Le studio russe Mundfish aura mis un temps monstre avant de sortir Atomic Heart. Son premier titre est en développement depuis 2017, et sort enfin six ans plus tard sur PC, PS4, PS5, Xbox One et Xbox Series. Il faut dire que pas mal de gens l’attendaient de pied ferme, car le contexte URSS alternatif à la façon d’un Bioshock ou d’un Fallout avait de quoi être alléchant.
Maintenant que le titre est enfin disponible, force est de constater qu’Atomic Heart a fait chavirer notre petit cœur. Ceci dit, il n’en demeure pas moins décevant sur certains aspects, prouvant que le développement n’a pas été un long fleuve tranquille pour le studio, qui a dû subir une sacrée pression pour son tout premier jeu.
Conditions de test : Nous avons terminé Atomic Heart en environ 18h de jeu en mode normal, en trainant un peu sur la map semi-ouverte, et en essayant de faire deux ou trois sites de tests, permettant d’obtenir de l’équipement supplémentaire pour les armes. Le titre a été testé sur PS5.
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ToggleCatastrophe robotique en URSS
Atomic Heart nous propulse dans une URSS alternative. Dans la peau du major P-3, qui visite le site 3826 dans une assez longue introduction, nous allons vite déchanter lorsque les robots se retournent subitement contre leurs créateurs, et font une véritable boucherie. C’est en se réveillant après sa lourde chute que notre communiste va devoir chercher la raison de ce soulèvement soudain des machines sur ledit site, qui n’est désormais plus sécurisé du tout.
Il s’agit là d’une façon assez simpliste de résumer l’histoire d’Atomic Heart sans vraiment spoiler. Mais vous vous en doutez, la narration prend une épaisseur considérable lors de notre progression, même s’il faut avouer que le début nous a paru poussif, notamment certains passages un peu longs pour rien. Une chose bien regrettable car dans l’ensemble l’histoire s’offre quelques rebondissements intéressants, un lore conséquent et surtout des personnages hauts en couleurs qui proposent une psychologie assez bien travaillée.
D’ailleurs, le duo Major P-3 et Charles son IA, dispose d’une alchimie vraiment réussie. Bien que parfois un peu trop bavard et avec notamment une certaine faiblesse d’écriture chez le major ô combien agaçant de vulgarité, ou encore la machine NORA un peu trop orientée en dessous de la ceinture, le reste fonctionne bien. La fin du jeu est elle aussi surprenante, avec cependant une certaine ouverture qui nous laisse trop sur notre faim tant on en redemande.
Là où le soft excelle également, c’est dans sa direction artistique. Le moindre panorama a de quoi nous scotcher devant notre écran un bon moment, tant le soin apporté aux architectures est fascinant. On ressent également une certaine vibe Bioshock et Fallout bien sympathique, avec une mise en scène qui en jette. Cependant, nous aurons de quoi rester de marbre sur certaines cinématiques, qui auraient mérité un travail un peu plus studieux tant ces dernières sont peu flatteuses.
De la castagne imparfaite et des puzzles variés à la Bioshock
La production de Mundfish se calque plus ou moins sur le jeu d’Irrational Games au niveau des combats, avec pas mal de subtilités. En effet, le Major p-3 a la possibilité de manier les pouvoirs de son gant et les armes à feu ou blanches en simultané. Tout en tirant, notre héros peut ainsi, avec son autre main, électrifier ou geler ses ennemis, utiliser la télékinésie, ou même se protéger et ensevelir ses adversaires robotiques ou organiques de polymère, afin de faire durer les dégâts élémentaires (feu, électricité et glace).
La créativité dans les affrontements est ainsi encouragée. De plus, le jeu vous force évidemment à utiliser les points faibles élémentaires des ennemis, afin de les éliminer plus efficacement. Les combats sont intenses et tactiques, et le dash à la DOOM qui est mis à disposition vous sera bien utile. Idem pour le scan, qui va servir à voir à quoi résistent les ennemis, ou à quoi ils sont le plus sensibles.
