Genre très populaire au cours des années 80 et 90, principalement sur arcade mais aussi sur consoles, le Shoot’em Up a malheureusement perdu ses lettres de noblesses à mesure que la 3D reléguait la 2D au placard. Bien triste nouvelle pour les amoureux du genre qui, depuis, n’ont eu que peu de titres à se mettre sous la dent, souvent japonais, et régulièrement beaucoup trop durs pour les casual gamers. Il arrive toutefois qu’un projet nous parvienne, plein de bonnes intentions, à destination des fans qui ne sont pas obsédés par la performance. C’est par exemple le cas de Andro Dunos 2, jeu édité par PixelHeart, suite d’un classique du genre paru en 1992 sur bornes d’arcade.
Conditions du test : L’éditeur nous a remis une version Switch en édition physique sur laquelle nous avons passé un peu moins d’une dizaine d’heures. Ce fut suffisant pour faire le tour exhaustif de son contenu, débloquer tous les niveaux, etc..
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ToggleSuite, hommage, ou les deux ?
La question ne vous semble pas nécessairement couler de source, pourtant elle est bien légitime lorsque l’on prend en compte le temps qui sépare la sortie du premier volet et du second. En effet, Andro Dunos paraissait en 1992, une année charnière qui vit naître des pépites telles que Sonic 2 ou Alone in the Dark, tandis que sa suite nous parvenait il y a seulement quelques semaines, près de trente ans plus tard. Ainsi, eut-il été correct de parler de suite, quand bien même une écrasante majorité des joueurs ont oublié Andro Dunos ? Et faut-il le voir comme tel alors que, malgré un petit lore il est vrai, le premier ne racontait pas vraiment d’histoire à proprement parler ?
Le fait est que, dans les grandes lignes, on peut effectivement voir ce Andro Dunos 2 comme une suite directe du premier volet, et pas uniquement grâce à l’ajout du chiffre. Tout dans ce nouvel épisode évoque le premier, de l’aspect visuel, ou plutôt la direction artistique si vous préférez, au bestiaire, en passant par les différents modes de tir de notre petit vaisseau. Ainsi, le titre demeure fidèle à son héritage. Il s’agit donc d’un Shoot’em Up, que nous allons dorénavant appeler Shmup pour le plaisir des anglicismes qui font crisser des dents et hérissent le poil.
Cela étant, si dans la forme il s’agit bien d’une suite, l’hommage n’est jamais bien loin malgré tout. Ce qui se traduit par un déroulé millimétré des niveaux, typiques des Shmup de l’époque arcade, une difficulté très bien dosée, mais correspondant néanmoins aux exigences de la borne, un sentiment d’évolution, tant de notre propre puissance que de celle des ennemis… Bref, une recette que les fans du genre connaissent bien, puisqu’elle a fait les beaux jours de licences iconiques telles que Gradius ou R-Type, respectée jusque dans ses moindres détails dans ce titre développé à destination de supports actuels. Mais est-ce que cela marche toujours aussi bien ?
Une recette éculée ?
Il n’est pas mauvaise langue de dire que le genre du Shmup est l’un de ceux qui a le moins évolué au cours de sa longue et fulgurante carrière. Le fait est qu’au cours de sa grosse période de renommée, lorsque les bornes d’arcade fleurissaient encore, même par chez nous, l’originalité était délaissée au profit de recettes simples, le temps de parties plus ou moins courtes. Les grosses différences entre les softs se limitaient finalement aux directions artistiques, au sens du scrolling (horizontal ou vertical), ou à la manière d’obtenir un power up, autrement dit une amélioration des capacités offensives ou défensives de notre personnage. Il existe évidemment des exceptions, telles que Ikaruga ou Rez, mais elles sont marginales.
À y regarder de près, ce que propose Andro Dunos 2 est très proche de cette recette que nous évoquons plus haut. Tellement proche, même, qu’on pourrait le confondre avec un titre de l’époque, si ce n’est dans sa difficulté qui met un peu plus de temps à démarrer. Est-ce que c’est une bonne chose ? Eh bien d’une certaine manière on peut dire que oui. Parce que cela n’arrive plus trop souvent de voir débarquer un nouveau titre du genre, et qu’à défaut d’innover en profondeur, ce qui semble dorénavant difficile à mettre en œuvre, rappeler les bases n’est jamais une mauvaise idée. Et quelles bases !
Pas facile de noter un jeu du genre, surtout lorsqu’il se cantonne à nous servir une recette aussi classique. Malgré tout, il suffit de prendre la manette pour constater que le feeling est immédiatement jouissif, et le gameplay parfaitement intuitif. Seulement trois touches seront nécessaires, en dehors du joystick ou de la croix directionnelle, afin de venir à bout des ennemis. Avec les gâchettes L et R, on change de mode d’attaque. Avec le bouton A, on tire, tandis qu’avec B on envoie toute notre puissance de feu pendant quelques secondes. Simple comme bonjour !
Court mais efficace
Qu’on se le dise, il semblait assez évident que Andro Dunos 2 ne proposerait pas un contenu particulièrement abondant. Seulement dix stages et un seul vaisseau qu’il est impossible de personnaliser, le tout pour une durée de vie qui pourrait se résumer à une trentaine de minutes en ligne droite, à condition d’être très bon joueur… ça fait peu, même pour le prix relativement attractif auquel est proposé le soft, soit une vingtaine d’euros en dématérialisé, contre environ 35 en physique.
Notez que si nous testons le jeu sur Nintendo Switch, ce qui nous a permis d’y jouer sur grand écran (confort non négligeable pour un Shmup à la difficulté relevée), le titre est disponible en parallèle sur Dreamcast, Neo Geo, PlayStation 4 et 3DS. Rien que ça !
Au rayon des qualités, puisqu’il faut bien qu’on finisse par en parler concrètement, on notera avant tout son accessibilité. Sans toucher aux paramètres initiaux, on débute avec six continues, ce qui est amplement suffisant pour que quiconque parvienne à terminer le premier niveau. Les contrôles sont, comme souvent dans le genre, instinctifs. Et le retour visuel de nos actions rend le tout très jouissif, avec des explosions dans tous les sens. Et c’est évidemment sans parler de son système de scoring, qui ne révolutionne absolument rien, mais fonctionne du feu de dieu. On pourrait aussi parler de la bande sonore plutôt bonne, quoique l’on y prête peu attention dans les niveaux les plus avancés, ou encore des graphismes réussis. Le titre ne nous assène pas de claque, c’est évident, mais son aspect visuel est maîtrisé et rappelle avec une certaine bienveillance les meilleures années du Shmup.
Malheureusement, Andro Dunos 2 n’est pas dénué de défauts. Et sans citer une seconde fois son contenu, au dessus duquel on peut passer aisément si l’on accroche au système de scoring, il faut bien dire que retrouver exactement les quatre mêmes modes de tir qu’en 1992 fait un peu mal. Même l’ajout d’un cinquième aurait été un plus non négligeable. Ensuite, on notera que la lisibilité lui fait parfois défaut. Il aurait été bon d’indiquer plus clairement quels sont les éléments qui nous tuent d’ailleurs, puisqu’il n’est pas forcément évident de comprendre au premier coup d’œil que le sol d’un niveau est létal. Cela étant, c’est principalement du chipotage.
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