Atelier Yumia: L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée marque un tournant décisif pour la série de Gust et Koei Tecmo. Après une trilogie Atelier Ryza ayant considérablement renforcé la popularité de la licence, les ambitions sont revues à la hausse avec ce nouvel épisode. En plus d’une traduction française et d’une sortie sur consoles Xbox, le titre propose quelques nouveautés audacieuses qui bousculent les habitudes de la série. Le pari s’avère globalement réussi, faisant de cet opus un excellent point de départ pour les néophytes et une bonne évolution pour les fans de longue date.
Conditions de test : Nous avons terminé le titre sur PC via Steam en effectuant de nombreuses quêtes et activités annexes. Notre configuration est la suivante : AMD Ryzen 7 5800X3D, 16 Go de RAM DDR4 et AMD Radeon RX 6700 XT.
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Pour nombre de joueuses et de joueurs, Atelier Yumia : L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée constituera la première incursion dans une série de JRPG lancée il y a déjà près de trente ans. Ayant exploré une bonne partie des opus depuis Atelier Rorona sur PS3, nous sommes en mesure d’évaluer l’évolution de la franchise, qui a parfois stagné, mais a aussi introduit des innovations marquantes. La saga Atelier conserve toutefois des qualités uniques, rares dans le paysage des JRPG, notamment l’introduction systématique d’une nouvelle héroïne dotée d’une personnalité bien distincte, et la présence d’un système d’alchimie très poussé, directement relié à l’exploration et aux combats.
Le choix de l’héroïne est crucial dans un jeu Atelier, comme l’a démontré le succès d’Atelier Ryza. C’était d’ailleurs la première fois que Gust conservait la même protagoniste pour toute une trilogie se déroulant dans le même univers. Le studio accorde donc un soin particulier au design, au caractère et au passé de sa nouvelle alchimiste. Contrairement à de nombreux JRPG centrés sur la sauvegarde d’un monde menacé, la série Atelier adopte un rythme plus posé, axé sur l’apprentissage, la découverte et les relations amicales entre les personnages.
C’est ainsi l’occasion de profiter d’un JRPG plus léger, conçu pour se détendre, d’autant que Yumia est une héroïne très attachante. Malgré tout, Atelier Yumia : L’Alchimiste des Souvenirs et la Terre Rêvée se permet une tonalité un peu plus sombre et mature qu’à l’accoutumée, sans toutefois rompre radicalement avec la formule de la série. Cette atmosphère plus grave s’explique par la place de l’alchimie dans l’univers du jeu, considérée comme un art tabou et mal perçu par une grande partie de la population. Mandatée pour percer le secret de l’Empire Aladissien, jadis florissant grâce à l’alchimie, Yumia devra faire la lumière sur ce passé effacé. L’histoire aborde donc le thème des souvenirs, qu’il s’agisse de ceux de l’héroïne (liés à sa mère, elle aussi alchimiste) ou de ceux d’un monde en plein questionnement sur son héritage.
Au fil des événements majeurs, l’équipe de recherche formée autour de Yumia s’agrandit pour constituer un groupe d’amis particulièrement attachants. Le caractère plus grave du titre se manifeste également dans le passé de chaque compagnon, dont les quêtes personnelles permettent de mieux cerner l’histoire et de renforcer la cohésion du groupe. Malgré quelques archétypes bien connus et un déséquilibre dans le traitement de certains personnages (Nina et Lenja restent davantage en retrait par rapport à Rutger, par exemple), chacun bénéficie d’un développement intéressant et d’un moment de gloire au cours de l’aventure.
Atelier Impact
Pour la première fois dans la série, on découvre de véritables antagonistes, que l’on croisera ponctuellement au cours du périple. Bien qu’ils soient globalement réussis, leur présence reste assez discrète en raison d’apparitions finalement trop brèves. Tous ces personnages sont aussi portés par un excellent casting japonais avec des voix reconnues comme Takehito Koyasu (Dio Brando, Zeke Jaeger, Toji Fushiguro…) ou encore Jun Fukuyama (Joker, Lelouch, King…).
Avec une direction entamée dans Atelier Ryza 3, on passe enfin à un monde complètement ouvert pour Atelier Yumia. Une évolution naturelle pour la série où la pratique de l’alchimie demande une grande quantité de matériaux à récolter un peu partout. Malgré le caractère assez classique de la chose, avec des points d’intérêt partout, Gust est parvenu à offrir une exploration assez agréable et très digeste. La comparaison peut sembler curieuse, mais certains éléments rappellent le monde ouvert de Genshin Impact. Ce n’est pas forcément une mauvaise chose car il y a un véritable effort pour diversifier l’exploration, grâce à des énigmes à résoudre, des quêtes de chasse aux monstres aléatoires, des coffres à dénicher et de multiples ruines cachées.
Nous avons d’ailleurs une utilisation assez ingénieuse de la canne de Yumia qui fait également office de fusil servant à récolter des ressources en hauteur, activer des mécanismes et affaiblir des monstres avant un combat. Ajoutez à cela des déplacements rapides bien répartis, la grande agilité de l’héroïne, des tyroliennes et une moto rapide : autant dire que l’on ne se sent jamais entravé lors de l’exploration. Cette sensation de liberté constitue une avancée notable pour la série. La seule vraie contrainte est liée à une ressource baptisée « Énergie », qui limite l’accès aux zones où le mana est dense. Toutefois, une fois son fonctionnement assimilé, on gère la jauge sans difficulté, au point de ne plus y prêter attention.
