Née au début des années 2000, la licence Astérix & Obélix XXL a depuis quelques années été prise sous l’aile de Microids afin de vivre une seconde jeunesse. Ainsi, en trois ans, nous avons d’abord eu droit au remaster correct d’Astérix & Obélix XXL 2, mais aussi à un troisième opus adoptant une approche différente de celle qu’avait choisie Etranges Libellules, studio de développement à l’origine de la série orientée beat’em up.
Et donc, en 2020, Microids boucle la boucle en sortant Astérix & Obélix XXL Romastered sur PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch et PC, en nous ramenant de fait aux origines de la série XXL, là où tout a commencé pour nos deux Gaulois afficionados de sangliers et de soldats romains. Dix-sept ans après sa version PlayStation 2, découvrons si le titre a su garder le même esprit tout en bénéficiant du coup de polissage nécessaire pour exister en 2020.
Conditions de test : Nous avons testé Astérix & Obélix XXL Romastered en version 1.00 sur PlayStation 4 Pro. L’histoire a été terminée en mode Normal, tous les collectibles ont été récupérés, et la totalité des défis a été accomplie, pour un temps de jeu avoisinant les 12 heures.
Mise à jour : Quelques heures seulement après le bouclage du test, le jeu a hérité d’une mise à jour 1.01. Si elle corrige la plupart des bugs graphiques les plus grossiers ainsi que d’autres problèmes mineurs, le rendu global actuel reste insuffisant pour modifier le constat technique du jeu et éventuellement la note du test.
Sommaire
ToggleDistribution de baffes à travers le monde
À l’occasion d’une promenade fructueuse en forêt gauloise, nos deux amis – dont le doublage assuré par Roger Carel et Pierre Tornade a été conservé pour notre plus grand plaisir – finissent par perdre Idéfix de vue. En essayant de retrouver sa piste, Astérix constate avec effroi que le village est en feu et que les habitants ont été enlevés par les Romains. Heureusement, un inconnu et ancien espion de l’armée de César décide de vous aider à les retrouver.
Ce postulat de départ, qu’un certain nombre d’entre vous connaît peut-être déjà, marque le début d’un voyage qui va nous amener, outre la Gaule, en Normandie, Grèce, Helvétie, Egypte, et même jusqu’au cœur des forces de César, à savoir Rome bien évidemment. Comme nous l’avons mentionné dans l’introduction, l’aventure prend la forme d’un beat’em up, ce qui est parfait dans un univers comme celui d’Astérix, où la bagarre est un sport national.
Ainsi, tout au long des niveaux que vous allez parcourir, vous ferez parler très souvent les poings, puisque les ennemis foisonneront sur votre chemin. Du légionnaire romain au centurion, en passant par des Vikings ou encore des dresseurs de lions accompagnés de leurs bêtes, les menaces seront nombreuses, mais pas forcément variées. Seuls les archers, les soldats aux bâtons repoussants, ou encore les formations romaines vous obligeront à appréhender un peu différemment le combat. D’ailleurs dans le but de vous aider à surmonter plus aisément ces affrontements, des boucliers bonus dispersés dans des endroits plus ou moins cachés augmenteront votre santé.
L’aventure n’est pas non plus avare en collectibles puisque des lauriers d’or ont été dissimulés à travers les chapitres, sachant que les collecter vous octroie des tenues alternatives pour nos deux compères. Plus important encore, une multitude de casques romains sont à récupérer tout au long de votre périple. Faisant office de monnaie, avec les bleus comptant pour 1 et les dorés pour 10, vous en trouverez constamment. Dans des caisses, en battant des Romains, ou simplement disposés au sol et en l’air au sein des différentes zones du jeu, tous les moyens sont bons pour gonfler son portefeuille.
Comptez en plus les multiplicateurs, eux aussi disséminés un peu partout pour booster temporairement le montant de casques collectés et vous arriverez souvent les poches pleines face au marchand du jeu. Ce dernier vous propose d’acheter de la santé, des boucliers bonus ou encore de nouvelles techniques, lorsque vous réussissez à le trouver aux quelques endroits où il se terre, au sein des six chapitres.
Cette aide ne sera pas de trop puisqu’à la fin de chacun des niveaux du jeu, c’est carrément une grosse machine de guerre qui vous fera face, à chaque fois plus dangereuse au fur et à mesure que vous progressez dans le jeu. Ce boss constitue le dernier rempart qui vous sépare d’un ou des villageois gaulois emprisonnés. Les libérer à l’issue de l’affrontement vous permettra de débloquer la prochaine destination, et bis repetita, ce qui nous donne une structure de jeu relativement redondante et prévisible.
Un gameplay qu’a très bien connu Agecanonix
La façon dont est construit Astérix & Obélix XXL Romastered ne représente malheureusement pas l’unique aspect répétitif à noter au tableau, loin de là. Remasteriser un jeu âgé de 17 ans, c’est partir sur une ossature vieille d’il y a 17 ans, et si ce genre de refonte se concentre en premier lieu sur le rendu graphique, un titre qui a mal vieilli se ressent manette en main, et de ce côté, la marge de manœuvre de remasterisation se réduit.
