Animal Crossing New Horizons est le retour tant attendu de la série après quelques détours. L’épisode New Leaf sur 3DS était sorti chez nous en 2013 et Nintendo n’avait pas jugé utile de tenter l’aventure sur Wii U. On a donc passé un peu plus de deux semaines sur notre propre île pour voir si Tom Nook a tout rénové ou s’il s’est contenté d’une version HD.
Conditions de test : La Switch classique utilisée affiche un total de plus de 55 heures de jeu. Le tout réparti en un peu plus de deux semaines comme dit précédemment, pour un Animal Crossing forcément c’est peu mais on n’allait tout de même pas vous faire attendre toute une année pour ce test.
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ToggleRetour à la maison, enfin à la tente…
Vu l’ancienneté du dernier épisode et le succès de la Switch, il est possible qu’il s’agisse du premier Animal Crossing pour une bonne partie des joueurs. Et vu la place particulière de la série dans le monde du jeu vidéo, on va commencer par un rappel des bases qui s’appliquent toujours dans New Horizons. Il s’agit d’un jeu de simulation en temps réel où son personnage s’installe dans un endroit en compagnie d’animaux anthropomorphiques.
Son installation se fait grâce à Tom Nook en échange d’une dette qui vous engage sur trois générations. Le remboursement de cette dette est le moteur initial du jeu. Mais pas de précipitation puisqu’il n’y a pas d’intérêts ou de date butoir. On cueille et attrape des créatures, on entretient sa ville, on décore sa maison et on prend des nouvelles de ses voisins. On vit au rythme des événements du jour mais surtout au fil des saisons qui changent ce que l’on peut trouver.
Bref, pas le gameplay le plus nerveux mais c’est justement la force de la série. On est ici pour se détendre. Il y a un bouton pour courir plus vite mais l’utiliser serait de l’hérésie puisque cela ferait fuir les insectes les plus rares. Pour la pêche, il ne s’agit pas d’une épreuve de réflexes mais de patience pour ne pas se faire piéger par les feintes. On fait des activités zen dans des décors mignons, sur fond de musique relaxante. Une partie d’Animal Crossing, c’est une séance d’hypnose.
Un Animal Crossing sur mesure
Passons maintenant au changement qui marque le plus dès les premières minutes : la personnalisation plus avancée. Lors de la création de son personnage, les parties du visage ne sont plus déterminées par un genre. En parlant de genre, si l’on commence bien par nous poser la question « Villageois ou Villageoise ? » quand on modifie son apparence par la suite, la question devient un plus délicate « Comment veux-tu qu’on s’adresse à toi ? ».
Pour la première fois, on peut aussi choisir son hémisphère, encore une délicate attention pour une partie des joueurs mais aussi un moyen de renforcer l’évasion pour les autres. En effet, cela permet de jouer avec les saisons inversées sans jouer avec les paramètres de sa Switch.
Un soin que l’on retrouve aussi par la suite puisque l’on décide réellement de tout sur son île. Chaque maison ou bâtiment en dehors de l’aéroport et du bureau des résidents est placé par le joueur lui-même. Il est également possible de payer pour les déplacer mais aussi construire des infrastructures tels que des ponts et des escaliers pour faciliter la circulation sur l’île. Et heureusement puisque sans idée du nombre d’éléments à placer, on regrette vite certains choix initiaux.
Animal Crossing : Let’s build the City
Petite parenthèse au sujet du développement du terrain de jeu, sans la séparation village-ville des épisodes Wii et 3DS, votre île s’urbanise très vite. Et si cela fait évidemment plaisir de débloquer de nouvelles choses, il y a également un petit pincement au cœur quand on constate la place de la nature de moins en moins importante. Heureusement pour contrebalancer un peu tout cela, il y a les petites îles vierges sur lesquelles nous reviendrons plus tard.
La personnalisation plus poussée passe aussi par le fait de pouvoir agencer ses objets de manière plus précise et surtout de pouvoir les poser à l’extérieur. Une fonction dont on pouvait déjà voir les prémices dans Happy Home Designer et Pocket Camp mais qui fait ses débuts dans la série principale. Avec ceci, le mobilier urbain, la création de routes et même la terraformation, chaque île sera vraiment unique.
De nombreux petits détails font leur apparition pour coller de plus près aux désirs des joueurs. Mais attention, cela restera votre version d’une île Animal Crossing et pas un générateur pour recréer n’importe quel lieu, fictif ou non, comme dans Minecraft par exemple. Même si l’on suppose que certains vont s’amuser avec la possibilité d’appliquer les motifs personnalisés au sol.
Ça vous plaît ? C’est moi qui l’ai fait !
