Au cours d’une carrière de rédacteur dans le jeu vidéo, il arrive parfois que l’on tombe sur un OVNI, ce genre de soft dont on peine cruellement à expliquer – voire à comprendre – le sens. Les plus vieux d’entre vous savent peut-être de quoi je parle, si tant est qu’ils aient touché à Rez sur Dreamcast, ou encore The Silver Case de Goichi Suda. Et je ne doute pas qu’il y en a un paquet d’autres, bien que le marché de l’indépendant me semble être, aujourd’hui, le plus propice à ce genre d’étrangetés.
Vous l’aurez deviné, c’est une description qui va à ravir à Atomicrops. Le titre de Bird Bath Games et Raw Fury nous offre l’opportunité de partir vivre à la campagne après une apocalypse nucléaire, et d’y faire pousser des légumes tout en évitant de nous faire tuer par la faune locale, pourtant mignonne et bariolée. En termes plus techniques, on est face à un hybride entre le jeu de farming, le Rogue-lite, et le Shoot’em’up. Voilà qui est original, et pas excessivement onéreux, puisque proposé à 14,99 euros.
Conditions du test : Nous avons joué un peu plus d’une quinzaine d’heures au titre dans sa version Switch, principalement en mode portable. Au cours de ce test, nous avons été confrontés à quelques petits ralentissements, ainsi qu’à un bug nous ayant contraints à relancer le jeu.
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ToggleUn surprenant mélange de genres
On ne va pas se mentir, lorsque l’on pense au farming dans le jeu vidéo, on s’imagine sans détour quelque chose de reposant. On pense aussi au travail de longue haleine qu’il faut mettre en place pour faire pousser et récolter des légumes ou des fruits, notamment dans des titres comme Harvest Moon ou Stardew Valley – récente pointure du genre. Et si je vous disais qu’il existe un jeu de farming qui prend cette tendance complètement à revers ?
Ce jeu, c’est Atomicrops. Et comme indiqué plus haut, c’est un titre dont on peine, de prime abord, à expliquer le sens et le concept, tant une partie semble aller dans tous les sens. Il nous place aux commandes d’une fermière, ou d’un fermier – trois personnages étant disponibles, dont deux à débloquer – dans un monde en proie à une apocalypse épatante. Les animaux ont muté, pris les armes, et sont bien décidés à faire la peau à ceux qui s’aventurent à la campagne.
Ainsi, votre objectif reste de faire pousser divers végétaux et de les récolter, dans le but ce coup-ci de nourrir tout un village. Pour ce faire, vous avez à votre disposition un petit lopin de terre, dans une zone plutôt calme – ce qui reste à nuancer – entre d’autres espaces remplis de créatures mutantes qui veulent votre peau. L’idée, c’est qu’il va vous falloir vous occuper de vos plantations, tout en évitant les tirs ennemis, ce qui n’est pas aisé, d’autant que la difficulté grimpe vite.
La nuit, les pires créatures sortent de terre, et viennent s’en prendre à votre potager, qu’il vous faudra alors défendre. Si vous échouez, vous perdrez le fruit de votre labeur. Ce qui se révélera handicapant sur le long terme, puisque récolter des fruits et des légumes est le seul moyen d’obtenir de la monnaie – cristallisée ici en noix de cajou – et d’acquérir de l’armement de qualité supérieure. Parce que, croyez-moi, vous allez avoir besoin de gros flingues contre la faune locale.
Chaque matin, après avoir durement protégé votre parcelle, vous retournez au village où il vous est possible de faire des emplettes. Notez bien que dans sa qualité de Rogue-lite, et avec sa volonté de rentdre les choses compliquées et ses parties endiablées, Atomicrops ne vous fournit que six points de vie, qui ne se régénèrent pas avec le temps. Ainsi, outre des armes, des graines, des outils pour agrandir votre terrain de chasse ou votre plantation, il va aussi vous falloir penser à acheter des PV.
Le rythme dans la peau
Oubliez tout ce que vous connaissiez du jeu de farming, mettant à profit votre patience et votre sens du rendement. Ici on est sur un titre qui vise les parties courtes, où tout va à cent à l’heure, et où les seuls moments de repos – si l’on puis les appeler ainsi – prennent place à la ville au petit matin. Les journées passent très vite, si bien qu’explorer les zones autour de votre plantation devra se faire au pas de course, afin de ne pas rentrer trop tard pour protéger cette dernière.