Manque de pot, c’est pleinement le cas d’Astérix & Obélix XXL Romastered. Si on devait résumer la majeure partie du gameplay du soft, on constate que l’action consiste bien trop souvent à marteler la touche de coup de poing. Certes, on rappelle que le marchand peut vous vendre des combos supplémentaires afin de densifier un tant soit peu votre palette de mouvements mais, en mode Normal, ceux-ci ne sont utiles voire presque obligatoires que pour la dernière ligne droite du jeu. Malgré tout, ces combos peuvent se déclencher après avoir rempli entièrement les 3 niveaux d’une jauge, qui grimpe et rend plus rapides vos coups au fur et à mesure que vous baffez les Romains.
Et lorsque vous ne vous battez pas, vous devez résoudre quelques énigmes de plateforme. À plusieurs reprises, vous vous retrouverez uniquement avec Astérix ou Obélix, et devrez progresser seul en vous servant du petit gabarit du premier, ou bien de la force du second, afin de libérer le passage bloqué précédemment pour le Gaulois restant. Astérix aura par exemple souvent comme objectif d’amener une torche d’un point A à un point B en la gardant enflammée, afin de faire exploser un baril de poudre et ainsi créer un passage.
Obélix devra quelques fois tirer un téléphérique sur lequel se trouve son acolyte pour l’emmener jusqu’à des zones inaccessibles, ou bien déplacer de grosses structures, en vue de permettre à nouveau l’avancée de la progression. Ces séquences, même si elles ont le mérite de varier le gameplay entre deux combats, ne surprennent déjà plus au bout de quelques apparitions. Certaines paraissent même posées là de manière forcée, en se disant qu’il faut bien moduler le rythme du jeu.
Mais après tout, il s’agit de la construction du gameplay de l’œuvre de base, élément qu’un remaster peut difficilement reprendre de A à Z, ce qui constitue plutôt l’objectif d’un remake. Le problème, c’est que le titre, là où il pouvait paraître injouable en 2003, reste injouable aujourd’hui. Ainsi, outre la rigidité native du gameplay, on creuse le fond de la jouabilité avec les mini-jeux tels que les glissades le long de pentes enneigées mais aussi, et surtout, les insupportables phases en bateau, qui demeurent bougrement imprécises et agaçantes.
La seule échappatoire pour Astérix & Obélix XXL Romastered réside donc dans la possibilité de faire passer la pilule par le travail graphique ou bien l’amélioration de la lisibilité de l’action qu’un meilleur framerate pourrait apporter. Oui mais voilà, de ce point de vue, le ciel tombe sur la tête du joueur.
Il est pas frais mon remaster !?
Soyons clairs assez rapidement, l’état technique dans lequel est livré Astérix et Obélix XXL Romastered est relativement indigne. Indigne pour un jeu rendu disponible en 2020, premièrement, mais d’autant plus indigne vis-à-vis d’un remaster qui au final se trouve encore plus « cassé » que le titre d’origine.
Heureusement, nous avons la possibilité bien venue de switcher entre le mode rétro lissé de 2003 – avec ou sans bandes noires – et la version remasterisée. Car oui, il paraît extrêmement ironique de dire ça, mais le soft se veut plus lisible et plus coloré dans sa mouture rétro, un véritable comble.
Au moment où nous écrivons ces lignes, le remaster est en version 1.00. Ce dernier pullule donc dès sa sortie de bugs graphiques avec, pêle-mêle, des cascades qui affichent en réalité un damier rose et blanc ou bien des rectangles blancs figés en guise d’eau qui coule, des couches de décor en filigrane qui se détachent des murs, ou encore des effets d’éclairage et d’ombres qui partent dans tous les sens.
Abordons aussi rapidement le fait que, une fois l’histoire terminée ainsi que la totalité des lauriers d’or récupérée, et en ajoutant même la collection d’artworks complétée, la progression culmine à 53%. Pire, après avoir terminé les défis qu’il manquait (et dont nous reparlerons), celle-ci est même retombée à 50%.
Alors bien sûr, on note des fleurs là où il n’y en avait pas auparavant, on remarque que le design des personnages a subi un léger lifting. De la même manière, les musiques retravaillées, bien que rarement peu inspirées, apportent une petite touche de modernité et comblent même les nombreuses ambiances vides qui entachaient la version PlayStation 2.
Cependant, force est de constater que ces rares ajouts sonores ne font l’objet, à l’image de l’aspect graphique, que d’une superposition sur ce qui existe déjà, au lieu d’un vrai travail de fond. Exemple concret via un tout petit détail : à l’époque sur PlayStation 2, lorsqu’Astérix ou Obélix courait, le bruit de pas ne se déclenchait pas toujours, en manquant parfois un pas sur trois ou quatre. Et bien, plutôt que de pouvoir cette fois entendre chaque pas, OSome Studio a simplement changé leur bruit à l’occasion de ce remaster.
