Série un peu niche, arrivée chez nous au compte-goutte, Atelier n’en demeure pas moins relativement constante dans sa proposition, malgré le fait que ses récents opus soient plus ambitieux que de coutume. Une proposition qui va à l’encontre de l’habituel RPG, a fortiori japonais, en nous faisant incarner, non pas un héros partant sauver le monde, mais une simple étudiante en alchimie. De quoi intriguer le profane, à juste raison, qui se demandera à quoi peut bien ressembler un jeu basé sur ce concept. Afin de répondre à cette interrogation, et de permettre à tous de découvrir ses prémices, voici qu’un remake du premier volet, Atelier Marie, voit le jour en ce mois de juillet.
Les fans de la série sont donc gâtés cette année, puisqu’en mars dernier ils avaient déjà droit au très sympathique Atelier Ryza 3, qui fut accueilli chaleureusement dans nos colonnes. Aujourd’hui on retrousse nos manches pour retourner à la chasse aux ingrédients, dans une version très légère de la recette, qui nous rappelle qu’une tambouille n’a pas besoin de viser la lune pour ravir tous les palais. Le petit plus, et il a toute son importance, c’est la présence de deux jeux en un. Puisque Atelier Marie Remake : The Alchemist of Salburg offre la possibilité de s’essayer à la version de 1997 via son menu principal. À peine lancé, que le jeu part avec un point bonus…
Conditions de test : Nous avons passé un peu moins de huit heures sur la version PS4 de Atelier Marie Remake, ce qui fut suffisant pour arriver au bout de son aventure, sans nous presser, et voir une partie de son contenu annexe. À noter que cet article est écrit par un profane, n’ayant jamais eu l’occasion, avant cet opus, de toucher à la série. Ce test est garanti sans spoiler.
Un jour, je serai alchimiste
Comme précisé en préambule, à titre personnel je ne connais que de loin cette série qui m’a toujours un peu intrigué. Comme beaucoup d’autres profanes, j’étais curieux de savoir comment Gust, le développeur, parvenait à faire tenir debout des aventures sans enjeu vital, et sans héroïsme. Voilà pourquoi je vais reprendre de zéro, n’ayant pas le moindre moyen de comparer Atelier Marie Remake avec un autre opus de la franchise. À commencer par ce qui m’a sauté aux yeux en premier lieu, l’absence de traduction depuis l’anglais.
Une absence qui semble un brin handicapante, dans un jeu qui distille un vocabulaire parfois assez pointu, mais dont l’impact est nettement atténué par une imagerie marquée, en ce qui concerne l’alchimie, et intelligemment utilisée. Parce que, c’est certainement ce qu’on imagine en premier lieu lorsque l’on évoque un jeu basé sur cette discipline, il va évidemment falloir concocter un paquet de recettes, de la plus basique à la plus complexe. Heureusement, le jeu nous prend assez par la main pour que l’absence de traduction ne soit pas un réel problème à ce niveau.
Chaque item est identifié par un aspect visuel très reconnaissable, autant dans sa forme que dans sa couleur, ce qui permet à chaque recette de demeurer très compréhensible, même si l’on ne connaît pas forcément les termes utilisés. De manière générale, la matière première s’inscrit surtout dans notre mémoire comme étant récupérable à tel ou tel endroit, le jeu proposant d’explorer une petite galerie de décors, avec à chaque fois des propriétés nouvelles. Ainsi, c’est plutôt du coté de l’histoire et des interactions entre les personnages que l’anglais risque de se révéler problématique.
Heureusement, ladite histoire n’est pas bien complexe dans son écriture, ce qui vaut autant pour les termes qu’elle utilise que pour ce qu’elle raconte. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’on incarne Marlone, surnommée Marie, une élève de l’académie d’alchimie qui semble rater tout ce qu’elle entreprend. Heureusement pour elle, qui désire vraiment obtenir son diplôme, on lui accorde une ultime chance : une professeure décide de lui laisser cinq années, à la tête d’un atelier d’alchimie, pour perfectionner son art et apprendre tout ce qu’elle peut, tout en aidant les habitants de Salburg.
Une période qui passera à toute vitesse, puisque chaque action consommera des journées entières. Ramasser une ressource, se rendre à l’extérieur du village, confectionner une potion… tout est prétexte à faire avancer le calendrier. Et quand ce n’est pas cela, c’est la fatigue de Marie qui nous poussera à la faire dormir plusieurs jours, sans quoi ses recettes auront moins de chance d’être victorieuses. Autrement dit, on pourrait facilement s’imaginer avoir une aventure aussi longue qu’un Rune Factory 5 entre les mains, mais que nenni !