On insiste bien sur la personnalisation dans le jeu mais il faut dire que c’est un aspect très travaillé du jeu et qui tente de s’appliquer à tous les niveaux. On fait son personnage comme on veut, son île, sa maison mais aussi ses objets. Il est en effet toujours possible de retravailler les meubles pour changer leur couleur, leur matière ou d’autres détails afin de mieux les faire s’intégrer au reste du décor. Mais on peut surtout leur appliquer ses propres motifs personnalisés.
Tout n’est pas concerné mais tout ce qu’on a construit soi-même peut être transformé. Car oui, comme dans Pocket Camp, le craft est disponible et occupe même une place centrale dans Animal Crossing New Horizons. On part chercher les différents matériaux pour se faire ses outils et ses meubles que l’on peut ensuite parfois améliorer. Le sentiment d’accomplissement vis-à-vis de sa maison est déjà un classique de la série. Mais ici, on est encore plus content de son décor quand on a pris la peine de tout faire de A à Z.
Il a fallu réussir à obtenir le plan pour l’objet, récolter les éléments nécessaires à la fabrication, souvent même le personnaliser. Et ce pour la maison mais aussi pour le reste de l’île. On passe dans un tout autre degré d’implication mais aussi cela permet de maintenir plus longtemps l’attention du joueur qui peut se fixer des objectifs clairs. Malheureusement, cela signifie aussi que les outils ont une durabilité, beaucoup trop courte comme dans Breath of the Wild.
Le Villageois et Marie ont changé au contact de Samus et des Belmont
Pocket Camp semble avoir été un test pour voir à quel point les développeurs pouvaient intégrer des mécaniques plus classiques du jeu vidéo dans Animal Crossing New Horizons sans trop changer la formule. Avec le craft et la durabilité des outils vient donc le fait de débloquer des améliorations de l’inventaire. Entre les poissons, les insectes, les fossiles, les outils, les coquillages et les fruits, les matériaux n’avaient plus beaucoup de place dans les poches de base.
L’île est séparée en trois parties avec une zone de base entourée d’une rivière. Il faut donc débloquer un moyen de passer au-dessus de l’eau pour aller un peu plus loin et se retrouver coincé devant les falaises qui demandent elles aussi un nouvel objet pour être franchies. Rassurez-vous, tout cela va très vite mais cela crée un certain charme et mystère de ne pas pouvoir explorer toute son île dès les premières minutes.
Le fait que les outils cassent sans prévenir apporte aussi une petite tension. Il faut savoir les économiser. Le filet ne devrait plus tarder à casser, est-ce qu’on attrape vraiment cette Piéride de la rave au risque de louper une Mante orchidée sur le chemin du retour ? Les petits événements tels que les insectes dangereux ou les ballons semblent aussi beaucoup plus fréquents. L’île est clairement plus vivante qu’avant sans pour autant devenir frénétique.
Miles et une occupations
Le modernisme et l’inspiration du côté de la concurrence apporte aussi le système des miles Nook. On les gagne grâce au bonus de connexion du jour, des objectifs similaires à des succès mais aussi des pseudo-quêtes journalières. Le NookPhone qui sert de menu au jeu contient une liste de cinq petites tâches qui se terminent généralement en deux minutes. Cela peut être planter un arbre, attraper cinq insectes, parler avec trois villageois et c’est surtout facultatif.
Ces petites missions sont indiquées dans un sous-menu d’une application du NookPhone. Et si elles disparaissent bien au bout d’un moment, le jeu prend bien soin de ne pas afficher de compte à rebours pour ne pas mettre de pression. Terminer une mini-mission en fait toujours apparaître une autre ce qui rend le système totalement addictif. C’est tellement simple et rapide que l’on passe son temps à se dire « Bon allez, je fais celle-là et j’arrête » avant d’en faire des dizaines.
Les miles Nook s’obtiennent assez facilement pour qu’on n’ait pas l’impression de passer à côté d’une partie du jeu en ignorant les moyens de les gagner. Cela aide le joueur à trouver des choses à faire en cas de manque d’inspiration et cela l’aide surtout à s’intéresser au jeu dans sa globalité. Quand on doit planter des fleurs ou créer des meubles, on se prend facilement à jouer le jeu en faire les choses de façon propre au lieu de juste s’en débarrasser. Cela ne changera rien pour les habitués mais pourra aider ceux qui ont du mal avec le manque d’objectifs clairs.
Le jeu du capitalisme
Animal Crossing est déjà connu pour sa recherche constante de trouver des moyens faciles de s’enrichir avec par exemple la revente des navets ou les arbres à clochettes. On ne doute pas qu’avec le craft, les miles Nook et les autres nouveautés de cet épisode, la recherche d’optimisation financière sera également un angle non-négligeable pour que certains joueurs prennent du plaisir sur le jeu.