À première vue, Atomic Heart est pratiquement réussi de ce côté-là, mais le feeling n’est pas si fignolé que ça. Nous remarquons assez vite que certaines armes manquent de pêche, et la lisibilité des combats demeure brouillonne et imprécise. Il n’est pas rare, sur les niveaux cloisonnés, de vous faire vite bloquer contre un mur par certains ennemis sans avoir la moindre possibilité de vous en défaire. Cela va par la suite un peu mieux, le jeu offrant des zones plus ouvertes, mais ce choix de game design est tout de même regrettable.
Néanmoins, Atomic Heart s’est bien débrouillé avec ses boss. Bien que l’on retrouve encore une grosse influence Bioshock et Fallout pour ce citer qu’eux, force est de constater que ces combats se dotent d’une certaine férocité. La façon de les mettre hors d’état de nuire ne sera pas la même, et il faudra donc redoubler d’imagination pour leur faire un maximum de dégâts. Indéniablement, le studio Mundfish a fait du bon boulot, même s’il faut admettre que certaines compétences finissent par être inutiles arrivé à un certain niveau de progression.
Par contre, le côté infiltration implémenté n’est pas un franc succès. En vous baladant dans ce site semi-ouvert ainsi que dans les niveaux linéaires, il y a possibilité de mettre hors circuit les diverses créatures robotiques. En se positionnant derrière elles, vous pouvez les pirater avec votre gant, et ainsi les tuer en un coup. Bien que cette idée soit sympa sur le papier, elle est très mal exécutée dans la pratique, la faute à une IA qui vous repère trop vite, et des déplacements beaucoup trop lents pour atteindre vos cibles rapidement.
Au moins, les puzzles sont quant à eux une réussite incontestable. Les différents mini-jeux proposés pour déverrouiller quelques gros cadenas sur les portes afin de progresser, nous forcent un tant soit peu à utiliser notre matière grise en plus d’être finalement d’une grande variété. Mais ce n’est pas tout, car les puzzles sont aussi au service du level-design, afin d’avancer sur vos prochains objectifs.
Le studio Mundfish s’est donc surpassé sur cet aspect, avec notamment l’utilisation du pouvoir électrique qui va vous servir sur certaines énigmes pour progresser. Il n’y a pas à dire, Atomic Heart surprend d’une bien belle manière avec un level-design intelligent et bien agencé de bout en bout. Il est fréquent de rencontrer des passages vraiment plaisants sous forme de clins d’œil, et surtout un bestiaire relativement varié. On pourra cependant pester sur quelques imprécisions lors de certaines phases de plateformes mais au-delà de ça, le soft s’en sort pas trop mal.
Le site 3826, une zone semi-ouverte inégale
Si vous ne l’aviez pas encore compris oui, Atomic Heart est un FPS doté d’un monde semi-ouvert. Outre l’histoire qui vous amènera à des passages forcément plus linéaires et donc narratifs, vous pourrez vous balader librement dans ce site 3826. Ici, en dehors de suivre votre prochain objectif de mission, vous avez la possibilité de vous balader pour voir ce que le site a à vous offrir. Il est tout à fait possible de prendre une voiture, de casser du robot et autres mutants, mais aussi visiter moults bâtiments abandonnés, à la recherche des saintes ressources.
Des ressources qui, une fois récoltées dans les bâtiments ou sur les ennemis défunts, vous permettent d’aller voir la machine NORA. Vous pouvez ici crafter des armes et leurs améliorations (à condition d’avoir trouvé les plans correspondants dans des coffres), des consommables (capsules de soin ou d’adrénaline), munitions voire fusils à cartouches à implémenter sur vos armes (pour faire des dégâts de feu, glace ou électricité). Dans le fond, ce système de jeu est classique mais efficace dans la pratique.
