Avant Batman Arkham Shadow, la licence a fait un long chemin. En commençant avec Batman Arkham Asylum, puis en passant par Batman Arkham City ainsi que Batman Arkham Knight, Rocksteady a su redorer le blason de notre chevalier noir, qui a vécu une véritable traversée du désert en termes de mauvais jeux jusqu’en 2009 et le premier opus du studio. Quelques titres du même acabit se sont aussi glissés entre temps avec le jeu Batman épisodique de Telltale Games, et également un certain Batman Arkham Origins, qui fût un bon préquel par les p’tits gars de Warner Bros Montréal et qui est arrivé avant la sortie du dernier volet de la licence deux ans plus tard.
Désormais, plus de neuf ans après la sortie de Batman Arkham Knight qui a mis un point final à la trilogie (si l’on exclu évidemment le préquel), voilà que Batman Arkham Shadow, une production VR qui va faire suite à Batman: Arkham Origins, est disponible sur le Meta Quest 3 depuis le 22 octobre dernier. Le soft est développé par le studio Camouflaj, connu notamment pour avoir sorti Iron Man VR, qui s’était avéré sympathique mais terriblement répétitif dans le fond. Mais force est de constater qu’en dépit de quelques défauts regrettables, le studio basé à Seattle nous a sorti ici l’un des meilleurs jeux Batman auxquels nous pouvons jouer aujourd’hui en réalité virtuelle, et ce n’est pas anodin.
Conditions de test : Nous avons terminé l’histoire principale de Batman Arkham Shadow en 7h de jeu en mode normal. Le soft a été testé sur le Meta Quest 3.
Sommaire
ToggleBatman contre le roi des rats
La qualité de la narration des Batman Arkham a toujours été brillante, et Batman Akham Shadow ne déroge pas à la règle. Se situant entre Batman Arkham Origins et Batman Arkham Asylum, ce nouvel opus en VR nous fera encore incarner notre chevalier noir. Après un prologue plutôt haletant, Batman va devoir tout mettre en œuvre pour contrecarrer le roi des rats, et son projet « jour de rage » qui menace Gotham City. Pour ce faire, notre héros va devoir employer tous les moyens à sa disposition et notamment infiltrer la prison de Blackgate, afin de démasquer le super vilain derrière tout ça.
Encore une fois sans trop en dire, le bébé de Camouflaj dispose d’une écriture et intrigue soignées, en supplément de rebondissements qui n’en finissent plus sur la véritable identité du roi des rats. Cette partie est passionnante, au même titre que la genèse de certains super vilains en devenir, que ce soit Harley Quinn en passant par l’épouvantail ou Double face, ce dernier ayant une importance capitale dans le fil rouge du jeu. Le passé et la psychologie de Bruce Wayne, même si abordés maintes fois, continuent encore de nous surprendre de par leur profondeur déchirante et sombre.
Il n’y a pas à dire, c’est une réussite, même sur ses cinématiques et sa mise en scène. La plupart des cinématiques avec le passé de Bruce Wayne se passent en vue du dessus, histoire de mieux s’immerger et d’éprouver de l’empathie notamment envers la relation presque fraternelle entre Harvey Dent et Bruce Wayne. La mise en scène est également super immersive, sans accrocs. Le titre parvient sans le moindre mal à nous mettre dans la peau de Batman, mais également de Bruce Wayne via des phases où notre héros doit se faire passer pour un prisonnier à Blackgate.
Indéniablement, le soft s’insère parfaitement dans la chronologie des Batman Arkham, avec au passage pas mal de caméos de super vilains qui font bougrement plaisir. S’il y a quand même un système de choix de dialogue très discutable et n’apportant finalement aucune réelle conséquence, force est de constater que, de bout en bout, la trame du jeu est captivante, et avec une fin qui est finalement plus que convaincante. Camouflaj semble avoir appris de ses erreurs avec Iron Man VR certes, mais n’a cependant pas corrigé certains éléments de gameplay un peu superflus, n’apportant pas de plus value à ce Batman Arkham Shadow.
Le parfait exemple d’une licence qui arrive à se transposer avec brio en VR
Le studio Camouflaj a parfaitement su intégrer le gameplay des Batman Arkham instauré avec brio par Rocksteady à l’époque. Outre des déplacements plutôt basiques en VR, ce sont tout d’abord les séquences de baston qui n’en restent pas moins défoulantes, mais également jouissives. Pour attaquer vos ennemis vous devrez, en maintenant les gâchettes latérale et arrière, mimer les coups de poings et ainsi enchainer les combos. Pour ce faire, vous aurez soit des ronds dorés pour effectuer un coup de poing basique, mais aussi des flèches à droite ou à gauche, afin de mimer encore une fois un crochet du droit ou du gauche. Il faut clairement respecter le tempo dans la réalisation des combos, sous peine de se faire littéralement contrer par l’ennemi, et de devoir recommencer à effectuer un combo dans la bonne vitesse et timing.
