Si l’on vous dit jeu de rôle, alors vous pensez certainement aux grandes séries du genre sur console de salon, telles que Final Fantasy et Dragon Quest. Des licences épiques, proposant des aventures longues et tournant autant autour d’une histoire prenante que de combats nombreux, souvent au tour par tour. Pourtant, il fut un temps, pas si lointain, où l’évocation du jeu de rôle renvoyait plutôt à sa version papier, façon Donjons et Dragons. C’est plus de ce côté là qu’il faut chercher l’inspiration initiale de Baladins.
Un titre indépendant et français, que vous connaissez peut-être déjà si vous suivez ActuGaming depuis un moment, puisqu’il avait profité d’un de nos AG French Direct pour montrer son tout premier trailer. Or, il se trouve que le hasard fait bien les choses, puisque deux ans plus tard, c’est justement à l’approche d’une nouvelle itération de notre événement que Baladins se décide à sortir, exclusivement sur PC via Steam. L’occasion était trop belle pour la laisser passer, et nous avons donc sauté dessus.
Baladins, c’est donc un jeu de rôle, comme il se décrit lui-même, mais sans véritable combat. Ce qu’il conserve du genre, c’est toute la dimension statistique, les choix multiples, les quêtes et les nombreux PNJ, le tout enrobé par de gros enjeux, qui relèvent de la pérennité du monde. Enfin, le tout est tourné vers le multijoueur jusqu’à quatre, et s’arme d’un ton léger ainsi que d’une esthétique mignonne et colorée. Si vous pensez trouver votre bonheur ici, sur la base de ces quelques lignes, alors on vous invite à continuer votre lecture !
Conditions de test : Nous avons passé environ douze heures sur Baladins, exclusivement en solitaire. Ce test est garanti sans spoiler majeur.
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ToggleLa chute des mondes
Tout commence dans un monde coloré à l’esthétique fort agréable à l’œil, bien que plutôt minimaliste. Un petit air de Paper Mario se dégage des personnages, qui semblent comme imprimés sur des stickers, tandis que les décors ont un petit quelque chose de carton pâte. Premier constat, Baladins est une réussite sur le plan visuel. D’autant que son monde aux teintes variées, l’une de ses forces, propose aussi une grosse galerie de personnages non joueurs aux trognes reconnaissables, parfois plutôt rigolotes. Notez par ailleurs qu’il ne démérite pas du côté de sa bande sonore, très réussie, et douce avec cela !
Mais pas le temps de vous intéresser à tout cela, puisqu’il vous faut impérativement vous organiser pour la grosse fête populaire se préparant. Car vous faites partie de la guilde des Baladins, autrement dit des comédiens ambulants, et qu’il vous incombe de divertir le peuple. À peine avez vous rapporté les provisions que l’on vous demande, qu’une catastrophe éclate : la fontaine, sur la place principale de la ville, a disjoncté, et balaye les rues d’un torrent d’eau claire. Enfin, que vous trouviez ou non une solution importe désormais peu, puisque vous ferez bientôt face à un gigantesque et puissant dragon, réduisant le monde au néant.
Pas de panique, tout ceci fait bien partie de l’aventure, et vous ne risquez pas de Game Over. Bien qu’il ne lorgne pas du côté du Rogue Like, genre qui use et abuse de ce mode de procédés, Baladins vous fera malgré tout repartir de zéro à la fin de chaque run, se composant de six tours, que le jeu préfère nommer « semaines ». Votre but, vous l’aurez compris, c’est de démettre ce puissant dragon. Malheureusement, vous n’êtes pas guerrier vous-même, et n’avez aucune chance d’en venir à bout à la force de vos poings, même en vous y mettant à quatre. Il va donc vous falloir trouver une solution, en partant explorer le pays.
Chose qui se fera via un genre de plateau de jeu, représentant la vaste carte du monde, sur lequel il est possible de se déplacer dans la limite d’un nombre défini de points. Autant vous le dire de suite, vous n’allez pas pouvoir battre la campagne comme bon vous semble dans cette aventure façon boucle temporelle. Une boucle dont vous êtes, avec vos camarades les Baladins, les seuls à vous rendre compte, mais aussi et surtout à garder l’entièreté des souvenirs. Premier objectif : vous faire reconnaître publiquement comme voyageurs temporels. Cela peut être une idée intéressante et pratique…
L’histoire sans fin
Pour mener à bien votre lourde tâche, vous devrez composer avec les statistiques de votre personnage (parmi cinq disponibles), ainsi qu’avec le hasard. Les premières pourront être améliorées, via différentes petites activités à dénicher dans le pays, mais chaque fin de cycle (et donc chaque retour à zéro) signera un recommencement sur votre fiche de personnage. Quand au hasard, il prendra la forme, comme dans tout bon jeu de rôle papier qui se respecte, de dés. Trois jolis dés à six faces.
