Même si la licence de Gust reste malheureusement assez niche encore de nos jours, le studio a su capitaliser sur le succès du premier opus mettant en scène la ravissante Ryza. Le design de l’héroïne, qui a particulièrement plu sur la toile, a sans doute pesé dans la balance afin de la garder pour une trilogie complète (dans le passé, le studio préférait toujours laisser la place à une nouvelle apprentie alchimiste). Malgré tout, ce joli concours de circonstances a non seulement permis de faire connaître un peu plus la série, mais aussi de la découvrir sous un jour nouveau avec un suivi plus recentré. Atelier Ryza 3 : Alchemist of the End and the Secret Key est l’aboutissement de cette maturation qui se conclut donc avec une dernière aventure et pas des moindres. Une conclusion à la hauteur ?
Conditions de test : Nous avons joué au titre durant une cinquantaine d’heures sur PC via Steam. Nous avons terminé l’aventure principale et effectué énormément de quêtes annexes.
Sommaire
ToggleEntre nostalgie et passage à l’âge adulte
Commençons par crever l’abcès en abordant le problème majeur qui va refroidir de nombreuses personnes, à savoir l’absence de traduction française. Atelier Ryza 2 avait eu la chance d’avoir une localisation avec des textes en français contrairement au tout premier opus. Visiblement, l’initiative n’a sûrement pas été à la hauteur des attentes de Koei Tecmo qui ne réitère pas l’expérience ici. Le fait d’avoir un jeu sur trois uniquement traduit ne rend pas vraiment la licence accessible au plus grand nombre dans la francophonie. C’est vraiment dommage car si vous n’êtes pas gênés par l’anglais, vous pourrez constater un troisième volet qui conclut magnifiquement l’histoire de Ryza.
Atelier Ryza 3 : Alchemist of the End and the Secret Key est l’aboutissement d’une trilogie qui marque le passage définitif de notre héroïne à la vie d’adulte. Ce dernier été est donc pour elle l’occasion d’effectuer cette transition naturelle en vivant une dernière grande aventure en compagnie de ses amis de toujours, mais aussi de nouveaux personnages qui rejoindront la bande. Même si l’intrigue propose un enjeu plus ou moins sérieux, l’ambiance reste comme d’habitude très bon enfant et embrasse le thème du voyage. Grâce à ses talents d’alchimiste, Ryza va résoudre tout un tas de problèmes à commencer par une enquête concernant Kurken Island, son île natale et terrain de jeu de Atelier Ryza: Ever Darkness & The Secret Hideout.
De mystérieuses îles sont subitement apparues autour d’elle et semblent avoir un effet néfaste sur celle-ci. Ces investigations vont rapidement basculer sur la recherche d’un « Code de l’univers » qui pourrait expliquer ces phénomènes. La majeure partie des réponses seront toutefois données dans la dernière grosse partie du jeu puisqu’ici, on pourra simplement dire que le voyage est plus important que la destination. Atelier Ryza 3 : Alchemist of the End and the Secret Key parvient admirablement à mélanger un sentiment de nostalgie et de nouveauté. Gust exploite ici parfaitement les apports de chaque titre et même si le menu principal vous offre un récapitulatif des événements survenus dans les deux premiers jeux (au cas où vous découvririez la série avec celui-ci), l’impact sera bien plus fort si vous avez suivi fidèlement les aventures précédentes manette en main.
Là où Atelier Ryza 1 & 2 pouvaient être séparés en deux blocs distincts en dehors des personnages que l’on retrouve avec quelques années en plus, ce troisième volet exploite vraiment tout ce qui a été vécu par nos amis. La licence a suffisamment de bouteille pour que l’on apprécie toutes les références et liens aux jeux précédents. C’est particulièrement le cas lors du début de l’aventure où l’on peut explorer d’emblée pratiquement tous les environnements de Kurken Island. On ne s’enferme par pour autant dans les souvenirs puisqu’on nous propose par la suite trois nouveaux gros territoires.
Du monde au balcon de l’atelier
Atelier Ryza 3 propose d’ailleurs un énorme casting avec 11 personnages jouables qui voyageront avec notre héroïne plus attachante que jamais. Les trois nouveaux, que sont Federica, Dian et Kala, seront en quelque sorte les ambassadeurs de ces 3 régions inédites, cela nous permet ainsi de mieux les connaître et de les intégrer au groupe. Cela peut paraître beaucoup à gérer, mais Gust réussit néanmoins à maintenir un bon rythme et un traitement équilibré entre les personnages. Les cartes regorgent d’événements optionnels nous permettant de profiter de cut-scenes ou quêtes autour d’eux, mais même dans le scénario, aucun n’est mis de côté. Les fans seront d’ailleurs ravis d’avoir enfin Bos officiellement dans l’équipe.
Le jeu garde sa base tournant autour de l’alchimie avec de l’exploration pour récolter des ingrédients et la fabrication d’objets répondant à différents besoins, cependant cet opus met parfaitement en avant son thème du voyage en nous offrant une liberté sans pareille. Nous ne sommes pas devant un monde ouvert, mais cela ne gâche en rien le plaisir d’exploration, avec de larges zones interconnectées. Le jeu nous laisse aussi faire les choses à notre rythme car une fois que vous débloquez une région, vous pouvez librement parcourir les territoires, faire la quête principale, renforcer vos personnages ou encore accomplir les « World Quest », un nouveau type de quête qui a un impact sur certains éléments comme les articles proposés dans les boutiques par exemple.