Vous l’aurez compris, Batman Arkham Shadow propose ici des combats très intenses et physiques en VR, et nous sommes forcés d’admettre que l’ensemble est terriblement prenant et addictif. Les contres se font aussi en mimant le geste, et sachez que l’on aura toujours divers type de voyous qu’il faudra combattre de manière classique ou au choix, donner un coup de cape pour les plus costauds, et ainsi les enchainer rapidement jusqu’à les mettre au tapis. Les éliminations spéciales sont aussi de retour. Lorsque vous enchainez un combo x8, vous activez ensuite une élimination spéciale qui n’est autre qu’un mode rage où vous avez le loisir d’éliminer un seul ennemi via plusieurs possibilités, en fonction de ce que vous aurez débloqué comme compétences.
On ne va pas se mentir, Batman Arkham Shadow est un pur bonheur à jouer, et fera clairement plaisir aux joueurs qui avaient adoré la jouabilité quasi parfaite des Batman Arkham, notamment sur l’aspect infiltration. Comme la production de Rocksteady, il est tout à fait possible à certains passages de vadrouiller de gargouille en gargouille, et tenter d’accrocher nos adversaires et les éliminer un à un en faisant les gestes précis à l’écran. Bien que l’on puisse parfois se faire repérer un peu trop facilement par les malfrats, il faut bien avouer que l’infiltration fonctionne toujours, et la VR rend cela encore plus immersif. Cette mouture VR nous met bien comme il faut dans la peau d’un Batman aux multiples gadgets comme son batarang à utiliser en combat pour désarmer les ennemis, sauter au dessus d’eux et effectuer des combos à la chaine, voire les gants électrifiés ou bien le pistolet à gel explosif. Notez qu’un système d’esquive en pressant les joysticks à droite ou à gauche est bien présent, et arrive à bien se gérer pour se sortir de situations chaudes.
Très honnêtement, cela fait un bon bout de temps que l’on n’avait plus ressenti une patte Rocksteady parfaitement soignée et surtout bien retranscrite, a fortiori en réalité virtuelle. Le soft propose en plus des phases de jeu diversifiées avec un peu de plateforme où vous devez utiliser le grappin, mais également votre cape pour planer. Sur cette fonction là, il faudra sauter puis positionner vos bras comme si vous étiez en train de voler afin d’arriver sans encombre à la plateforme que vous vouliez atteindre. Bien que l’idée est encore une fois immersive, on ne peut pas s’empêcher de pester sur la reconnaissance, qui s’effectue parfaitement une fois sur deux. Heureusement, il n’y a pas tout le temps ce genre de séquences, et nous pensons que c’est pour le bien du titre de Camouflaj qui n’a pas réellement maitrisé cet aspect. Cependant, il faut souligner les combats de boss qui offrent ici une très bonne mise en scène et des affrontements une fois encore haletants, et ô combien jubilatoires.
Un Bruce Wayne multi fonction
Parmi les autres moments chouettes de Batman Arkham Shadow, même si ce n’est pas non plus parfait, nous aurons les passages d’enquête. Via sa vision de détective, notre batou devra à certains moments trouver des indices, et ainsi progresser dans sa quête pour arrêter le roi des rats. Tout bêtement, Batman devra, dans ces séquences, trouver les éléments à scanner, et ainsi récolter des indices. Par la suite, une fois tous les indices récoltés, Batman devra faire une déduction afin de trouver le prochain endroit où se rendre. Très sympa dans la pratique ces phases d’enquête, même si elles permettent de diversifier un peu la progression globale, n’en restent pas moins simplistes, trop peu développées pour faire réfléchir un minimum le joueur.
Reste que cette vision de détective sert aussi à la réalisation de certains puzzles. En effet, cette vision spéciale va permettre à notre chevalier noir de trouver quels mécanismes activer pour pouvoir progresser. C’est il faut l’admettre, très sommaire une fois encore. Notez que Batman gagne logiquement de nouveaux équipements au fil de sa progression, et les nouveaux gadgets permettent à notre héros de revenir à certains endroit pour déverrouiller certains mécanismes, pour faire la chasse aux divers collectibles, que ce soit des statuettes du roi de rats, des radios, des runes ou encore des rats explosifs mécaniques à détruire.
