Si la plupart des fans de PlatinumGames attendent impatiemment la suite des aventures de Bayonetta ou des androïdes de NieR Automata, le studio a choisi de concentrer ses efforts sur sa nouvelle licence, Astral Chain. Chapeauté par Takahisa Taura, qui a justement fait ses armes sur le dernier jeu de Yoko Taro, le titre s’est entouré de plusieurs grands noms, comme Hideki Kamiya en superviseur et Masakazy Katsura pour le character design, ce qui n’augurait que du meilleur pour le résultat final. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette dream team a su être à la hauteur.
Conditions de test : Nous avons joué au titre durant une trentaine d’heures, en docké et en portable, en effectuant les trois quarts des quêtes secondaires et en terminant l’histoire principale. Comptez environ 20 heures pour boucler cette dernière, en remplissant quelques activités annexes au passage.
Sommaire
ToggleUn flic pour sauver le monde
Dans un futur pas si lointain, l’île artificielle Ark est devenu le seul refuge des êtres humains suite à l’invasion d’une espèce extra-terrestre, que l’on nommera Chimères. Bien que confinés sur cette gigantesque mégalopole aux multiples influences culturelles, les habitants subissent toujours les assauts de ces créatures via l’ouverture de portails inter-dimensionnels qui apparaissent partout en ville.
C’est là qu’intervient l’unité d’élite Neuron, rattachée au service de la police. Ses membres sont capables d’utiliser les Légions, ces mêmes créatures qui ont réussi a être domptées par les agents avec qui elles sont liées par une chaîne astrale. Le joueur incarne alors une des deux nouvelles recrues de Neuron, aux côtés de son jumeau.
L’univers présenté par Astral Chain a de quoi séduire au premier abord, mais le trop grand classicisme de son scénario ne peut nous empêcher de penser qu’il aurait mérité plus de développement. De nombreuses questions restent sans réponses, que ce soit pour laisser place à l’action ou par manque de temps. On aurait par exemple aimé que le lien qui unit les Légions au personnage principal soit plus approfondi, histoire de s’attacher davantage à elles.
Même problème pour notre héros, qui ne marchera pas dans les traces de 2B ou d’autres personnages marquants du studio. PlatinumGames a décidé de le rendre entièrement personnalisable, mais aussi muet, ce qui ne favorise pas beaucoup l’immersion. Un choix discutable qui permet tout de même aux autres personnages de briller, avec une galerie de rôles secondaires tous aussi sympathiques les uns que les autres.
Un spectacle ébouriffant
Au moins, la mise en scène dantesque est là pour nous faire oublier cela. PlatinumGames n’en n’est pas à son premier coup d’essai lorsqu’il s’agit de nous en mettre plein les yeux, et ce n’est pas Astral Chain qui viendra démentir cela.
Si son moteur graphique lui fait parfois défaut, avec des textures pas forcément impressionnantes, il reste incroyable lorsqu’il est en mouvement et qu’il nous offre des chorégraphies de combats mémorables. La patte du studio est bien là et il est facile de voir que le titre puise son inspiration des autres jeux produits par PlatinumGames.
Que dire également de ses affrontements de boss et du pinacle de l’aventure, qui nous offre une scénographie explosive et complètement démesurée pour notre plus grand plaisir. Il n’y a pas à dire, Astral Chain fait preuve d’un sens du style à toute épreuve durant toute l’aventure.
Tout cela est grandement aidé par le talent de Satoshi Igarashi et Naofumi Harada, qui signent ici une BO remarquable avec quelques envolées lyriques qui restent facilement en tête. Même si la plupart des morceaux ont une signature très rock, on ne pourra s’empêcher de penser que NieR Automata a eu une grande influence sur certains titres (rien de plus normal puisque Igarashi a travaillé sur ce dernier).
Difficile à dompter
Cette remarquable manière de représenter l’action est aussi visible directement dans les affrontements, où les combos avec les Légions permettent d’enchaîner (littéralement) les combos avec le plus grand des styles.
Si cela n’est pas forcément évident durant les premières heures de jeu, surtout à cause d’une caméra qui ne nous aide pas beaucoup, le titre déploie tout son potentiel très rapidement et nous fait entrevoir une myriade de combinaisons possibles qui donnent une véritable profondeur au gameplay.
Même cette gymnastique fastidieuse entre toutes les touches à connaître disparaît vite. Contrôler deux personnages en même temps (le héros et la Légion) a de quoi déboussoler en début de partie, surtout lorsque l’on sait que chaque Légion a ses spécificités. Mais la présence d’un long tutoriel et des séquences d’entraînements, presque indispensables, vous fera rapidement progresser afin de vous mesurer aux défis très corsés que le jeu peut proposer en mode extrême.
N’espérez cependant pas trouver cela plus facile en mode coop, qui est bien plus fastidieux que de contrôler deux entités tout seul. Jouer avec Astral Chain armé d’un seul Joy-Con n’est pas un exercice facile, et ce mode coopération se révèle être plus fastidieux qu’amusant.
Jamais sans ma Légion
Bien que le héros possède une matraque qui se transforme en trois armes différentes à la volée, son véritable arsenal reste sa panoplie de Légions. Au nombre de cinq au total, ces armes vivantes agissent de manière indépendante, mais ne sont véritablement utiles lorsqu’on prend conscience qu’elles ne font qu’un avec le protagoniste.
Leur utilisation demande un timing unique, avec la touche L à actionner au bon moment, donnant alors aux affrontements une rythmique toute particulière.
