Devil May Cry, Bayonetta, The Legend of Zelda, voici trois licences prestigieuses qui ont su inspirer un grand nombre d’œuvres de près ou de loin. Astor : Blade of the Monolith, petit jeu fort ambitieux développé par les équipes colombiennes de C2 Game Studio, fait partie de ces projets se revendiquant ouvertement de ces influences.
Piochant des éléments ci et là en quantité variable, DMC et Bayonetta pour les combats, tandis que la composante aventure renvoie logiquement à Link, les développeurs, jusqu’alors essentiellement tournés sur les jeux mobiles, ne manquaient pas d’ambition pour leur premier titre console. Une ambition qui, comme nous le verrons, peut faire défaut.
Précision importante. Une mise à jour s’est déployée alors que la rédaction du test était déjà terminée. Par conséquent, il est possible que des problèmes techniques soulevés dans ce test ne soient plus d’actualité. Cependant, comme le montre notre note, nous ne sommes pas convaincus que des patchs puissent complètement transcender l’expérience.
Condition de test : Nous avons joué sur PS5 pendant 14 heures, nous laissant le temps d’atteindre les crédits de fin en mode normal, de réaliser plusieurs quêtes secondaires ainsi que des défis, et relancer une partie en New Game Plus.
Sommaire
ToggleLes Yeux Sans Visage
L’histoire d’Astor : Blade of the Monolith nous emmène sur la planète Gliese où vivent les Diokek, de petits individus fragiles portant des masques cachant ainsi leur visage. Mais dans ce petit monde aux couleurs chatoyantes, la paix est rompue suite à l’apparition de créatures dangereuses appelées Hiltsik. Tandis que la vie des Diokek est menacée, un guerrier se révèle, le jeune Astor qui, armé d’une épée fraîchement acquise et de son courage, va devoir atteindre le monolith afin de découvrir la vérité derrière la disparition des anciens qui peuplaient jadis la planète.
C’est ainsi que débute notre aventure sous les traits d’Astor. Chevauchant très vite sa monture araignée, notre petit bonhomme part à la découverte de biomes aussi divers que variés esthétiquement, précisément sur la colorimétrie. Malgré les apparences et nos premiers pas sur le sable chaud du désert, Astor : Blade of the Monolith n’est pas un monde ouvert à la The Legend of Zelda. La structure est ici construite autour d’un village faisant office d’hub central depuis lequel se téléporter aux quatre coins de la map.
Il est par ailleurs possible de rejouer les niveaux/zones comme si c’étaient des missions à part entière d’un jeu linéaire. C’est assez déstabilisant. A l’écriture de ces lignes nous peinons toujours à comprendre ce choix plus propice à casser le rythme et l’immersion qu’autre chose. Des éléments posant question comme celui-ci il y en a d’autres dans Astor : Blade of the Monolith. En réalité, cela commence dès les paramètres de jeu du menu principal quand on s’attarde sur la disposition des touches.
Un mapping de touches discutable et ne laissant que peu de marge de manœuvre, puisqu’il n’est pas possible de modifier librement l’emplacement. Nous sommes dépendant de prédisposition douteuse, en témoigne le bouton d’interaction mis sur R3. Oui, ramasser un objet ou interagir avec les éléments du jeu oblige à cliquer sur le stick analogique droit de la manette. Celui utilisé pour gérer la caméra. Nous ne pensions pas revoir une telle idée depuis Wanted : Dead.
Motus et bouche cousue
Dans les faits, appuyer sur R3 n’est pas si préjudiciable, mais il annonce la couleur. Une couleur peu stimulante et preuve de décisions de game design questionnables. Astor : Blade of the Monolith c’est un peu le jeu action-aventure auquel tout le monde a déjà joué. Tout ce que propose le soft de C2 Game Studio c’est du déjà-vu à maintes reprises. Ce qui n’est pas un problème, sauf quand ça ne sert rien de plus que le remplissage désuet. Parcourir les étages d’une structure pour réaliser exactement les mêmes actions, dans les mêmes décors, suivant un agencement tout aussi redondant… Non merci.
Les niveaux sont variés les uns des autres, les teintes de couleurs changent et assurent un minimum le dépaysement, faute de mieux. En effet, du début à la fin de l’aventure on ne pourra que constater la triste vérité. Au sein de chaque zone de jeu, de chaque biome, les répétitions sont constantes. Sans parvenir à proposer des séquences notables. Inspiration Zelda oblige, il y a des « énigmes »/ »puzzles » ainsi que des « passages secrets ». Nous mettons les guillemets, car Astor nous fait se poser la question. A quel moment un passage secret en est-il un lorsqu’il est ouvertement montré ?
