Test Batman: The Enemy Within – Episode 4 : Scélérats de vaudeville
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Rédigé par Jordan
The Enemy Within connaît un parcours assez particulier. Si le premier épisode avait su nous enjouer, les deux derniers en date laissaient un goût d’inachevé dans la bouche, avec le sentiment que cette saison pouvait réaliser quelque chose de meilleur. Si l’on excepte la relative platitude de ces épisodes, on pourrait aisément se dire qu’ils n’officient qu’en tant que mise en place, et que tout allait se débloquer avec ce quatrième épisode. Voyons maintenant si « Scélérats de vaudeville » parvient véritablement à redresser une saison plutôt moyenne, ou s’il la fait définitivement sombrer dans le passable.
Nous rappelons qu’aucun spoil majeur sur l’épisode en lui-même ne sera formulé dans ce test. En revanche, nous allons évoquer les événements survenus dans le troisième épisode, nous vous conseillons donc de ne pas continuer la lecture de ce test si vous n’avez pas encore terminé « Masque brisé ».
Sommaire
ToggleL’ennemi est partout
Avant de revenir sur le synopsis de ce quatrième opus, il est important de noter que votre dernier choix lors du précédent épisode modifie grandement l’introduction de « Scélérats de vaudeville ». Si le résultat final de cette introduction ne bouleversera pas les grandes lignes de l’histoire, on peut saluer le fait d’avoir deux scénarios bien distincts d’entrée de jeu, qui modifient un peu les enjeux. Sans trop rentrer dans les détails, la première demi-heure de l’aventure s’effectuera soit dans la peau de Bruce, toujours copain-copain avec le pacte, soit en tant que Batman, prêt à planter des Batarangs de partout. Les conséquences du choix de l’épisode précédent montrent également que comme dans toutes les aventures Telltale, nos choix ne nous mènent pas nécessairement là où l’on aurait voulu.
Cependant, comme nous l’avons précisé plus tôt, l’issue de cette introduction reste globalement similaire et c’est donc un Bruce démasqué qui doit maintenant faire face au Pacte, tout en se méfiant des agissements de l’Agence. Si c’est bien l’équipe de super-méchants qu’il faut arrêter, l’épisode nous montre bien que Waller est clairement la plus grande menace pour notre chauve-souris, surtout depuis qu’elle a perdu la confiance de l’agent Avesta. Cette dernière gagne d’ailleurs en épaisseur avec tout un segment de l’épisode qui lui est accordé, qui fait d’elle un personnage à part entière plutôt qu’un agent lambda à la botte de Waller.
Plus encore que le Joker, Waller semble être l’épée de Damoclès qui plane constamment au dessus de la tête de Bruce.
On ne peut pas en dire autant des autres personnages secondaires qui ne sont ici qu’effleurés, et sachant que cet épisode est l’avant-dernier de la saison, il y a peu de chance à ce que cela change drastiquement. Les scènes avec Alfred et Tiffany n’apportent pas de réelle substance à l’intrigue et font retomber The Enemy Within dans ses vieux travers. Les temps morts sont nécessaires pour bien gérer le rythme de récit, mais ceux-ci ne font que ralentir inutilement la mission de Bruce.
Un clown à la dérive
C’est donc du côté des personnages déjà mis en avant qu’il faut aller chercher un peu de frissons, notamment grâce à une scène d’action (l’unique d’ailleurs) percutante et aux multiples embranchements. Si The Enemy Within avait réussi quelque chose dans son deuxième épisode, c’était de bien retranscrire le fait que Bruce/Batman n’était pas surhumain et il le démontre à nouveau ici. Face à deux ennemis de taille (ou bien trois), la fragilité de notre héros peut clairement se faire ressentir dans la tension des combats. Une fois n’est pas coutume, il est possible d’effectuer cet épisode sans jamais endosser le Bat-costume, ce qui valide la promesse de départ de Telltale. De toute façon, étant donné que le nombre de personnages connaissant la réelle identité du justicier grandit d’épisode en épisode – cela commence d’ailleurs à devenir un running gag, l’intérêt du costume perd un peu de sa superbe et ne reste envisageable que pour respecter l’icônisation de notre héros.
