Test Batman : The Enemy Within – Episode 5 : Qui rira le dernier ?
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Rédigé par Jordan
L’heure du bilan a sonné pour notre bon vieux Batou, et Batman : The Enemy Within nous aura prouvé que Telltale sait faire preuve de génie tout autant que de paresse. Tout était pourtant bien parti, avec un premier épisode explosif, mais ce qui a suivi était trop en dents de scie pour que l’on puisse pleinement apprécier la qualité d’écriture du studio. L’épisode quatre a tout de même rallumé une petite étincelle d’espoir, nous promettant un final digne de ce nom avec un épisode centré sur la transformation de John Doe. « Qui rira le dernier ? » avait donc fort à faire, notamment parce qu’il devait tenir la promesse effectuée en début de saison, celle d’aboutir à des versions du Joker totalement différentes. Sans aller tout de suite à la conclusion, on peut aisément dire que pour une fois, Telltale tient sa promesse.
Nous rappelons qu’aucun spoil majeur sur l’épisode en lui-même ne sera formulé dans ce test. En revanche, nous allons évoquer les événements survenus dans le quatrième épisode, nous vous conseillons donc de ne pas continuer la lecture de ce test si vous n’avez pas encore terminé « Scélérats de Vaudeville ». Par ailleurs, notez que la version française de l’épisode n’est toujours pas disponible à l’heure où nous écrivons ces lignes.
Sommaire
ToggleLe Joker aux deux visages
Lors du dernier épisode, on avait pu sentir que John Doe était prêt à sombrer dans la folie et que Bruce était le seul lien qui l’empêchait de basculer. Il fallait donc jouer les équilibristes afin de ne pas voir notre ami se transformer en Prince du crime, notamment lors du choix final qui est sans aucun doute l’un des choix les plus importants que Telltale ait mis en place dans une de leurs productions. Selon votre décision à la fin de ce quatrième épisode, « Qui rira le dernier ? » se retrouvera complètement modifié.
On ne parle pas ici de quelques dialogues ou de séquences inédites, mais bien de l’épisode dans son entièreté, si ce n’est l’épilogue qui reste (presque) le même. Un choix audacieux et plus qu’intéressant, qui aurait dû être appliqué bien avant. Certains regretteront le fait qu’il n’y ait finalement que deux versions possibles, mais il faut tout de même souligner l’effort, d’autant plus que cet épisode nous permet enfin une rejouabilité concrète et utile.
Les deux possibilités présentées sont complément différentes et ne font pas intervenir les mêmes personnages, offrant à cet épisode une plus grande rejouabilité
L’intérêt principal de ces deux versions réside dans les deux types de Joker qui nous sont présentés. D’un côté, on retrouve celui que l’on a toujours connu, effrayant, sadique, manipulateur et totalement fou, prêt à devenir l’ennemi juré de Batman. De l’autre, c’est un justicier sans limites et à l’idéologie trouble qui naît devant nous, voulant absolument devenir le partenaire et l’égal du Chevalier Noir. Avant de revenir sur les spécificités de chacune de ces storylines, on salue grandement le fait que les deux versions sont toutes les deux réussies, même si les directions diffèrent nettement.
L’écriture réservée au Joker y est incontestablement pour quelque chose et nul doute que la performance vocale d’Anthony Ingruber restera dans les annales. On l’a répété encore et encore durant toute la saison, mais la vraie force de The Enemy Within est celle de nous avoir dépeint un futur Joker tout à fait crédible, aussi attachant qu’inquiétant. Cette nouvelle incarnation atteint ici son apogée et rien que pour cela, tous les fans du vilain iconique devraient s’essayer sans hésitation à The Enemy Within.
The New Dynamic Duo
Revenons maintenant aux deux routes qui nous sont proposées, à commencer par la plus traditionnelle. Dans cette dernière, peu de surprises puisque le Joker qui fait face à Batman revêt son plus beau costume pour devenir le légendaire malfrat que tout le monde connaît. Si ce choix reste des plus traditionnels, cela n’enlève rien à sa qualité. La noirceur du récit est relativement plaisante, ce qui est surtout dû au fait que le Joker est encore en « formation », et que le sadisme dont il fait preuve dans cet épisode n’est que le début d’une folie encore plus grande. La tension entre son identité de vilain et celle de John Doe reste d’ailleurs au cœur du récit, et c’est bien cela qui rend cette version originale malgré ce que l’on aurait pu penser.
