En cette fin d’année 2023, le moins que l’on puisse c’est que Microids a choisi cette période pour vider ses cartouches. Hélas, il s’agit actuellement surtout de balles à blanc. Les Schtroumpfs 2 – Le Prisonnier de la Pierre Verte a par exemple apporté plus de déception qu’autre chose, et que dire du dernier Tintin Reporter – Les Cigares du Pharaon, dont la sortie a été catastrophique sur le plan technique.
L’éditeur français possède encore quelques munitions, en mettant conjointement sur le devant de la scène Astérix & Obélix Baffez-les tous ! 2 et Goldorak: Le Festin des Loups. Nous nous intéressons ici à la suite des aventures de nos gaulois préférés, toujours prêts pour une bonne castagne façon beat’em up. Le premier opus avait d’ailleurs fait du bien à l’image vidéoludique d’Astérix, même s’il se révélait plus que perfectible.
Un deuxième épisode arrive donc à point nommé sur quasi toutes les plateformes, porté par l’occasion de peaufiner la recette et de confirmer. Mr. Nutz Studio reste à la baguette, donc point de chamboulement pour le développement d’un jeu qui, à l’instar de l’opus précédent, reste d’un petit gabarit. De quoi maximiser les chances de livrer une suite réussie ? Pas si sûr.
Conditions de test : Nous avons joué à la version 1.000.001 sur PS5 de Astérix & Obélix Baffez-les Tous ! 2 durant un peu moins de quatre heures, le temps de finir le jeu en difficulté Normale.
Fricassée de Romains sur son lit de sandales
Décidément, le village gaulois résistant encore et toujours à l’envahisseur ne connaîtra jamais la paix. Cette fois, les ennuis partent de Goudurix, le neveu d’Abraracourcix, qui attise la colère des Romains. Soupçonné d’être mêlé au vol de l’Aquila de Lutèce, a priori orchestré par son père Océanonix, César a donc dépêché une grande partie de ses forces pour exiger réparation. Qu’à cela ne tienne, Astérix & Obélix ne sont jamais les derniers pour protéger leurs amis. Ils décident donc d’aller à Lutèce et de traquer le vrai coupable. Si en plus il y a du Romain au déjeuner, alors pourquoi se priver.
Dès l’introduction, on ne tarde donc pas à castagner les premiers soldats, et nous n’arrêterons pas de coller des gifles jusqu’à la fin du jeu, en alternant entre combats et un peu de marche à pied. Et au niveau de la bagarre, on retrouve les sensations agréables du précédent opus, tout du moins au début, et ce quel que soit le héros utilisé. Une fois encore, en solo, on décide de jouer l’un des deux gaulois et on peut passer à l’autre en appuyant sur un bouton. Faire tourbillonner les ennemis avec Astérix ou les saisir et leur distribuer des baffes façon Gérard Depardieu avec Obélix fait toujours son effet.
Petite nouveauté sympathique de cette suite, les deux compères disposent d’une jauge d’énergie alimentée au fur et à mesure des coups portés ou subis. Partiellement remplie, elle octroie une furie, où le personnage se déplace plus vite et tape plus fort. Attention, elle ne protège pas des coups adverses. Si en revanche on attend qu’elle soit complète, à ce moment-là il est possible de déclencher une attaque ultime. Astérix se transformera en tornade et ira se ruer sur les différents ennemis présents à l’écran, tandis qu’Obélix invoquera une pluie de menhirs dévastateurs.
C’est le moment de parler de l’équilibrage des personnages où, à notre sens, Astérix l’emporte haut la main. Du côté des attaques classiques, le guerrier au casque ailé reste l’option privilégié avec son attaque tourbillon. De cette manière, il peut gérer tout l’écran en alternant entre ce mouvement, les coups de poings de base ainsi que les uppercuts chargés. Seule l’attaque ultime de Obélix avec ses menhirs semble faire bien plus de dégâts que celle de son ami. À nouveau, on soupçonne même que l’amoureux des sangliers bénéficie injustement d’une hitbox un peu trop enveloppée. Au moins, la bonne nouvelle, c’est que les deux combattants ne partagent toujours pas la même barre de vie. Encore mieux, cette fois, assister au KO d’un des deux héros n’est plus synonyme de fin de partie. Et fichtre que ce n’est pas du luxe tant on peut se retrouver fort injustement sous le flot des attaques adverses.