Mais comme à chaque épisode, la véritable attraction se retrouve être John Doe. Plutôt effacé dans la première partie de l’intrigue, le futur Mr. J se développe considérablement dans plusieurs scènes, et c’est toujours un délice à regarder. Il faut bien évidemment saluer ici le travail remarquable du doubleur anglophone, qui rend ce Joker si unique et captivant. Assister à la naissance du clown ou empêcher John Doe de sombrer dans la folie est le véritable enjeu de Scélérats de vaudeville, bien plus important et intéressant que cette histoire de virus (qui semble pouvoir aussi bien faire le café que tuer un homme, tant son utilisation est incertaine). Le destin du personnage semble tenir sur un fil de plus en plus mince, et chaque décision prise à son égard se calcule minutieusement.
Chaque ligne de dialogue rapproche John du Joker, et tous les choix que l’on nous offre devront logiquement influencer son comportement dans le dernier épisode.
Toutes les scènes où John apparaît à l’écran apportent une dose de tension habilement menée, notamment l’une d’entre elles se déroulant dans un vieux carnaval – même si le choix du lieu n’est pas d’une grande subtilité. Elle est certainement l’une des meilleures de cette saison toute entière, grâce à un aspect visuel plutôt réussi et une ambiance qui rend parfaitement honneur au personnage du Joker. Il est vraiment intéressant de voir que la promesse de construire notre propre Joker semble en partie tenue, puisque la fin de l’épisode amène deux conclusions bien séparées – quoique pas forcément très risquées pour le moment. Pour ne pas véritablement rentrer en zone spoiler, tout ce que vous devez savoir se tient au fait que vos actions durant toute la saison ont construit John Doe, et que son libre arbitre se manifestera selon la façon dont vous l’avez traité.
Toutes les pièces sont assemblées
Même si la formule Telltale trouve ses limites, à l’image de l’issue de l’introduction, on apprécie de voir que l’illusion fonctionne parfaitement grâce à une mise en scène réussie dans la plupart des cas. On ne notera que quelques accrocs lors de transitions entre certains plans et des temps de chargement un peu longs, mais rien de regrettable. Fait rare qui mérite malheureusement d’être souligné, nous n’avons cette fois-ci rencontré aucun problème majeur de traduction, contrairement aux épisodes précédents.
On peut s’apercevoir que certains choix mènent aux mêmes conclusions, mais l’effort de mise en scène compense quelque peu cela.
La seule chose que l’on pourra vraiment regretter est la durée de cet épisode, qui arrive à peine à dépasser les 1h15 de jeu. Cela dit, cela lui permet d’éviter trop de temps morts – comme la séquence avec Alfred, et donne à ce « Scélérats de vaudeville » l’impression d’un emballement constant. Il ne reste que peu de pions sur l’échiquier de Gotham et c’est tant mieux, puisque le récit se débarrasse de certains poids lourds pour se focaliser à nouveau sur l’essentiel, la relation entre John et Bruce. Cette dernière atteint son climax, et avec les deux conclusions possibles, le dernier épisode de la saison pourrait certainement être le meilleur.
Même si elle n’est pas entièrement débarrassée de tous ses défauts habituels, cette saison commence enfin à se réveiller de sa torpeur. Scélérats de vaudeville est assurément le meilleur épisode depuis le premier de The Enemy Within, bien aidé encore une fois par un Joker qui crève l’écran et un Bruce tiraillé entre l’idée de faire confiance à John ou le punir comme les autres criminels. La possibilité d’avoir deux introductions (et deux conclusions dans une moindre mesure) différentes rajoutent une dose de rejouabilité qui s’était un peu perdue au fil des productions Telltale, et on espère que le cinquième épisode continuera sur cette lancée. En attendant, cet avant-dernier épisode relève un peu le niveau des précédents, tout en mettant minutieusement en place la confrontation finale que tout le monde attend.
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Date de sortie : 08/08/2017