Par exemple, dans New Horizons on peut manger un fruit pour déterrer un arbre et le mettre dans son inventaire pour le replanter dans le même état ailleurs. On peut aussi utiliser les fruits dans le craft pour multiplier leur valeur. Autant vous dire que l’importation de cocotiers a été massive sur l’île du test pour se lancer dans le commerce de jus de coco.
L’île Tortimer de New Leaf semble d’ailleurs avoir cédé sa place à des petites îles vierges aléatoires dont le but est de se laisser piller pour amasser les matériaux et chercher de nouvelles idées pour s’enrichir. Vu le délai très important pour tout obtenir, il reste plusieurs activités et services dont nous ne savons toujours pas s’ils restent à débloquer ou sont tout simplement absents. On pense notamment au Club MDR, le café de Robusto ou Rounard.
La mignonnerie n’est jamais finie
New Horizons conserve le style de la série et il faut reconnaître que graphiquement le jeu est magnifique. Forcément quand on passe de la Wii, la 3DS ou le portable à une vraie console HD, il y a une réelle différence. Tout est plus détaillé mais c’est surtout le travail sur les ombres, les reflets ou l’eau qui marque.
Niveau musique, on reste dans des déclinaisons du thème principal mais toujours dans une volonté de relaxer le joueur, c’est-à-dire très agréable sans vouloir forcément marquer en dehors de la mélodie phare. Il faut tout de même saluer la radio qui donne un côté étrangement réaliste quand on bricole à la maison ou qu’on redécore. En plus d’enchaîner les morceaux classiques, on peut entendre des jingles ou des petites émissions en langue Animal Crossing pour un bruit de fond bienvenu.
Le jeu tourne parfaitement en mode docké comme en portable. D’ailleurs, si cela fait plaisir de pouvoir enfin rejouer à la série sur une télé, difficile de faire plus cozy qu’une session sur Animal Crossing New Horizons bien affalé sur un lit ou un canapé, console entre les mains.
Un monde parfait ?
Il y a tout de même quelques détails dérangeants et on doit notamment évoquer quelques petits soucis au niveau des contrôles. Il n’est absolument pas rare d’utiliser un outil à côté de l’endroit que l’on visait ou de mettre un coup sur une porte ou un personnage au lieu d’interagir avec eux. Déjà un peu irritant en temps normal, comme le nombre d’utilisations des outils est très limité, cela devient encore plus frustrant.
Mais le principal problème vient de l’île unique. Jusqu’à huit joueurs peuvent utiliser Animal Crossing New Horizons sur une même Switch mais sept d’entre eux seront sur l’île du premier à avoir lancé le jeu. En créant d’autres personnages, même Tom Nook prévient que rejoindre une partie en cours change réellement l’expérience. Et vu comment on insistait plus tôt sur la grande satisfaction de tout faire soi-même, cela se comprend.
On imagine que certains réussiront à développer leur ville de manière satisfaisante à plusieurs. Que ce soit à tour de rôle ou en profitant du multijoueur sur la même machine jusqu’à quatre avec la caméra qui reste sur un seul joueur. Mais cela reste une solution de secours très limitée et surtout moins onéreuse que racheter une console et un exemplaire du jeu à chacun.
L’île attend toujours la 3G
Puisque l’on parlait du multijoueur, sachez qu’il est possible d’inviter ou de rejoindre jusqu’à sept autres personnes en ligne ou en mode sans fil. Des fonctions que nous n’avons pas pu essayer pour l’instant, notamment car la partie en ligne sera activée via la mise à jour Day One, tout comme le premier événement saisonnier lié à Pâques. Pareil pour la compatibilité avec l’application mobile Nintendo Switch Online prévue dans quelques jours.
Faute d’amiibo Animal Crossing sous la main, difficile de tester aussi cette fonction. Mais on peut tout de même préciser leur utilité. Ils servent à invoquer le personnage qu’ils représentent dans le camping de l’île, permettant au passage de les inviter de manière permanente au lieu de tenter sa chance au hasard parmi les 383 animaux disponibles. Ils servent aussi à faire apparaître les personnages dans le studio photo de Joe.
Comme tout jeu moderne, Animal Crossing New Horizons propose le désormais classique mode photo. Il s’avère plutôt décevant car aux options très limitées et surtout comme le temps de s’arrête pas pendant les réglages, il y a peu de chances de bien travailler ses clichés dans un contexte naturel. D’où la présence d’une île à part où l’on peut mettre en scène les personnages de façon plus libre.
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