Dans les faits, Atelier Marie ne raconte pas grand-chose, se focalisant principalement sur les avancées de notre protagoniste en matière d’alchimie, et sur ses relations amicales avec différents habitants de Salburg. Des habitants qui nous accompagneront en dehors du village, pour faciliter les combats, et dont les histoires sont agréables à suivre. Mais de manière générale, ne vous attendez pas à des récits fascinants. Le jeu nous offre une galerie de personnages attachants, certes, et sait se révéler amusant par moments, mais il ne brille jamais pour sa narration.
Peut-on parler de Light-RPG ?
En dehors de l’alchimie, qui occupera probablement une grosse moitié de votre temps passé sur le titre, Atelier Marie Remake propose aussi des séquences plus proches du jeu de rôle traditionnel. Il est possible de se lier d’amitié avec plusieurs personnages du village, comme dit plus haut, et de louer leurs services pour partir à l’aventure. Des aventures qui feront, là encore, défiler à toute vitesse le calendrier. Puisque chaque combat consomme une journée, idem pour la récupération d’une ressource, et que la plupart des lieux se situent à plusieurs jours de marche.
Mais surtout, ces séquences ne dureront pas longtemps, pour le joueur. Parce que chaque combat nous fait gagner des ressources, que chaque fois que l’on se penche pour récupérer une plante, ou autre, on en attrape une poignée. Ce qui remplit très vite le panier de Marie, pour qui le maximum d’objets transportables est assez ridicule. Une petite frustration, sans laquelle l’aventure pourrait se révéler encore plus courte, puisqu’on serait tenté de piller longuement les ressources de lieux éloignés, pour ne pas avoir à revenir régulièrement. Or, Atelier Marie ne fonctionne pas ainsi.
Et c’est tant mieux, car grâce à cela, on est sans cesse en train de vagabonder à droite et à gauche, et de changer d’activité. Bien que le fil rouge ne nous contraigne à aucune façon de jouer particulière, le titre nous laissant globalement libre de nos mouvements, la manière dont le temps avance nous contraint à un rythme de progression très soutenu. En des termes plus compréhensibles, on ne s’ennuie jamais ! Ceci malgré des combats qui manquent cruellement d’intérêt sur la durée, mais qu’il est heureusement possible de passer très rapidement voire d’automatiser, ou des quêtes, à récupérer à la taverne du coin, répétitives.
Mais un peu comme dans un Animal Crossing, ou un Story of Seasons, avec qui Atelier Marie semble souvent partager son ton très doux et serein, on se forge sa propre petite routine, et on passe ainsi rapidement au dessus de cet aspect répétitif. Et de ces mécaniques de RPG qui demeurent, il faut dire ce qui est, très basiques. On notera d’ailleurs que le challenge n’est jamais vraiment au rendez-vous, malgré la présence de plusieurs boss. Chose qui changera une fois l’aventure bouclée une première fois, puisqu’un nouveau mode de difficulté corsé est à débloquer.
Difficile de juger du travail de refonte d’un jeu que nous n’avons jamais eu chez nous, mais il faut reconnaître que sur le plan visuel, Atelier Marie Remake : The Alchemist of Salburg remplit à merveille son office. C’est coloré, mignon, les personnages sont agréables à l’œil… bref, en dehors de quelques ralentissements en combat, et malgré une technique un peu dépassée, il faut reconnaître que c’est globalement un sans faute. Même chose du côté de la bande-son, qui est entièrement paramétrable, proposant de choisir parmi une liste ahurissante de morceaux issus d’autres jeux de la série pour habiller tous les lieux à parcourir.
Finalement, les véritables défauts de Atelier Marie Remake se comptent sur les doigts de la main. Sa durée de vie très faible, pour commencer, compensée par un New Game + bienvenu, bien que ce ne soit clairement pas suffisant. Un format d’image qui, vous le voyez depuis le début de l’article, ne rend vraiment pas hommage au travail du développeur. Et une profusion d’informations à l’écran, qu’il est parfois difficile d’ingurgiter. Mais qui permet toutefois d’avoir constamment l’œil sur les recettes en cours, qu’elles fassent partie du scénario, ou soient à réaliser pour le compte d’une quête basique. Reste la présence du jeu original, de la PlayStation, qui sera finalement assez anecdotique : difficile d’y toucher quand à côté on a un remake aussi agréable à l’œil.
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