Ainsi, lorsque vous entreprenez une tâche précise, le jeu vous indique les points de statistique nécessaires à sa réalisation, ainsi qu’un chiffre correspondant au jet de dés à réaliser pour maximiser vos chances. Vous voulez esquiver une salamandre géante dans une grotte, mais ne possédez pas le niveau requis en ruse, alors essayez plutôt de lui hurler dessus pour la faire fuir, puisque votre niveau de destruction correspond aux attentes de la seconde option… dommage, cette façon de faire a produit un éboulement, et vous voilà contraint de vous carapater en vitesse ! Pour sûr, le maître du jeu est parfois taquin.
Baladins propose assurément un concept singulier, et l’on comprendrait aisément que vous ne vous retrouviez absolument pas dans sa proposition. Comme évoqué en introduction, du jeu de rôle il ne conserve que l’essence, ce qui le confine à une aventure plus narrative et calme que d’ordinaire, dénuée de la moindre action. En vérité, à l’instar de Pile Up!, premier jeu du studio Seed by Seed dont on reconnaît une continuité de l’esthétique ici, Baladins est à ranger dans la case Wholesome. Autrement dit, il s’agit d’un jeu se voulant bienveillant, favorisant la bonne humeur.
Ce qui est dommage, c’est qu’il n’évite malheureusement pas la frustration qu’engendre sa mécanique principale. Parce que s’entendre dire qu’il vaut mieux revenir plus tard, que nos statistiques ne sont pas assez bonnes, ou simplement rater un jet de dés, ça pousse évidemment à un petit agacement, par moments. Idem quand, arrivé au terme des six tours de notre run, on se fait arracher des mains tout notre butin, et l’intégralité de nos gains en statistiques. D’où l’intérêt du jeu à plusieurs, qui maximise les chances de parvenir à ses fins, ou offre des possibilités supplémentaires. Malheureusement, pour jouer avec des amis, il va falloir que ceux-ci achètent aussi le jeu, puisque aucun mode coopératif sur le même écran n’a été incorporé.
Les régulateurs
Plutôt bien écrit, chaque personnage ayant son propre petit caractère, Baladins donne envie d’en découvrir plus sur son univers et les étranges têtes qui le peuplent. Et cela tombe bien, puisque de très nombreuses quêtes sont à dénicher en parcourant le pays, et en parlant avec tout le monde. Quêtes qui, contrairement à tout le reste, ne disparaissent pas de notre petit carnet une fois notre run terminée, histoire que l’on conserve malgré tout un sentiment de continuité d’une partie à l’autre. Ainsi, il y a beaucoup à faire et à voir dans Baladins, et pas seulement dans le but de venir à bout du dragon mangeur de temps.
Cela étant dit, s’il ne manque pas d’originalité comme dit plus tôt, Baladins ne conviendra pas à tout le monde. On a tôt fait, pour peu que la proposition ne nous touche pas à 100%, de se désintéresser de son aventure peut-être un peu trop molle, qui met trop l’accent sur le texte, au détriment d’un sentiment d’action et de dynamisme absent. Sans aller jusqu’à le qualifier de soporifique par moments, disons simplement que le jeu de Seed by Seed n’encourage pas aux sessions longues. On apprécie d’en réaliser une petite partie de temps en temps, ce qui est déjà bien en somme, d’autant que cela correspond assez justement au format que revêt l’aventure.
Parce qu’une partie en solitaire, menée jusqu’à son terme, ne vous demandera guère plus de vingt minutes. Multipliez évidemment ce chiffre par le nombre de joueurs et de joueuses quand vous jouez à plusieurs. Chose que l’on ne peut que recommander. Seul, Baladins perdra vite de son intérêt, mais surtout il vous compliquera rapidement la tâche à grand coup d’allers-retours, ou de quêtes ne pouvant pas toujours se résoudre sur la même run. Or, il peut être frustrant, là encore, de ne pas trouver l’enchaînement parfait d’actions pour parvenir à l’accomplissement d’une mission donnée avant le retour du dragon.
Enfin, à noter que Baladins se joue entièrement à la souris, ce que l’on recommande vivement. Nous avons en effet essayé le gameplay à la manette, et le résultat n’est pas pleinement convaincant. D’abord parce qu’aucun pointeur n’est à attendre, dans cette configuration, sur la map. Or, sans cela, il est bien difficile de se repérer, et donc de se déplacer. Ensuite, parce que la simplicité du gameplay à la souris fait clairement honneur au jeu de Seed by Seed, que l’on peut même faire au pavé tactile d’un ordinateur portable.
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