Se battre dans Astérix & Obélix Baffez-les Tous ! 2 revient donc à maintenir un cycle vertueux. Dès que les ennemis apparaissent en nombre, il ne faut jamais leur laisser de répit en étourdissant ou faisant tomber un maximum d’entre eux. Sinon, il faut être prêt à subir les attaques adverses les unes après les autres, sans pouvoir faire quoi que ce soit durant trois ou quatre secondes si ce n’est constater la diminution éclair de notre santé. Il existe bien un bouton de protection sauf qu’elle ne dure jamais très longtemps. Nous n’avions pas trop mis le doigt dessus lors du test du premier, mais se retrouver dans une telle situation reste donc frustrant et on aurait aimé bénéficier de quelques frames d’invulnérabilité.
Ave, Famélix !
Du côté des environnements, on accueille un peu de changement en nous faisant traverser plus en détail le Grand Nord ou encore Lutèce, son arène, ses rues, ses souterrains. Un point sur lequel a insisté l’équipe de développement, c’est la volonté de miser sur la sensation de retranscrire davantage l’ambiance dessin animé/BD. Visuellement, pas de doute, on se sent bel et bien plongé dans cette atmosphère recherchée, bien que l’on traverse moins le monde, et donc, assiste à moins de paysages différents. Mais surtout, le titre propose une histoire bien plus vivante en plus d’être cette fois originale, et pas juste un hommage des différentes BD. On doit ce gain de vie au doublage intégral des dialogues entre les niveaux, là où nous n’avions jadis droit qu’aux quelques répliques en boucle de nos héros durant les combats.
Jean-Claude Donda et Guillaume Briat, voix officielles respectives d’Astérix et Obélix, se font bien plus entendre et donnent vraiment corps à l’aventure, en livrant un travail très juste pour la petite aventure que nous avons là. Selon le gaulois incarné, nous avons même droit à des commentaires différents en traversant les niveaux, correspondant très bien au caractère de chacun. Le résultat paraît plus inégal du côté des autres personnages, mais saluons cet effort. D’autant plus que l’accent est davantage placé sur l’humour. Là aussi, ce n’est pas toujours pertinent, en tapant à plusieurs reprises à côté, mais les allusions à la circulation parisienne, une poignée de jeux de mots et quelques répliques font mouche. Nous sommes loin du niveau d’un Mission Cléopâtre mais encore une fois, tenter, dans un jeu qui ne le fait pas beaucoup, c’est bien.
Malheureusement, nous n’avons pas grand-chose de plus à se mettre sous la dent qui relève particulièrement de cette suite. Tout le reste du jeu se limite à reprendre quasiment trait pour trait ce qui a été vu dans l’épisode précédent. Surtout au sujet de l’éventail d’ennemis, inchangé à une ou deux exceptions près. Bien sûr, il est évident qu’on rencontre à nouveau des Romains, des bandits, ou encore des Vikings. Mais conserver à 90% les mêmes animations, patterns et skins accélère d’autant plus la lassitude ressentie à nouveau au sein de cette suite. Un constat prononçable également du côté des boss, là aussi identiques pour la plupart.
Si simplement il n’était question que de redondance, sauf que Astérix & Obélix Baffez-les Tous ! 2 commet pire en parvenant à régresser au niveau du contenu. L’aventure du premier épisode se révélait déjà bien courte, en se terminant environ en cinq heures après complétion des 50 niveaux disponibles. Ici, l’histoire se boucle en moins de quatre heures en comptant seulement 22 niveaux. Certes, ils gagnent en longueur, mais on fait le tour du jeu bien trop rapidement. Et là encore, aucune rejouabilité. Les stages de course ou de castagne chronométrée ont disparu, alors qu’ils apportaient un peu de fraîcheur. Une vraie déception qui donne l’impression que cette suite a été développée par-dessus la jambe.
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