Rebellion s’embarque dans une nouvelle licence avec Atomfall. Annoncée depuis juin dernier, la nouvelle propriété intellectuelle du studio anglais nous propulse dans une intrigue fictive en Angleterre, plus précisément dans les années 60 à Windscale. Après y avoir joué à la gamescom puis le mois dernier avec un constat positif mais mesuré, nous avons enfin découvert le jeu final. Cette nouvelle production de Rebellion s’offre une proposition vachement chouette dans son concept semi monde ouvert survivaliste, à mi-chemin entre STALKER et Fallout. Un mélange qui dépote, certes, mais avec les vieilles mauvaises habitudes du studio en matière de game design.
Conditions de test : Nous avons terminé Atomfall en 15 heures de jeu, dans son mode survie qui est recommandé par Rebellion. Nous avons accédé ainsi à une première fin, parmi les six disponibles dans le jeu. Notez par ailleurs que la durée de vie est très variable, le jeu pouvant se terminer encore plus rapidement, car de notre côté, nous avons pris le temps d’explorer les environs, et de découvrir petit à petit les quêtes s’offrant à nous. Le titre a été testé sur PC avec 32 Go de RAM, une RTX 3070 et un i5 12-400 (2.50 Ghz).
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ToggleLa chute de l’atome à Windscale
Atomfall nous plonge dans une intrigue au premier abord très mystérieuse et excitante. Le titre se déroule cinq ans après la catastrophe nucléaire de Windscale, ayant eu lieu au nord de l’Angleterre en 1957. Il s’agit là d’un fait historique qui s’est vraiment déroulé, et la production de Rebellion nous propose une histoire fictive brodant autour. Vous prenez le contrôle d’un personnage qui se retrouve dans un bunker, sans savoir qui il est et ce qu’il s’est passé. C’est alors que vous faites la rencontre d’un scientifique dans une tenue anti-radiations, vous apprenant que la zone est en quarantaine, et que vous devez trouver l’échangeur pour en sortir.
C’est comme ceci que nous pourrions résumer l’introduction de Atomfall. La suite nous aura cependant pas mal déçu. Il y a pourtant pas mal de mystères à résoudre sur cette zone de quarantaine et nous rencontrons accessoirement bon nombre de personnages loufoques (la mère Jago par exemple), mais force est d’admettre que le soft finit par se prendre à son propre jeu. Autrement dit, il tire en longueur les nombreuses zones d’ombre ornant cette zone de quarantaine, ainsi que l’énigmatique personnage qui fait sonner le téléphone à chaque passage devant une cabine londonienne. Tout ça, pour arriver à une fin qui nous laisse de marbre. Il est possible que les futurs DLC viennent approfondir la narration mais, qu’on soit clair, le synopsis est finalement trop mystérieux pour pas grand-chose.
Nous pourrons néanmoins nous consoler avec un système de dialogue à la Fallout qui fait le boulot, ou presque. Effectivement, Rebellion ne s’est pas gêné pour reprendre cette mécanique de la licence de Bethesda, tout en y apportant sa propre touche, restant trop légère et inachevée. En effet, certains dialogues avec les PNJ vous offrent plusieurs choix, vous permettant au choix d’obtenir des informations cruciales, voire juste d’en apprendre plus sur le lore ou sur le personnage en face de vous. Bien que ces choix de dialogue apportent une touche légèrement différente de ce qu’il s’est fait auparavant, force est d’admettre qu’Atomfall ne va pas plus loin que ça. En effet, la plupart ne vont pas changer la zone de quarantaine à termes.
C’est bien dommage, même si la force du jeu réside dans les nombreuses possibilités offertes. Atomfall dispose de pas moins de six fins différentes, en fonction des PNJ sur lesquels vous allez vous focaliser dans la réalisation de votre objectif initial, qui est de sortir de cette zone. Cela permet au jeu de se doter d’une rejouabilité relativement conséquente, et de découvrir le monde d’Atomfall sous plusieurs angles. Il faut bien l’admettre, outre la narration un peu bancale malgré une écriture convenable dans le fond, le soft a au moins à son actif cette liberté proposée aux joueurs. On pourrait toutefois regretter l’absence d’un système d’alliances ou de factions, chose qui n’a jamais été véritablement explorée par les développeurs, alors qu’il y avait un potentiel certain.
