Annoncé l’an dernier, American Arcadia est disponible dès aujourd’hui, ce mercredi 15 novembre, sur PC via Steam. Fruit d’une collaboration entre l’éditeur suédois Raw Fury (Flat Eye, Per Aspera, Night Call…) et le studio espagnol indépendant Out of the Blue, tout comme l’était le très sympathique Call of the Sea sorti en décembre 2020, ce jeu d’aventure suscite un certain engouement de la part des joueurs et des joueuses en raison de ses inspirations The Truman Show, un film américain salué par la critique et le public à la fin des années 90. Un peu plus de deux mois après nous avoir laissé sur une démo convaincante lors de la Gamescom, le titre est-il parvenu à se hisser à la hauteur de nos attentes ? Réponse dans ce test.
Conditions de test : Test réalisé avec une manette Xbox One sur un PC équipé d’un processeur Intel Core i5-9400F (2,9 GHz), d’une NVIDIA GeForce RTX 2060, d’une mémoire vive de 16 Go de RAM et d’un écran 1080p. Le titre a tourné en configuration graphique Élevé pendant environ 7h, temps nécessaire pour le terminer à notre rythme. Cet article garantit autant que possible l’absence de spoilers.
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ToggleUn récit haletant à suivre de bout en bout
Dans American Arcadia, Out of the Blue nous invite à suivre l’histoire d’un dénommé Trevor Hills. Simple employé de bureau au sein de la ville rétrofuturiste d’Arcadia, il voit sa vie banale et tranquille être rapidement bouleversée suite à l’enchaînement d’étranges événements débutant par la disparition du jour au lendemain de son collègue de travail Gus. Commençant à se poser des questions sur le monde qui l’entoure, il rencontre alors Angela Solano, une technicienne et activiste lui révélant que son quotidien n’est en réalité qu’illusion.
Non seulement il serait piégé depuis sa naissance dans American Arcadia, la télé-réalité la plus suivie de la planète, mais, en plus de ça, cette émission filmant les habitants et habitantes 24h/24 et 7j/7 depuis 55 saisons appliquerait une règle stricte selon laquelle être impopulaire aux yeux du public serait synonyme de condamnation à mort. Sans surprise, Trevor est actuellement en plein dans cette situation. Afin d’échapper au funeste destin qui l’attend et espérer gagner son ticket pour goûter à la vraie liberté, il n’a donc pas d’autre choix que de s’allier à Angela, la seule personne qui semble avoir ne serait-ce qu’un minimum d’intérêt pour son existence.
Accrocheur sur le papier et assumant pleinement ses inspirations The Truman Show, le scénario proposé ici est particulièrement bien écrit et rythmé au point de ne jamais nous lasser car, plus nous progressons, plus la frontière entre vérité et mensonges tend à disparaître. Ponctuée de quelques retournements de situations bienvenus dans son déroulement, la fuite de Trevor est haletante à suivre du début à une fin surprenante qui pourrait toutefois ne pas convenir à tout le monde. Et, malheureusement, les développeurs n’ont pas songé ou voulu intégrer un second dénouement comme dans Call of the Sea pour pallier cet hypothétique problème.
Bien qu’il manque peut-être un peu d’interactions pendant son périple, le duo formé par Trevor et Angela est également très attachant, un sentiment considérablement renforcé par les excellentes prestations de Yuri Lowenthal et de Krizia Bajos aux doublages. D’ailleurs, n’oublions pas non plus la présence de Cissy Jones au casting, celle-ci campant à merveille le rôle de la charismatique et principale antagoniste du récit, Vivian Walton.
Concernant la mise en scène, elle a beau être assez simple, elle n’en demeure pas moins efficace et habilement construite même si certaines transitions mériteraient d’être raccourcies d’une fraction de seconde dans le but d’exploiter pleinement l’efficacité de l’effet comique qu’elles souhaitent déclencher juste après. Autre détail, les différentes musiques composant la bande-son ne nous restent jamais longtemps en tête, à l’exception éventuellement de celle se lançant au moment d’accéder aux crédits de fin. C’est dommage.
Un univers dystopique cohérent, soigné et immersif
Si la structure narrative, au sens large du terme, d’American Arcadia se montre extrêmement convaincante, elle ne parviendrait sans doute pas à nous tenir autant en haleine sans tout le travail effectué par le studio espagnol autour de la conception de son univers. Profond, cohérent et bénéficiant du soutien d’une direction artistique soignée et agréable à l’œil, le lore affiche une vision alternative dystopique des États-Unis d’Amérique à la fois fascinante, terrifiante et surtout aussi immersive que possible malgré la présence de quelques soucis de finition en attendant l’arrivée du traditionnel patch day one (bugs visuels, sous-titres n’apparaissant pas à l’écran, petites chutes de framerate).
Dès les premières secondes de la partie, le style rétrofuturiste sentant bon les années 70 d’Arcadia fait mouche instantanément. Puis, dans un second temps, c’est la dualité, cette coexistence perverse liant l’utopie factice de la métropole et le monde moderne réel qui marque notre esprit. Pourquoi ? Parce qu’elle s’avère frappante et troublante, pour ne pas dire dérangeante.
C’est difficile d’entrer dans les détails sans risquer de vous gâcher le plaisir de la découverte mais, par exemple, il existe une scène nous offrant un aperçu des retombées marketing de l’émission dans un aéroport. Entre la couverture médiatique accordée par la presse, les divers types de produits vendus dans une boutique de souvenirs et la manière dont l’attraction touristique sur place nous raconte l’histoire de la création d’Arcadia, le « spectacle » proposé ici nous fait passer par presque toutes les émotions. Sincèrement, il réussit vraiment à heurter notre sensibilité.
Cela peut paraitre surprenant étant donné que nous avons uniquement affaire à un jeu, une « simple fiction » qui, sauf erreur de notre part, ne cherche pas forcément à propager un quelconque message. Pourtant, au-delà du fait que le résultat rende très intéressante la façon dont les développeurs ont imaginé et souhaité représenter les dérives à l’extrême de la télé-réalité, nous trouvons qu’il donne aussi matière à réfléchir sur l’impact que peut encore avoir aujourd’hui ce concept sur notre société.
Une expérience bien huilée à la portée de tout le monde
Côté gameplay, American Arcadia embarque des mécaniques axées sur des interactions simples et faciles à comprendre à la manette comme c’est le cas dans bon nombre d’autres jeux d’aventure. Cependant, il se dote d’une petite subtilité liée au fait que notre périple ne concerne, non pas un, mais deux personnages. Autrement dit, bien que l’expérience soit entièrement orientée solo, elle nous invite à contrôler à tour de rôle, voire quasi-simultanément à quelques occasions, Trevor et Angela.
Dans la première situation, cela se matérialise par une vue en 2.5D façon Inside incluant majoritairement des phases de plateformes, d’infiltration et de courses-poursuites. Dans la seconde, cela nous permet de profiter d’une caméra FPS afin de résoudre les puzzles sur notre route. Un choix de game design plutôt original et ingénieux qui, en plus d’être bien huilé, est associé à un level design linéaire bien pensé.
Alors oui, c’est vrai, dans le cadre des courses-poursuites nous demandant d’agir sous la pression, il nous arrive de devoir passer par plusieurs échecs avant d’identifier clairement ce que la production veut que nous fassions pour avancer. Mais, selon nous, il faut voir ça comme une manière d’apporter un minimum de challenge à l’expérience. Une chose que nous ne regrettons pas puisque, à l’image de celles présentes dans Call of the Sea, les énigmes concoctées par Out of the Blue sont d’une grande simplicité à résoudre, à quelques exceptions près.
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