À travers Riot Forge et les multiples collaborations initiées par Riot Games avec des studios indépendants, League of Legends trouve le moyen d’enrichir son univers au-delà du célèbre MOBA, qui peine à développer son histoire au fil des parties dans la Faille de l’invocateur pour progresser dans le classement. Tout comme Song of Nunu et Ruined King, Bandle Tale: A League of Legends Story, développé par le studio Lazy Bear Games (connu pour Graveyard Keeper), nous invite à approfondir notre connaissance des champions du jeu en ligne et de leur monde. Ce titre nous plonge dans l’univers des Yordles à travers un RPG sandbox enrichi d’éléments de simulation agricole.
Conditions de test : Nous avons joué au titre durant une vingtaine d’heures sur PC via Steam. Nous avons également un (lourd) passé de joueur Gold sur League of Legends.
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ToggleCapitaine Teemo bien au rapport !
À la différence des autres jeux issus de Riot Forge, vous ne prenez pas les commandes de l’un des personnages emblématiques du MOBA, mais plutôt d’un Yordle que vous pourrez personnaliser de manière modérée avant de le plonger dans une nouvelle quête à Bandle, le pays natal des Yordles. Vous incarnez ainsi un yordle réservé résidant à Maille, une île accueillante et isolée, avec une passion débordante pour le tricot. Après avoir consacré 101 ans à parfaire vos compétences, votre plus grand désir est d’explorer ce qui se trouve au-delà des portes magiques reliant le reste de Bandle. Cependant, une célébration à laquelle vous assistez dégénère, entraînant l’effondrement des portails et plongeant tout dans un désordre absolu.
Vous êtes tiré de votre sommeil par Tristana, qui endosse également le rôle de narratrice de cette histoire. En effet, lors des moments cruciaux ou des avancées importantes dans votre aventure, la canonnière se fera un plaisir de narrer les événements à travers de courtes cinématiques, et ce, en français, avec sa voix originale issue du MOBA. Votre mission principale est de retrouver votre meilleure amie Clover, ce qui vous mènera à voyager à travers les différentes îles de Bandle pour rétablir l’ordre et unir les habitants. Cependant, malgré le sérieux de votre quête, ne vous attendez pas à un récit palpitant. Bandle Tale: A League of Legends Story est un jeu où l’on prend son temps et est totalement exempt de violence.
Il s’en dégage une atmosphère assez douce, accentuée par le caractère mignon des Yordles. On va d’ailleurs en rencontrer tout un tas et ces derniers participent activement au déroulement de l’histoire. On va ainsi croiser Teemo, Corki, Rumble et bien d’autres. Nous avons même Veigar qui joue très bien son rôle de méchant sorti tout droit d’un cartoon. Le studio a ainsi réussi l’incrustation de ces héros légendaires et très appréciés des fans de la faille de l’invocateur. Le décor s’accorde parfaitement avec l’image que l’on pourrait se faire du monde des Yordles, un lieu féerique baigné de magie.
Le jeu regorge également de nombreuses références à l’univers de League of Legends, que ce soit à travers les objets (comme le poing de Blitzcrank) ou certaines des créatures que l’on rencontre. On adopte même assez rapidement un « poro » comme compagnon chez soi. Malgré cette ambiance positive et son caractère enfantin, les amateurs d’action pourraient trouver le temps long. Ce n’est pas tant un reproche qu’une remarque ; il est important de comprendre que son rythme très tranquille ne séduira pas nécessairement tout le monde.
