Lords of The Fallen et les deux volets de The Surge, voici les derniers titres du studio allemand Deck 13, qui nous sort le 10 août prochain sa nouvelle licence, Atlas Fallen. Initialement prévu pour mai dernier, puis repoussé à ce mois-ci afin d’éviter la confrontation directe avec The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, les développeurs semblent avoir fait le bon choix, surtout pour peaufiner leur bébé.
Le titre, désormais disponible ce 10 août sur PC, PS5 et Xbox Series, se veut moins punitif, et avec un côté aventure plus prononcé que les précédentes productions du studio. Situé dans un univers d’heroic-fantasy où un dieu fait régner la terreur, cette nouvelle franchise made in Deck 13 laisse ici une bonne empreinte et de bonnes idées, tout en faisant hélas ressortir les mauvaises habitudes du studio, déjà aperçues dans un certain Lords of the Fallen à l’époque.
Conditions de test : Nous avons terminé la campagne principale d’Atlas Fallen en 13 heures de jeu, comptant certains services, quêtes secondaires et collectables à ramasser ou détruire. Nous avons ensuite passé quelques heures supplémentaires à la réalisation de ces mêmes activités annexes, sans pour autant tout terminer. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de Ram, une RTX 3070 et un i5-12400 (2.50 GHz).
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ToggleThelos, le dieu tyrannique à éliminer
Bien avant de débuter les festivités, sachez que Atlas Fallen, après une brève cinématique posant les bases de sa narration, vous fera commencer dans la peau d’un Sans-Nom, que vous devrez créer avec un éditeur de personnage suffisant. Ce dernier, bien loin de ce qu’est capable de faire un Elden Ring, reste pour le moins honnête, même s’il est très simpliste dans le fond. Vous pouvez choisir des modèles de visages prédéfinis parmi les 12 disponibles, et ensuite vous amuser à changer leur forme, la couleur de peau, des cheveux, jusque dans les caractéristiques spécifiques comme ajouter une balafre, et j’en passe. Concrètement, on retrouve un peu la marque de fabrique du studio allemand, avec hélas une certaine limitation évidente dans l’éditeur de personnages, qui méritait mieux.
Outre cela, Atlas Fallen nous emmène ici dans un univers complètement heroic fantasy. Votre protagoniste, considérée comme une Sans-Nom, va au début du jeu, après avoir été sous l’emprise des serviteurs de Thelos, retrouver un énigmatique gantelet. L’accessoire recèle une entité mystérieuse nommée Nyaal. Sans que l’on en sache plus sur sa nature, nos deux héros vont devoir parcourir le monde ravagé et désertique d’Atlas Fallen, avec pour but de vaincre le dieu du soleil, Thelos, régnant de manière très tyrannique.
Dans la simplicité de sa narration, seul le lore sauvera le titre. A aucun moment nous n’avons trouvé certains personnages attachants, et c’est bien le problème trop récurrent des productions de Deck 13. Tout est extrêmement plat au niveau des personnages que l’on rencontre, et même si certains rebondissements dans le fil rouge du jeu pourront un minimum surprendre, la fin est d’une prévisibilité extrême. A un tel point qu’une fois le jeu terminé, nous restons non seulement de marbre, mais aussi sur notre faim car nous en voulions bien plus que ce qui nous est proposé. Par ailleurs, même les quelques choix de dialogue proposés à certains moments ne sont finalement qu’une vaste fumisterie. On regrette bien les choix à conséquences des deux opus de The Surge, même si ce n’était pas parfait non plus…
Cependant, la direction artistique, même si elle est fade d’un côté, reste en définitive quand même cohérente de l’autre. Sur la plupart des grandes cartes ouvertes que nous aurons l’occasion de visiter, nous aurons à perte de vue de gigantesques environnements oscillant entre déserts, ruines, voire quelques décors un peu plus verdoyants ou panoramas plus caverneux. Tout ceci reste honorable, même si nous aurions cependant aimé encore plus de diversité, notamment sur la dernière carte que l’on visite, qui s’apparente à ce que l’on a déjà vu sur les précédente maps ouvertes… En développant le jeu, Deck 13 n’était sûrement pas non plus super inspiré sur la dernière ligne droite, même si cela en accord avec le contexte dévasté du jeu.