D’autant plus que chacune d’entre elles dispose d’une capacité unique, qui aidera aussi bien en combat que lors des phases d’exploration. La Légion Épée est par exemple capable de trancher net des liens à la manière d’un Metal Gear Rising Revengeance, tandis que la Légion Poing peut fusionner avec le héros pour devenir un seul et même personnage.
Il devient alors nécessaire de jongler entre ces différentes capacités lors des phases de plateformes et de puzzles, où chaque Légion doit être employée afin de résoudre des énigmes et progresser dans le niveau. Le studio a d’ailleurs choisi de ne pas attribuer de saut au héros, mais celui-ci peut être tiré de force vers sa Légion grâce à la chaîne qui unit les deux, s’il a besoin de traverser les trous qui existent entre les plateformes.
Cette exploration presque uniquement verticale n’est pas aussi limitée que l’on pourrait le croire et donne l’opportunité de penser le level-design autrement. D’autant plus que ce saut est aussi utile pour se rapprocher à toute vitesse des ennemis ou esquiver des attaques au dernier moment.
Le maillon fort
Cette chaîne qui unit ces entités au protagoniste n’est donc pas uniquement là pour servir la narration, puisqu’elle est tout aussi utile lors des affrontements. Entourer un ennemi avec elle permettra de le bloquer durant un temps, tandis que tendre cette chaîne pour arrêter un monstre en pleine course permettra de l’envoyer valser.
Utiliser la Légion devient alors vite indispensable, mais il faut bien veiller à ne pas la surexploiter. Son temps d’apparition est limité par une jauge qu’il faut bien surveiller avant qu’elle ne tombe à zéro, sous peine à ce qu’elle passe dans le rouge et rende la Légion indisponible pendant de trop longues secondes. Sans son aide, notre personnage semble bien démuni face aux Chimères qui lui font face, même s’il est tout de même possible de s’en sortir tout seul.
Toutes ces petites subtilités mises bout à bout donnent au gameplay de cet Astral Chain une grande complexité et une richesse digne des autres titres de PlatinumGames. Après tout, le jeu semble prendre toutes ces influences, de Bayonetta à Vanquish, pour former un tout carrément jouissif qui n’oublie pas pour autant d’y apporter sa propre touche personnelle.
La loi et l’ordre
Astral Chain ne se veut d’ailleurs pas être un simple jeu d’action grandiloquent comme certains de ces aînés. Même les temps morts et les à-côtés du titre restent agréables, tout en permettant de souffler un peu après toute cette action effrénée. Lorsqu’il ne combat pas d’étranges créatures dans le plan astral – sorte de monde parallèle faisant office de nid pour les envahisseur, notre personnage revêt sa casquette de flic du futur pour faire respecter l’ordre dans les rues.
Il est appréciable de voir que le jeu ne se sert pas du rôle de policier du héros comme d’un prétexte ou comme un simple élément de scénario. Le joueur incarne ici un véritable policier, avec tout ce que cela entraîne.
Oui, comme tous les bons flics, votre rôle sera d’arrêter les quelques voyous qui sévissent dans les quartiers d’Ark, tout en résolvant de nombreuses enquêtes. Dans ces dernières, le héros peut collecter des indices en parlant avec les citoyens ou en activant l’IRIS, une technologie avancée qui donne accès à tout un tas de données, ce qui l’aidera à progresser dans son investigation et dénicher les coupables.
Ne vous attendez pas à vous tordre le cerveau pour arriver à vos fins, mais cette nouvelle couche de gameplay permet d’ajouter une vraie diversité à l’ensemble. D’autant plus que ces quêtes secondaires font parfois intervenir des mini-jeux à la jouabilité différente, histoire de ne jamais être redondantes, avec même quelques phases d’infiltration classiques mais agréable à jouer.
Chez les gilets bleus
Et puis, cela donne une bonne raison d’aller se balader un peu dans les différentes rues de cette mégalopole, qui offre un terrain de jeu qui change un peu de celui du plan astral. Il n’y a cependant pas de monde ouvert ici, mais plutôt des zones propres à chaque chapitre, très confinées. Le commissariat est également l’endroit que l’on fréquente le plus et qui sert de HUB central pour le joueur.
Outre pouvoir discuter avec les collègues, cet endroit permet de personnaliser à tout moment notre héros, en changeant son apparence grâce à des objets collectés en remplissant la centaine de défis que le jeu nous offre. De quoi être bien occupé pendant des dizaines d’heures donc, même lorsqu’on ne progresse pas dans la quête principale.
Il est d’ailleurs conseillé d’en effectuer le plus possible, car les objets obtenus en contrepartie pourront notamment vous aider à faire progresser vos Légion. Astral Chain ne met pas en place un vrai système de progression avec des niveaux et de l’expérience pour votre personnage, mais il est possible d’augmenter les caractéristiques de vos armes vivantes via un arbre de compétences propre à chacune d’entre elles.
Et autant vous dire qu’il va falloir s’y investir pleinement si vous souhaitez débloquer la vraie puissance de toutes les Légions. Car en plus de ces caractéristiques à développer, vous pourrez attacher des compétences passives à vos compagnons. De ce fait, libre à vous de spécialiser une Légion dans la défense uniquement, avec des aptitudes liées à cela tandis que d’autres seront plus portées sur l’attaque, et c’est peut-être ça la plus grande force du titre, à savoir le fait que le gameplay puisse s’adapter à votre style de jeu.
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