Malgré cela, c’est la route du « justicier » qui va nous intéresser davantage. Cette itération du Joker est complètement inédite pour le personnage, en plus d’être amusante et décalée. Voir Batman et son habituel ennemi juré combattre côte à côte aurait pu relever du fantasme de fanboy digne d’une mauvaise fanfiction, mais Telltale démontre ici un vrai talent d’écriture. Sans spoiler encore une fois, il est évident que le studio ne va pas jusqu’à faire du personnage un nouveau sidekick pour Batman, et certains regretteront peut-être le fait que les développeurs n’aillent pas au bout de leurs idées. Cependant, ce choix est compréhensible dans la mesure où il reste tout à fait cohérent et en adéquation avec le personnage de John Doe. On se doute que ce dernier n’allait pas rentrer dans le rang sans quelques bavures et le code imposé par Batman a clairement du mal à le tenir en laisse.
Assister à une collaboration entre Batman et le Joker a de quoi faire sourire, d’autant plus que cette version de John Doe le rend véritablement attachant.
C’est justement cela qui est intéressant et qui rend le récit plus complexe, car voir une version super-héroïque du Joker qui n’exprimerait aucun doute et à la morale indéfectible, aurait été totalement illogique et aurait ruiné la construction de John Doe. La relation qu’il entretient avec Batman n’est pas sans rappeler celle que le héros pouvait avoir avec Damian Wayne au tout début de leur rencontre dans les comics, lorsque le jeune homme se formait en tant que Robin. Ici, le Joker a un but, une raison de faire ce qu’il fait et c’est finalement cela qui le rend encore plus terrifiant qu’à l’accoutumée. Cette route qui le mène sur le chemin du justicier est certainement la plus intéressante des deux, en dépit de la qualité de la première citée plus haut. D’ailleurs, soulignons que la confrontation finale des deux épisodes est tout à fait réussie, avec des dialogues étrangement touchants.
Tous les héros ne portent pas de capes
Mais si le Joker prend évidemment beaucoup de place au sein de cet épisode, on peut se réjouir de voir les autres personnages recevoir un peu de lumière. Gordon réapparaît enfin, tout comme Alfred qui nous offre un choix totalement déchirant, qui devrait modifier beaucoup de choses si une troisième saison voit le jour, ce qui est plus que probable. Tous les personnages secondaires se voient accorder un peu de temps à l’écran, ce qui est plaisant, mais il faut dire que tout cela va dépendre encore une fois de votre version du Joker. Selon la route choisie, certains protagonistes resteront sur la touche, tandis qu’ils seront mis en avant dans l’autre.
Un choix quelque peu regrettable, d’autant plus que certaines intrigues secondaires semblent se terminer un peu trop brusquement, comme celle de Catwoman dans la version « Justicier » ou celle d’Amanda Waller, quasi absente dans la version « Vilain ». Tous ne bénéficient d’ailleurs pas du même talent d’écriture que le Joker ou Bruce, à l’image d’Harley Quinn. On a un peu de mal à comprendre comment le rapport de force entre John et elle s’est inversé, alors que cette relation était l’un des atouts de cette saison. Un potentiel un peu gâché donc, mais qui est rattrapé par l’évolution de Tiffany Fox. La jeune fille prend elle aussi deux chemins opposés lors de cet épisode et son destin pourrait avoir un grand impact sur la potentielle saison suivante.
Tous les personnages secondaires n’ont pas le droit au même traitement, mais celui réservé à Tiffany Fox est tout à fait surprenant.
Si cette suite voit le jour, Telltale devra se remettre en question. On ne va pas reparler des fausses notes scénaristiques de cette saison mais plutôt de la technique, qui commence à être inexcusable. Entre les ralentissements à outrance, un moteur vieillissant et l’absence d’une traduction française le jour de la sortie, le studio doit revoir sa copie avant de se lancer dans un nouveau projet. Tout cela vient gâcher un épisode qui nous propose pourtant une excellente mise en scène, bien plus dynamique que dans le passé.
Les chorégraphies des combats sont véritablement bien pensées, notamment lors des affrontements en groupe – certaines d’entre elles évoquent par moments la mise en scène des jeux Arkham, mais le moteur peine à rendre cela aussi agréable que prévu. On espère donc que Telltale prendra le temps avant de nous offrir la suite des aventures du Chevalier Noir, puisque le potentiel est clairement présent et que le Joker qu’ils ont créé mérite à lui seul la production d’une troisième saison.
Il est assez rare de voir que nos choix nous ont réellement menés vers un chemin plutôt qu’un autre dans un titre estampillé Telltale. « Qui rira le dernier ? » réussit ce tour de force et nous offre un épisode à la hauteur des personnages qu’il met en scène. Les deux versions du Joker sont aussi brillantes l’une que l’autre et différent totalement, ce qui donnera envie à certain de retenter l’aventure pour découvrir une nouvelle facette du personnage. On pestera encore sur les éternels soucis techniques qui collent à la peau du studio, mais il faut louer la qualité d’écriture de cet épisode, qui enterre sans mal la plupart des autres épisodes consacrés au Chevalier Noir. Batman : The Enemy Within finit avec un grand coup d’éclat et nous fait espérer le meilleur pour la suite.
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Date de sortie : 08/08/2017