Voie sur ton chemin
Pour une première de Rebellion dans la conception d’un titre en vue totalement subjective, il faut dire que le studio britannique nous offre ici un résultat convaincant. La prise en main nous mène en terrain connu, et nous y ressentons dans un premier temps une vibe Fallout/STALKER pas déplaisante. Les développeurs ont aussi rajouté pour l’endurance le système de pouls, déjà aperçu sur Sniper Elite. En effectuant des actions anodines comme sauter, courir ou se battre au corps à corps, vous allez faire monter votre pouls, et vous vous épuiserez rapidement. Atomfall arrive à se démarquer un peu par cette mécanique de jeu.
Toutefois, les combats sont relativement inégaux. Oubliez par exemple un potentiel système de parade pour le corps à corps, et seul un coup de pied que l’on assène permet de les étourdir. Cette feature, très surprenante au premier abord, ne se révèle finalement pas tout à fait efficace, et casse le rythme des combats déjà bien mollassons. D’ailleurs, en plus d’un impact bien moindre sur les coups à l’arme blanche, les gunfights, bien que jouissifs au début, se révèlent assez vite redondants. C’est très regrettable, d’autant que les affrontements peuvent vite ressembler à n’importe quoi en dépit d’une balistique qui reste convaincante.
Il y aura de quoi être refroidi sur ce point, même si nous soulignons la liberté colossale qui est laissée aux joueurs. Si vous voulez tuer tous les PNJ sur la map, vous pouvez le faire sans le moindre scrupule et ainsi récupérer leurs équipements dans la foulée. D’ailleurs, les parties peuvent se révéler différentes, et vous pouvez faire n’importe quelle quête et en zapper la plupart si cela vous chante pour voir le bout de votre périple. De plus, le monde semi-ouvert, via des zones interconnectées, est avare en indications pour son plus grand bien. Si cela est modifiable, l’expérience originale d’Atomfall est rendue grisante par le fait de découvrir tout son lore en explorant les environs, en rencontrant des personnages nous donnant des indices pour certaines quêtes, et plonger dans des bunkers afin d’y découvrir l’équipement qui pourrait vous aider.
Le côté aventureux d’Atomfall est aussi excitant qu’il est gratifiant, et son système économique passant par le troc est une sacrée bonne idée. Exit l’argent, et place à l’échange d’objets avec les PNJ. Vous devrez indiquer les objets qui vous font de l’œil, et céder en contrepartie ce qui fait envie aux personnages. Si la balance entre dans le vert, vous serez ainsi autorisé à mettre fin à l’échange, et récupérer la précieuse marchandise que vous convoitez. Une riche idée. Sachez que la difficulté est modulable, impactant au choix le troc, la difficulté au global voire l’exploration, donnant aux joueurs une expérience à la carte fortement appréciable.
Par contre pour la progression, force est de constater que la répétitivité pointera vite le bout de son nez. Si vous voulez terminer rapidement le titre, en même pas 5 heures puisque c’est possible, il faudra se focaliser sur le lieu nommé l’échangeur, et tout rallumer via des batteries atomiques. Celles-ci sont récupérables de nombreuses façons afin de varier les plaisirs, mais il faut dire que l’histoire principale ne sera pas des plus trépidantes à cause de cette boucle de gameplay manquant de saveur, peuplée par ailleurs d’aller-retours barbants. Cependant, la plupart des quêtes pour obtenir les batteries restent intéressantes, au même titre que les missions secondaires, qui ne sont à aucun moment laissées sur le bord de la route, et offrent quelques mini histoires un minimum captivantes. Nous serons par contre exaspérés par le nombre de pistes que l’on débloque à la seconde, ce qui peut donner le tournis à cause d’une interface austère et surabondée, notamment sur son inventaire peu pratique.
Dans les autres points semi négatifs, le level-design sera aussi de la partie, à notre plus grand dam. Bien que certaines zones anxiogènes comme les bunkers soient pour la plupart chouettes, le trop peu d’indications et les côtés trop génériques dans sa conception, pourront quelquefois nous laisser un peu sur les nerfs. Certains objets clés à trouver sont au choix soit évidents, soit trop cachés pour enfin y mettre le grappin dessus. Le titre dispose aussi de quelques mini puzzles qui parfois, peuvent vite devenir crispant. Ces légers soucis perturbent un peu l’expérience de jeu, et quelques éléments dans la construction de chaque zones peuvent se révéler un peu brouillonnes. Néanmoins, l’expérience de jeu offerte n’en reste pas moins jubilatoire et captivante, même si nous sommes loin de la qualité optimale offerte par un Fallout ou STALKER.