A plusieurs reprise dans le jeu nous croisons des murs avec des lucioles bleues scintillant autour. Ces murs peuvent être traversés à l’aide d’un pouvoir dont dispose Astor et le jeu vous l’explique tôt dans le jeu. Pourtant, il y a un indicateur explicite qui montre la touche à presser pour activer le dit pouvoir, parfois un allié présent rajoute une couche en nous disant clairement d’user de capacité. Eh bien, sachez que l’ensemble des moments de réflexion du jeu seront balayés de la sorte.
Le soft donne systématiquement les réponses, et nous vous assurons qu’il n’existe aucune difficulté pour le justifier, en outre, les paramètres ne permettaient pas de corriger cela. Astor : Blade of the Monolith, c’est une aventure dans laquelle il faut éteindre son cerveau, puis appuyer un peu bêtement sur les boutons de la manette jusqu’à atteindre les crédits de fin. Nous sommes durs mais, sans être raté, le jeu accumule les errances. Ajoutez-y un bestiaire d’une petite dizaine de créatures, des boss oubliables et des répétitions de situations et l’on a vite l’impression de perdre son temps.
Twilight Warrior
Des conditions presque parfaites pour briser l’immersion, de surcroît avec un récit aussi prévisible qu’inintéressant, à l’instar de la galerie de personnages ou de l’univers en générale, sans véritable âme. Le monde dépeint dans Astor : Blade of the Monlith n’apparaît pas comme organique et manque de vitalité. On enchaîne des missions à la manière d’un jeu linéaire, alors qu’ici l’ambition semble tout autre.
Nous avons parfois l’impression qu’un monde ouvert était initialement envisagé avant de rétropédaler. Les quêtes secondaires d’un rare inintérêt vont dans ce sens, en plus d’être ressemblantes ou, parfois, carrément indispensables à l’avancée dans l’intrigue principale. Suivre les intentions de C2 Game Studio demande un effort. En l’état, nous avons le sentiment que les équipes créatives ont eu les yeux plus gros que le ventre.
Des gros yeux trop imposants pour se rendre compte de la pauvreté de la mise en scène, de la niaiserie des dialogues, acceptable si l’on considère que le soft s’adresse aux enfants, et de la narration chaotique à l’oeuvre. Sans parler de la pléthore de micro soucis techniques rencontrés. Et pourtant, après tant de négativité, force est d’admettre qu’Astor : Blade of the Monolith n’est pas à renier, pas totalement du moins.
Notre valeureux guerrier silencieux a le mérite de savoir se défendre. Quand il faut combattre, l’influence Capcom surgit et fait du bien. Contre, esquive, annulation de mouvement et combos aériens sont de la partie. Les feedback sont là, et nous avons plusieurs armes à débloquer durant l’aventure, quatre précisément, chacune étant différente de l’autre. Pas d’originalité cela dit, les joueurs et joueuses de Beat’em All 3D ont déjà croisé l’arsenal d’Astor.
The Legend of Astor
A l’instar de Cereza, Astor peut switcher à la volée entre deux armes équipées, en échange d’une légère latence, afin de varier les plaisirs en combat. Pour compléter cela, ainsi que pour ajouter un peu de folies, des sorts de matérialisation peuvent être lancés pour mettre à mal les ennemis et la lisibilité de l’action. Entre les effusions lumineuses, les effets d’attaques ou encore les ralentis lors d’un coup fatal asséné, le champ de bataille est souvent chaotique.
L’accès à de nouveaux coups et combos pour chaque arme aide à profiter des bonnes sensations de combat, cependant l’IA n’a pas grand-chose à proposer pour donner le change, la difficulté est aussi bien trop basse pour espérer prendre du plaisir. Finalement, une fois que l’on s’est amusé, on finit par appuyer sur les touches attaques et garder le cerveau éteint. Seul le boss de fin pourra demander davantage d’attention et de sérieux.
Des défis dispensables plus ou moins empruntés à Bayonetta ainsi qu’un New Game Plus viennent gonfler une expérience déjà trop longue et ambitieuse pour son propre bien. Cela étant dit, nous ne pouvons nier qu’un certain charme se dégage du titre, un public spécifique y sera peut-être sensible. Au point de gommer les travers de ce Astor : Blade of the Monolith ? Rien n’est moins sûr.
Cet article peut contenir des liens affiliés