Dans le même genre, il nous est arrivé d’entendre un bourdonnement assourdissant à l’issue d’un chargement de niveau depuis la carte du monde. Lorsque nous passions du mode rétro au mode remaster, on pouvait noter que le bruit était toujours présent, mais retranscrit de manière différente, là où une refonte se doit de corriger ce genre de pépins.
Ces petites anecdotes existent parmi tant d’autres, et ne font que mettre en lumière la paresse ou l’incapacité à faire mieux. On peut juger ce constat sévère, mais la réussite d’un remaster se mesure souvent par toute une somme de détails qui font mouche. Qui plus est lorsque, encore une fois, nous faisons face à un titre qui fait plus de mal que de bien au matériau de base.
Malgré tout, il nous reste encore à évoquer les quelques apports en terme de contenu, tentative lancée par les développeurs afin de redresser la barre d’un bateau qui, de toute façon, coule déjà bien assez.
Une « fierté des développeurs » somme toute relative
Nous avons peut-être abordé rapidement le contenu en parlant de l’histoire principale, mais il ne s’agissait uniquement que de ce qu’on pouvait déjà trouver au sein de l’œuvre originale. Dans le cadre de ce remaster, OSome Studio et Microids ont tout de même souhaité gonfler légèrement la durée de vie ainsi que la rejouabilité, avec l’ajout de 4 modes de jeu inédits.
En vérité, le chiffre est un peu tiré par les cheveux puisque l’affichage rétro ainsi que la difficulté Extrême sont compris dans le total. Ainsi, concrètement, on note surtout l’ajout du mode parcours ainsi que du mode time attack. Ces deux types de défis se déclenchent de la même manière, en activant la stèle du défi en question où, bien souvent, il est nécessaire de nettoyer la zone afin de la rendre accessible.
Généralement, vous en trouverez 3 par niveau : 2 parcours, et 1 time attack. Les défis parcours vous propose de récupérer la totalité des jetons disséminés sur votre chemin avant la fin du temps imparti. La bonne idée qu’ont eu les développeurs, c’est de rendre récupérables certains jetons dans la dimension rétro, et les autres au sein de la dimension remaster, ce qui vous oblige donc de jongler entre les deux affichages afin de tout collecter. Nous ne vous cachons pas un certain chaos musical lorsque l’on passe rapidement d’un rendu à l’autre, mais cette idée rajoute un poil d’intérêt au défi.
De l’autre côté, nous avons donc les défis time attack qui, quant à eux, impliquent d’arriver d’un point A à un point B le plus rapidement possible. Histoire de geler le chronomètre, des caisses parsèment le chemin, dont le numéro affiché sur celles-ci représente la ou les seconde(s) de répit auxquelles vous avez droit. Au-delà de ces caisses, les ennemis qui vous font face vous fournissent également du temps supplémentaire dont le montant dépend cette fois de l’ennemi que vous battez. Un simple légionnaire rapporte 1 seconde, alors qu’un centurion 3, par exemple.
Le but pour les « complétistes » sera uniquement de récupérer la médaille d’or à chaque fois, car sachez qu’aucun bonus in-game ne vous sera alloué en cas de triomphe. Participer à chacun des défis du jeu vous attribuera notamment le trophée/succès « Fierté des développeurs ». Si nous nous attardons sur cet intitulé à la fois avec l’intertitre et au sein de la phrase précédente c’est que, au-delà de la légère boutade, l’ajout de ces défis accuse, comme tout ce qui touche à ce remaster, des lacunes et des ratés.
Afin d’illustrer le propos, certains défis time attack se trouvent dans la zone d’un boss. Pour pouvoir participer au défi, il faut battre ce dernier. Jusque-là, tout parait logique, sauf que si vous lancez le défi en activant la stèle après ce combat sans avoir délivré les Gaulois de leur cage, et que vous mourez par malheur durant ce même défi, vous devrez à nouveau vaincre le boss pour espérer libérer vos amis.
Pire, dans la même configuration, un des défis doit être accompli en vous ramenant en arrière, à l’extérieur de la zone du boss. Le souci, c’est que les grilles sont fermées tant que le boss est en vie. Difficile de comprendre comment ce genre de situation n’a pas pu être anticipé lors des tests internes et si ce fut le cas, pourquoi l’avoir laissé en l’état.
Plantons un dernier coup de burin dans le menhir en parlant du deuxième défi parcours du jeu. La zone contient des potions magiques qui servent, avant que le défi soit disponible, à vous débarrasser des nombreux romains occupant les lieux. Si vous souhaitez avoir la médaille d’or du défi, il doit impérativement rester au moins une potion près du départ du défi, sinon il est tout bonnement impossible de glaner la plus haute récompense sans devoir quitter vers la carte et revenir, vu le faible temps demandé.
En effet, les breuvages magiques vous confèrent une vitesse grandement accrue et ceux-ci ne réapparaissent pas à chaque fois que vous recommencez le défi. Vous êtes obligé de prévoir votre coup, ce qui constitue un non-sens auprès des personnes qui découvrent le jeu.
Cet article peut contenir des liens affiliés