Survival or not survival ? That is the question
Pour le reste, Atomfall peut-il ajouter à son crédit un réel aspect survie à proprement parler ? Eh bien, oui et non. Car s’il s’offre en premier lieu un système de ressources à collecter et de craft, il faut dire que la survie reste finalement assez en retrait. Ne vous attendez pas à avoir la possibilité de réparer vos armes, les améliorer ou en créer de nouvelles. Cette partie là est donc en demi-teinte, bien que l’on ait cette sensation de devoir compter ses balles, sans quoi on se retrouve dans la panade. Au moins, ça, on ne pourra pas lui enlever, et certains affrontements peuvent se révéler stressants, ce qui n’est pas déplaisant.
Il y a aussi un système de compétences qui fonctionne bien. De base, vous avez trois compétences différentes à débloquer via quatre arbres différents. Pour découvrir les six autres sur chacun de ces arbres, vous serez obligés de dénicher, en explorant, des manuels d’entrainement. Ces derniers vous donneront la possibilité de découvrir ces compétences, que vous pourrez déverrouiller en trouvant des stimulants d’entrainement trainant un peu partout sur la carte, ou en finissant certaines quêtes. Cela permet de faire monter en puissance petit à petit notre protagoniste, et lui donner quelques capacités intéressantes au fil du jeu.
Notre personnage sera aussi armé d’un détecteur de métaux et d’un redirecteur de signal. Le premier va vous servir à trouver quelques boites en métal contenant au choix des ressources précieuses ou objets et accessoires pratiques comme des munitions, tandis que l’autre servira pour le piratage. Vous pourrez ainsi désactiver des tourelles ennuyeuses, ou rediriger un signal sur des portes à ouvrir. Ces deux éléments, que l’on peut récupérer tôt dans l’aventure, ou non, offrent des possibilité intéressantes et permettent de mieux avancer sur le titre.
On terminera sur l’IA des ennemis, qui entache sérieusement les gunfights comme l’infiltration. Peu importe la difficulté, les adversaires (qui sont d’ailleurs trop peu variés), ne sont pas toujours très futés. Ils peuvent vite abandonner les recherches si vous vous faites repérer, ou à l’inverse vous voir en un rien de temps ou vous toucher de très loin. S’il y a bien des éléments qui encouragent l’infiltration, force est de constater que se la jouer fine n’est jamais une partie de plaisir, comme dans la majorité des titres de Rebellion en somme. On ressent comme une maladresse émaner de certains compartiments du jeu.
Les joies de la cambrousse british
Avant d’aborder la question technique, il faut bien reconnaitre l’esthétique britannique rafraichissante du jeu. Les fans du mod Fallout : London devraient sûrement être aux anges, face à ces paysages aussi verdoyants que chatoyants, des bunkers et autres complexes anxiogènes à parcourir. Mais si ce petit côté Docteur Who est plaisant, on ne pourra s’empêcher de reprocher au jeu de manquer de diversité. On aurait aimé un peu plus d’environnements.
Concernant maintenant son moteur graphique qui date un peu désormais, Rebellion semble avoir fait le nécessaire pour nous doter d’un rendu plus qu’acceptable. Sans être beau non plus, le soft arrivera à se démarquer par sa palette de couleurs qui passe bien, mais aussi quelques effets visuels qui sont encore loin d’être ridicules. Bien que le soft fasse un peu le yoyo entre des textures tantôt correctes, tantôt moyennes, il faut dire que le moteur graphique qui date de plusieurs Sniper Elite en a encore un peu sous le capot.
De plus, Atomfall s’offre une optimisation au poil, et sans la moindre chute de FPS. On déplorera les nombreux bugs dans l’inventaire avec une sélection des armes peu intuitive, mais également des bugs hallucinants d’ennemis se bloquant dans les décors. Les ennemis ne sont pas en reste, avec leurs animations robotiques et leur IA souvent à l’ouest.
Il ne reste plus que le sound design, soufflant le chaud et le froid à notre grand désespoir. En dehors d’un acting correct sans transcender, les musiques ne sont pas engageantes. En somme, on se retrouve avec des thèmes musicaux peu marquants, nous laissant à penser qu’il est temps que Rebellion investisse dans un compositeur digne de ce nom.
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