Pas de crochet du droit mais des crochets de tricot
En effet, ce titre rassemble tous les éléments typiques d’un RPG sandbox, à l’exception des combats. Notre protagoniste utilise plutôt ses talents de tricoteur pour fabriquer des objets, jardiner et organiser des fêtes dans le but de tisser des liens avec les habitants. Le jeu est conçu pour être simple et accessible, avec des explications claires fournies par des tutoriels bien élaborés. Votre quotidien dans le jeu consiste à collecter des ressources dans l’environnement et à construire de nouvelles installations pour répondre aux besoins des habitants à travers diverses quêtes qu’ils vous confient. Chaque nouvelle tâche vous permet de progresser dans un arbre de compétences aux multiples branches, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités en termes de nourriture, de magie, d’ingénierie…
Toutefois, si l’on est habitué aux RPG sandbox, l’approche de Bandle Tale semble un tantinet restrictive. L’aventure laisse peu de place à la liberté, notamment à cause d’un début de jeu très poussif. Avant de pouvoir enfin naviguer entre les îles principales de Bandle, vous passerez de nombreuses heures à accomplir une série de quêtes qui rendent l’aventure assez linéaire. Ne vous attendez pas à une phase d’apprentissage avant de respirer la liberté, mais à devoir suivre un chemin tracé de A à Z.
Même lorsqu’on atteint le stade où il est possible de se déplacer entre les îles et de choisir l’ordre des quêtes à sa guise, l’arbre de compétences vient nous rappeler à la réalité. Il est important de noter que chaque ressource collectée, chaque construction réalisée et chaque objet fabriqué génère des points d’émotion pour votre personnage (à noter que la répétition des mêmes actions diminue progressivement la quantité d’émotion obtenue jusqu’à zéro). Lorsque le personnage se repose, ces émotions sont converties en points de compétence à utiliser dans l’arbre. Il arrive fréquemment que certaines quêtes nécessitent le déblocage préalable d’une branche spécifique pour pouvoir fabriquer l’objet clé à la résolution de la quête.
Le principal problème du jeu réside dans sa progression inégale. Après un démarrage laborieux, on se retrouve contraint de « farmer » des émotions en s’adonnant à la fabrication d’objets de manière répétitive et sans objectif clair. La nature restrictive du cadre impose fréquemment des allers-retours entre les îles, les ressources spécifiques se trouvant à des emplacements déterminés et nécessitant un temps de réapprovisionnement. Heureusement, il a la bonne idée d’inclure un système de maison portative que l’on peut déployer à plusieurs endroits.
Cela dit, il propose tout de même des concepts intéressants, comme le stand de nourriture où il faut servir des clients dans un style évoquant une version très simplifiée d’Overcooked, ou l’organisation de fêtes visant à unir les habitants de Bandle. Chaque fête est personnalisée autour d’un thème spécifique. Par exemple, on peut organiser un concours d’inventeur à Gadgetville, un lieu associé à Rumble.
Canonniers du Pixel Art un jour, canonniers du Pixel Art toujours
Au bout du compte, il s’agit d’une aventure pratiquement cousu de fil blanc qui laisse très peu de place à l’exploration. Nous sommes réellement devant un jeu pour enfant qui pourra aisément plaire à des jeunes en base âge, mais il va être difficile de convaincre une majorité de fans du MOBA. Ainsi, même si l’on salue l’initiative de Riot d’élargir ses horizons vidéoludiques en confiant sa licence à des studios indépendants, on ne comprend pas vraiment à qui se destine celui-ci. Peut-être pour grossir les rangs de la faille sur long terme en les endoctrinant dès le plus jeune âge avec des Yordle tout mignons ?
S’il y a une chose de particulièrement réussie dans Bandle Tale: A League of Legends Story, c’est sa direction artistique en pixel art. C’est surtout grâce aux environnements, aux décors détaillés que l’on peut pleinement s’immerger dans Bandle et son caractère féérique que l’on a évoqué plus haut. L’ensemble est très joli, et le studio a même réalisé des points d’interactions permettant d’observer la faune et la flore en action. Au vu de leurs précédentes productions, on ne s’attendait pas à être déçu sur ce point précis. Même chose pour la musique qui garde un ton très calme et reposant qui se marie bien avec l’ambiance générale.
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