Pourtant, il va bien falloir partir à l’aventure si vous souhaitez acquérir certains outils indispensables à la survie de vos fruits et légumes, récupérer de la santé, ou même vous marier. Car outre les noix de cajou, que l’on obtient à la récolte et permettent de se fournir en flingues et en semences – principalement – c’est surtout les roses qu’il va falloir faire pousser. Or, pour en récupérer, vous allez devoir collecter de rares graines, disséminées dans les dangereux camps ennemis.
Ainsi, tout allant excessivement vite, on finit par prendre une véritable routine dans nos journées. Le matin on fait le plein en graines ou en armement, si tant est que l’on possède assez de noix de cajou pour cela, puis on rentre désherber et planter des fruits et légumes. Vient ensuite le moment d’aller piller les campements d’animaux mutants, qui ne se laisseront pas faire. Avec de la chance, on revient victorieux, avec une tourelle de défense ou un sort permettant de faire pleuvoir toute une journée.
Et de la chance, il en faut des quantités, puisque là encore, comme tout Rogue-lite, l’environnement et ses ressources sont générés aléatoirement à chaque nouvelle partie. Notez bien qu’en rendant l’âme, vous recommencerez par ailleurs votre aventure du début. Heureusement, Atomicrops ne mise pas sur la frustration, malgré sa difficulté certaine et le stress qu’il fait subir, puisque chaque partie permet de devenir plus efficace pour la prochaine.
Par ailleurs, en obtenant un certain score avant de perdre la vie, on pourra acheter des bonus permanents qui nous faciliteront grandement la tâche. Ainsi, plus l’on joue, plus l’on meurt, et paradoxalement plus les chances se survivre se font grandes. Choisir un nouveau personnage au démarrage peut aussi changer la donne, chacun ayant ses capacités propres. Ainsi, le premier embarque de quoi aider légèrement ses plantations à pousser, mais les armes achetées au village ne durent en contrepartie qu’une journée.
Optimisation requise ?
Sur le papier, Atomicrops propose une expérience très fun, pour des parties rapides. Néanmoins, il reste quelques petits points de détail qui ne lui permettent pas de viser la lune, voire qui le rendront peut-être imbuvable pour les plus tatillons. Le premier d’entre eux, c’est son tutoriel, bien trop vite expédié. Il nous explique certes les bases de la culture, mais rien de plus. Ainsi, on est complètement laissé pour compte lors de nos premières parties. Il faut apprendre par soi-même.
Chose qui n’est, en soi, pas désagréable si tant est que l’on n’apprécie guère être pris par la main dans le jeu vidéo. Nonobstant, il faut reconnaître que c’est un sacré handicap lors des trois ou quatre premières parties, que l’on expédie très vite. Les moins patients perdront peut-être même toute motivation et envie de poursuivre en constatant que c’est à eux de découvrir les possibilités du titre. Soyons donc clairs sur le sujet : Atomicrops s’adresse aux joueurs qui n’ont peur de rien.
Vient ensuite l’aspect visuel, qui ne laissera pas indifférent, mais qui a autant de chance de plaire que de déplaire. Le titre de Bird Bath Games opte pour un style rétro, mettant l’accent sur le pixel art, et jouit d’une ambiance difficilement descriptible, à la croisée des chemins entre l’univers kawai des Harvest Moon et l’ambiance suintant l’étrangeté et le morbide d’un Metro 2033 ou d’un Fallout. Autant être clair, le résultat est pour le moins étonnant et va diviser. Un petit mot sur sa bande-son, tant que nous y sommes, qui ne brille pas par son renouvellement…
Mais le plus handicapant reste sans conteste la prise en main de ce jeu si particulier. Adoptant une vue du dessus, il nous laisse entrevoir les projectiles ennemis aisément, bien qu’à terme il soit difficile de déceler les voies pour s’en sortir en cas d’attaque. Pour ce qui est de la partie Shoot, donc, Atomicrops récite ses gammes sans la moindre fausse note. Le véritable problème réside donc dans son aspect farming. Complet, certes, mais à la jouabilité manquant cruellement d’ergonomie.
Sur console, le joystick de droite servira de pointeur, au même titre que la souris sur PC. Grâce à celui-ci, il sera possible de choisir sur quel morceau de terre planter quelle graine. Malheureusement, si ce type de gameplay fonctionne très bien au clavier / souris, c’est tout autre chose avec une manette. On manque cruellement de précision, mais surtout c’est plus lent, ce qui a tendance à nous handicaper sérieusement lorsque des ennemis s’en prennent à nous. De surcroît, nos plantations empêchent parfois de voir clairement où l’on vise.
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