Des combats ensablés qui enrayent un peu la machine
Dans son genre action, aventure et avec une pointe de RPG, Atlas Fallen a su rendre ses combats un peu plus accessibles, tout en gardant le côté punitif d’un The Surge. Les combats se centrent tout d’abord sur la jauge de ferveur. Plus cette dernière se remplit, et plus vous ferez de dégâts, tout en voyant vos armes grossir. Dans un même temps, cette jauge remplie est un cadeau empoisonné, puisque les ennemis vous feront à leur tour plus de dégâts. Autrement dit, bien que moins difficile que les précédentes productions de Deck 13, Atlas Fallen s’offre une mécanique subtile qui, si on ne fait pas attention, peut vite coûter très cher.
Rien qu’avec ce concept, le titre part sur une très bonne base. De plus, la jauge de ferveur ne sert pas qu’à cela. Celle-ci, qui peut se remplir sur trois niveaux, permet par la suite l’utilisation de pierres d’essence actives ou passives. C’est à partir de là que les combats deviennent intéressants, car vous pouvez alors utiliser toutes vos compétences, si votre jauge de ferveur est pleine. Qui plus est, il est possible d’utiliser Dévastation, une attaque ultime infligeant de gros dégâts aux ennemis, et qui est disponible même lorsque la jauge de ferveur est remplie au premier niveau.
La jauge de ferveur entre en corrélation avec les pierres d’essence actives et passives pour un résultat qui marche du feu de dieu. Qui plus est, Atlas Fallen a repris le système de démembrement à la The Surge. Hormis les plus petits monstres, la plupart de vos adversaires nécessitera la destruction de plusieurs parties de leur corps pour être définitivement mis au tapis. Cela vous permet ensuite de récupérer un certain butin, qui peut être plus ou moins intéressant en matière de ressources pour vos pierres d’essence. Le fameux butin peut être d’ailleurs beaucoup plus lucratif, si jamais vous avez aussi détruit l’un des membres dorés de la créature, ce qui augmente vos chances d’avoir un trésor plus attrayant.
Justement, ce système de trésor, bien que l’idée ne soit pas mauvaise dans le fond, semble n’être finalement de la poudre aux yeux. Cette mécanique ne sert la plupart du temps qu’à obtenir des éléments de crafting rares pour nos pierres d’essence, et ce sera tout. Sur notre partie, il nous est arrivé seulement une fois d’obtenir par chance une pierre d’essence directement. Globalement, cette feature est un peu décevante, car on aurait pu s’attendre à obtenir des trésors plus intéressants à chaque fois que l’on faisait en sorte de détruire l’un des membres dorés d’une ombre (les monstres du jeu NDLR). Qui plus est, les trois seules armes que l’on utilise lors de notre périple, ne sont finalement pas améliorables, à notre plus grand dam… Enfin, vous ne pourrez en porter que deux, mais cela n’excuse pas l’absence d’arbres de compétences pour chacune d’entre elles.
De surcroît, il y a pas mal d’écueils au niveau des combats, malgré une machine bien huilée. Dans un premier temps, et même si le feeling des affrontements est plutôt fun, dynamique et surtout brutal dans les coups portés, le système de verrouillage proposé est beaucoup trop hasardeux pour switcher aisément d’un ennemi à un autre. Par ailleurs, il n’est pas rare que la caméra parte en vrille, rendant forcément les séquences de baston très confuses. C’est vraiment dommage, d’autant que les combats demeurent plutôt redondants sur la longueur, même si certains boss forcent parfois le joueur à changer de stratégie. Des combats de boss qui d’ailleurs sont sympas pour la plupart, mais décevants par moments, notamment le boss de fin.
Notez qu’il y a toutefois un système de parade et d’esquive plutôt satisfaisant. L’esquive est traditionnelle, et permet de fuir les attaques adverses. Quant à la parade, votre armure de sable peut cristalliser les ennemis si vous contrez avec succès trois fois sur les grosses créatures, et une fois sur des monstres plus petits. C’est là que vous serez à même de prendre un avantage sur vos adversaires, et ainsi leur faire des dégâts plus facilement étant donné qu’ils seront immobilisés quelques secondes. Cette mécanique marche super bien, et s’intègre parfaitement dans le cœur du jeu.