Autre nouveauté d’Atelier Yumia : un système de construction de base (du housing). On retrouve là encore une parenté avec la Sérénithéière de Genshin Impact. À certains emplacements spécifiques de la carte, il est possible d’installer des bases personnalisées avec différents bâtiments, meubles et éléments géologiques. Pour ceux qui n’ont (comme nous) pas l’esprit créatif, des préréglages sont disponibles dans un catalogue pour une approche simplifiée. On peut ainsi aménager son propre atelier et construire des installations utiles comme une serre, permettant de cultiver en masse une ressource précise.
Une alchimie du corps
Grâce à ces ajouts, Atelier Yumia renforce sa boucle de gameplay : récolter des matériaux à l’extérieur puis synthétiser de multiples objets via l’alchimie, afin d’améliorer l’équipement de l’équipe, de répondre aux quêtes ou d’aménager ses bases. Pour ne pas dérouter les néophytes, Gust a simplifié la mécanique d’alchimie en début d’aventure, tout en conservant une vraie profondeur. Le système se dévoile progressivement, notamment avec la résonance, qui s’amplifie au fil des synthèses et permet de créer des objets de plus en plus élaborés.
Le plaisir réside toujours dans la recherche de la meilleure optimisation possible. Pour ceux que les détails rebutent, un mode de synthèse automatique existe, dans lequel on précise simplement la priorité (qualité, effets, etc.). La progression de Yumia se ressent surtout à travers l’alchimie bien qu’elle possède trois arbres de compétences différents : combat, récolte et synthèse. L’exploration permet aussi de dénicher de nouvelles recettes que l’on débloque et améliore grâce à des particules de mana que l’on récolte dans les geysers de mana présents un peu partout dans les environnements. Lorsqu’une recette est améliorée, elle bénéficie dès le départ de meilleurs effets passifs, permettant ainsi de créer des objets plus puissants sans restrictions.
En améliorant vos armes et équipements, vous débloquez des emplacements où intégrer des cristaux octroyant divers bonus passifs. Ces cristaux possèdent aussi leur propre système de fusion pour obtenir des variantes plus puissantes. Atelier Yumia introduit également de la synthèse simple que la jeune femme peut effectuer n’importe où. Cela permet de confectionner des balles pour son fusil, des bandages pour le soin ou encore un kit de camping.
En définitive, Gust ne s’est pas trompé sur l’essentiel. Atelier Yumia propose le système d’alchimie le plus abouti de la série. Il conserve une grande richesse de création tout en se montrant assez souple et accueillant pour les novices. Même si le craft n’est pas votre dada, vous pourriez bien vous laisser charmer par l’alchimie de Yumia. On apprécie par ailleurs la touche chorégraphique lorsque l’héroïne manie ses fioles, inspirée de spectacles de danse, comme l’expliquait le producteur du jeu en interview.
Des combats trop brouillons
Lors de notre preview, notre principale inquiétude concernait le système de combat d’Atelier Yumia. Nous sommes ici sur des affrontements tactiques en temps réel, qui peuvent sembler chaotiques de prime abord, mais il n’en est rien. Bien au contraire. En fonction des ennemis et de leurs attaques, les personnages peuvent combattre au corps à corps ou à distance. Ils peuvent également esquiver et réaliser des parades parfaites pour contre-attaquer. On contrôle trois personnages actifs et trois en soutien, et il est relativement facile de basculer d’un combattant à l’autre en pleine action.
Lorsqu’un ennemi est étourdi, il est possible d’effectuer des combos d’amis, une double offensive utilisant un objet alchimique auquel l’ennemi est vulnérable. Plus tard, le système s’étoffe avec le principe du mana environnant : en l’accumulant, un personnage peut entrer dans un état améliorant ses capacités. Ce qui sauve Atelier Yumia d’un gros défaut qui aurait pu entacher son bilan, c’est le fait que la majorité des combats sont dynamiques et expéditifs. Le jeu n’offre jamais un véritable challenge, sauf face à un ennemi puissant affronté avec un niveau trop faible.
En revanche, il parvient à briller lors des combats de boss, qui demandent davantage d’attention et une bonne maîtrise des mécaniques. De notre côté, le jeu est devenu relativement facile en mode Normal dès lors que nous avons fabriqué des équipements de très bonne qualité. Atelier Yumia peut d’ailleurs se révéler frustrant, dans la mesure où l’utilisation des objets (via les combos d’amis notamment) est bien moins puissante qu’une attaque normale, sauf si l’on a pris le temps de fabriquer un objet surpuissant. Le titre est aussi très généreux au niveau de la prise de niveau. On conseillera donc aux vétérans de rehausser la difficulté pour ne pas trop s’ennuyer.
Concernant la partie technique et visuelle, Atelier Yumia s’en sort plutôt bien et représente une avancée notable par rapport aux opus précédents, mais moins par rapport aux standards actuels. On note aussi certaines textures baveuses, des effets de lumière et de flou parfois trop criards, notamment dans certaines conditions météorologiques. Sur PC, le jeu tourne relativement bien, bien que l’on constate de rares chutes de FPS, en particulier dans certaines zones explorées et lors de changements climatiques. Rien de bien méchant, mais cela peut occasionnellement impacter l’expérience. Sur notre configuration, nous tournons à 70/80 FPS en 1440p avec des paramètres élevés. Curieusement, il est préférable de limiter le jeu à 60 FPS, car au-delà, certaines animations deviennent instables avec des effets de tremblement (notamment lors des animations de fin de combat). On regrette toutefois l’absence de DLSS et de FSR, laissant le XeSS d’Intel comme seule option d’upscaling.
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