Concrètement, le titre est bien ficelé, et se dote même de phases avec un Bruce Wayne déguisé dans la prison de Blackgate. Dans l’absolu, notre milliardaire, orné d’un autre masque, aura le loisir de parler à pas mal de prisonniers, mais également de faire quelques petites missions anecdotiques pour progresser dans l’histoire. Ces passages sont un peu rudimentaires, mais permettent néanmoins de faire souffler le joueur d’une part, et de servir à l’intrigue d’autre part. Bruce Wayne peut même décorer sa prison via des cosmétique à acheter auprès de Joe, moyennant des dollars récoltés en réalisant divers défis. C’est un plus immersif, qui reste cependant dispensable.
La batcave aura aussi sa petite importance. Logée pile en dessous de la prison pour cet opus, c’est ici que Bruce Wayne pourra se changer en Batman à la nuit tombée. Dans le QG de Batman, vous aurez la possibilité de refaire quelques niveaux du début à Gotham City, mais vous pourrez aussi l’utiliser pour faire avancer la narration. Cerise sur le gâteau, sachez que le titre dispose de l’interface Waynetech, qui représente les arbres à compétences de notre super héros. Après avoir récolté de l’expérience en battant divers ennemis dans des arènes, vous montez en niveau, ce qui vous confère un point de compétence. Celui-ci sera ensuite à répartir sur votre armure pour être plus résistant, ou pourra servir à améliorer vos éliminations spéciales voire tout simplement vos gadgets. Dans l’exécution c’est basique, mais aussi efficace que sur les précédents jeux Batman Arkham.
Enfin, il faut avouer que la construction en matière de level-design est aux petits oignons. Dans la lignée d’un Batman Arkham Asylum, la production de Camouflaj repose sur une architecture par zones à parcourir, avec un soupçon de verticalité sur certaines phases. Qui plus est, revenir sur des niveaux à Gotham City fait son petit effet, et on pourrait même y trouver un petit côté metroidvania dans la progression. Il n’est pas rare d’avoir à user de nos nouveaux gadgets pour débloquer de nouveaux passages, voire désactiver des mécanismes impossibles à annihiler auparavant afin de dénicher un précieux collectible. Dans sa globalité, et même si nous aurions voulu du monde ouvert à la Batman Arkham City (qui reste le meilleur Batman soyons sérieux), la formule de ce Batman Arkham Shadow colle bien à la VR, en plus d’être maitrisée de bout en tout. Et puis sans spoiler, il y a quand même de chouettes passages qui ne sont pas sans rappeler ceux avec l’épouvantail, qui sont clairement des bêtes de mise en scène.
Le chevalier noir sous ses beaux jours, avec des écueils et une VF qui se fait attendre
Si des joueurs se demandaient encore pourquoi le soft est exclusif au Meta Quest 3 et 3S, sachez que ceci est clairement justifié tant le titre est d’une beauté à nous en décoller la mâchoire. De par les textures, en passant par une résolution par œil à tomber par terre et quelques panoramas qui arrivent sans problème à retranscrire l’univers très sombre de Batman, Camouflaj a une fois de plus compris l’univers, en plus d’avoir amélioré son moteur graphique depuis Iron Man VR. Les modèles 3D sont plus que soignés, les animations aussi, et puis le feeling global, même dans la jouabilité, est d’une fluidité exemplaire.
Bien entendu, s’il est joli, il y a quand même des accrocs. A commencer par quelques légers soucis de framerate à certains endroits, mais aussi des bugs de collisions qui peuvent parfois ternir certains combats voire quelques phases de plateformes. Le tracking est parfois un poil hasardeux lui aussi mais dans l’ensemble, Batman Arkham Shadow est un titre bien taillé pour le Meta Quest 3 et son petit frère, le Meta Quest 3S.
Il y a enfin cette magistrale bande-son, gérée d’une main de maître. Pour les compositions musicales, il ne s’agit plus de celles du studio Rocksteady, mais d’un certain Kazuma Jinnouchi. Le bonhomme avait déjà officié sur Iron Man VR, mais aussi sur certaines licences comme Halo, ou encore Metal Gear Solid 4 et Peace Walker, rien que ça. Et autant dire qu’il a su retranscrire à la perfection les thèmes musicaux d’un Batman Arkham, parvenant un minimum à marquer. Le doublage, qui est pour le moment en anglais sous titré en français, est de très bonne facture, en plus d’être doté d’un super acting. Sachez toutefois que les doublages français arrivent prochainement, d’ici la fin d’année. Une bonne nouvelle pour les joueurs qui ne sont pas à l’aise avec la langue de Shakespeare.
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