Pour terminer, les déplacements ne sont pas non plus optimaux. Si les rares séquences de plateformes sont correctes, il n’est pas rare d’avoir des couacs sur les commandes, qui restent un poil imprécises. On est sur un feeling plus souple qu’un The Surge, avec une certaine rigidité désagréable qui peut nuire aux combats. Cependant, il faut bien admettre que surfer sur le sable, c’est plutôt cool, et nous ferait presque penser à Forespoken, en mieux.
De l’amélioration à foison, au détriment d’un véritable fond
Bien avant d’aller du côté de l’enclume qui se la joue feu de camp comme chez les Souls, sachez que les pierres d’essence sont bien améliorables. Moyennant tout d’abord des ressources pour être craftées, elles sont ensuite améliorables avec d’autres ressources, combinées aux poussières d’essence. Tout ceci vous donnera la possibilité d’amplifier vos compétences passives et actives, et ainsi vous donner un sentiment de puissance sans équivoque. D’ailleurs, le côté appréciable d’Atlas Fallen réside dans la montée en puissance de notre personnage, qui se ressent clairement une fois que l’on améliore nos équipements étape par étape.
Outre son système de combat sympathique d’un côté mais bourré de défauts de l’autre, il y a bien un côté RPG avec de l’upgrade en veux-tu en voilà. Dans votre vadrouille sur les terres désertique du soft, vous serez parfois à même de trouver des enclumes, qu’il faudra déterrer avec le pouvoir de votre gantelet. Ici, un peu à la manière des feux de camps dans Dark Souls, vous pourrez récupérer votre santé et vos recharges d’idole (potions), mais aussi y améliorer notamment vos armures. Trouvables via des marchands ou en récompenses de quêtes, celles-ci sont améliorables en trois niveaux, moyennant de la poussière d’essence qui est récupérable sur les ennemis une fois vaincus.
En somme, cela permet d’améliorer les statistiques de votre armure, mais pas que. Effectivement, en plus d’améliorer son niveau de puissance et donc ses stats afin de mieux se mesurer aux ennemis environnants, ornés eux aussi d’un niveau de menace, vous gagnez également un point de don. Celui-ci sera utilisable dans la rubrique dons de l’enclume, vous permettant de bénéficier de quelques bonus comme avoir plus de ferveur au début du combat, voire engranger plus de poussières d’essence. Il faut bien l’avouer, ce système d’upgrade fonctionne bien, et se marie convenablement avec les pierres d’essence, pour une mécanique d’amélioration pour le moins complète. Notez qu’avec la poussière d’essence, il sera aussi possible de déverrouiller des emplacements de pierres d’essence, et ainsi porter plus de compétences sur chaque niveau.
En sus, le gantelet sera aussi à améliorer. Avec des éclats à trouver lors des quêtes principales, vous pourrez ensuite utiliser votre enclume afin de le forger. Tout ceci aura pour effet de débloquer des pouvoirs supplémentaires comme de pouvoir dasher plusieurs fois d’affilée, ou bien déterrer des structures plus grandes. Cela donne finalement un aspect metroidvania intéressant, dans la mesure où vous pourrez par la suite revenir aux précédentes grandes cartes, et ainsi utiliser votre pouvoir fraichement acquis pour accéder à des endroits auparavant inaccessibles.
Au-delà de ça, les marchands seront aussi de la partie. Il y en aura un bon paquet sur chaque zone, et ils pourront vous vendre au choix de nouveaux sets d’armure, cartes aux trésors, pierres d’essence ou idoles, voire des ressources. Pour en bénéficier, il faudra les échanger avec des tributs, l’une des monnaies du jeu. De plus, vous pouvez revendre les divers artéfacts que vous trouverez sur votre chemin. Ces marchands, bien qu’ils soient utiles pour acheter quelques ressources ou pierre d’essence, se révèlent finalement anecdotiques, et vous ne vous en servirez que ponctuellement, surtout pour voir s’ils ne vendent pas quelques set d’armures intéressants. Néanmoins, ils ont le mérite d’exister, Action-RPG oblige.
