations amoureuses que vous pouvez nouer ou non. Puis il y a la personnalité de Daphné que l’on peut modeler. On peut lui donner une rigueur scientifique à toute épreuve ou une certaine crédulité envers les phénomènes inexpliqués. Vous pouvez également la rendre amicale ou, au contraire la transformer en colérique qui s’emporte facilement.
Le titre prend le parti de ne pas vous donner le droit à l’erreur, ou plus exactement de ne pas vous laisser modifier vos décisions au cours de la partie, grâce à une auto-sauvegarde qui se déclenche à chaque tournant. Du coup, l’intérêt majeur est de recommencer plusieurs fois en prenant des chemins différents. Il est très agréable de remarquer que les situations, et les événements peuvent changer radicalement en empruntant une autre route que celle précédemment empruntée. Par simple frustration de sa première partie ou simplement pour connaitre tous les détails de l’univers, on y retourne très facilement plusieurs fois. On lui notera cependant deux défauts. Tout d’abord, on se lasse quand même au bout d’un moment de recommencer encore et encore quand on a révélé la majeure partie de ce qu’il y a à découvrir. Parcourir l’expérience de fond en comble et y débloquer les succès peut alors s’avérer laborieux à la longue. D’autant que l’on peut avoir accès à pas moins de 60 fins avec 6 dénouements différents. C’est ce côté « faire tous les scénarios avec toutes les possibilités » qui peut être rébarbatif. De plus, chacun de nos choix sont représentés par des activations de symboles qui déterminent la personnalité de Daphné. Si l’idée est très intéressante, la pratique l’est beaucoup moins étant donné que l’on a seulement une vague idée de ce que l’on devient sans rentrer dans les détails. A moins de tout retenir par cœur ou de tout noter soigneusement, nous n’avons que peu d’indications lors de nos redites.
Ambiance posée
Même si l’on se doute que les jeux indépendants n’ont pas de budgets faramineux, le côté simpliste de Along the Edge, dans sa forme, colle parfaitement à l’expérience proposée. Le ton est très sobre ce qui permet de passer un moment calme et serein devant son écran comme devant un bon livre au coin du feu en somme. Tout d’abord, les lignes de texte qui défilent en bas de l’écran ne sont pas très nombreuses évitant ainsi une surcharge. Les musiques sont exclusivement des morceaux de piano qui contrastent parfaitement avec chaque situation. Bref, du piano et quelques bruitages d’ambiance sont tout ce qu’il faut pour lire tranquillement.
Pour illustrer tout ce qu’il se passe, nous avons droit à de très nombreuses illustrations qui décrivent énormément d’actions allant d’une scène cruciale ou tout bêtement à une voiture qui débarque dans l’allée du manoir. C’est aussi dans ces illustrations que l’on sent la touche occidentale, et même française encore une fois. Le coup de pinceau de Nicolas Fouqué est sublime, et l’aspect visuel nous permet également de constater les conséquences de nos choix. En effet, Daphné adoptera un look différent et qui correspond à ce que vous avez décidé pour elle.
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