Nous savons bien entendu que Devolver Digital a souvent le don de nous éditer des jeux à la fois loufoques, originaux, voire complètement barrés. Cette fois-ci, ces derniers éditent un certain Ape Out. Disponible depuis le 28 février dernier sur PC et Switch, et sous ses airs d’un Hotline Miami, le titre développé par Gabe Cuzzillo, Bennett Foddy et Matt Boch arrivera-t-il à nous envoûter ?
Le roi des gorilles en fuite
Ape Out, dans l’absolu, n’a hélas pas la moindre once de scénario. Effectivement, le soft nous fait contrôler directement un immense gorille. Dans chaque début d’albums, qui représentent les différents chapitres, votre animal orangeâtre s’évadera, et c’est là que commencera votre longue route vers la liberté. En effet, notre bon vieux gorille devra faire face à des braconniers qui veulent sa peau, et le stopper à tout prix. Très honnêtement, le scénario est en définitive aux abonnés absents. Il en laissera juste une libre interprétation pour le joueur, et encore, le mot ne semble pas forcément bien approprié.
Bienheureusement, hormis une trame totalement inexistante, les développeurs semblent avoir fait un travail monstrueux sur le style graphique d’Ape Out. Concrètement, on retrouve un aspect graphique à base de gouache et d’aquarelle, et force est de constater que le rendu visuel force le respect. Les différents tons de couleurs sont clairement bien choisis, et donnent une cohérence sans faille à Ape Out. Le jeu tourne aussi excellemment bien sur PC, avec une fluidité à toute épreuve, et quelques effets franchement délicieux pour le coup. Notre rétine aura en clair de quoi être flatté par cet habillage graphique et artistique du tonnerre, en parfait mariage avec le ton du jeu.
Au passage, on restera forcément plutôt séduit à juste titre par la construction des niveaux, qui tente à chaque fois de nouvelles choses, et les réussit à chaque nouveau chapitre. On assiste à chaque fois à un renouvellement constant dans le level-design, diablement plaisant et variant les plaisirs. D’ailleurs à chaque mort, Ape Out changera instantanément la disposition du niveau actuel. En revanche, les changements seront très minimes, avec seulement quelques décors qui changeront, mais de manière ultra simpliste… On pestera aussi sur le manque d’un éditeur de niveau, qui aurait pu prolonger le plaisir de l’expérience de jeu.
King Kong a bien eu un enfant avec Hotline Miami
Dans son gameplay, Gabe Cuzzillo, Bennett Foddy et Matt Boch ont repris concrètement les codes d’un certain Hotline Miami. Le jeu est en vue du dessus, sauf que l’on a pas réellement d’armes à feu ou de masques, étant donné que l’on contrôle directement un gorille en furie qui n’a envie que d’une seule chose, s’enfuir. Les contrôles du soft sont hyper simples et accessibles, avec une touche pour repousser, chopper des ennemis, et évidemment les touches de déplacements, avec le petit réticule qui nous fait changer de direction en bougeant notre souris, si vous jouez sur PC. Tout est super maniable, et nous prenons un plaisir instantané à défourailler les divers ennemis qui se dressent sur notre chemin, jusqu’à arriver à l’objectif du niveau, qui est d’atteindre systématiquement la sortie indiquée via une porte ou sortie verte. Globalement, le principe est simple, le gameplay accessible pour tous, avec une bonne dose de nervosité et de fun qui se ressentent tout le long de jeu. Même si les mécaniques sont semblables à Hotline Miami, les développeurs ont quand même retouché un peu le squelette d’origine, dans un souci de cohérence pour Ape Out en matière de game design.
Qui dit fun, dit aussi de la frustration. Ape Out est vraiment pas facile, même en normal. On pourrait presque mesurer le degré de difficulté d’Ape Out à celui d’un Hotline Miami. Sauf que là, vous êtes sans armes, et devrez régulièrement balancer les ennemis contre les murs pour les tuer, ou les chopper le plus rapidement possible avant qu’il ne vous ajuste avec son arme. D’ailleurs, vous pouvez vous servir de l’ennemi comme d’une arme en le saisissant, ce dernier tirant automatiquement sur ses confrères. Il est même possible de s’en servir comme d’un bouclier humain, pour ne pas prendre de dégâts. C’est rigolo, c’est très plaisant, mais on déchante vite par sa maniabilité qui peut devenir tantôt frustrante avec ses quelques imprécisions, tout comme tantôt sa difficulté malheureusement. Effectivement, votre pauvre bête ne peut encaisser que trois malheureux coups, avant de tout simplement passer l’arme à gauche. Du coup, il faudra jouer de manière vive, et avoir les bons réflexes pour abattre vos ennemis, tout en continuant votre chemin jusqu’à la sortie. Mais c’est une certitude, vous allez mourir un bon paquet de fois avant de terminer un niveau en particulier, ou un chapitre. Bienheureusement, il y a des checkpoints plutôt bien placés, et les premiers niveaux ne sont pas non plus insurmontables. Mais, si vous êtes allergiques aux jeux avec une difficulté légèrement tarabiscotée comme Ape Out, alors vous perdrez vite patience. Cela dit, le gameplay fonctionne bien malgré les quelques petites confusions dans les gunfights.
Quand Hotline Miami et King Kong se rencontrent, cela donne naissance à Ape Out, doté d’un gameplay défoulant, nerveux, et surtout d’une identité qui lui est propre, cohérente et surtout atypique !
Hormis de la frustration et quelques légers soucis de gameplay, on se heurtera aussi à la durée de vie du soft, relativement faible. Sur une toute première partie, vous plierez les quatre albums d’Ape Out en au moins 2h30 de jeu, pas plus. Pour prolonger l’expérience de jeu, vous pourrez toujours tenter de terminer le jeu en mode difficile, ou vous essayer au mode arcade. Ce dernier vous propose de terminer les niveaux avec un temps imparti, et tenter de faire le meilleur score sur chaque niveau du soft. Au-delà de ça, c’est très maigre pour un jeu tarifé à 14,99 €, et c’est bien regrettable étant donné la qualité indéniable d’Ape Out.
Malgré tout, la dernière bonne note dans ce test est bel et bien là, avec le sound design d’Ape Out, vraiment somptueux. S’il n’y a pas de doublages à proprement parler, la musique est indéniablement au service du gameplay. On trouve une ambiance jazz tout le long du jeu, et cela colle bien à l’univers du titre. En sus, la musique réagit également à chaque ennemi écrasé contre un mur, ce qui renforce encore plus l’immersion en jeu. En globalité, la bande-son est au poil, même si on pourra reprocher aux musiques de se ressembler parfois un petit peu. Cela dit, rien de bien méchant en somme.
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