L’une des déceptions qui sera à noter, résidera dans les sets d’armures, sous exploités. Ici, vous n’améliorerez que le set d’armure en question, et pas membre par membre. Chose plutôt regrettable, comme le fait que ces sets d’armures ne se trouvent pas de manière aléatoire, mais plutôt de façon dirigiste. C’est un point qui fait hélas tiquer, et même si certaines armures permettent des bonus intéressants en fonction du code couleur des pierres d’essence équipées (verte, bleue, rouge, violette et dorée, correspondant aux soins, ferveurs, dégâts, manipulations et défenses), il reste dommage que l’on ne puisse pas changer aléatoirement ces fameux bonus de stats (plus d’attaque, de constitution, défense etc…). En voulant simplifier la formule pour certains joueurs, Deck13 en a peut-être fait un peu trop, surtout quand on voit que la plupart des armures du début du jeu ne sont améliorables que trois fois, et c’est tout…
Un terrain de jeu aux activités touffues
En parcourant les nombreuses grandes cartes d’Atlas Fallen, sachez qu’il y aura un contenu annexe assez touffu. Entre des totems à aligner le plus vite possible, en passant par les quêtes annexes, les services (des quêtes secondaires ++), les autels à détruire ou encore les coffres à déterrer ou monstres à tuer, il y a de quoi faire. Qui plus est, on apprécie que le gantelet, une fois amélioré, nous permette de nous adonner à de nouvelles activités que l’on découvre au fil du jeu. Autant dire qu’il n’y aura pas de quoi s’endormir, même si terminer le jeu en ligne droite ne demandera pas plus de 13h.
On ne n’ennuie donc jamais sur le soft de Deck13, même si la progression de la quête principale est vraiment soporifique. Les trois quarts du temps, et en dehors de quelques quêtes qui arrivent plus ou moins à sortir leur épingle du jeu, vous devrez récupérer des éclats pour le gantelet, et ainsi devenir plus fort pour arriver à atteindre Thelos. Qu’on se le dise, cette progression répétitive est vraiment indigeste, surtout que l’on récupère soit les éclats de manière facile, soit en devant déterrer des totems le plus vite possible, ou bien en affrontant des vagues d’ennemis… on s’amusera un peu plus sur les activités secondaires que sur les missions principales, qui ne sont que peu captivantes. En même temps, avec des personnages plats, il ne fallait pas s’attendre à un miracle.
Un jeu presque next-gen
Avec Atlas Fallen, étant donné qu’il s’agit d’une production AA, il ne fallait pas s’attendre à avoir des miracles au niveau des graphismes. En dehors de quelques panoramas qui forcent parfois le respect, et certains effets de lumières qui embellissent quelques textures, il faut dire que le reste oscille entre le beau et le juste correct. La modélisation des personnages et les animations sont globalement passables, et certaines textures font parfois peine à voir. Si les effets de particules de sables sur les monstres forcent le respect, c’est bien la seule chose qui impressionne. Même si les graphismes flattent parfois un brin la rétine. Il en va de même pour les cinématiques dessinées à la main, qui font au moins leur petit effet.
Pour le reste, Atlas Fallen n’est pas vraiment fini. Entre divers bugs de collisions, une IA qui ne réagit parfois pas du tout, et surtout quelques crashs ou soucis de réapparition des monstres, autant dire que le titre manque de finition. Alors certes, un patch day one devrait corriger, mais il n’est pas certain que cette mise à jour corrigera les nombreux problèmes cités, notamment les soucis d’affichage sur les textures ou encore le clipping, bien présent sur le long de l’aventure. En somme, nous aurons à boire et à manger sur la production de Deck 13, qui ne pouvait sans doute pas faire mieux, mais s’en sort plutôt bien sur le résultat final.
Terminons au moins sur une bonne note en abordant le sound design. Les musiques épiques collent très bien aux combats, et apportent un certain dynamisme dans l’ensemble. Pour les doublages en anglais, ils n’en restent pas moins corrects, mais sans non plus nous éblouir. Bien entendu, notez que les sous-titres français seront de la partie. Notez également qu’il est jouable en coopération en ligne à deux joueurs mais nous n’avons pas eu l’occasion de tester cette composante avant le lancement.
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