Le titre vous limite aussi dans le stockage de votre équipement. Un peu à la manière d’un Resident Evil 4, vous pouvez placer vos diverses armes, munitions ou consommables dans un inventaire limité. il faudra donc bien vous préparer avant un affrontement contre un boss, au risque de douiller sévèrement. Sachez toutefois que vous pouvez stocker le surplus d’équipement dans la machine NORA, pour le récupérer plus tard. Qu’on se le dise, le système est certes bien ficelé, mais avec une interface qui n’est pas intuitive. Il est fréquent de s’emmêler les pinceaux dans les menus austères.
Vous avez aussi un arbre de compétences. Moyennant des polymères glanés en fouillant les environs et vos ennemis abattus, vous pouvez améliorer les pouvoirs de votre gant, mais également votre personnage, notamment sa jauge d’énergie. Soit un bon moyen de faire monter considérablement en puissance le Major P-3, et aborder les affrontements sereinement.
Parmi les autres activités à faire sur le site 3826, en dehors de se démener à récolter les nombreux plans d’armes à crafter, il y a plusieurs sites de tests. Prenant la forme de « donjons » pour grossir le tableau, il s’agit d’abord de trouver leur entrée. Vous devez par la suite résoudre divers puzzles dans ces complexes, tout en castagnant de nombreux monstres robotiques ou organiques, pour ensuite récolter un coffre en bronze, argent et or. Ces derniers vous donneront des plans d’améliorations d’armes, afin d’améliorer leur statistiques.
Ce côté récompense est en définitive plutôt satisfaisant et rallonge considérablement la durée de vie, qui s’élève déjà à 18h de jeu sur notre première partie en trainant un peu la patte. Toutefois, on restera assez déçu par le contenu qu’a à proposer ce monde semi-ouvert, dont l’absence de véritables quêtes annexes qui auraient pu épaissir le lore du soft. Et ce n’est pas parler à quelques cadavres qui va arranger cela.
Notez également qu’un système d’alarme à deux niveaux est de la partie. Une fois repéré par une caméra, si vous ne faites pas attention, des renforts viendront à votre rencontre pour vous mettre en difficulté. Bien que l’idée reprise de Bioschock soit sympa, elle n’arrive jamais réellement à nous convaincre, tant il n’y a pas de plus value intéressante, comme pirater une tourelle pour se protéger par exemple. Il est éventuellement possible de hacker les caméras histoire d’avoir un aperçu d’un endroit spécifique ou d’ouvrir certaines portes mais à part ça, rien d’extraordinaire.
Une sacrée bombe atomique
Atomic Heart avait eu le don d’impressionner par sa technique sur les trailers, et c’est le cas sur le produit fini. Il faut dire que le titre est particulièrement beau sur PS5, avec des textures et des effets très bien fignolés. Le soft n’a pas à rougir face aux autres productions actuelles, d’autant que son optimisation est aux petits oignons. La plupart des arrière-plans sont par ailleurs magnifiques, forcent le respect et nous immergent un peu plus dans cet URSS dystopique.
Mundfish a donc presque tout bien fait, excepté sur la stabilité. Le titre se frotte assez souvent à des bugs de son, mais également à des problèmes de collisions étranges, ou des textures parfois mal incrustées. Quelques crashs sont à noter, mais sachez qu’un patch day one de 8.36 Go est arrivé afin, on l’espère, de corriger ces nombreux couacs qui ternissent l’expérience de jeu.
Sur l’aspect sonore enfin, le soft fait irrémédiablement mouche. Entre ses musiques à mi-chemin entre métal et électro, Atomic Heart arrive à nous faire ressentir toute son atmosphère rythmée mais aussi instable, glauque et avant tout malsaine à souhait. Le tout, avec des doublages en français convenables, même si l’on préférera largement la V.O, beaucoup plus convaincante.
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