On se sent rarement coincé et même si c’est le cas, la réponse se trouve souvent dans un nouvel objet alchimique à concevoir. L’exploration est d’ailleurs le point qui a le plus profité de cette trilogie puisqu’elle s’est affinée au fil des titres pour atteindre une très bonne dynamique ici. La récolte d’ingrédients s’effectue de manière plus fluide et Ryza se déplace également plus rapidement. On profite de grands espaces, d’une bonne verticalité où l’on peut nager, plonger, glisser, utiliser des montures et grimper. Il y en a encore un petit peu, mais on se sent moins prisonnier par des obstacles (là où il y avait souvent des murs invisibles) et des hauteurs infranchissables.
Parmi les nouveautés pures, on apprécie l’ajout de feux de camp pour la cuisine, apportant des bonus passifs ou encore les différents types d’ateliers qui s’axent sur des domaines précis. Cela s’intègre bien avec ce que l’on veut nous faire vivre, néanmoins, c’est surtout le résultat en matière de peaufinage sur les points clés comme l’exploration et l’alchimie qui font vraiment la différence. En parlant de clés justement, l’une des nouvelles caractéristiques du jeu est de nous introduire des clés que l’on peut matérialiser dans le décor ou en plein combat. Celles-ci peuvent s’utiliser pour ouvrir des coffres, pour profiter d’améliorations en combat ou booster vos recettes alchimiques. Mis à part pour justifier une part du scénario et mettre quelques barrières, l’ajout est assez anecdotique. On en attendait un peu plus surtout que le principe est assez flou au niveau du type de clé que l’on obtient.
Des combats brouillons mais une alchimie brillante
Le studio a fait des efforts pour rendre les combats encore plus intenses et on salue les modifications qui apportent du dynamisme en plus de mettre à profit le casting avec 3 combattants sur le champ de bataille et deux soutiens qui peuvent prendre la place d’un autre à tout moment. On enchaîne le déluge de compétences, d’attaques spéciales, d’objets alchimiques et autres effets de clés pour un résultat assez grisant la plupart du temps. Le système de combat des Atelier Ryza a toujours été correct, mais sans plus, et ce constat ne change pas sur les trois opus. C’est son cœur même qui possède des avantages et des faiblesses intangibles et impossible de changer ça en profondeur sans une refonte totale. On manque ainsi toujours de lisibilité dans les affrontements et les combats contre des monstres puissants ou des boss traînent souvent en longueur avec des enchaînements assez répétitifs.
Heureusement, cette harmonie entre les combats, l’exploration et l’alchimie qui fait le sel de la série Atelier est préservée et même sublimée, notamment grâce à des quêtes aléatoires (et non obligatoires) qui allègent beaucoup le grind sur la longueur. La synthèse d’ingrédients n’a jamais été aussi simple à utiliser et difficile à maîtriser. Il suffit désormais d’avoir quelques ingrédients de base pour concevoir quelque chose rapidement. Le reste des ingrédients que l’on ajoute sert à améliorer la qualité et ajouter des traits spéciaux. Ce troisième épisode introduit d’ailleurs des « Super Traits » qui offrent des propriétés très puissantes et qui sont à combiner judicieusement avec les autres traits ou l’objet en question (un objet de soin pourra par exemple réanimer tous vos coéquipiers K.O). Cette recherche de l’objet parfaitement optimisé est assez stimulante, mais on ne vous force pas à jouer aux chercheurs si vous voulez simplement avancer dans l’histoire.
Gust a aussi ajouté des éléments de confort qui rendent la tâche moins fastidieuse lorsque l’on a beaucoup d’expérience avec la pratique. On débloque sans arrêt de nouvelles recettes et de nouvelles façons de produire les objets (comme le trans-morpho ou la duplication). Cet aspect unique de l’alchimie n’a jamais été négligé par le studio et on est toujours autant bluffé par cette constance dans son utilisation.
Un été emplie de mirages
Les jeux Atelier ont toujours souffert d’un retard technique et Atelier Ryza 3 : Alchemist of the End and the Secret Key ne déroge pas à la règle. Comme pour le reste, le rendu a tout de même gagné en qualité au fil des opus. L’exploration est notamment bonifiée grâce à des environnements plus ouverts qui ne perdent pas en détails visuels. En outre, les modèles de personnages et les animations de ces derniers sont particulièrement soignés. On sent que le travail du chara-designer Toridamono a été respecté de bout en bout malgré les faiblesses graphiques. Sur PC, avec toutes les performances au maximum, impossible de passer à côté d’un effet de flou très désagréable en arrière-plan et que l’on ne peut pas désactiver à l’heure actuelle.
L’interface aurait aussi pu être plus pratique, la mini-carte n’est pas suffisante pour se repérer clairement en temps réel tandis que l’ouvrir en entier vous cache une grosse partie de l’écran. On espère que ces soucis seront corrigés avec de futures mises à jour. On termine en musique avec une bande-son de haut vol. Encore une fois, elle nous fait profiter de très beaux morceaux qui soulignent cette bonne humeur récurrente, mais on s’étonne à entendre des choses beaucoup plus mélancoliques. On retrouve même des thèmes du premier opus pour accentuer la nostalgie, mais énormément de nouvelles compositions méritent le coup d’oreille.
Cet article peut contenir des liens affiliés